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mercredi 24 avril 2019

UN MINISTRE FRANÇAIS DU TOURISME À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1930 (troisième et dernière partie)


UN MINISTRE DU TOURISME À BIARRITZ EN 1930.


De nombreuses personnalités politiques sont venues au Pays Basque tout au long de l'histoire.



ministre tourisme français
GASTON GERARD MINISTRE TOURISME 1930

Je vous ai déjà parlé de la visite de Gaston Gérard, dans deux articles précédents, le 9/01/2019 

et le 24/03/2019.



Voici ce que relata à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans 

son édition du 25 juillet 1930 :


"...Sur la Côte Basque. 



M. Gaston Gérard, lisant, le long de la route, une ancienne affiche, parlant d’une représentation théâtrale, reprenait le titre et se disait lui-même au sein de la "Merveilleuse Journée". 




La promenade de M. Gaston Gérard dans le Pays Basque a été une chose belle. D’abord, parce que notre ministre du Tourisme a "les éperons verts" comme on dit en Afrique pour exprimer qu’on porte chance. Aussitôt qu’il voulait bien regarder le ciel, il y faisait beau. Pendant les petits voyages entre les pays, le temps s’assombrissait : cela n’avait pas d’importance, M. Gaston Gérard étant en conduite intérieure. Et aussitôt qu’il sortait, comme un petit baromètre suisse, le soleil paraissait aussi. C’était du travail de dompteur. 




A Bidart, première étape : la petite mairie blanche est parée comme un reposoir, pavoisée de feuillage, de bambous verts, de marguerites. On marche sur une épaisse litière de foin. Les marches du petit escalier disparaissent sous les palmes. Une haie de branches gothiques en tapisse le couloir ascendant. Les casiers "recettes, dépenses, bains", le plan cadastral, le haut pupitre du petit gratte-papier sont couverts de fleurs. Les paroles de M. Michelena, maire de Bidart, sont tout imprégnées de ce parfum franc de foin, de cette atmosphère feuillue, traditionnelle dans les fêtes de pays du Sud. Les femmes envoient des baisers aux journalistes. Les enfants nouveaux-nés eux-mêmes les reconnaissent. La réciprocité n’est pas obligatoire.


pays basque autrefois
PLACE DE LA MAIRIE BIDART 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



M. Gaston Gérard fait le tour de la charmante commune, l’église touchante au vieux clocher ruiné, les petites maisons basques crépies de blanc et la falaise qui s’adoucit jusqu’à la mer en plans superposés comme une maison basque et la Rhune noire, au loin, le sommet passé dans un anneau de nuages. 




A Guéthary, deuxième étape. "Erriko-Etchéa", Mairie. Elle tient à la halle, à l’école, à la place publique et au terrain de pelote. Plus loin, le cimetière et l’église. Tout ce qu’il faut pour vivre heureux et bien mourir tient en 500 mètres. On sent, de la vie, l’ancien rythme, et aussi l’unité de la terre basque. M. Genin, maire de Guéthary, lit un discours technique sur les améliorations prévues à Guéthary et offre un champagne de bienvenue. M. Gaston Gérard passe lui-même par les petites rues charmantes pour voir le bord de la mer, la belle promenade et les charmants restaurants et hôtels qui dominent l’Océan désert. 



labourd autrefois
QUARTIER DE LA GARE GUETHARY 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



A Ciboure, troisième étape. On ne trouve pas M. Duhau, maire de Ciboure à la mairie, mais au Yatch-Club de Ciboure. On fauche le foin des pelouses. Une odeur bonne à mâcher se promène à 1 m. 50 de terre. Là-bas, Saint-Jean-de-Luz luit au soleil. Plus loin, sur la mer, court un soupçon bleu : les côtes de Biarritz évanouies dans la lumière. En face en pleine mer, le fort de l’Artha qui voit Saint-Sébastien. Une voiture laissée en travers sur la route, freine à elle seule les deux directions d'Espagne et de France. C'est celle de l’alcade, représentant le maire de Saint-Sébastien. En cinq minutes, c’est un embouteillage véritable, tant il y a maintenant de voitures au Pays Basque. 




A Paris, on eût crié et insulté. Ici, les conducteurs souriaient et prenaient la voie du tramway qui, pour compliquer encore l'affaire arriva à ce moment en criant comme un fou, ce qui provoqua une confusion générale, mais fort gaie. 




