LE PAYS BASQUE À LA RADIO.
En 1933, un avocat de Paris raconte "son" Pays Basque à Radio Tour Eiffel, première station de radio créée en France.
RADIO TOUR EIFFEL |
Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition
du 8 novembre 1933:
"Le Pays basque devant le micro.
La conférence de M. Martial Tricaud à la Tour Eiffel.
Qu’il est agréable de parcourir le Pays Basque au charme séducteur ! L'attrait prenant de ce pays merveilleux vient de son infinie variété. Il offre le contraste harmonisé de la vie antique et de la vie moderne. Sur le bord des routes blanches, une vieille tour en ruines, un attelage de bœufs, un Christ de granit se mêlent aux élégantes villas.
ATTELAGE BASQUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les Basques habitent les deux versants de la chaîne pyrénéenne, dans le département des Basses Pyrénées, dans la Navarre espagnole et dans les provinces de Guipuzcoa, d’Alava et de Biscaye.
Le Pays Basque français ne présente pas l'unité que l'on rencontre dans nos autres provinces. Dès les dixième et onzième siècles, le pays occupé par les Basques s'est différencié en trois régions distinctes : la Soule, le Labourd et la Basse-Navarre.
La Soule comprend les cantons de Mauléon et de Tardets. Le Labourd englobe les cantons de Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Ustaritz, Espelette et Hasparren. La Basse-Navarre s'étend sur les cantons de Saint-Palais, Iholdy, Saint Etienne-de-Baïgorry et une partie de celui de Labastide Clairence.
Le Basque est Basque avant tout. Interrogez-le et demandez lui quelle est sa nationalité, qu’il soit d’un versant des Pyrénées ou de l’autre, il vous répondra : "Je suis Basque."
Le Basque aime profondément son pays, mais cet amour ne l’a pas empêché dès l’époque la plus lointaine, d’affronter les tempêtes pour courir les mers et se livrer à la pêche de la baleine et de la morue. Le Basque est un excellent marin et il passe pour avoir découvert les côtes de Terre-Neuve avant que Christophe Colomb ait mis pied sur le Nouveau-Monde.
TERRE NEUVE |
Si pendant longtemps les Basques ont conservé la pureté de leur race, ils n’en ont pas moins subi l'influence étrangère Le Pays Basque est une région de passage ; il a été traversé par des peuples qui ont laissé des empreintes.
Ce qui est propre aux Basques, c’est un esprit de conservation poussé à un très haut degré. Bien que les Basques se soient modernisés, on trouve encore chez eux des coutumes depuis longtemps disparues ailleurs.
Au Pays Basque, le droit d’aînesse existait, mais il s’appliquait au premier né, quel que fût son sexe. La fille aîné, avait les prérogatives d’un fils aîné ; elle héritait de la maison, elle était chef de famille. Aujourd’hui encore, les biens passent souvent entre les mains de l'aîné, garçon ou fille, et les autres enfants s’expatrient. Cette règle n’empêche pas le Basque d’avoir le sentiment de la famille très développé. Les familles nombreuses ne sont pas rares.
Les Basques sont laborieux et résistants. Sous ce rapport, les femmes ne le cèdent pas aux hommes. Avant l’établissement de la ligne de chemin de fer les marchandes de poissons de Saint Jean-de-Luz allaient à Bayonne vendre leurs marchandises et n'hésitaient pas à faire 20 kilomètres avec leur corbeille de poissons sur la tête et en marchant à vive allure.
LES KASKAROT PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les Basques sont très religieux ; aux offices du dimanche, on compte autant d’hommes que de femmes. Dans les églises survivent d’anciennes coutumes particulièrement à l'occasion des offices pour les morts. Les femmes parentes et amies du défunt sont groupées sur un tapis noir ; devant l’autel est posé un grand cierge allumé. Celles de la famille sont enveloppées d’une grande mante noire avec capuchon sur la tête et voile descendant sur le visage. Pendant la messe, deux d’entre elles vont à l’offrande et remettent un cierge et un pain.
