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samedi 5 septembre 2020

L'AFFAIRE FINALY AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1953 (troisième partie)


L'AFFAIRE FINALY AU PAYS BASQUE EN 1953.



En ce début d'année 1953, sans atteindre les proportions de l'affaire Stavisky, l'affaire Finaly fait tout de même de Bayonne une des capitales mondiales du fait divers.


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AFFAIRE FINALY 1953


Je vous ai déjà parlé de cette affaire dans un article précédent.





Voici ce que rapporta le journal Carrefour, dans son édition du 25 février 1953, sous la plume 

de Pierre Seize :



"Séquestrés les enfants Finaly ? Allons donc !




Quand on s’approche de l’humble réalité des fats, l’affaire des enfants Finaly se réduit à une simple histoire à l’échelle humaine, une histoire de tous les jours, bien assez bouleversante sans qu’on se mêle d'y ajouter du romanesque.




Au principe, il y a une grosse demoiselle grenobloise qui a usé toute sa vie aux tâches les plus rebutantes de lu charité, qui depuis quarante ans torche, lave, épouille, nourrit des enfants de la plus humble origine, qui a reporte sur eux tout l’amour, toute la passion qui normalement emplissent la vie d’une femme, et qui est obvenue à peu près folle de dévouement. Avec cela maniaque de son autorité, le verbe haut, le geste dominateur, des attitudes de virago, mais de virago céleste, comme il doit s’en trouver dans le chœur des chérubins, des trônes et des dominations.


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ANTOINETTE BRUN ET LES ENFANTS FINALY



Mlle Brun, le soir de février où la cour de Grenoble la mit sous mandat de dépôt, avait appris une autre nouvelle. C’est le Journal officiel qui la lui avait apportée. Elle était nommée chevalière du Mérite social. Ça ne fait ni chaud ni froid. Elle aurait donné son diplôme pour un supplément de lait condense pour les petits de la crèche municipale qui ont un appétit qui n’est pas croyable.



Chats fourrés au bord de l'Isère.




Si l’on réunissait tous les jours, petits et grands, juifs et catholiques à qui elle a rendu service, sauvé la vie d’une manière ou d’une autre, on atteindrait à la population d'une petite ville. Tous, au surplus, seraient d’accord pour déclarer qu’elle a un caractère de cochon, mais qu'on l'adore, telle qu’elle est, vertus et défauts.



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LES FRERES FINALY



Pourquoi tient-elle tant aux enfants Finaly ? parce qu’elle les élevées ? Belle raison : elle en a élevé des centaines qu’elle a laissé courir dès qu'ils furent tirés d'affaire. Non : à mon idée, c’est parce qu'on veut les lui prendre. Elle est comme ça : combative, bagarreuse. La loi les lui avait donnés. La loi les lui reprend. C’est des trucs qu'elle ne permet qu’à Dieu. Lui. il lui en a donné, repris : son petit Jojo le plus cher à son cœur, mort d’un accident stupide a 17 ans. Elle a du ajouter rituellement ce jour-là : "Que votre saint nom soit béni !" Mais pas la cour d’appel ! Pas ces chats fourrés du bord de l'Isère ! Pas cette dame venue d’Israël, qui ne sait pas un mot de français et qui écrit des épîtres cicéroniennes à M. Mauriac, par un phénomène renouvelé de la Pentecôte !




On les lui a repris par autorité de justice ? Elle les cache. C’est plus fort qu'elle. On n'est pas au bout de l’instance. On n’a pas tout épuisé des recours de la loi. Il y a des Juges à Paris à la Cour de cassation. Ils sont saisis. Quand ils auront parlé, on verra. Mais ils sont longs à émouvoir. Et les chats fourrés le proclament : "Leur arrêt est exécutoire !"




— Exécutoire ? A d’autres ! Connais pas ces exécutions-là. Si je les rends, ils partiront au pays des singes verts, comme dit la Fanny de Marius. Et quand la Cour de cassation me les rendra si elle les rend, dans un an, dix-huit mois, deux ans, allez donc les chercher là-bas ! Je les ai. Je les garde.

Complicités.



Que Mlle Brun ait trouvé des complices chez les dames de Sion, c’est certain. Mais le fanatisme n’a rien à démêler à l’affaire. Les dames de Sion reçoivent dans leurs maisons des catholiques, des juives, des protestantes, des musulmanes, des bouddhistes si on leur en donnait. Elles ne cherchent à convertir personne. Toutes les croyances sont reconnues. Aucune âme d’enfant n’est violée par elles. Tout au contraire : il leur arrive de déconseiller à des parents de faire baptiser leurs enfants si le milieu de famille ne présente pas a leur yeux toute garantie pour la nouvelle chrétienne.



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ANTOINETTE BRUN
AFFAIRE FINALY

Alors ? Alors voila : c'est stupide et bête comme chou : les dames de Sion n’ont rien à refuser à Mlle Brun. Cela date de loin, du temps de la grande persécution des Juifs, des jours de la résistance, de ces nuits où, toutes ensembles, elles travaillaient au salut des persécutés, soutenaient les maquisards, cachaient les patriotes. Et cela a continué ensuite, car si la guerre connaît des trêves, la misère et l’injustice n’en connaissent pas.

On a arrêté la révérende mère Antonine. On la garde en cellule. Dimanche dernier sa vieille mère était en danger de mort : on lui a refusé une simple visite. Je crois très sérieusement — vous allez rire, mon cher Maurice Garçon — que tout son crime est d'avoir connu la "mesure conservatoire" (illégale, tant que vous voudrez !) prise par Mlle Brun de l'avoir approuvée dans la simplicité de son cœur, et d’avoir eu souci du rétablissement désastreux, en de jeunes âmes, de ces chamailles, de ces disputes, de ces guérillas dont ils étaient le prix.

Séquestration d’enfants ! Les mots n’ont plus de sens ! Si celui-là n’entraîne pas les idées de violences de rapt, de dol, de secret, de garde farouche, alors que signifie-t-il au juste ? Ces enfants connaissaient leur identité. Ils vivaient librement avec leurs camarades dans des maisons où les externes étaient nombreux. Voyageaient-ils ? C'était en chemin de fer, en 3e classe, accompagnés d’une faible femme. Partout, toujours s'ils avaient voulu se plaindre, s’évader, échapper à leurs "ravisseurs ", ils l’eussent pu faire.


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ANTOINETTE BRUN
AFFAIRE FINALY

Séquestrés, les enfants Finaly ? Allons donc ! Je gage qu’il n’en est pas de plus libres sous le ciel, et disposant d’eux-mêmes davantage. Ni de plus enchantés de leur aventure. Ni de plus épris de la seule mère qu’ils connaissent, et qui n’étant leur mère par le sang a choisi de l'être par les soins, l’inquiétude, la douleur, et finalement la prison."



A suivre...



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