A Hendaye, quatrième étape. Pour y parvenir, nous suivons la route en corniche au-dessus de Ciboure. Nous voyons dans la crique la carcasse ajourée du bateau agenouillé sur les roches. La mer y doit bercer sur leur tige, des milliers d’opernes. Enfin, Hendaye, avec sa triple ville, nous accueille, opulente, gonflée, recevant dans son Hendaye-Plage comme dans sa pièce de réception, belle et pleine d’attractions comme le salon d’une parfaite maîtresse de maison : casino mauresque, maison de Pierre Loti, grand hôtel Eskualduna où M. Lannepouquet, maire de Hendaye, exprime à M. Gaston Gérard son désir de faire de Hendaye une grande plage à la mode, et aussi son amour des deux œuvres qui ont une succursale à Hendaye : les bâtiments de l’Assistance Publique et le sanatorium du Nid Marin



pays basque autrefois
HÔTEL ESKUALDUNA HENDAYE 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN


Un thé servi à l’hôtel Eskualduna permit de voir que beaucoup des femmes de la caravane ont changé de toilette et je me demanderai longtemps par quel prodige. 




A Béhobie, cinquième étape. Pour y parvenir, on suit la Bidassoa qui est, en ce qui concerne la pêche au saumon, française un jour, espagnole l’autre. Sur les collines déjà plus hautes et plus désolées, on voit les petites églises des missions, dites : "Guadeloupe", auxquelles on ne monte qu’une fois par année. Puis on passe l'île des Faisans, petit jardin vert au milieu de la rivière qui prend en défaut nos souvenirs, de géographie et d'histoire, mais non ceux de M. Gaston Gérard (qui a "potassé" son itinéraire). 


frontiere pays basque autrefois
BEHOBIE 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un charmant discours a lieu auprès du pont frontière dont la moitié, seule, nous appartient. 




M. de Coral, maire d’Urrugne, appuyé au pont, comme s’il ne pouvait plus reculer, et comme si la frontière était un vrai mur, présente à M. Gaston Gérard la dernière ville basque. Puis, nous entrons par cette frontière perméable dans le pays espagnol qui est représenté vide et blanc sur les cartes qui ne veulent s’occuper que de la France. 



pays basque autrefois attelage
URRUGNE 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les carabiniers au chapeau bouilli sourient. Les enfants eux-mêmes parlent espagnol. M. Gaston Gérard visite la douane, la poste où il se voit refuser une carte postale. La suite se jette au bureau de tabac qui est aussitôt dévalisé de ses derniers chefs-d’œuvre décorés par les mouches et que tout le monde lèche gravement pour y apposer le timbre espagnol. 


pais vasco antes
CARABINIERS BEHOBIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Puis on revient en France. On y est mieux. Et les gendarmes n’y ont pas de carabines. 





Ils demandent si toute la caravane est là. Un petit peloton de journalistes est resté en Espagne. Cela nous amuse plutôt. Nous répondons que nous sommes les derniers et qu’ils peuvent fermer la porte. 




En passant par Urtubie, par Urrugne à la touchante église jésuite espagnole, nous arrivons à Saint-Jean-de-Luz où M. Hiribarren, maire, reçoit M. Gaston Gérard au Casino de la Pergola qui est la plus belle chose qu’ait composée Mallet-Stevens. Un programme splendide y attend le ministre. Saint-Jean-de-Luz a dépêché une danseuse espagnole bien intéressante. Elle danse d’abord une Sevillana parfaite, sans oublier ces appels des hanches, ces longues immobilités palpitantes, ces élans et ces sursauts des bras levés, des doigts claquants au-dessus de la tête. 



labourd autrefois
CASINO ST JEAN DE LUZ 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



Puis une Aragonaise pleine de charme canaille et ingénue — sainte Madone -— à vous faire douter des petites filles. 




Elle dansait devant la belle rade où un yacht blanc était ancré. 




Puis, M. Gaston Gérard parla devant les toits inégaux et l’église à la porte murée de la vieille ville que le soir doux entourait déjà d’un halo plus clair et qu’on apercevait par la grande baie moderne. 




A tous ceux qui l’avaient ainsi reçu, au bord de leur œuvre, comme son responsable capitaine, M. le ministre du Tourisme a dit sa satisfaction, son intérêt et sa volonté d’encourager le régulier développement et l’harmonieux essor du Pays Basque. Il lui a promis son aide et, après avoir passé une journée à considérer l’activité et l’intérêt passionné de M Gaston Gérard dans ce rapide voyage, si j’ose donner mon timide avis, c’est qu’on peut lui faire confiance..."



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