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jeudi 16 septembre 2021

LA CAPTATION DE L'EAU DE L'URSUYA À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1932

L'EAU DE L'URSUYA À HASPARREN EN 1932.


Après Saint-Jean-de-Luz et Ciboure en 1921, Biarritz en 1931Anglet en 1932Bayonne en 1937, ou Hendaye en 1928, Hasparren se préoccupe également en 1932 de son alimentation en eau.


BASSEBOURE ET MONT URSUYA
PAYS BASSQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 30 

septembre 1932 :



"L'alimentation en eau potable au Pays Basque.



Hasparren à son tour va capter l'eau de l'Ursuya.



La question de l'eau, c'est un fait incontesté, est une de celles qui sont le plus importantes du point de vue de l'alimentation des habitants et surtout de la santé publique. C'est un problème qui n'est pas toujours facile à résoudre. Il semble au premier aspect qu'il n’en devrait pas être ainsi dans les cités grandes et petites du Pays Basque et de la Côte Basque si proches des Pyrénées, où les sources sont abondantes. On peut s'étonner qu'il faille, à Biarritz, par exemple, puiser la plus grande partie de l'eau potable dans un lac voisin. Elle n'est livrée à la population qu'après javellisation, opération qui la rend absolument inoffensive — ce qui n'empêche pas que l'eau n'a pas toujours un goût agréable. 



On peut s'étonner encore qu'Hendaye ait dû établir à grands frais un barrage pour retenir les eaux et qu'à Saint-Jean-de-Luz comme à Ciboure, la solution du problème ait demandé beaucoup de temps, bien des peines et de grosses dépenses. 



C'est que la montagne, celle où l’on peut puiser l'eau, n’est pas aussi proche qu'il semble au premier aspect. La route est longue entre elle et les villes à alimenter. Des kilomètres et des kilomètres les séparent, d’où des frais considérables pour établir les canalisations. Enfin, si la source est abondance en toute saison, il arrive, durant la saison estivale sur tout, qu'il faille s'imposer des restrictions. 



Bayonne — qui sous-alimente d’ailleurs la commune du Boucau — a heureusement résolu le problème, sans imposer d'ailleurs une taxe trop élevée au contribuable ; l'exploitation en régie a donné d'excellents résultats. 



C'est à la montagne Ursuya, dont le nom est aussi doux à prononcer qu'est harmonieuse la courbe du mont, que Bayonne va chercher l'eau qui l'alimente. 



Nous avons naguère conté comment la municipalité de Bayonne se transporta à l’Ursuya et gravit les pentes en compagnie de techniciens en vue de déterminer les points où établir de nouveaux captages. 



Hasparren, à son tour, va demander à la belle montagne de lui fournir l'eau dont il a besoin. C'est dans l’Istacato qu'il va puiser. Trois kilomètres séparent la coquette petite ville, aux destinées de laquelle préside M. Lissar, député, du bassin d'Istacato, situé sur le flanc nord de l’Ursuya. C’est à la suite d’un rapport de M. Mengaud, professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Toulouse, rapport déposé en 1922 — on voit que l’étude ne date pas d’hier ! — que fut choisi cet endroit pour y opérer le captage. 



L'analyse chimique et bactériologique a été faite par le docteur Meunier, de Pau, qui conclut que l'eau était potable et pouvait être utilisée pour la consommation publique. 



En janvier 1929, M. le docteur Lissar, député-maire d'Hasparren, fait étudier par M. Poignet, ingénieur hydrologue renommé, un projet de captages analogues à ceux établis sur le versant ouest de l’Ursuya, et qui servent à alimenter la ville de Bayonne. L'ingénieur dépose son rapport en septembre de la même année. Il avait trouvé un endroit propice, la vallée où nous nous trouvons en ce moment. Le sol est granitique, formé de roche massive imperméable, mais parcourue par des fissures de surface qui collectent les eaux entre 3 et 8 mètres de profondeur. 



