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lundi 15 avril 2019

PIERRE-JEAN GARAT BASQUE D'USTARITZ EN LABOURD LE CHANTEUR PRÉFERÉ DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE


PIERRE-JEAN GARAT UN CHANTEUR BASQUE À LA COUR DE FRANCE.


En 1783, Pierre-Jean Garat est invité au château de Versailles pour chanter devant la Reine Marie-Antoinette.



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PIERRE-JEAN GARAT CHANTEUR

Pierre-Jean Garat naquit à Ustaritz, en Labourd,  vers 1760.


Sa voix phénoménale lui permit de chanter en 1783 à la Cour du Royaume de France, devant 

la Reine Marie-Antoinette.

Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette Nationale ou le Moniteur Universel, dans son édition 

du 10 décembre 1890 :


"Notre collaborateur M. Paul Lafond publie, chez Calmann Lévy, un volume des plus instructifs et des plus littéraires sur le chanteur Garat. Nous sommes heureux de reproduire une partie de l’introduction de son livre qui, nous l’espérons, ne pourra qu’intéresser les lecteurs du Moniteur.



S'il est un personnage curieux entre entre tous, c'est bien Garat, le chanteur admiré de Marie-Antoinette, que la reine envoyait chercher en voiture à six chevaux, après lui avoir fait demander son jour ; l'homme nécessaire de toutes les réunions de Versailles et de Trianon, que la Cour et la Ville se disputaient à l'envi ; plus tard, l’habitué des salons de Barras, le commensal de Tallien, l’interprète de Bouton de Rose et de Plaisirs d'Amour, Garat, ce diseur de riens, ce rouleur de voyelles qui répudia les r et inventa le zézaiement en France ; ce chef des Incroyables et des Muscadins, à la grâce maniérée et mignarde, cet arbitre de la mode, ce don Juan pour ainsi dire irrésistible, auquel effectivement bien peu de femmes résistèrent. 


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PIERRE-JEAN GARAT EN INCROYABLES

Il nous a semblé intéressant, par ce temps de résurrections plus ou moins légitimes, de retracer l’existence de cet homme dont le hasard, les circonstances et le talent ont fait un être à part, ayant vécu dans les mondes les plus disparates, à l’époque la plus étrange de notre histoire ; qui, après avoir connu les mœurs et partagé les idées de l’ancien régime, traversé les jours tristes et lugubres entre tous où la guillotine était dressée en permanence, prit une part active, comme arbitre de la mode et du bon ton, à la saturnale étrange du Directoire, cette Régence de la Révolution, dont l'Egérie fut Mme Tallien, la bien nommée, Notre-Dame de Thermidor ; qui assista à la rénovation gouvernementale et religieuse du Consulat, vit la gloire et le despotisme de l’Empire, souffrit les douleurs des deux invasions et s’éteignit après le retour des Bourbons.




Comme tous les fils de cette race basque à laquelle il appartenait, de ce petit peuple qui saute et qui danse au sommet des Pyrénées", selon la pittoresque expression de Voltaire, il a le caractère chevaleresque, loyal, plein de réparties, brave et, s’il faut tout dire, vaniteux et vantard. Garat, en effet, a poussé à l’extrême l'amour et la gloriole de l’ostentation, la manie du costume, de la pompe et du paraître. Sous des dehors aimables et gracieux, il a montré une indomptable énergie que rien ne put abattre. Vif, alerte, infatigable, incertain du lendemain, comme il le fut dans les terribles jours de la Terreur, il n’a jamais désespéré, il a su contourner avec grâce les précipices et éviter en souriant les catastrophes. S’il a connu la mauvaise fortune, il a ignoré le malheur. Il fut avant tout un chanteur, mais un chanteur véritablement artiste, épris passionnément de son art, chose plus rare qu’on ne le croit généralement. 



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PIERRE-JEAN GARAT CHANTEUR




Il eut la chance de venir au monde au moment où les progrès de la musique française étaient des plus marquants, alors que Philidor, Grétrv, Méhul, Lesueur, Dalayrac, Cherubini, Boïeldieu créaient des chants nouveaux. Il fut bien l’interprète indiqué de "cette musique du dix-septième siècle, allant toujours vers les descriptions pittoresques, préoccupée d’abord de la vie et de la couleur". Cette musique avait aussi la "note légère et tendre" et surtout la "note poétique et passionnée," Gluck avait passé par là. 




Garat est certes le plus brillant de tous les chanteurs français, le plus habile, le plus adroit. Ce fut le virtuose pour qui les trilles, les gammes, les traits n’eurent point de secrets. Les sons s’échappaient de son merveilleux gosier, limpides et brillants à un point qu’il est difficile d’imaginer. Personne n’a eu, au même degré que lui, la belle et large déclamation lyrique, le pathétique dans l’expression, la science de la diction. A la première mesure, ceux qui avaient le bonheur de l’entendre étaient dans l’admiration ; à la vingtième, c’était de l’enivrement ; à la fin du morceau, de la folie. Au dire de ses contemporains, impossible de parler plus qu’il ne l'a fait au cœur et à l’âme, d’émouvoir davantage les nerfs et l’imagination. 




Venu après Jelyotte, Chassé, Dun, Larrivée, contemporain d’Elleviou, Martin, Laisné, Chéron, Lays, il a distancé tous ces chanteurs illustres et est resté comme l’expression de l'artiste parfait et impeccable. Ceux qui s'intéressent à la déclamation musicale, garderont le souvenir de ce chanteur admirable avant tous et par-dessus tous, ayant interprété les maîtres comme ils ne l’avaient jamais été avant lui et comme ils ne le seront peut-être jamais. 




Garat eût dû mourir après ses derniers triomphes du Directoire. La vie ne lui a plus apporté depuis, à part quelques succès passagers, que des tristesses et des chagrins. L’âge venu il ne put consentir à vieillir et à avoir des rides. Il se condamna à traîner cet épouvantable boulet d’une éternelle jeunesse et engagea avec les années un combat acharné et inégal dans lequel il devait fatalement être vaincu. On ne peut lutter avec l’irrémédiable. Il perdit la voix, c’était pour lui perdre plus que la vie, c'était se sentir enchaîné à un cadavre, ce fut la fin, le désastre suprême. Se condamner au silence, prendre son parti de vivre dans le souvenir, admettre que l’attention publique se détournât du vieillard morose et souffrant qu’il était devenu, fut au-dessus de ses forces. 



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PIERRE-JEAN GARAT CHANTEUR




Impossible, malgré tout, de se défendre d’un profond sentiment de compassion et de pitié pour ce martyr de la gloriole, que le besoin d’adulation dirigea jusqu’à son dernier jour. Le malheureux ne put s’habituer à ne plus voir toutes les admirations converger vers lui, à ne plus être acclamé et applaudi dans sa décrépitude sénile, comme il l’avait été dans les beaux jours de sa radieuse jeunesse. 




Dans ce volume, nous avons cherché avant tout à être consciencieux et impartial. Notre tâche en cela n’a pas été des plus faciles. Les renseignements que nous avons pu recueillir sur les événements de la vie de Garat dans les Mémoires de ses contemporains et ceux qui nous ont été fournis par ses papiers de famille, sont loin de s’accorder entre eux ; les affirmations des uns et des autres s’entrechoquent trop souvent dans une mêlée tant soit peu obscure. Mettre d’accord ces dépositions contradictoires n’a pas toujours été facile et bien des points, à notre grand regret, sont restés obscurs."





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