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jeudi 2 septembre 2021

LES PAROISSES DU PAYS BASQUE NORD PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE : USTARITZ EN LABOURD (cinquième partie)

 

LES PAROISSES BASQUES PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Pendant la Révolution française, le Pays Basque Nord, avec sa frontière avec l'Espagne a connu de nombreux combats et a souffert avec la déportation de milliers d'habitants en 1794.



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LIVRE LES PAROISSES DU PAYS BASQUE
PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

DE L'ABBE PIERRE HARISTOY TOME II



Voici ce que publia à ce sujet l'Abbé Haristoy, Curé de Ciboure, en 1899 :



"Arruns, annexe d’Ustaritz, était desservie par un vicaire résidant. Ses actes paroissiaux, de 1671 à 1792, ne nous donnent que les noms de Hirigoyen, Descos, Hiriart et Larralde, prêtres. 


Ustaritz avait encore : 1° trois chapelles publiques ; — celle de St-Michel, près l’ancienne église. Là se réunissaient surtout les membres de la confrérie de St-Michel — ; de Heraitz ou de Herotz : elle était au quartier de Haraurit-Faurorie (cart. de Bayonne nos 25 et 28) — ; de Ste-Barbe, à la montagne de ce nom, appelée anciennement Sansancoitz, d’après un document de l’année 1310 trouvé au château de Haïtze ; 2° trois chapelles particulières de Haïtze, d’Argui et de Sorhouet.



Enfin, au milieu des forêts d’Ustaritz et de St-Pée, là où les limites de ces deux paroisses et celles de Gostoro (Souraïde) se confondent, il y avait une chapelle (Prioratus sanctæ Maria Magdalenœ d'Oxance) remontant à une très haute antiquité. M. le chanoine Duvoisin, alors professeur de théologie au petit séminaire de Larressore, en a donné une description des plus intéressantes dans le Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau (année 1841 1ère  série P- 209-214). Voici ce que le même auteur a écrit en 1853.


"On voit à Ustaritz, les ruines d’une ancienne chapelle, qui rappellent les plus touchants souvenirs. Lorsque les incursions répétées des Suèves, des Alains et des Goths eurent déraciné dans toute la contrée la religion catholique, le petit nombre des fidèles qui échappèrent à leur fureur, s’assemblaient, d’après une constante tradition dans cette chapelle, dédiée à Ste Madeleine. C’est là, dans la profondeur des forêts et dans l’enfoncement d’un étroit vallon qu’ils venaient adresser à Dieu leurs prières et confier leurs morts à une terre sainte ; c’est là encore que St Léon, se rendant dans la Navarre pour évangéliser les habitants de ce pays, vint s’agenouiller et recommander à Dieu le succès de sa mission..."



Nous en avons parlé nous-même. Nous ajouterons ici que, d’après les communications du frère de M. le chanoine Duvoisin, la chapelle d’Oxance fut la première église entre Espelette et l'Océan. Les ruines actuelles donnent à l’édifice une longueur de 20 mètres sur 8 de large. La table de l’autel est remarquable. C’est un monolithe d’une épaisseur de 0 m. 18 et d’une longueur de 1 m. 94 sur 1 m. 14. Une tradition encore constante nous apprend que longtemps les chrétiens du Haut-Labourd aimèrent à se faire enterrer dans son cimetière, jadis plus vaste que les ruines actuelles ne l’indiquent. Nous aimons à croire que l’histoire n’a pas dit encore son dernier mot sur cet antique sanctuaire, où, dans le temps, il fut question de faire un couvent de la Trappe.




