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samedi 28 décembre 2024

28 DÉCEMBRE 1937 : MORT DE MAURICE RAVEL MUSICIEN BASQUE



MAURICE RAVEL MUSICIEN BASQUE.


Joseph Maurice Ravel est un compositeur Basque né à Ciboure (Basses-Pyrénées) le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
MAURICE RAVEL


Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de la mort de Maurice Ravel, en 2017, en 2019 en 

2020, en 2021, en 2022, et en 2023



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Echo de Paris, le 29 décembre 1937 :



"Maurice Ravel par Adolphe Boschot, de l'Institut.



Il faut saluer, avec émotion et reconnaissance, ce musicien qui vient de nous quitter. Depuis quelque 30 ans, il tenait une place de premier rang de la musique française : son nom et son oeuvre s'étaient conquis une éclatante, une légitime célébrité, qui s'était répandue, peu à peu mais sûrement, bien au delà de nos frontières.



Il était né, en 1875, dans les Basses-Pyrénées, sur la Côte basque. Les voyageurs, les baigneurs qui s'arrêtent à Saint-Jean-de-Luz, ne sont pas sans franchir le pont qui traverse le petit port et la gentille rivière appelée la Nivelle. Sur la rive gauche, s'étend une ligne de maisons irrégulières et pittoresques, dont les toits brillent au soleil, sous les verdures ondulantes d'un coteau couvert d'arbres. Une des maisons attire le regard par sa façade insolite. Elle est dominée par un fronton incurvé qui fait songer à certaines toitures hollandaises. C'est là, dans cette maison de Ciboure, que naquit Maurice Ravel.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
MAISON DE MAURICE RAVEL CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dès l'enfance, il vient à Paris. Au Conservatoire, il suit la filière des classes de piano, d'harmonie et de composition : en 1901, il remporte un second prix de Rome.



Il ne va point tarder à prouver une maîtrise bien précoce : en 1903, il donne son remarquable Quatuor à cordes. Ainsi, à 28 ans, il s'affirmait comme l'un des jeunes musiciens dont on pouvait attendre le plus. D'ailleurs, d'autres compositions, contemporaines du Quatuor ou même antérieures de quelques années, comme la Pavane pour une infante défunte, étaient déjà beaucoup plus que des promesses.



En 1905, alors que Ravel atteignait la limite d'âge pour le concours de Rome, il ne fut même pas admis à monter en loge. Cet étonnant jugement provoqua une violente campagne de presse. On pourrait, encore aujourd'hui, épiloguer à son propos. Mais la seule conclusion serait sans doute la reconnaissance d'une vérité aussi évidente que banale. On constaterait que tous les jugements humains, et en particulier dans le domaine des arts, sont sujets à l'erreur. Le temps les confirme ou les casse. Une telle relativité, instable, changeante, où le caprice et la mode jouent un rôle inévitable et puissant, offre toutefois un double avantage : elle donne à ceux qui échouent l'espoir d'une revanche ; elle engage ceux qui jugent à garder de la modestie et de la bienveillance.



Maurice Ravel ne fut pas découragé par un échec, qui d'ailleurs le mettait en lumière. Ce Basque nerveux, maigre et souple comme un champion sportif, avec un regard perçant dans un visage aigu, avait la volonté la mieux trempée, l'intelligence la plus lucide, et une parfaite conscience de ses dons personnels, de sa force créatrice et même de ses limites. Peu de musiciens se montrèrent plus ingénieux que lui et plus avisés dans la culture et dans l'emploi de leur talent : sa musique, d'un art médité, minutieux, affirme cette netteté de la vision sur soi-même.



Faut-il rappeler ici, brièvement, les titres les plus célèbres d'une abondante production ? Pour le piano, Jeux d'eau, Miroirs (dont Une Barque sur l'Océan et l'Alborado del graciozo furent ensuite orchestrés par l'auteur), Gaspard de la Nuit, Les valses nobles et sentimentales, sans oublier un Concerto, révélé par l'admirable Marguerite Long, et un autre Concerto pour la main gauche seule... Ecrite d'abord pour le piano à quatre mains, Ma Mère l'Oye, transportée à l'orchestre et convertie en ballet, fut donnée au Théâtre des Arts par M. Jacques Rouché ; elle continue d'être applaudie dans les concerts symphoniques.



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MA MERE L'OYE
MAURICE RAVEL



Pour la voix, soit avec piano soit avec orchestre, il faut au moins citer Histoires naturelles, sur des paroles de Jules Renard, Trois poèmes de Mallarmé, Chansons Madécasses, Shéhérazade...



