LA SEMAINE SAINTE À FONTARRABIE EN 1891.
Depuis les débuts du 17ème siècle, la procession de la semaine sainte a lieu à Fontarrabie.
PROCESSION SEMAINE SAINTE FONTARRABIE - HONDARRIBIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce qu'en a rapporté le Journal des Débats Politiques et Littéraires, le 15 avril 1891 :
"Il n'est pas nécessaire de suivre jusqu'à Séville les touristes qui vont en Espagne pour voir les spectacles de la semaine sainte. Il suffit de s'arrêter à l'église Notre-Dame-des-Joncs (Nuestra Senora del Juncal) d'lrun, ou bien dans les faubourgs escarpés de Fontarabie.
Ceux qui aiment la couleur espagnole, les manteaux déchiquetés et couleur de muraille, les haillons décoratifs et les saletés pittoresques, prendront quelque plaisir à monter, sous le chaud soleil, les ruelles étroites de Fontarabie, entre deux rangées de maisons grises dont les saillies surplombent et ont l'air de vouloir tomber, le long des boutiques où s'étalent des pâtisseries étranges, des merceries criardes et d'invraisemblables confections. Le Vendredi-Saint, la ville sort de sa torpeur, s'éveille et organise le deuil de la Passion avec tant d'entrain qu'elle semble se préparer à une réjouissance.
PROCESSION SEMAINE SAINTE FONTARRABIE - HONDARRIBIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les étrangers affluent : Anglais de Pau et de Biarritz, Basques de France et Bayonnais ; et les bateliers de la Bidassoa, les cochers d'lrun ne chôment pas un instant. Vers deux heures de l'après-midi, l'église est parée comme une châsse ; des rideaux sont soigneusement tirés sur les fenêtres, les rosaces et les moindres lucarnes. Les dorures des candélabres étincellent vaguement dans le demi-jour. Quelques cierges jettent une clarté jaune sur la parure d'une Vierge et d'une Marie-Madeleine drapées de soie verte, bleue et violette, et toutes brodées de soutaches d'or. Dans le chœur, une tenture voile une croix sur laquelle le Christ vient d'expirer ; et, tout près, la hallebarde au poing, veillent deux Basques costumés en Romains.
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A trois heures, l'église est pleine; les hommes sont à droite, les femmes à gauche. Une marche funèbre éclate sous l'abside: les légionnaires viennent faire la levée du corps. Les braves gens de Fontarabie n'ont pas eu l'idée de faire une "restitution historique"; les figurants qui font la haie, à la Porte-Saint-Martin, devant le Marc-Aurèle de M. Rzewuski, le corps de ballet qui éblouit Néron, à l'Hippodrome, riraient de ces légionnaires en casques bleus, panachés de palmes d'or, eu guêtres rouges lacées de cuir noir, et armés de lances "moyen-âgeuses". Les Fontarabiens n'y regardent pas de si près ; et les Romains, marquant le pas, prennent place dans le chœur, sans que personne songe à sourire.
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