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mardi 23 avril 2019

UNE CONFÉRENCE FRANCO-ESPAGNOLE À SAINT-SÉBASTIEN (DONOSTIA) EN GUIPUSCOA EN 1906


UNE CONFÉRENCE FRANCO-ESPAGNOLE À ST-SÉBASTIEN EN 1906.


Une importante conférence économique entre la France et l'Espagne se tient à Saint-Sébastien, en Guipuscoa, en 1906.

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SOUVENIRS DE ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta le journal Gil Blas, dans son édition du 27 septembre 1906, sous la plume 

de Georges Price :


""Gil Blas" en Espagne.



Autour de la Conférence.



Saint-Sébastien, 23 septembre 1906.



Bien que la réunion actuelle de spécialistes et de diplomates qui discute les intérêts commerciaux de l'Espagne et de la France n'ait pas a débattre des questions aussi générales que celle d'Algésiras, la ville de Saint-Sébastien n'en est pas moins très fière de lui offrir l'hospitalité.



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VUE DU MONT ULIA ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN




La conférence, ici, occupe tout le monde, même les dames, qui nous disent avec de petits airs entendus, tout en jouant de l'éventail : "Pour les huiles, on s'arrangera toujours; Mais ce sont les vins ! ah ! les vins !"




C'est que cette délicieuse ville est villégiature royale, - et non pas une de ces moroses villégiatures royales qui abritent les mornes vacances de vieux pasteurs d'hommes,— mais l'asile aimé où de jeunes souverains prennent en liberté leurs ébats. L'immense majorité des baigneurs espagnols a quelque attache avec la Cour. Les contacts avec elle sont fréquents et elle est le grand sujet des conversations. Aussi tout le monde en arrive-t-il à s'occuper même de politique. D'autant plus que presque tous les personnages de quelque importance d'Espagne ont ici une villa, ou tout au moins un appartement, soit en ville, soit dans les grands hôtels.


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PLAGE AVEC "CASETA REAL" ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


La ville a tenu à honneur de loger dignement la conférence. Elle n'a pas voulu qu'elle abritât ses délibérations dans un des luxueux caravansérails de la cité. Le président de la "députation provinciale" a mis à la disposition des délégués la propre salle des séances de l'assemblée qu'il préside. 




Les visiteurs français croient volontiers que la "députation provinciale" équivaut à ce qu'est chez nous le conseil général. C'est une erreur complète. La députation provinciale du Guipuscoa, en vertu des fameux fueros, est en réalité, une sorte de petit parlement, qui se double d'un véritable ministère local, et qui règle souverainement le budget du Guipuscoa. Et c'est si vrai qu'il y a incompatibilité entre les fonctions de député provincial et celles de député aux Cortés. Cette administration financière propre est un modèle de simplicité et de sens pratique. Les recouvrements des impôts votés se font par l'intermédiaire d'un corps spécial, composé exclusivement de volontaires et qui constitue en même temps une gendarmerie et un organisme de perception. Ce sont les "Miquelets", dont tous les voyageurs ont vu, dans les gares, la culotte garance, l'élégante tunique bleue à criméenne, et le béret rouge à bouton de cuivre.


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MIQUELETES ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Grâce à cette organisation, à la hiérarchie militaire de ces agents, à leur connaissance approfondie du pays, la perception des taxes s'effectue sans difficulté et avec une régularité parfaite. Et cette région, relativement pauvre, s'acquitte de ses obligations fiscales beaucoup mieux que d'autres parties plus riches de l'Espagne. 




On retrouve, à l'administration centrale, au palais de la Députation, le même souci d'ordre et la même expérience pratique. Grâce à mon éminent ami, Don Pedro de Soraluce, écrivain et historien, fondateur et conservateur à Saint Sébastien d'un musée municipal qui, après quatre ans d'existence, mérite d'attirer tous les visiteurs, j'ai visité ce palais. Le mot n'est pas trop fort. Tous les bureaux de l'administration sont centralisés dans une vaste galerie. Tous sont séparés, mais seulement par d'immenses vitrages. Les employés sont ainsi suffisamment isolés, mais ils travaillent tous, depuis les expéditionnaires jusqu'aux chefs de bureau, sous l'œil du directeur général dont le cabinet, également vitré, se trouve à l'une des extrémités. Quel beau rêve administratif, n'est-ce pas, M. Clemenceau ?