Au théâtre, tous les amateurs ont apprécié L'Heure espagnole, comédie musicale sur les exquises paroles de Franc-Nohain, L'Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique sur le subtil et charmant scénario de Mme Colette, — et l'imposante et puissante "symphonie chorégraphique" Daphnis et Chloé, moderne évocation de l'antique pastorale de Longus, jadis traduite par Amyot et revue par Paul Louis Courier.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
DAPHNIS ET CHLOE
MAURICE RAVEL



Au moment où un tel musicien est touché par la mort, il n'est guère séant de rappeler les discussions qui se sont élevées autour de ses oeuvres, et qui ont recommencé, par exemple, lorsqu'il donna La Valse ou Le Boléro. Chose inévitable, chacun des auditeurs apprécie toute oeuvre d'art selon ses propres habitudes et ses aspirations les plus personnelles. Or, elles sont impérieuses et condamnent à une partialité fatale.



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LE BOLERO
MAURICE RAVEL



Si l'on évite les exagérations, soit dithyrambes, soit dénigrements, sans doute peut-on prendre de Maurice Ravel une vue qui a quelque chance d'être exacte et de n'être pas contredite à trop brève échéance.



La musique contemporaine évolue avec une rapidité, une brusquerie, une allure incertaine et zigzagante, qui sont l'effet de notre désarroi d'après-guerre. Sans être pessimistes, on constate que diminue le nombre des esprits cultivés, ayant à la fois de la fermeté et de la souplesse, conservant le haut et bienfaisant souvenir des grandes oeuvres consacrées par le temps, ce qui n'empêche pas de rester ouvert et bienveillant aux oeuvres nouvelles. De tels esprits considèrent volontiers, soit dans la littérature ou dans les arts, ce qu'on peut appeler le fonds et la forme, ou encore l'idée et le style ; — en musique, on peut dire l'expression et la beauté. Or, que pensait-on de ces qualités primordiales et le plus souvent solidaires, au moment où se forma le talent de Maurice Ravel ?



Peu après 1900, c'est-à-dire quand il avait de 25 à 30 ans et composait déjà son Quatuor à cordes, les cénacles de jeunes musiciens se détachaient du wagnérisme et des théories édifiées par les disciples de César Franck. Ils désiraient autre chose que le lyrisme théâtral et véhément de Bayreuth, autre chose que les lourdes et imposantes constructions où semblait aboutir l'enseignement de la Schola. Ils étaient attirés par l'orchestre chatoyant des Russes, par l'impressionisme de Debussy, par la subtile élégance de Fauré, par l'inventive et spirituelle fantaisie d'Emmanuel Chabrier. Telles sont les principales influences dont se pénétra le jeune Maurice Ravel.



Sans doute faut-il en ajouter deux autres, qu'on s'étonnera de voir rapprocher, car elles sont plutôt contradictoires. D'une part, c'est un étrange "bohème" de la musique, un fantasque, un réfractaire (dont on fit plus tard un bien cocasse chef d'école), mais qui agit sur Ravel bien moins par ses oeuvres qui comptent peu, que par ses propos d'esthète frondeur, libertaire et "en marge". Ce narquois négateur de ce qui est classé ou poncif, était Erik Satie. D'autre part, voici l'antidote, dont on parle peu, et qui n'est autre que Saint-Saëns. On peut être surpris de voir ici un tel nom. Mais il ne faut pas oublier que Ravel était l'élève de Gabriel Fauré, et que celui-ci, jadis élève de Saint-Saëns, lui doit beaucoup plus qu'on ne le dit. D'ailleurs, la précision et la sûreté du style (et un peu la sécheresse), la savante sobriété ou le non-empâtement de l'instrumentation, révèlent plus d'une affinité profonde entre Saint-Saëns et Maurice Ravel.



Ainsi orienté dès sa jeunesse, et par lui-même et par les circonstances, il produisit exactement, sans hésitation ni erreur, l'oeuvre qui était conforme à sa propre nature. Aucun débordement de lyrisme ; peu de mouvements de sensibilité ; mais un très vif, un piquant et nerveux agrément, grâce à un style précis, élégant, alerte et lumineux, — grâce à une construction ramassée et parfaitement équilibrée, grâce à un subtil et impeccable dosage de la sonorité orchestrale. Toute son oeuvre est pénétrée de l'esprit le plus lucide et le plus maître de lui-même.



Maurice Ravel mérite une place de choix dans le souvenir de tous ceux qui aiment la musique. Plus d'une de ses pages retiendra longtemps leur admiration. Et son influence fut des plus heureuses. Alors que des aventures tapageuses risquaient d'égarer le goût du public, cet artiste accompli, parfois en coquetterie avec les modes du jour, rappelait du moins, grâce à ses réussites séduisantes, qu'il y a un style musical, et que la musique, tout en évoluant, doit toujours rester de la musique."




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vendredi 25 octobre 2024

L'IMPÉRATRICE ZITA DE BOURBON-PARME AU PAYS BASQUE EN 1922

L'IMPÉRATRICE ZITA DE BOURBON-PARME AU PAYS BASQUE EN 1922.


Zita de Bourbon, princesse de Parme puis, par son mariage, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, est née le 9 mai 1892 à Camaiore, en Italie, et morte le 14 mars 1989 à Zizers, en Suisse.



autriche hongrie reine impératrice pays basque lequeitio
ZITA DE BOURBON-PARME


Epouse de l'empereur Charles 1er, elle est la dernière impératrice d'Autriche, reine de Hongrie et reine de Bohême. 

