MONSEIGNEUR VERDIER ET ELAÏ-ALAÏ.
Dès 1937, en pleine Guerre d'Espagne, le Cardinal Verdier, Archevêque de Paris, patronne le Comité National Catholique d'Accueil aux Basques.
LE CARDINAL VERDIER ET LE GROUPE ELAÏ ALAÏ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta la presse nationale, dans diverses éditions :
- La Croix, le 8 janvier 1938 :
"Le Cardinal Verdier parmi les enfants de Guernica.
Ce fut une bien émouvante Épiphanie que celle qui se déroula, jeudi après-midi, à la Maison des oeuvres de Notre-Dame de La Salette, sur la paroisse de Notre-Dame de la Paix à Suresnes, dont le dévoué curé, M. l’abbé Marot, assisté de ses vicaires, MM. Maquin et Paulhac, faisait les honneurs à S. Em. le cardinal Verdier.
Les enfants basques, qui y avaient d’abord trouvé refuge à leur arrivée en France, étaient en effet revenus, sous le nom de chorale Elaï-Alai de Guernica, pour exécuter quelques-unes des pièces qu’ils produiront, à la salle de la Société de Géographie, samedi soir, sous les auspices des amis de l’Aube.
SPECTACLE GROUPE ELAÏ ALAÏ 1938 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce sera le signal d’une série de spectacles du folklore basque, pour l’organisation desquels le directeur de la chorale, M. de Olaeta, 33, rue Saint-Augustin, se mettra à la disposition des oeuvres de Paris. Chants et danses basques sont exécutés avec un charme incomparable par ces chers enfants, en costume national, dont on ne peut oublier cependant l’infortune qu'ils représentent, comme s’exprima le cardinal Verrier dans une de ces allocutions dont son cœur de chef et de père a le secret. Il les bénit affectueusement, ainsi que leur pays, puis, assisté du R. P. Lhande, S. J. et de Mgr Fontenelle, il présida la charitable distribution de la galette des Rois, autour de laquelle fraternisèrent les enfants de Guernica et leurs petits camarades français de Notre-Dame de la Paix."
- L'Aube, le 9 janvier 1938 :
"Une magnifique réunion à la salle de la Société de Géographie.
Les chants et les danses basques de la chorale de Guernica ont enthousiasmé les Amis de "l’aube" venus nombreux pour les applaudir.
Georges Bidault et Francisque Gay ont dégagé le sens de cette manifestation.
Ils ont chanté pour nous, ceux dont le pays ne sait plus que des plaintes et des larmes.
Ils ont dansé pour nous, les fils de ceux qui pleurent une patrie perdue.
Pour nous, pour les amis de "l'aube" venus là de tout leur cœur, les petits chanteurs et les petits danseurs de Guernica ont vécu en une soirée splendide toute la joie que connaissait l'Euzkadi avant la terrible guerre.
GROUPE ELAÏ ALAÏ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Combien étions-nous, en cette salle de la Société de Géographie, qui parut bientôt minuscule ? Sept cents, peut-être davantage. En louant cette salle, nous avons douté de nous-mêmes et de nos amis. Car il n’y avait plus une place assise lors que Mme Ancelet-Hustache présenta l’abbé Marot, curé de Notre-Dame de la Paix, à Suresnes. hôte généreux aidé d'un peuple au cœur généreux qui accueillit d’abord, tout près de notre capitale, les petits Basques de Guernica.
Notre-Dame de la Paix ! Quelle égide pour cette soirée de bienfaisance !
Présenté par Mme Ancelet-Hustache, l’abbé Marot présenta à son tour la chorale de Guernica aux amis de "l'aube".
Il faut retenir des paroles chrétiennes qu’il prononça, ce témoignage à l'adresse des jeunes artistes de ce soir : "Durant leur séjour à Suresnes, parmi nous, ils firent plus de bien à notre cité que le peuple de la cité ne lui en fit par la spontanéité de sa générosité".
... Et la foule applaudit en même temps ces mots du pasteur qui ouvrit sa bergerie aux brebis chassées de la leur, et, le drapeau basque précédant un défilé d’enfants en costume local, au son du fluteau et du tambourin.
GROUPE ELAÏ ALAÏ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans la bannière marquée de la croix blanche et rouge sur fond de sang, les amis de "l’aube" saluaient le symbole d’une race dont ils aimaient les vertus.