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ARMOIRIE D'USTARITZ LABOURD




Curés connus. — 1557, Dominique d’Etchaide, qui fut en procès avec l’évêque de Bayonne au sujet de la dîme ; — 1600-1643, Bernard de Haïtze, qui résigna sa cure en faveur du suivant, son neveu ; — 1643-1075, Bernard de Haïtze ; — 1675-1681, de Bidart et Pierre de Monduteguy ; — 1681-1705, de Lalande ; — 1705-1742, Jean d’Etchepare, né à St-Jean-de-Luz, vers 1667 ; — 1743-1746, Pierre de Haraneder, passé curé-prieur de Souraïde en 1746 ; — 1746-1755, Martin Dop, nommé curé de la cathédrale ; — 1756-1764, St-Martin ; — 1764-1772, Bernard Larréguy, de St-Jean-de-Luz, docteur en théologie. Par acte du 7 mai 1771, il reçut une somme de 800 livr. fonds d’une rente constituée de 40 l., que noble Jean Bédorède de Laborde, écuyer, habitant de Bayonne, avait établie le 13 juin 1747 en faveur des pauvres honteux d’Ustaritz. Le paiement lui en fut fait par Jeanne-Marie d’Arquie, veuve de Messire Jean-Valentin, baron de Lalanne, chevalier de l’ordre de St-Louis, lieutenant de roi en la ville et citadelle de St-Jean-de-Luz. L’abbé Larréguy permuta la cure d’Ustaritz avec celle de Bassussarry, moyennant une rente viagère. La Révolution le trouva à celle d’Ayherre (voir cette paroisse) ; — 1772-1801, Descos (voir plus bas) ; — 1803-1828, d’Etcheverry ou Detcheverry d’Armendaritz (voir art. séminaire de Larressore) ; — 1828-1849, Sabarotz, transféré de Larressore, en récompense de son activité aux nombreuses quêtes du pays basque, lors de la première restauration du séminaire de Larressore, sous Mgr d’Astros ; — 1849-1865, Lopenague, transféré d’Urrugne ; — 1805-1888, Larralde, transféré de Ciboure, et devenu chanoine titulaire de Bayonne ; — 1888.... Jean-Baptiste Thomas Hiriart de Larressore.



Les registres paroissiaux de 1600 à 1793 nous fournissent les noms de Haïtze, Larrondo, Ithurbide, St-Castet, Hiriart, de Luro, de Chanchino, Landalde, Duhalde, d’Hibarrat, Larre, de Bidart, Munduteguy, Jaureguy, Harosteguy, Haranchipy, Duhart, Loyola, de Larre, de Lalande, de Labarrière, Dibarboure, Delissalde, Daguerre, Dassance, Detchepare, Haraneder, Haramboure, Dop, St-Martin, Larréguy, Larralde, Bayen, Descos, Sorhaïty, Hiriart, Baratciart, Monho, Irissarry, Dibarron et Bustingorry, prêtres.



En 1790, Ustaritz fut chef-lieu d’un district composé des cantons de Bardos, Biarritz, Cambo, Espelette, Hasparren, Macaye, Mouguerre, Sare, St-Jean-de-Luz, St-Pée-sur-Nivelle, Urrugne, et de la ville de Bayonne. — Le canton d’Ustaritz comprenait alors les communes d’Arbonne, Jatxou, Ustaritz et Villefranque. En 1793, Ustaritz fut dénommé Marat-sur-Nive.



Le directoire du district siégea à Bayonne ; toutefois les élections du clergé constitutionnel eurent lieu dans l’église d’Ustaritz le 28 octobre 1791. Bien que les archives municipales se taisent sur les faits relatifs au district et même à la commune, nous savons qu’il s’y passa des événements, que de nouvelles recherches, nous l’espérons, mettront au jour. On y brûla en place publique un tas d’ornements, linges, livres d’église, ceux sans doute qu’on ne prévoyait pas encore devoir être "utiles à la Patrie".



La cure était occupée par Jean Descos : il avait pour vicaires Salvat Franchisteguy, Dque Maccary et Pre Hiriart ; celui-ci était chargé de l’annexe d’Arrons.



Descos, né à Arrons, de Bernard D. et de Marie Hiriart fut ordonné le 7 mars 1754. Devenu curé de Bassussarry, il permuta sa cure avec l’abbé Bernard Larreguy, curé d’Ustaritz, célèbre poète basque et traducteur de l’Ancien Testament de Royaumont (voir Ayherre). Descos dirigeait sa paroisse avec autant de prudence que de zèle quand éclata la tourmente révolutionnaire. Dès le début, il se distingua par la pureté de sa doctrine et l’énergie de son caractère contre les nouvelles innovations et principalement contre le serment civique.



Sanadon n’avait pu nommer que des curés provisoires, ses nominations ne pouvant être définitives aux termes du décret de la Constitution civile du clergé qu’autant qu’elles auraient été faites par voie de scrutin et à la pluralité absolue des suffrages du corps électoral. C’est le dimanche 28 octobre 1791 que devait se tenir dans l’église d’Ustaritz, la première assemblée électorale pour la nomination aux cures du district de ce nom. Mais comme on craignait que la plupart des électeurs ne voulussent point s’y rendre, on annonça pour les y attirer, qu’on procéderait dans cette même assemblée au remplacement de la moitié des administrateurs du district. La loi demandait que l’élection se fit à l’issue de la messe Paroissiale, à laquelle tous les électeurs étaient tenus d’assister.



