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vendredi 25 septembre 2020

LE PEINTRE BAYONNAIS HENRY CARO-DELVAILLE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1928


LE PEINTRE CARO-DELVAILLE.


Henri Delvaille dit Henry Caro-Delvaille, né à Bayonne (Basses-Pyrénées) le 6 juillet 1876, est un peintre et décorateur français.




pays basque autrefois peintre
PEINTRE HENRY CARO-DELVAILLE
PAR NADAR


Voici ce que rapporta au sujet de sa mort, le 6 juillet 1928, le journal Le Carnet de la semaine

dans son édition du 15 juillet 1928, sous la plume de Pinturrichio :



"Carnet des ateliers.



Henry Caro-Delvaille. — Henry Caro-Delvaille vient de mourir à Bayonne, à peine âgé de cinquante ans ; je ne voudrais pas laisser partir un artiste de qui je fus l'ami sans lui dédier les lignes émues auxquelles il a droit.



Son nom ne disait rien ou presque, à la génération du lendemain de la guerre. Il avait disparu brusquement de Paris, après des succès retentissants. On le savait parti en Amérique. Il revint en France, il y a trois ans, et organisa une exposition à la galerie de la rue la Ville-l’Evêque ; elle n'obtint qu'une demi-réussite ; Caro parut encore à deux reprises à la "Nationale" dont il avait été autrefois l’un des jeunes les plus éminents. S il était resté ici, nul doute qu’il n’eut fait partie du "Salon des Tuileries", sa place y était marquée.


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HENRY CARO-DELVAILLE DANS SON ATELIER



Bayonnais, Caro-Delvaille avait été l'élève de Bonnat, mais il dut sa formation première aux réalistes espagnols. Fixé, et marié à Paris, il débute vers 1900 par des portraits féminins, des scènes d élégant intimisme (Le Thé, La Manucure, La Dame à l'hortensia, etc.). Ces toiles, d'un dessin net, tenues en des gammes d'une sobre distinction, où les blancs et les noirs signifiaient la leçon de Manet bien comprise. Mais Caro était ambitieux ; il voulut dépasser ce stade, se renouveler, atteindre la plénitude des volumes en ronde-bosse. Il y parvint, non sans déconcerter ses premiers admirateurs, quand il entreprit sa série de nus, L'Eté, Groupe païen, La Brune au miroir, Herminie, La Femme dénouant ses cheveux, Sommeil fleuri. Ces nus sont beaux, d'une tiède et sensuelle palpitation ; concurremment, et pour montrer les deux faces de son souple talent, l'artiste donna Ma Femme et ses Sœurs, composition d’un ravissant agrément, aujourd’hui au Luxembourg. Mais le meilleur de son travail était en ces nudités d’un faire large et gras, où se sentait cette fois l’influence vénitienne. Le public rétif, se cabra, mais Carrière, Rodin, Besnard applaudirent le jeune maître. Deux portraits à effet, ceux de Mme Simone et de Mme Rostand, suivirent. Caro était alors célèbre, fêté ; décoré jeune, il obtint toutes les commandes qu'il voulut.


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TABLEAU LE BEL ETE
D'HENRY CARO-DELVAILLE



Survint la guerre. Henry Caro-Delvaille s’engage, est blessé et cité. Réformé, il part aux Etats-Unis, et nous perdons contact avec lui. Il réussit d’abord brillamment, mais eut maille à partir avec le fils d’un milliardaire qui refusa de payer les compositions commandées par le père ; il exécuta nombre de panneaux décoratifs et de portraits. Puis, sous l'influence de la philosophie bouddhiste, ce païen tourna au mysticisme ; très lettré, Caro-Delvaille avait toujours eu le goût d’écrire ; il avait publié un excellent ouvrage sur Titien ; il piocha la pensée chinoise, se surmena, mena de front littérature et arts plastiques. Rentré en France, il montra ses grands panneaux où rêvent et devisent les penseurs de l’Orient. Il n’atteignit pas la consécration souhaitée ; on est vite oublié à Paris.



