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mardi 16 avril 2019

CÉRÉMONIES ET FÊTES BASQUES EN 1905 (première partie)


CÉRÉMONIES ET FÊTES BASQUES EN 1905.

Les fêtes existent depuis de très nombreuses années au Pays Basque, et en particulier en Soule.



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PASTORALE NAPOLEON
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta le journal Mercure de France, le 15 mai 1905 :


"Cérémonies et fêtes basques.



Le Pays Basque, traversé par la frontière de la France et de l'Espagne, a conservé un caractère spécial que les siècles n’ont pu parvenir à lui enlever. Sa partie française, la Soule, la Basse-Navarre et le Labourd, témoigne de mœurs particulières qui diffèrent essentiellement de celles des autres régions de notre pays. Dans ce coin de terre privilégié, les cérémonies religieuses décèlent une naïveté et une étrangeté impossibles à rencontrer ailleurs ; le Théâtre du Moyen-Age ainsi que les processions des fous et de l’âne y retrouvent à peu près leur équivalent. Les moralités, les mystères et les soties ont survécu là-bas à toutes les révolutions littéraires, sociales et politiques. Des tragédies, plusieurs fois séculaires, pour la plupart, se jouent dans les principaux centres, à Barcus, Iholdy, Tardets, Saint-Palais, Mauléon et Saint-Jean-Pied-de-Port, petites villes et bourgs peu importants, de 1 200 à 2 500 âmes. Ces pièces sont écrites et récitées dans l’idiome de la région, cette vénérable langue euskarienne, d’une si haute antiquité, dont la texture ne semble guère avoir varié depuis sa formation qui se perd dans la nuit des temps, bien avant l’apparition du sanscrit et du phénicien. 




Ce sont des tragédies, des drames, des comédies, même des farces et des bouffonneries appelées dans le pays du nom générique de pastorales. Le Théâtre basque n’a jamais été imprimé et, cependant, les quelques copies manuscrites qui en existent, sans être fort anciennes, sont presque toutes absolument identiques les unes aux autres. Les familles qui les possèdent les considèrent comme des trésors d’une valeur inestimable et les gardent avec un soin jaloux. 



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PASTORALE ABRAHAM
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le drame basque n’est autre chose que l’éternelle lutte du bien et du mal, les deux puissances qui se disputent le monde. Il met en scène Dieu le père, Jésus-Christ, la Vierge, les Anges, les Archanges et les Saints qui y conversent non seulement avec des personnages hiératiques et sacrés tels que David, les Prophètes, les Rois Mages, le Précurseur, mais aussi avec des héros et même de simples humains. Il est mêlé de chant et joué en plein air devant un public des plus nombreux composé de toute la population de la contrée. Comme dans le théâtre grec, le chœur y tient une place prépondérante, mais il n’est plus l’interprète de la nation, le protagoniste du devoir et de la droiture, c’est au contraire le représentant de l’esprit du mal : du démon. 




Les sujets des pièces basques sont des plus variés. Ce sont tantôt des mystères tels que Moïse, Abraham, Nabuchodonosor, saint Jean-Baptiste, saint Pierre, saint Jacques, les Trois Martyrs, sainte Hélène, sainte Engrâce, très vénérée dans le pays où elle possède un sanctuaire, pèlerinage fréquenté ; tantôt des tragédies profanes telles que Œdipe, Alexandre, Clovis, Charlemagne, Roland, les quatre fils Aymon, le Grand Sultan Mustapha et même une trilogie moderne sur Napoléon comprenant le Consulat, l'Empire et Sainte-Hélène ; tantôt enfin, des pièces satiriques telles que la Veuve remariée, l'Homme battu par sa femme et des impromptus absolument modernes se rapportant à quelque scandale récent où la langue basque, dans les mots, brave l'honnêteté bien plus encore que sa cadette, la langue latine. 



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PERSONNAGES PASTORALE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les tragédies et les mystères basques sont versifiés, les plus anciens en vers de quinze pieds, avec la césure au huitième, les plus modernes en vers de treize pieds, avec la césure au septième ; ces vers sont divisés en quatrains, avec une seule rime quadruple. Les plus récents, comme les plus anciens, sont donc construits sur les mêmes bases, d’après des règles immuables, et, quelque étonnant que le fait puisse paraître, semblent calqués sur le modèle des tragédies d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, dont les mystères du Moyen-Age différaient d’ailleurs beaucoup moins que les tragédies du XVIIe siècle qui prétendaient les ressusciter. 




Dans le théâtre basque, chaque action a son mouvement particulier, son caractère spécial. Les acteurs, qui représentent des personnages vertueux, ont des gestes lents et majestueux, la déclamation psalmodique ; ceux qui figurent les méchants ont les mouvements vifs et saccadés, la parole rapide et vociférante. Les hommes ne paraissent jamais sur les planches en même temps que les femmes figurées par de jeunes garçons affublés de vêtements féminins. 


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PASTORALE A TARDETS
PAYS BASQUE D'ANTAN

La scène est toujours élevée en plein vent, sur des tréteaux, au milieu de la place publique. Les acteurs y montent par deux échelles, l’une à droite, réservée aux bons, l’autre à gauche, destinée aux méchants. Au-dessus se trouve attachée, d’ordinaire, une sorte de poupée en bois que l’on agite au moyen d’une corde ; elle représente Mahomet, et son rôle, dont elle s’acquitte à l’aide de sauts désordonnés, est de se réjouir des mauvaises actions. 




En même temps que par les acteurs, les planches sont occupées par l’orchestre composé de tambourinaires, joueurs de flûte, par le souffleur qui remplit consciencieusement son office — coram populo — par quatre jeunes gens, le fusil sur l’épaule, faisant faction aux angles du théâtre, et, dans le fond, par des couturières prêtes, en cas de besoin, à réparer les accrocs qui pourraient survenir aux costumes des acteurs. 



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LES SATANS PASTORALE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ces costumes ne manquent pas d’étrangeté et de pittoresque. Dans le mystère d'Abraham, le patriarche est coiffé d’un haut bonnet à poil, comme les anciens grenadiers du premier Empire, agrémenté d’un petit miroir en guise d'écusson ; il porte une tunique de gendarme ou de pompier, un pantalon blanc orné d’une bande de drap ou de velours et des espadrilles. Dans Nabuchodonosor, le roi de Babylone est vêtu d'un habit rouge à épaulettes et à boutons dorés, orné de la croix de la Légion d’honneur, et d’une culotte blanche s’engouffrant dans de larges bottes, qui lui donneraient peut-être l’aspect d’un officier britannique s’il ne complétait d’ordinaire sa tenue par un chapeau de soie haut de forme. Il tient à la main droite le makila national en guise de sceptre. Alexandre ou Clovis endossent l’uniforme d’un ancien sénateur ou d’un sous-préfet de nos jours, une épée, ou plus souvent un vieux sabre de cavalerie, au côté ; deux ou trois chaînes de montre en or avec de lourdes breloques sortant des poches du gilet ou des goussets du pantalon ; sur la tète un chapeau à claque ou une sorte de haute tiare, recouverte de fleurs multicolores, ressemblant à une cage à perroquet. 




Il est encore à noter que d’ordinaire dans les drames où le bien et le mal sont en présence, le bleu est la couleur des personnages vertueux et le rouge celle des méchants. 




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LES SATANS PASTORALE ORDIARP
PAYS BASQUE D'ANTAN

Tous les acteurs portent des gants de fil blanc, à l’exception des diables qui, les mains nues, tiennent une petite baguette noire enrubannée et ont aux pieds des souliers rouges découverts, garnis de sonnettes."


A suivre...



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