Or, voici que la foule, sur laquelle l’enthousiasme passait comme une houle, se tut soudain. Les jeunes filles de la chorale, dirigées par l’excellent artiste qu’est M. de Olaeta, entonnaient une salutation de bienvenue dont le style avait quelque chose de grégorien. Une chanson populaire "Txomin" succéda et, danseurs et danseuses prirent place sous les lumières qui marquaient davantage les couleurs ardentes de leurs costumes. Il s’agissait de l'"Ingurutxo de Leiza" l’une des danses la plus importante du folklore basque.
DANSE INGURUTXO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Une autre danse, très ancienne, marquée d’un certain caractère religieux, anima ensuite la troupe juvénile. C’est une composition reconstituée grâce aux indications d’un vieux danseur basque qui dansait lorsqu’il était jeune cette "zortzico".
DANSE ZORTZIKO PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’assemblée applaudit aussi, avec au tant de joie et d'émotion, la "Binako" danse biscayenne, l'"Undik", chanson populaire, et le très beau cantique à le Vierge d’Itziar.
DANSE BINAKO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Faut-il parler encore de la danse des bois biscaïens "Makil-Dantzig", du chant de "Marijesiak", particulier à Guernica que chantent huit jours avant la Noël, une ronde de jeunes parcourant les rues a l’aube ?
DANSE MAKIL DANTZA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et puis, à quoi bon tout citer, puisque tout fut beau ?
A la mi-séance, Georges Bidault aborda l'estrade chaleureusement applaudi. Ce fut pour porter témoignage au courage malheureux des Basques et dire qu’en France l’aube et ses amis considèrent comme un devoir impérieux de venir en aide aux proscrits, aux fils de proscrits et de leur aider à vivre dans la pauvre mesure où chacun le pouvait.
Il aborda le cas douloureux de Guernica, réaffirma la position que l'aube ne cessa jamais de soutenir à l’égard d'un problème résolu dès qu'il fut si tragiquement posé, mais que d'autres —- intérêt de passion — refusèrent d’envisager sous son aspect véritable, parce que cet aspect véritable gênait leur parti pris politique.
L’éloquence de Bidault devait se faire plus persuasive encore lorsqu'il demanda aux amis de l'aube, déjà si souvent sollicités, de répondre une fois de plus favorablement aux toutes petites quêteuses qui, de la scène, descendirent dans la salle.
Puis la fête continua de dérouler son programme tout empli de fraîcheur, de sourire et de jeunesse.
Evoquons, en passant, cette délicieuse poupée de trois années qui vint chanter et danser et que chacun applaudit comme s'il se fut agi de sa propre petite fille.
Le programme basque proprement dit se termina par le chant de Guernika, Kore arbola, hymne à la gloire de Guernica et de son arbre légendaire, que l’assistance écouta debout.
Enfin, Francisque Gay tira les conclusions de cette soirée, très belle dans tous ses détails. Il constata que si les amis de l’aube, "cherchant d’abord le royaume de Dieu et sa justice", étaient venus ce soir apporter leur concours à l'œuvre de bienfaisance en faveur des Basques, le reste leur serait accordé par surcroît, un reste, espérons-le, largement dispensé...
La charité de ce soir doit comporter sa récompense et la foule qui déborda sur le trottoir endormi du boulevard Saint-Germain, disait par son enthousiasme unanime que la récompense ne manquerait pas d'être aussi belle que le geste avait été généreux."
- L'Aube, le 25 janvier 1938 :
"Les petits Basques de la chorale de Guernica se produiront vendredi sous la présidence du cardinal Verdier.
ELAI ALAI PAYS BASQUE 1937 |
C’était le 8 janvier dernier, tous ceux qui purent trouver place en la salle trop étroite de la Société de Géographie s’en souviennent, la très jeune Chorale de Guernica faisait, sous les auspices des amis de "l’aube", ses débuts dans le monde de notre capitale.
On sait comment, tous, petits danseurs et danseuses, ou chanteuses du chœur basque, furent applaudis et fêtés.
Or, voilà que cette belle chorale reparaîtra vendredi prochain 28 janvier, en la salle Marcelin-Berthelot. Reconnaissants de l’accueil fraternel et chrétien de la capitale, les petits artistes d'Elaï-Alaï, vont chanter et danser au profit de l’œuvre des Chantiers du cardinal.
Et comme il se doit, le cardinal, qui manifeste envers les enfants exilés d'Euzkadi une attention toute paternelle, présidera cette nouvelle manifestation du folklore basque.
ELAI ALAI PAYS BASQUE 1937 |
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