LE BAL PETROUCHKA À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1923 (première partie)

LE BAL PETROUCHKA DE BIARRITZ EN 1923.

Pendant les "Années Folles", Pierre d'Arcangues, Président du Comité du Tourisme et des Fêtes de Biarritz organise de nombreuses fêtes, bals et galas.

PETROUCHKA A LA SCALA
PAR ALEXANDRE BENOIS

C'est le cas notamment du Bal Petrouchka, en l'honneur de Diaghilev et de ses Ballets russes.

DIAGHILEV ET LES BALLETS RUSSES

Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son édition du 

20 septembre 1923 :

"Les grandes fêtes de Biarritz.

Le Bal Petrouchka.

Une nuit merveilleuse dans un décor de rêve et de fantaisie.

Prologue. 

Mesdames, Messieurs, 

Il arrive parfois qu'avant que débute la pièce, un des protagonistes passe devant la toile et débite à l’assistance quelque morceau, en prose ou en vers, ou encore chanté, pour la préparer à goûter les charmes du spectacle qui va se dérouler sous ses yeux. 

Ainsi ferons-nous ici, en nous gardant, toutefois, de vous ennuyer par un trop long préambule et de retarder le plaisir que vous éprouverez, nous n’en doutons pas, à retrouver retracées en raccourci les scènes de la superbe féerie à laquelle vous avez assistés il y a quelques heures ; de la splendide féérie, pouvons-nous dire, que vous avez vécue dans l'enchantement d’une nuit magique. 

Ce fut un divertissement somptueux et de haute fantaisie. Pourtant il y planait un peu du souvenir de Stravinsky, l'auteur de Petrouchka et de l’Oiseau bleu, et de ces merveilleux danseurs Nijinsky, Karsavina, Orlov, Nijinska, Tcherepanova, Cecchetti, Kissilev, Fedorova, et d'autres dont le nom m'échappent, qui les premiers à Paris — alors que nous n'avions pas encore eu la guerre. Vers l’an 1911 — révélèrent au grand public, la beauté des dames et de la musique russe.

TAMARA KARSAVINA
DANS PETROUCHKA

"Ce que Petrouchka nous apporte, écrivait à cette époque, M. M.D. Calvocoressi dans Comoedia, c'est un grouillement palpitant de vie animale, vie du mouvement et vie de la lumière, vie de la foule et vie des personnages-fantoches, si humains pourtant, qui en sont les protagonistes". 

N’est ce pas, dites-nous, vous qui y avez assisté, le spectacle qui se déroula tout à l'heure ? 

Ce qui devait faire le succès du bal Petrouchka d’hier soir c’est que, sans qu'on s’éloigne trop de la conception initiale de Stravinsky, on pouvait se permettre la fantaisie la plus étourdissante, où l’esprit français, dans un cadre moscovite, pouvait se donner libre cours. 

Cette fantaisie, nous l'avons vu se dérouler à travers le hall d’entrée, aux panneaux représentant des animaux si drôlement travestis ; dans la salle de spectacle dont les draperies chatoyantes avaient aux lumières et dans le tourbillonnement des couples, des tons loïe-fulleresques ; dans ce merveilleux Kremlin enfin, bleu, rouge et faune, avec ses immenses lanternes et que décoraient les frises ingénieuses et spirituelles de Ploulier, de Petzer et de Wulfart. Nous l’avons retrouvée encore dans les salles, autour des tables où l’on soupait, dans les costumes, les plus ravissants, les plus merveilleux, les plus gais, les plus riches, les plus abracadabrants tout en étant du goût le plus sûr, les plus...

Mais où ne nous égarons-nous pas ? Nous voilà presque partis au train de Mme de Sévigné !...

Mme de Sévigné au bal Petrouchka ! Voilà bien de la haute fantaisie ! 

Mesdames, Messieurs, vous qui voulez revivre par le souvenir quelques heures délicieuses, ou vous encore, qui n'avez pas eu la joie d'assister à ce bal, nous ne voulons pas retarder votre plaisir d'en lire le récit. 

On va lever le rideau. 

Que le spectacle commence ! 

L'Entrée.

Chaque année, à pareille époque, une manifestation du Syndicat d'Initiative marque l'apothéose de la grande saison de Biarritz. La nuit dernière, c’était le bal Petrouchka. 

Sans doute, il ne peut être question d’établir une comparaison avec le Bal Second Empire. Mais malgré soi, le souvenir de ce dernier s’impose comme une hantise merveilleuse. 

Cependant, si le bal Petrouchka n'a eu pour lui ni un cadre plein de souvenirs à peine évanouis, ni l'auguste présence d'une reine et de plusieurs souverains, ses organisateurs n'ont eu que plus de mérite à réaliser, dans un milieu de haute fantaisie, une admirable fête, toute de gaieté, de folle allure et de grâce mondaine."

A suivre ...

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