L'Eglise catholique la considère comme servante de Dieu.





Voici ce que rapporta à son sujet le quotidien local, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 11 février 1929, sous la plume de Renée Dominique :



"L'Impératrice Zita et la question de la paix séparée.


Conférence de M. Antoine Rédier.



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ANTOINE REDIER




La fâcheuse grippe, qui sévit avec intensité à Paris, a empêché M. Edouard Helsey de nous faire samedi sa conférence sur le Président Hindenburg. Mais un autre conférencier prit le train à sa place, et ce conférencier, d'ailleurs inscrit au programme des samedis littéraires, n'était autre que M. Antoine Rédier. Donc, s'il y eut tout d'abord un peu de désappointement, le seul nom de M. Antoine Rédier enchanta tous les auditeurs, malheureusement un peu clairsemés, — est-ce le beau temps ? ou bien plutôt abondance de conférences ? — tant pis pour les absents !



Tout le monde connaît au moins, de M. Antoine Rédier, ce livre admirable qu'est "La Guerre des Femmes" et qui nous valut naguère, à Biarritz-Association, une bien émouvante conférence. Ce n'est pas de la guerre des femmes que nous a parlé samedi M. Rédier, mais d'une femme de guerre, — ou plutôt d'une femme de la paix — d'une femme dont le rôle sublime fut de mettre fin à l'atroce tuerie, d'une femme qui mit tout en oeuvre pour y parvenir, mais dont la pensée ne fut pas comprise de ceux vers qui allait son noble coeur de fille de France.



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LIVRE LA GUERRE DES FEMMES
D'ANTOINE REDIER



Cette femme, héroïne douloureuse, mais jamais brisée, de la plus épouvantable des tragédies ; cette femme, épouse et mère admirable devant qui toutes les mères s'inclinent respectueusement ; cette femme, dont le front pur a porté la double couronne d'impératrice et de reine, cette femme vit tout près de nous, dans un petit village basque, de l'autre côté de la frontière, une existence des plus modestes avec les huit enfants que le ciel lui a donnés et auxquels elle consacre les trésors de son intelligence et de son coeur.



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ZITA DE BOURBON-PARME A LEQUEITIO EN 1925



Oui, c'est de l'impératrice Zita que M. Antoine Rédier nous a parlé, et il l'a fait avec une telle émotion, une telle piété que bien souvent nous en avons eu les larmes aux yeux et que nous avons revue, grandie encore et magnifiée, celle qui nous apparut, un jour de décembre dernier, si belle, si noble et si délicatement bonne et simple. Et M. Rédier nous a conté l'histoire la plus prodigieuse qui soit, une histoire qu'on croirait tirée de la légende, une histoire qui n'est que de l'Histoire pourtant et où l'imagination n'a rien ajouté.



Hier, à Sainte-Eugénie, nos regards et notre pensée ne pouvaient se détacher de cette frise des saintes où sainte Zita, sa jolie tête inclinée, son bras portant la lourde cruche, symbolise si bien la devise : "Les mains au travail, le coeur à tout." Elle est la sainte vénérée des habitants de Lucques, en Toscane, où naquit en 1892, une petite princesse, qui reçut son nom. La petite princesse Zita était fille du prince Robert de Bourbon-Parme et de la princesse Maria-Antonia de Portugal. Elle descendait de Louis XIV par les Bourbons d'Espagne, une fille de Louis XV était parmi ses aïeules, et sa grand'mère n'était autre que la fille de Charles X, soeur du comte de Chambord.



Son enfance se passa en partie en France, avec ses nombreux frères et soeurs, en particulier à Chambord. Elle n'entendait parler que français et l'étude de l'allemand lui fut un véritable supplice. Elle était franche et gaie, d'esprit primesautier et parfois gamin.



A 13 ans, elle va chez les Bénédictines de Solesmes, à l'île de Wright. Elle passera là trois ans au milieu de moniales françaises et de jeunes compagnes venues de France. Puis elle revient dans sa famille. Son père meurt et le 21 octobre 1911, elle épousait l'Archiduc Charles d'Autriche. Ce fut un mariage d'amour. La politique, elle, avait bien d'autres vues pour le jeune archiduc et une alliance allemande, ou tout au moins agréable à Berlin, lui aurait souri. Mais cette fois, la politique fut vaincue par un regard de femme.




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CHARLES D'AUTRICHE ET ZITA DE BOURBON-PARME



Le mariage fut célébré en grande pompe et le vieil empereur François-Joseph fit à la jeune archiduchesse le plus aimable accueil. Les premières années du jeune ménage se passent en Galicie orientale où le premier enfant, l'archiduc Othon, vient au monde ; puis en Syrie où l'archiduc Charles commande un régiment et où la nouvelle de l'assassinat de son oncle, l'archiduc François-Ferdinand, vient le surprendre. Il reste d'ailleurs en Syrie et ne prend aucune part aux intrigues qui vont aboutir à la guerre.



