LA MORT DE PABLO SARASATE VIOLONISTE ET COMPOSITEUR BASQUE LE 20 SEPTEMBRE 1908 (première partie)
LA MORT DE PABLO SARASATE.
Martin Meliton Pablo de Sarasate y Navascués est un violoniste et compositeur, né à Pampelune le 10 mars 1844, mort à Biarritz le 20 septembre 1908.
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PABLO SARASATE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Menestrel, dans son édition du 26 septembre
1908, sous la plume d'Arthur Pougin :
L'un des plus grands, des plus admirables artistes de ce temps Sarasate, le violoniste incomparable, est mort lundi dernier, à l'âge de soixante-quatre ans, dans la belle villa qu'il possédait à Biarritz, à deux pas de la terre d'Espagne, son pays natal, C'est une grande perte pour l'art, c'est un vif chagrin pour celui qui a charge d'écrire ces lignes et dont, depuis longtemps, il connaissait l'admiration pour son talent.
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VIOLONISTE SARASATE
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Les deux plus grands violonistes de la seconde moitié du XIXe siècle ont été, sans conteste, Joachim et Sarasate. L'un, plus majestueux, plus mâle peut-être, d'une largeur d'accent et d'une sonorité plus puissantes, l'autre, plus séduisant, avec un son d'une pureté idéale, un charme plein d'élégance et une grâce qui se gardait de côtoyer la mièvrerie, tous deux de grand style dans leur exécution, nourris de l'étude des classiques et tellement sûrs d'eux-mêmes qu'ils se jouaient avec une aisance prodigieuse des plus prodigieuses difficultés.
Sarasate, quoique étranger, nous appartenait pleinement par son éducation musicale. Admis à onze ans au Conservatoire, il en sortait à treize, après avoir obtenu simultanément, dans la même année (1857), à ses premiers concours, le premier prix de solfège et le premier prix de violon. Élève d'Alard, il reproduisait les exquises qualités de son maître, avec, peut-être, plus de fermeté et de sérieux encore dans le style. Enfant prodige appelé à devenir un grand artiste, il était bien de la race de ces fameux violonistes qui s'appelaient Leclair, Gaviniés, La Houssaye, Rode, Kreutzer, Baillot, Lafont, Libon, Mazas, Habeneck. etc., qui portèrent si haut le renom de notre superbe école française.
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VIOLONISTE SARASATE |
La première fois que Sarasate se fit entendre en public à Paris, six mois avant d'avoir obtenu son premier prix, ce fut (4 janvier 1857) à l'un des concerts de la Société des Jeunes-Artistes par lesquels Pasdeloup préludait à ses futurs Concerts-Populaires. Son succès fut éclatant et préparait le triomphe — le mot n'est pas de trop — qu'il allait remporter au Conservatoire, car son concours fut un véritable événement, et le nom de ce bambin fut bientôt dans toutes les bouches.
Il ne devait pas, comme beaucoup d'autres enfants précoces, s'arrêter eu chemin, et au bout de quelques années sa renommée parmi nous s'établissait sur des bases inébranlables, le talent de l'artiste, mûri par un travail incessant, acquérant toute son ampleur, prenant son entier essor, et se faisant surtout remarquer par ses qualités du style le plus pur, le plus sévère et le plus noble à la fois. Le virtuose fit apprécier alors toute l'élévation de ce talent en faisant entendre, soit aux Concerts-Populaires, soit à ceux du Châtelet, soit au Conservatoire, diverses oeuvres écrites expressément à son intention, entre autres le second concerto et la Fantaisie Écossaise de Max Bruch, le concerto et la Symphonie Espagnole de Lalo, et en exécutant tantôt le concerto de Beethoven, tantôt celui de Mendelssohn. Dans ces oeuvres de genres et de caractères si divers, il faisait admirer la souplesse de son style, la fierté d'un jeu plein d'élégance et de charme, la perfection de son mécanisme, la pureté merveilleuse d'un son qui brillait moins par la puissance que par son exquise limpidité, enfin un phrasé parfait, une étonnante facilité d'archet et un chant plein de grâce et de sentiment. Et le public, ravi, l'accueillait toujours avec enthousiasme.
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VIOLONISTE SARASATE
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Il n'y avait nulle pose, nul charlatanisme chez Sarasate, mais au contraire une simplicité parfaite et une tenue superbe. Lorsqu'on voyait ce petit homme, très cambré et de taille élégante, aux yeux noirs et a la chevelure abondante, tenant de la même main son archet et son violon, s'avancer sur l'estrade, saluer très simplement le public, sans timidité et sans forfanterie, puis plaçant son instrument et se préparant à attaquer son solo dans une position et une tenue d'une irréprochable correction (sans avoir besoin de mouchoir ni de mentonnière), on sentait à qui l'on avait affaire et qu'on était en présence d'un véritable artiste.
Sarasate était d'ailleurs autre chose qu'un virtuose, et la joie était aussi grande, l'émotion aussi profonde peut-être de la part de l'auditeur lorsqu'il se faisait, dans des séances que tout le monde se rappelle, l'interprète chaleureux et inspiré des grands maîtres de la musique de chambre, particulièrement de Beethoven. Quel style, quelle pureté, quand on l'entendait ainsi, en compagnie de tels ou tels partenaires, et lesquels : Saint-Saëns, Diémer, Delsart, Mme Berthe Marx !... C'était vraiment une noble jouissance.
Je ne m'attarderai pas à raconter ses voyages, ses tournées triomphales à l'étranger : en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Russie, en Angleterre, en Belgique, et jusque dans les deux Amériques. Ce n'était, partout où il se produisait, que fêtes, ovations, enthousiasmes. On pense bien qu'il n'avait garde, dans ses voyages, d'oublier l'Espagne, car il était très patriote. Non seulement il s'y fit applaudir, y retournant chaque année, mais il portait surtout une affection filiale à Pampelune, sa ville natale, qu'il combla de bienfaits. Aussi y fut-il un jour, il y a près de vingt ans, l'objet d'une manifestation imposante."
A suivre...
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