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MUSEE MUNICIPAL ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN



La salle où délibère la Conférence est de vastes proportions. Avec son plafond à caissons, ses tentures de vieilles tapisseries, son magnifique mobilier Louis XIV, elle est d'une grande somptuosité et d'un goût parfait. En outre, deux autres salons sont à la disposition des deux commissions espagnole et française, quand elles veulent siéger séparément.




Les travaux des commissaires ne sont pas, d'ailleurs, très absorbants. Une heure de séance séparément, le matin ; une autre heure de séance plénière l'après-midi, c'est à peu près tout. Le reste du temps, on voisine. Des groupes sympathiques se forment, et on se promène en devisant sur la Concha, ou l'on va en excursion à Pasajès, à Renteria, à Cestona, le Vichy espagnol, ou à Aspeïtia. Ce n'est, d'ailleurs, pas là qu'on fait le moins de besogne, et c'est même cette besogne qui aura probablement les meilleurs résultats.



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LES EAUX DE CESTONA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'est que, quoiqu'on en ait dit, et malgré tous les démentis, les choses n'ont pas été toutes seules, loin de là. Tout d'abord, le président de la Conférence étant M. Cambon, et les délibérations ayant lieu en français, les Espagnols ont estimé qu'ils se trouvaient dans une certaine situation d'infériorité. Le tact et l'autorité personnelle de notre ambassadeur ont eu assez facilement raison de cette prévention. Mais M. Cambon a eu d'autres occasions d'user de son habileté diplomatique et de son amicale influence.




Les membres de la Conférence montrent une discrétion à toute épreuve. Diplomates par occasion, sauf une ou deux exceptions, ils sont naturellement portés à exagérer la réserve diplomatique. On sait cependant qu'à un moment donné, il y a trois jours, les discussions ont pris une allure si tendue qu'il s'en est fallu de peu que les pourparlers ne fussent rompus. On s'était bel et bien séparé sans fixer la date d'une prochaine séance. La cause, c'était la question des vins (ah ! les vins !) qui est évidemment la plus sérieuse, et qu'on avait voulu régler tout de suite. Il y avait aussi une autre raison : les délégués français voulaient, si je suis bien renseigné, que les articles acceptés de part et d'autre pour le modus vivendi provisoire restassent acquis pour le traité définitif. Les commissaires espagnols proposèrent un ajournement amiable pour que les deux commissions eussent le loisir de consulter leurs gouvernements respectifs. Les commissaires français répondirent qu'ayant des pouvoirs très précis et des instructions très nettes, ils ne voyaient pas, pour leur part, la nécessité d'un ajournement. Bref, il y eut bel et bien) vingt-quatre heures de rupture. Heureusement, M. Gullon, l'éminent ministre d'Etat (affaires étrangères) qui est ici comme représentant du Cabinet auprès du Roi, eut une indisposition opportune, pendant laquelle M. Cambon vint longuement prendre de ses nouvelles, Et le lendemain, les séances recommençaient. Comme à Algésiras, pour la fameuse question de la police, on avait résolu de reporter à la fin des négociations la terrible question des vins. On espère que d'ici là, le temps, les dîners fins sur les terrasses des hôtels de la Concha et les excursions en automobile auront fait leur oeuvre, et rapproché la distance qui sépare les huit francs par hectolitre admis par les Espagnols des douze francs réclamés par les Français.



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HÔTELS ET CONCHA ST SEBASTIEN - DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Aussi, en ce moment, on est tout à l'optimisme. Du côté espagnol, on considère même que la situation est devenue beaucoup meilleure. On parle mystérieusement d'un événement qui serait de nature à influencer les commissaires français. Renseignements pris, très péniblement, il semble que l'événement en question serait l'arrivée ici d'un diplomate allemand, chargé de négocier les préliminaires d'un traité de commerce entre son gouvernement et l'Espagne, et de promettre à celle-ci que ce traité lui donnerait satisfaction sur tous les points où la France la lui refuserait. Or, il est parfaitement exact qu'un diplomate allemand est arrivé ici. Mais je ne crois pas qu'il ait ainsi ébruité l'objet de sa mission, surtout avant même d'avoir conféré avec le ministre d'Etat.




Une nouvelle "intéressante" pour finir. Elle est peut-être déjà connue à Paris. On affirme que S. M. la Reine est dans un état de santé qui tout en étant parfaitement satisfaisant, permet de prévoir que la gracieuse souveraine se prépare à donner un héritier ou une héritière a la Couronne d'Espagne."




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