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ATTENTAT DE SARAJEVO
28 JUIN 1914



Après la mort de François-Joseph, le 21 novembre 1916, le premier acte du jeune empereur est un message à son peuple pour souhaiter la paix, et l'Impératrice va le seconder de tous ses efforts pour réaliser cette paix. Mais il faut d'abord aller à Budapest ceindre la couronne de Saint-Etienne : le patriotisme commande de fortifier la dynastie pour empêcher le démembrement de la patrie.



Toute la Hongrie a oublié la guerre pour ne songer qu'au couronnement. C'est en effet un spectacle unique que celui du sacre. Après qu'il a reçu l'onction sainte, le roi, couronne en tête, sur son cheval blanc, doit monter au mont Royal. Il faut que, parvenu au sommet, son cheval se cabre quatre fois et que quatre fois le roi prête serment.




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CHARLES D'AUTRICHE ET ZITA DE BOURBON-PARME ET OTHON


La reine Zita, parée d'une robe merveilleuse sur laquelle brillent plus de six millions de joyaux, est demeurée pendant ce temps, avec sn fils Othon, entourée d'une cour étincelante et de tous les évêques à cheval, selon l'antique tradition. Ce fut pour elle un moment d'effroyable méditation. Les fêtes du sacre doivent durer plusieurs jours, mais la reine a décidé avec le roi, sans en rien dire, pour ne pas jeter à l'avance un voile sur la joie des Hongrois, de n'en pas attendre la fin, car ils n'ont pas oublié, eux, les souverains, en ces heures d'apothéose, le drame qui se joue sur les champs de bataille. On ne pardonna pas à la reine ce départ prématuré.



Charles a disgracié le généralissime, l'Archiduc Frédéric et pris lui-même en mains le commandement en chef des armées ; il a éloigné l'entourage pro-allemand du défunt empereur qui déteste la jeune impératrice : elle est belle, bonne, fine, c'est assez pour déchaîner la haine des méchants et des laids. On la surnomme "la Française" comme la fille de Marie-Thérèse fut jadis surnommée "l'Autrichienne".



L'Impératrice Zita n'a pas gouverné l'Autriche, mais elle a ajouté son âme à celle du prince dont elle est l'épouse ; elle n'a pas imposé sa politique, c'est l'héritier de la couronne qui a donné à l'Autriche une impératrice de son choix.



Dès le lendemain du couronnement, l'empereur a rejoint le grand quartier général, l'impératrice est revenue à Vienne.



Et M. Rédier nous fait le récit palpitant de ces appels de l'Impératrice à son frère, le prince Sixte, qui combat alors en Belgique avec les alliés ; de vos allées et venues entre Neuchâtel et Vienne et entre Neuchâtel et Paris ; de l'entrevue de l'empereur et du prince Sixte, enfin des propositions de paix séparée.



Dès le premier appel de Vienne, au début de 1917, le Président Poincaré avait senti que la solution pouvait venir de là et il ne douta point de la loyauté des jeunes souverains. L'intérêt de la France, pensa-t-l alors, est non seulement de maintenir l'Autriche, mais de l'agrandir au détriment de l'Allemagne. En Angleterre, Lloyd George voit là une jolie partie à jouer, la Belgique acquiesce et l'Italie est toute prête à écouter des propositions. Mais la France ne croit pas à cette paix, car la France alors, ce n'est pas Poincaré — il n'est que le Président de la République — mais c'est Ribot qui, à la tribune de la Chambre, parlera d'une offre "louche et détournée"...



Le rêve humain de l'impératrice Zita s'est écroulé. Pendant 18 mois encore, de jeunes hommes vont continuer de souffrir et de mourir par milliers et par milliers, et pour quels décevants résultats ! Et l'on verra celui qui a voulu la guerre fêter avec éclat ses 70 ans, alors que celle qui voulut la paix mène en exil une vie si misérable.



On devine ce que durent être pour l'impératrice les derniers mois de la guerre au milieu d'alliés dont elle se sent exécrée. Et c'est l'armistice. Charles et Zita restent à Schoenbrunn isolés dans la débâcle, mais en soutenant l'un l'autre de leur amour et de leur foi. Puis c'est la vie à Prangins en Suisse que l'empereur ne va pas tarder à quitter, seul, pour reconquérir son royaume. Il échoue. La seconde fois, l'impératrice sera du voyage. Elle attend un nouvel enfant, mais qu'importe ! Ils partiront tous deux en avion, malgré le froid qui les glace, et ils atterriront en Hongrie. Nouvel échec.



Et c'est alors l'exil à Madère. Ils refusent une demeure trop luxueuse pour leurs ressources et s'en vont dans la montagne vivre dans une petite maison dont l'installation est des plus sommaires. Le climat est humide, malsain. L'empereur tombe gravement malade, l'impératrice est son infirmière attentive et inlassable. Et un jour d'avril 1922, la tête appuyée sur l'épaule de l'incomparable épouse que son coeur choisit, il parle longuement de son peuple, de ses enfants et il meurt sans une plainte..