Il ne restait plus qu’à exécuter les travaux. Menés de main de maître, ils sont entièrement achevés aujourd'hui. Par un sentier grimpant à flanc de montagne, nous arrivons bientôt au point supérieur de la vallée, où les travaux ont été effectués. D'un seul coup d’œil, nous embrassons maintenant les captages. N'en ayant jamais vu, je suis un peu surpris de leur aspect. Figurez-vous des cubes de maçonnerie dépassant le sol d’à peu près un mètre, et dont le dessus est fermé par deux volets en tôle épaisse peinte en noir. C'est tout. Ces cubes sont dispersés dans la vallée, de haut en bas, placés, semble-t-il, au hasard. Il y en a une vingtaine à peu près.



Au cours d'une visite qu’il fit à la montagne, un collaborateur de la Petite Gironde obtint sur ce dispositif des explications de M. Amespil, le distingué adjoint au maire d'Hasparren, et qu'il traduit ainsi : 


"Le gardien des captages nous a rejoints. Il tient à la main un crochet d'une forme bizarre, inconnue. C'est le "Sésame, ouvre-toi" des sources, d'autant plus cher à nos yeux que nous avons bien failli ne pas l'avoir, son porteur étant aux champs sur un autre versant éloigné. Les tôles de la fermeture se rabattent et une bouffée d'air froid nous saisit. Je me penche sur le trou béant. Une échelle en fer, scellée sur une des parois de briques, invite à la descente : cinq ou six mètres, le fond. Devant moi, un petit bassin rempli d'eau claire : c'est la source. 



Le mystère du captage de l'eau, de l'eau précieuse, est là, sous mes yeux. Un peu ému, je me penche. La paroi lisse qui retient l’eau est agitée en son milieu d'un léger remous. C'est la sortie de l'onde, sa naissance à la lumière et à la vie. Captée à la roche même, elle va commencer, à partir de ce moment, sa course à la surface de la terre pour finir, hélas ! un jour dans ce grand tout qu'est la mer. La galerie est munie du tuyau de déversement qui rejoint le collecteur, et d'un tuyau de vidange permettant le nettoyage du bassin. C’est propre, net, simple, admirable. 



— Il y a vingt cinq sources captées de la même manière, me dit M. Amespil. Nous allons en voir une qui est une véritable œuvre d’art : la source Darmendrail. Là, on a réuni dans la même galerie cinq captages. 



Nous y arrivons bientôt. Cette fois, on rabat trois trappes. L’échelle est remplacée par un escalier de pierre qui s'enfonce dans le sol. En bas, sous une voûte en briques rouges, un passage cimenté est bordé à gauche d’une rigole en ciment. Cinq petits filets agitent, en cinq endroits différents la masse limpide de l'eau ; ce sont les cinq sources réunies à cet endroit." 



Le bassin de décantation est situé à une altitude de 310 mètres. Son but est de débarrasser l'eau des sables entraînés par le courant. Une grosse conduite en fonte amène l'eau des sources. Au moment où nous arrivons, le bruit d'une cascade nous attire, et nous voici en face de la tulipe d'arrivée : l’eau cristalline jaillit en masse d’un tuyau vertical et évasé en forme de tulipe — d’où son nom — puis retombe dans une chambre maçonnée. 



L'eau est ensuite amenée dans quatre bassins successifs de décantation munis de vannes, qui servent à l’expulsion des dépôts dans le ruisseau. Puis elle rejoint sa route habituelle vers la ville.



Près de 2 000 mètres cubes pourront être ainsi amenés chaque jour à Hasparren



Dans quelques mois, les canalisations et les réservoirs exécutés, Hasparren, comme Bayonne, aura une eau très pure, très agréable au goût, venant de l'Ursuya — si pure, si agréable qu’elle pourrait, en bouteille, concurrencer bien des eaux de table qu’on vend à grands frais."



 




 

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