Au Pays Basque, les œuvres littéraires sont assez rares ; les Basques ont surtout composé des contes et des poésies, mais leur grand plaisir est la danse. Dans presque toutes les communes, on danse chaque dimanche. Les danses basques sont très variées : la plus célèbre est le saut basque, les hommes seuls y prennent part. Sur la côte, la danse en honneur est le fandango. Cette danse, d'un gracieux effet, s'exécute au son de la musique et quelquefois des castagnettes. A certain jour de fête, au plaisir de la danse s'ajoute une attraction sensationnelle qui excite l’hilarité générale : c'est le fameux "toro de fuego", animal en feu parcourant la foule en semant une sorte de terreur qui se manifeste par des cris, mais le taureau inoffensif s’évanouit en feu d’artifice.
TORO DE FUEGO PAYS BASQUE D'ANTAN |
De tous les divertissements des Basques, le plus original est le théâtre qui est essentiellement rural. On représente des pièces tragiques, comiques et bouffonnes. Les pièces tragiques sont des pastorales analogues aux mystères du Moyen-Age et dont les sujets sont tirés de l’Ecriture Sainte ou de l’Antiquité profane. Les acteurs, presque toujours des hommes, sont revêtus de costumes bizarres. Les pièces comiques sont les mascarades, sortes de danses costumées ; enfin les charivaris constituent la partie bouffonne du théâtre ; ce sont des parodies burlesques à l’occasion d’un mariage mal assorti.
Le Pays Basque a pénétré notre littérature. Il a inspiré de fort belles pages au R. P. Lhande, à Francis Jammes, François Duhourcau, à la comtesse de Noailles pour ne citer que ceux là. Edmond Rostand faisait de Cambo son séjour favori. Claude Farrère aime à venir se reposer dans sa villa de la Côte Basque. Que dire de la part qui revient au Pays Basque dans l’œuvre de Pierre Loti ? Ramuntcho, son chef d’œuvre, a été composé à Ascain. Une plaque apposée récemment sur "l’Hôtel de la Rhune" rappelle le séjour du prestigieux romancier.
COMTESSE DE NOAILLES PAYS BASQUE D'ANTAN |
PIERRE LOTI ET ASCAIN PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le jeu national, qui est pour les Basques un véritable titre de gloire, est le jeu de pelote. On ignore l’origine de ce jeu plein de grâce et de souplesse ; cependant un écrivain nous dit avec humour que les premiers pelotaris furent Adam et Eve, qui jouèrent à la pomme au fronton du paradis !
Les maisons basques offrent un aspect particulier avec leur porte basse et leurs boiseries extérieures peintes généralement en rouge brun, ce qui fait un heureux contraste avec la blancheur des murs passés à la chaux. Les Basques aiment à orner la façade de leurs maisons de dessins représentant des personnages ou des animaux. Quelquefois une sentence accompagne ou remplace ces dessins. Ainsi, on lit sur une maison cette amusante inscription ; "Rien de plus à charge pour les gens occupés que la visite de ceux qui n’ont rien à faire".
Les visiteurs, en parcourant le Pays Basque, sont quelque peu surpris de voir les Basques arborer la croix gammée ; elle figure sur les vitraux des églises, elle orne les bijoux des jolies Basquaises et les bibelots que les touristes emportent comme souvenirs. Qu'on se rassure ! La croix gammée (le swastika) est depuis un temps immémorial l’insigne des Basques qui la considèrent comme un porte-bonheur.
LAUBURU PAYS BASQUE D'ANTAN |
La Côte Basque ! Quel enchantement ! Quelle féerie !
Biarritz, reine de l'Océan ; Bidart et ses blanches maisons ; Guéthary, célébré par François Coppée ; Saint Jean-de Luz, accueillante cité, avec son élégante baie, sa plage sportive que domine la Rhune, son port pittoresque et son église illustrés par le souvenir du mariage de Louis XIV. En face de Saint-Jean-de-Luz, Ciboure avec ses vieux quartiers et son curieux clocher. Au seuil de l’Espagne, Hendaye et son paysage harmonieux si cher à Pierre Loti.
MAISON DE PIERRE LOTI HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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