... Le roi Alphonse XIII offre l'hospitalité du château de Pardo à la jeune veuve, qui accouche de son huitième enfant une semaine après. Mais l'entretien du château est trop coûteux. Les habitants de la petite ville basque de Lequeitio se cotisent pour aménager une petite villa où l'impératrice Zita et ses enfants s'installent d'abord pour l'été, puis, s'y trouvant bien, en font leur résidence.



Parfois, ils traversent le Pays Basque français, l'Impératrice se rend presque chaque année à Lourdes avec ses enfants dont quelques-uns ont fait plusieurs saisons à Salies-de-Béarn. Celle que certains se rappellent avoir vue jadis jouer avec ses frères sur la plage de Biarritz, est ici l'objet de l'unanime respect. Chacun s'incline devant la mère admirable, devant l'épouse meurtrie, devant la souveraine infortunée dont le rêve magnifique fut de mettre un terme à la plus terrible des guerres.



Avec M. Antoine Rédier, qui a si lumineusement mis en relief le caractère et l'attitude de l'Impératrice Zita, qui nous a donné tant de précieux détails, de charmantes anecdotes, et dont nous n'avons pu que si imparfaitement traduire la pensée, disons :


"Ce que l'avenir réserve à cette admirable femme, c'est le secret de Dieu, mais quoi qu'il advienne, son nom est inscrit dans l'Histoire, et un jour viendra où l'on reconnaîtra que, dans l'ordre politique, cette jeune femme de vingt-six ans a été le seul homme de la guerre."




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dimanche 20 octobre 2024

LE ROI D'ANGLETERRE ÉDOUARD VII AU PAYS BASQUE NORD ET SUD EN AVRIL 1910

LE ROI D'ANGLETERRE AU PAYS BASQUE EN 1910.


Edouard  VII, le roi d'Angleterre depuis le 22 janvier 1901, au décès de sa mère la reine Victoria, aimait beaucoup la France, et en particulier le Pays Basque.


vendredi 11 octobre 2024

LE DÉCÈS DE M FORSANS MAIRE DE BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1919

LE DÉCÈS DE M. FORSANS MAIRE DE BIARRITZ EN 1919.


Pierre Forsans est un homme politique français, né le 1er septembre à Bonnut (Basses-Pyrénées) et décédé le 16 novembre 1919 à Biarritz (Basses-Pyrénées).


pays basque autrefois maire politique labourd
PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Directeur des chemins de fer de Biarritz, il fut maire de Biarritz, conseiller général et sénateur 

des Basses-Pyrénées, de 1909 à 1919.



Voici ce qu'en rapporta la Gazette de Biarritz, de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 17 novembre 1919 :


"Mort de M. Forsans, Conseiller Général et Sénateur des Basses-Pyrénées, Maire de Biarritz



Après trois semaines de maladie, M. Pierre Forsans a rendu le dernier soupir dimanche soir, à neuf heures un quart. Son état semblait désespéré depuis plusieurs jours ; depuis le matin, c'était l'agonie, avec quelques vagues lueurs de vie, pendant lesquelles il serra avec émotions les mains de ses amis, prononçant péniblement quelques paroles, où les mots de mairie, élections, devoir républicain trahissaient les dernières pensées d'un homme qui fut un exemple vivant de probité politique et qui aima par dessus tout notre Biarritz qui lui doit tant.



Nous ne pouvons, en ces lignes hâtives, dire ce qu'il faudrait sur cet homme qui a tenu ici et dans toute la région une place si haute et si grande et qui fut le modèle des vertus civiques.



Biarritz est en deuil. La Démocratie pleure un de ses fils, un de ses meilleurs serviteurs. Ses nombreux amis — c'est-à-dire tous ceux qui l'ont approché, tous ceux qui l'ont connu, tous ceux qui ont eu recours à lui  — font une perte irréparable.



pays basque autrefois maire politique labourd
PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Depuis assez longtemps, M. Forsans souffrait du coeur, mais s'efforçait de n'en laisser rien paraître. Il éprouvait aussi une grande fatigue à la suite du surmenage intense qu'il s'était imposé pendant plus de cinq années de guerre ; on sait que privé de ses adjoints et de la plupart des conseillers municipaux, privé aussi de tout le personnel habitué au travail des bureaux, il suppléa à tout et à tous, organisa et surveilla les oeuvres de guerre, lutta avec une énergie inlassable contre les difficultés du ravitaillement, donnant à cette tâche immense tout son temps, venant, pendant des mois entiers, tous les soirs, s'enfermer à la mairie pour achever le travail auquel la journée n'avait pu suffire et refusant toujours d'écouter ceux qui lui conseillaient de se ménager et de se reposer quelque peu.