Le curé d’Ustaritz et tous les autres prêtres du lieu, au nombre de douze environ, se refusèrent péremptoirement à célébrer cette messe, et la municipalité, d’après les ordres du Directoire, fut obligée de se mettre en quête d’un apostat pour la faire dire. Ce ne fut pas là le seul embarras que l’on rencontra. La très grande majorité des électeurs protesta vivement contre les nominations des curés auxquelles on voulait procéder. Mais la minorité déclare qu’elle passera outre, malgré cette protestation. Une partie des premiers se retire alors de l’assemblée et n’y rentre que lorsqu’il s'agit de voter pour le remplacement des administrateurs ; une partie reste, mais ne répond point à l’appel nominal. Ce ne fut pas tout encore, on ne peut trouver assez de prêtres assermentés pour remplir tous les postes, bien qu’on ait fait appel à des ecclésiastiques de diocèses étrangers et à d’anciens religieux infidèles à Dieu et à l’Eglise : on est réduit à confier à la plupart d’entr’eux deux ou trois paroisses.




L’abbé Descos, secondé du reste par son clergé, fût l’âme de tout ce mouvement catholique. Sa maison fut le rendez-vous des confrères voisins pour s’éclairer et arrêter des mesures uniformes. Une des plus importantes de ces délibérations fut de faire imprimer, à Dax, un article du journal de l’abbé Barruel, et de le joindre à un petit catéchisme, déjà publié, pour instruire les fidèles sur la constitution schismatique et les pouvoirs des prêtres assermentés. Nous regrettons de n’avoir pas pu nous procurer cet opuscule, qui fit le plus grand bien au pays. Sommé par la municipalité de prêter le serment à la constitution civile du clergé, il déclara hautement ne pouvoir ni ne vouloir prêter serment restrictif des droits de la sainte Eglise romaine. Le 1er janvier 1792, il alla trouver le conseil municipal réuni en séance pour solliciter le rétablissement des offrandes et des quêtes de l’église supprimées par une délibération de la veille. Il ne quitta sa paroisse que le 10 septembre de la même année. Jusqu’à cette époque, il administra les sacrements en cachette et dirigea ses deux vicaires Maccary et Franchisteguy laissés encore à leurs postes, faute de remplaçants. Forcé d’émigrer, en compagnie de quelques confrères voisins, il se retira d’abord à Urdach, puis dans la vallée de Baztan. Les registres de la paroisse apprennent que "les fidèles avaient l’habitude familière d’aller le trouver les dimanches et les fêtes". Le zélé confesseur de la foi ne les attendait pas seulement au lieu de sa retraite. Travesti sous divers costumes, une fois par mois, il faisait une apparition dans la maison Lecumberria, de Cambo, où les fidèles accouraient au risque de leur vie pour recevoir les sacrements et les sages conseils de leur bien aimé pasteur. Nous ne le retrouvons pas au rétablissement du culte. Nous croyons qu’usé d’années et de fatigues, il dut mourir en exil. Le saint pasteur eut du moins la consolation de voir ses trois vicaires et les autres ecclésiastiques de sa paroisse, à l’exception d’un seul, marcher sur ses traces.



...Un arrêté de proscription porté par le Directoire d’Ustaritz, le 17 novembre 1792, fut notifié par gendarme à ceux de ces généreux confesseurs qu’on put trouver, mais plusieurs gardés par le respect et la piété des fidèles échappèrent aux perquisitions de la police révolutionnaire, et ils continuèrent encore à administrer les sacrements en cachette. De ceux-là furent, avons-nous dit, les abbés Maccary, Hiriart, Bustingorry, Salaberry, etc.



La belle et excellente paroisse d’Ustaritz a encore d’autres glorieux confesseurs de la foi à inscrire dans ses diptyques : 1° Martin d’Elissalde, curé de Bardos (voyez cet article). — Les deux frères Martin et Jean-Louis Duhalde.



Le premier naquit, en 1745, dans la maison Legarria, d’Ustaritz, (aujourd’hui disparue), de Pre D. et de Domins Seindure, parente du saint fondateur du séminaire de Larressore. Il fit ses études théologiques à l’université de Toulouse, où il prit le bonnet de docteur et fut ordonné le 10 mars 1770. A titre de vicaire, il consacra avec zèle ses onze premières années de sacerdoce au ministère paroissial. Ce champ lui parut insuffisant et il entra dans la maison de Larressore pour se donner avec ardeur à l’étude et à l’œuvre des missions. "Doué d’un grand talent oratoire, Duhalde parut avec éclat dans les nombreuses missions et retraites qu’il donna". Au talent oratoire il joignait la connaissance des langues savantes, et notamment celles du grec qu’il apprit de manière à pouvoir étudier dans la langue originale les ouvrages de Pères de l’Eglise grecque.