On le vit assez peu depuis ce temps ; il avait beaucoup changé, se voûtait, vieillissait avant l’âge ; je ne retrouvai plus le spirituel camarade d’antan, l’éblouissant animateur de la "fête Goya". Cette fête Goya fut le clou du printemps 1912. Vous en souvenez-vous, rois, princes, paysans, cardinaux, duchesses d’Albe et bouquetières de cette inoubliable nuit ? Je revois la reine Maria-Luisa, Godoy, prince de la Paix, Joseph Bonaparte, il rey intruso, Ferdinand VII. Et les majos en boléro collant et bas aurore ou bleu ciel, les muletiers aragonais, les bouviers baléares, les gitanes et sorcières des Caprices, les alguazils, les flagellants de l’Inquisition, les alcades, les sergents de la Santa-Hermandad, les lieutenants généraux aux aiguillettes de brocatelle ; les grandes dames et les courtisanes, la "famosa Librera de la Calle de Carrelas" avec son éventail, ses yeux câlins, sa bouche de piment ; et Zapater, Bayen, Guillemardet ; et des gnomes à tête d’âne ou de bélier, des reîtres des Désastres, des picadors de la Tauromachie.


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TABLEAU PARTIE D'ECHECS
D'HENRY CARO-DELVAILLE



Tous les personnages du maître espagnol descendus des cadres du Prado et de l’Académie San-Ferdinand évoluaient dans les deux ateliers de la rue de la Source, décorés de girandoles jaunes, de guirlandes de citrons, muscats et mandarines. Dans une petite pièce, jouxte l’atelier, était la posada, qui ne ressemblait pas aux bars chers à Cocteau. Je revois encore, en fermant les yeux, Aline Caro-Delvaille en Dona Tadea rose et noire. Marie Leconte en Rosine, trois duchesses d’Albe (dont une, qui m’est chère, en organdi bleu et orange, près de sa sœur, en marquesita de Pontejos, costume vieux rose et argent, rehaussé de papilles de fleurettes) ; Madeleine Dayot en rose et noir, la princesse Lucien Murat en maja noire et verte, Mme Dayot en ambassadrice, Rachel Boyer, rayonnante en marchande de fruits. Léon Bailby en gentilhomme de la Chambre, Francis de Miomandre et sa jolie jeune femme en paysans de Majorque ou Minorque.



Et Philippe Berthelot en Inquisiteur, Huguette Garnier, ravissante en corselet rose avec des capucines dans ses cheveux d’ébène : la Tirana ! Et Dayot en contrebandier de la Sierra, Zubaga en pêcheur de la côte basque, Arnyvelde en chulo, Vaudoyer en "1830 ", Maxime Dethomas en Charles IV, Adolphe Landry, qui devait être ministre de la Marine, en moine blanc ; mon frère André en exorciste noir, très Zurbaran l’un et Fautre ; Apollinaire en alcade, Henry Bréal en évêque ; Benda en académicien de Salamanque. Et certain critique de mes relations en vieux Charles III partant à la chasse, redingote marron soutachée d’or, tricorne, besicles, perruque blanche à marteaux.


diplomate france
PHILIPPE BERTHELOT 1925


Henry, svelte majo en velours mordoré à revers d’émeraude et résille grenat, dansait la sévillane, avec Mme Lauth, Madeleine Dayot, Charles Stern et Santa-Olaria, qui s'était grimé en Goya, surmonté du traditionnel tromblon poilu du maître.



C’était le bon temps, on n’avait pas encore inventé le purisme, ni la guerre, ni le charleston. Que tout cela est loin ! La colonie du Passy d’avant 1914 a perdu son hôte le plus enjoué.



Veuille Aline Caro-Delvaille et ses enfants agréer nos bien affectueuses et profondes condoléances."


(Source : WIKIPEDIA)



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