Il y a trois semaines, quoique déjà malade il était allé à Paris pour remplir son mandat de sénateur. De retour à Biarritz, il dut s'aliter, mais, dès le lendemain, malgré la fièvre et la souffrance, il voulut quand même aller à Pau pour accomplir ses devoirs de bon conseiller et arbitre des républicains de la première section.



Il rentra de Pau, complètement abattu physiquement, pour s'aliter en proie à une fièvre qui ne le quitta plus et ce fut une longue agonie de plus de deux semaines.



Ainsi est mort cet homme qui a été pendant toute son existence la bonté même, et dont la vie de travail, de dévouement et de conscience mérite d'être citée en exemple.



Pendant près d'un demi-siècle, on a connu, apprécié, aimé à Biarritz ce travailleur infatigable, ce fils d'ouvrier qui débuta dans les plus modestes emplois, qui, se perfectionnant chaque jour par un labeur personnel, était parvenu, échelon par échelon, à la plus haute situation dans la Compagnie du B.-A.-B., à la prospérité de laquelle il a si puissamment contribué.



De bonne heure, il s'était consacré à la vie publique. Tout jeune encore, à 25 ans, il était un des chefs du parti républicain et, en 1880, avec quelques amis, dont le Dr Augey père, il entrait de haute lutte au Conseil Municipal, et depuis lors prit part à toutes nos luttes et participa à toutes les affaires municipales. Il fut adjoint au maire d'une façon continue depuis 1888 et devint maire en 1904.



Quand Biarritz fut érigé en canton, il en fut le premier conseiller général et, il y a dix ans, fut choisi comme sénateur par le département des Basses-Pyrénées. M. Pierre Forsans était chevalier de la Légion d'Honneur et titulaire de nombreux ordres étrangers.



Il disparaît, dans sa 67ème année, après, avoir su s'imposer le respect à tous, même à ses adversaires d'antan qui tous, à une rare exception près, — nous plaignons l'exception ! — s'inclinaient devant ses mérites exceptionnels, sa rare intelligence, l'autorité des services rendus et le prestige de la bonté.



pays basque autrefois maire politique labourd
AVIS D'OBSEQUES PIERRE FORSANS BIARRITZ
19 NOVEMBRE 1919



Les obsèques de M. Forsans auront lieu mercredi à 10 heures.





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mercredi 25 septembre 2024

LE "BIARRITZ BAYONNE HOUNDS" AU PAYS BASQUE EN 1909 (troisième partie)

LE "BIARRITZ BAYONNE HOUNDS" EN 1909.


Dès 1875, Pierre de Lassalle-Heren crée, à Biarritz, un équipage pour la chasse au renard, monté à l'anglaise.




pays basque autrefois chasse renard
UN PIQUEUR ET M DE GONTAUT-BIRON AHETZE
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet la presse dans le quotidien local La Gazette de Biarritz-Bayonne et 

Saint-Jean-de-Luz, le 10 avril 1909 :



"Chasse aux Renards.



Jeudi 1er avril. — En l'honneur du roi d'Angleterre, le rendez-vous de la chasse au renard a eu lieu à onze heures, sur la pelouse du Palais à Biarritz.


Une centaine d'amazones et de gentlemen en habit rouge y figuraient, parmi lesquels :


Madame J. Broussain, lord Dunedin, Sir James Reid, baronne Robert de Rothschild, Hon. et Mrs Perry Belmont, baronne Henri de Rothschild, Mme M. Labrouche, Mlles de Heeren, M. et Mme Green Wilkinson, M. et Mme Simpson Hinckliffe, Mlle R. d'Arcangues, M. P. de Heeren, Mlle Six-Provost, Mme et Mlle Apestéguy, M et Mme Maurin, Mme Noailly, Mme Bourbon de Sarty, Mme et Mlles Jencking, M. et Mme Neuman, Mme et Mlle Verola, Mlles d'Ythurbide, Mlle Lambert de Ste-Croix, M. et Mlle Legendre, comte Larish, princesse de Lucinge-Faucigny, M. Murisson, M. Mac Bride, M. A. Gommés, Mme M. Gommés, M. et Mme Pereyre, M. G. Frois, Mme English, Mlle Allisman, Mlles Lacombe, commandant et Mme Bertrand, M. Le Courtois, M. R. d'Hiriart, M. et Mme Webster, M. et Mme Chandon de Briaille, M. Robinson, M. Walker, etc...



pays basque autrefois chasse renard
BARONNE ROBERT DE ROTHSCHILD 1908
Don Jean-Jacques Journet, 1986
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt



Le roi Edouard VII s'est fait présenter M. Dufaure, le master of hounds, et a beaucoup admiré la meute composée de soixante-dix chiens de race anglaise.




pays basque autrefois chasse renard
MASTER OF THE HOUNDS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un premier renard, lancé en bas d'Arcangues, est pris presque aussitôt.



Un second, lancé sur les hauteurs, passe au moulin, traverse la route d'Arbonne, et se fait prendre dans les bois de Sainte-Barbe.