Un jour le prédicateur de la retraite ecclésiastique s’étant trouvé arrêté par une indisposition, son parent, l’abbé Daguerre, sur la demande de Mgr de la Ferronnays, évêque de Bayonne, chargea M. Duhalde de vouloir le remplacer. Le modeste et érudit missionnaire s’excusa longtemps, mais il fallut obéir. Il s’acquitta de sa tâche avec un tel succès que le prédicateur étranger, qui l’avait entendu, dit â l’évêque : "Je ne sais pourquoi on va chercher des prédicateurs étrangers quand on a des orateurs pareils".



La Révolution le trouva au séminaire de Larressore. Avec tous ses confrères de l’établissement, il refusa le serment schismatique et ne tarda pas à émigrer en Espagne. Il vécut à Hernani et à Oyharzun, non loin de la frontière. Son zèle apostolique ne s’y attiédit point. Il dirigea et consola les nombreux fidèles qui, en grand nombre, allaient le trouver. De ce nombre fut Madeleine Larralde, la martyre de Sare. Au presbytère de St-André, nous avons vu un registre de mariages (du 7 mai 1796 au mois de février 1800), où sont consignés les mariages des divers personnages, qui, du Béarn et du Pays basque, allèrent le trouver sur la terre d’exil. Il bénissait ces unions avec autorisation de M. d’Alincourt, administrateur du diocèse, et signait : "Duhalde, directeur du séminaire de Larressore".



Dans ses moments de loisir, il composa en langue basque un beau livre de méditations, intitulé "Meditacioneac gei premiaxuen gainean" (méditations sur les vérités les plus importantes), publié à Bayonne, en 1809, en un gros volume in-12. L’auteur y donne le résumé de ses anciens sermons. On nous a assuré que l’abbé Garat, le saint fondateur de la maison des missionnaires d’Hasparren, avec des sermons tirés de ce beau livre, fit au pays basque le même bien que M. Dujardin fit en Béarn avec des instructions, empruntées au livre de M. Batz. Les grandes méditations de l’abbé Duhalde, devenues assez rares, sont encore lues et font le plus grand bien dans les familles et même dans les retraites de première communion et des congrégations paroissiales. Nous les recommandons aux vénérés confrères qui liront ces lignes.



Martin Duhalde jouissait de la plus haute estime auprès de ses confrères et avait une réelle influence sur eux ; il en profita pendant la Révolution pour retenir les prêtres défaillants, et après la grande tourmente pour rappeler à la bonne voie ceux qui l’avaient désertée. On n’a pas une idée des préoccupations, des angoisses et des difficultés de M. d’Alincourt, administrateur du diocèse, pour rappeler ces pierres dispersées du sanctuaire. Dans sa mission si délicate, il eut recours à des prêtres influents et de marque. Un de ceux-là fut l’abbé Martin Duhalde. Nous avons parcouru avec intérêt une longue correspondance qu’il eut avec un prêtre bas-navarrais, l’abbé de G., prêtre distingué, mais que la Révolution et aussi peut-être sa vanité avait un moment égaré. Si Duhalde ne le vit pas, de son vivant, rentrer dans le vrai giron de l’Eglise, il prépara une rétractation qui se fit trop attendre, mais qui consola l’église de Bayonne.



A l’ouverture des églises, l’abbé Duhalde fut nommé à la cure de St-André de Bayonne. A sa mort arrivée en 1804, il la laissa à son frère, qui du reste en était parfaitement digne.



Jean-Louis Duhalde naquit, le 14 novembre 1748, et fut ordonné à Dax, en décembre 1772. Il était docteur en théologie comme son frère Martin. Il occupa avec distinction la chaire de théologie à Larressore. Esprit judicieux et éclairé, excellent professeur, ses élèves le surnommèrent Pétau le théologien, à cause des fréquentes citations qu’il faisait de ce savant auteur. Il avait une mémoire si prodigieuse que n’étant encore qu’élève, pour obtenir une promenade pour la communauté, en deux heures, il apprit parfaitement un sermon entier de Bourdaloue.