Samedi 3 avril. — Un temps absolument merveilleux a favorisé la dernière chasse de la saison : ciel bleu, routes blanches comme en été et, partout dans la campagne, dans les haies, les premiers signes parfumés du printemps.



Premier renard, lancé à la Tour de Lannes, tourne par Montaury et est pris après trois quarts d'heure de chasse. 


pays basque autrefois chasse renard
TOUR DE LANNES ANGLET
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le brush à Mlle F. de Laborde.



Second renard, lancé près d'Arcangues, est rapidement pris au bois de Sainte-Barbe.



Le brush à Mlle d'Alcedo.



Troisième renard, lancé du côté de la route de Cambo, donne une chasse de plus de deux heures, excessivement mouvementée, pour finir du côté d'Ustaritz aux abords de la splendide propriété de M. de Laborde-Noguès.



Le brush au comte Herberstein.



Le hunt fut aussi magnifique que le temps.

L'assistance était des plus nombreuses : Mme F. Dufaure, Mme de Cartassac, Mme Goldsmith, Mme Saunders, Mlles d'Alcedo, Mlle del Carril, M. F. Dufaure, J. Broussain, G. et T. de Heeren, lieutenant de Lesser, comte de Kersaint, E. Saunders, commandant de Bazignan, Aninat, Apestéguy, comte de Clavijo, capitaine Chabort, comte Herberstein, etc.



Ainsi s'est achevée une superbe saison de chasses, que M. F. Dufaure, le master of hounds a dirigées, durant tout l'hiver, avec une science, un dévouement et une courtoisie sans pareils."



A suivre...



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vendredi 20 septembre 2024

LA MORT DE PABLO SARASATE VIOLONISTE ET COMPOSITEUR BASQUE LE 20 SEPTEMBRE 1908

 

LA MORT DE PABLO SARASATE EN 1908.


Martin Meliton Pablo de Sarasate y Navascués est un violoniste et compositeur, né à Pampelune le 10 mars 1844, mort à Biarritz le 20 septembre 1908.




pays basque autrefois pampelune violoniste navarre
VIOLONISTE PABLO SARASATE


J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de ce violoniste exceptionnel, dans différents articles : le 

20/09/2019, le 20/10/2019, le 20/09/2020, le 20/10/2020, le 20/09/2021, le 20/09/2022 et le 20/09/2023.



Voici ce que rapporta à son sujet le journal Le Menestrel, le 3 Octobre 1908 :



"La cérémonie funèbre du regretté Sarasate a été célébrée l'autre mardi, à Biarritz, au milieu d'une foule très nombreuse massée dans l'avenue de la Ville-d'Hiver, où est la villa Navarra, devant laquelle deux compagnies d'infanterie rendaient les honneurs. La levée du corps a été faite à neuf heures par le curé de la paroisse Saint-Charles. Le cercueil disparaissait sous l'amoncellement des couronnes envoyées de Pampelune, Madrid, Paris, Berlin, etc. Lorsque le cercueil traversa le jardin pour être posé sur le corbillard, l'orchestre du Casino municipal joua la marche funèbre de la Jeanne d'Arc, de Lenepveu, De la maison mortuaire à la gare de la Négresse, toutes les rues, les maisons et les villas regorgeaient de monde. Les cordons du poêle étaient tenus par M. Gaspar, consul d'Espagne, le docteur Blazy, MM. Garcia de Ysla et M. Masson. Autour du char funèbre : MM. Otto Goldschmidt, Daniel Irujo, maire de Pampelune, Autero Irasaqui, ancien sénateur de la Navarre, le maire de Biarritz et le président de la société Sainte-Cécile, de Pampelune. Le deuil était conduit par les beaux-frères et les neveux du regretté défunt.




musicien navarre autrefois pays basque violon
VIOLONISTE PABLO DE SARASATE


A la gare de la Négresse, le cercueil fut déposé dans un fourgon qui, transformé en chapelle ardente, fut attaché à l'express qui devait le transporter à Pampelune où devait avoir lieu la cérémonie religieuse et l'inhumation. Le corps est arrivé en effet jeudi soir à Pampelune, ville natale de l'illustre artiste. Toute la population se pressait sur le parcours et a suivi le cortège funèbre. Le deuil était conduit par la municipalité et les autorités. Le cercueil fut déposé dans la grande salle de la mairie transformée en chapelle ardente et où les habitants n'ont cessé de défiler. 

— Si les renseignements publiés sont exacts, Sarasate a laissé une fortune de trois millions de francs environ. D'après son testament, à chacune de ses soeurs il lègue 1 250 000 francs. Au Conservatoire de Paris, 100 000 francs ; à celui de Madrid, 100 000 francs ; à chacun de ces deux Conservatoires, un de Stradivarius. Les revenus des 100 000 francs serviront à instituer un prix Sarasate. Les collections artistiques du maître, renfermées dans son appartement de la place Malesherbes, à Paris, et ses meubles, sont donnés à Pampelune, sa ville natale. Mme Goldschmidt hérite de la villa Navarra, que Sarasate possédait à Biarritz. Le testament contient divers legs, notamment un de 150 000 francs en faveur de son fidèle valet de chambre, et un de 10 000 francs à sa cuisinière.