En 1781, les suffrages de ses confrères le nommèrent coadjuteur de M. Daguerre avec future succession. Il remplaça dignement le pieux fondateur décédé en 1785. Quand la Révolution vint frapper à sa porte, non seulement il refusa le serment schismatique, mais il protesta avec énergie contre la violation des droits de la propriété. Ennemi de toute compromission, il ne céda que devant la force et fut déporté en 1792. A la réouverture des églises, il devint curé d’Ahetze, et au décès de son frère, de St-André de Bayonne.



Victime de la Révolution, le saint prêtre eut à endurer des persécutions d’un nouveau genre dans les dernières années de sa vie.



Nous n’en dirons qu’un mot. Peu de temps après le décès de M. Daguerre, Mgr de Villevieille, évêque de Bayonne, voulut acheter le château de Marrac et le domaine de St-Michel, près de sa ville épiscopale. Il se proposait de faire du premier sa résidence et du second un grand séminaire, en y transférant celui de Larressore. Il fit part de son projet à l'abbé Duhalde, devenu par suite du décès de M. Daguerre, son successeur et son héritier universel. Le nouveau supérieur entrant dans les vues de son évêque, trouva au Labourd la somme de 150 000 l. que devait coûter l’acquisition des deux immeubles. Elle fut faite par le prélat, par contrat du 9 mars 1786. La somme de 150 000 l. était considérable pour l’époque. Pour y arriver, l’abbé Duhalde "agissant en sa qualité de supérieur et faisant tant pour lui que pour les autres Messieurs les directeurs dudit séminaire", fit divers emprunts "pour le compte de M. l’évêque". Celui-ci de son côté avait hypothéqué à l’abbé Duhalde tous les biens et revenus de l’évêché, ainsi que tous ses droits légitimâmes évalués 50 000 l. Arrive la Révolution qui confisque tous les biens de l’Eglise. La loi du 17 avril 1790 avait déclaré nationales toutes les dettes du clergé et avait affranchi les acquéreurs des biens ecclésiastiques des dettes dont ils étaient grevés. Il était donc juste que ce qu’on appelait la nation payât les créanciers de l’ancien clergé. Mais il n’en fut pas ainsi et la nation ne paya rien.



L’abbé Duhalde à peine sorti du procès qu’il eut à soutenir contre les héritiers naturels de son prédécesseur, en eut un nouveau contre ceux de Mgr Villevielle, qui se refusaient à reconnaître les dettes du prélat. Au milieu de toutes ces difficultés, l’abbé Duhalde ne cessa de donner des preuves d’un homme d’affaire et surtout d’un saint.



Un jour, l’huissier se présente chez lui, amenant parmi ses "records" un homme dont la famille était secourue par le saint curé. Non content d’être témoin de la mauvaise besogne de l’huissier, notre homme devint son secrétaire et rédigea le procès-verbal de saisie. Le lendemain même, la femme de notre scribe se présenta au presbytère pour réclamer son aumône habituelle. La domestique, à l’insu du charitable prêtre, la renvoya avec dureté.



Voici en quels termes l’abbé Duhalde désavoue la conduite de sa domestique dans un mémoire relatif à ses affaires litigieuses et publié le 7 décembre 1820 : "Je prie cette femme de revenir chez moi à son ordinaire, elle y recevra de préférence, par mes ordres, les secours accoutumés. Je prie cette personne de pardonner à ma domestique, qui est une fille simple et qui n’a pas su maîtriser un premier mouvement d’indignation. Il n’est pas donné à tout le monde de sentir la beauté de cette maxime : Donne du pain à ton ennemi, dût-il te persécuter." Tels furent les sentiments de l’abbé Duhalde jusqu’à sa mort, arrivée le 30 avril 1825.



La Révolution, vola à l’église d’Ustaritz 3 cloches ; 1 croix d’argent montée sur bois : les pièces d’argent pesant 18 m 7o 18d et 1 encensoir avec navette et cuillère du poids de 4m 7o etc.



A la reprise du culte, la cure d’Ustaritz fut confiée à Gratien d’Etcheverry ou Detcheverry, né à Armendaritz le 12 novembre 1747, d’abord professeur, puis missionnaire à Larressore, décédé le 10 août 1828. On lui attribue la traduction en labourdin du catéchisme publié par Mgr Loison et celle des prières et pratiques ajoutées par Gonnelieu à l’Imitation de J.-C. — La cure d’Arrons fut donnée à N. Curutchet."



A suivre...



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