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VILLA NAVARRA BIARRITZ
PAYS BASSQUE D'ANTAN



Le Figaro a publié la lettre suivante, adressée de Londres à M. Gaston Calmette, son directeur, par M. Edouard Colonne, pour lui faire connaître une manifestation touchante, dont la mémoire de Sarasate a été l'objet :


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PHOTO D'EDOUARD COLONNE PAR NADAR


"Londres, 23 septembre,


Mon cher Directeur et ami,


Le Figaro, par la plume de notre ami Emile Berr, ayant pris sa grande part de douleur à la mort de Sarasate, je tiens à vous faire savoir qu'une touchante manifestation a eu lieu de façon toute spontanée au cours de mon concert d'hier.


L'orchestre, le public étant tout entier debout, exécuta la Marche funèbre de Chopin, qui fut écoutée avec un silence religieux, lorsqu'à la fin du morceau, quelques personnes irréfléchies ont cru devoir se livrer à des applaudissements, la masse du public leur imposa silence pour conserver à la manifestation son caractère de religiosité.


C'est en ma qualité de condisciple et d'ami de Sarasate que je crois devoir vous communiquer cet événement qui prouve combien sont restées vives ici les sympathies que l'homme et l'artiste ont inspirée partout où il a passé, c'est-à-dire dans le monde entier.


Cordialement et affectueusement à vous, mon cher Directeur et ami, et toujours votre bien dévoué.


Ed. Colonne"



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VIOLONISTE PABLO DE SARASATE


— Voici, enfin, une jolie anecdote sur Sarasate ; nous la traduisons d'après les Dernières nouvelles de Munich.

"La mère du célèbre violoniste qui vient de mourir se sommait Sigante ; son mari était chef de musique d'un régiment d'artillerie. Enragé républicain, Francisco Sarasate ne faisait pas un secret de ses opinions antigouvernementales. Ayant été mis en prison comme criminel politique, sa femme et son fils se trouvèrent livrés à un profond dénuement. Une dame de l'aristocratie s'intéressa au sort de l'enfant dont le talent de violoniste était déjà apprécié à Pampelune, sa ville natale. La légende rapport que cette bienfaitrice donna le conseil suivant à la malheureuse mère : "Allez à Madrid et obtenez une audience de la reine ; votre jeune virtuose lui jouera quelque chose et certainement vous obtiendrez assistance." Aussitôt dit, aussitôt fait. La mère et l'enfant partirent pour Madrid et se présentèrent au palais. La pauvre femme obtint, sans trop de démarches, une audience de la souveraine. Elle entra dans le salon tenant par la main l'enfant qui pressait sont violon serré sous son bras. "Ah ! tu joues du violon", dit la reine à l'enfant qui déjà lui plaisait extrêmement, "eh bien, que pourrais-tu me jouer" ? — "Tout ce que vous voudrez" répondit le jeune Sarasate. "Très bien", poursuivit la reine, "alors fais-moi entendre ce qu'il te plaira". Le petit artiste se mit aussitôt à jouer ce qui lui vint à l'esprit. Des chants populaires du nord de l'Espagne, des flamencos mélancoliques de l'Andalousie, des Jotas tournoyantes de l'Aragon, des pastorales de Galice, des chansons de muletiers de toutes les provinces. Ce mélange de motifs nationaux prenait sur le violon de l'enfant une sorte de pouvoir magique auquel ne put résister la reine Isabelle. Ses yeux se remplirent de larmes, et lorsque l'improvisation fut achevée, elle s'écria : "Petit, demande-moi ce que tu voudras, je te l'accorde d'avance.' — "Délivre mon père", dit en tremblant l'enfant. La reine confirma la promesse qu'elle venait de faire ; le vieux Francisco Sarasate sortit bientôt de prison et fut rendu aux siens. Toutefois, malgré la mesure gracieuse dont elle avait été l'objet, la famille de Sarasate finit tristement. On ne saurait dire au juste ce que devint le père après son élargissement ; la mère mourut à l'hôpital dans une profonde misère, et l'enfant, à peine âgé de dix ans, fut conduit à Paris, où il devint l'élève d'Alard, et obtint, après huit mois de classes, un premier prix au Conservatoire." 



france bayonne violoniste conservatoire paris
VIOLONISTE DELPHIN ALARD


Nos lecteurs ont pu rectifier cette dernière assertion d'après l'article nécrologique publié dans notre dernier numéro. Sarasate entra au Conservatoire de Paris à l'âge de onze ans ; il remporta deux ans après, en 1837, un premier prix de solfège et un premier prix de violon. Il ne quitta point pour cela l'école et devint l'élève de Reber. On lui accorda un accessit d'harmonie en 1859."




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