ANTOINE D'ABBADIE.
Antoine Thomson d'Abbadie d'Arrast, né le 3 janvier 1810 à Dublin et mort le 19 mars 1897 à Paris, est un savant et voyageur français.
ANTOINE D'ABABDIE |
Voici ce que rapporta à son sujet le journal Les Contemporains, dans son édition du 1/01/1911 :
"Antoine d'Abbadie, Explorateur (1810-1897)
...Ces études, et surtout la lecture du récit des explorations de Bruce, eurent pour résultat de restreindre encore son objectif et de le borner à une seule région, assez petite, de la vaste terre africaine. Il commença dès lors à se sentir invinciblement attiré vers l’Afrique, orientale, "théâtre de tant d’émigrations et source de presque toutes les traditions qui vivent encore dans ce continent si mystérieusement fermé".
ANTOINE D'ABBADIE D'ARRAST |
Les raisons de cet attrait étaient nombreuses et complexes. D’abord, ces régions inconnues promettaient au géologue et au naturaliste une ample moisson de découvertes d’un puissant intérêt ; mais l’espoir d'une satisfaction purement scientifique était dominé par la séduction plus forte de l’étude ethnique des populations qui habitent ces contrées.
Les secrets des langues, des religions, des institutions politiques, des lois, des coutumes de ces populations, voilà ce qui sollicitait la curiosité du futur explorateur. Il devinait là un trésor à exploiter, surtout dans le Sud, où les peuples étaient demeurés également isolés "de l’état stagnant et décrépit de l’Orient, comme de l’élan progressif de l’Europe". Et il se laissa gagner par la pensée que "la plus haute étude à laquelle l’homme puisse s’adonner est celle de ses semblables."
A tort ou à raison, les relations de voyages laissaient supposer, par l’absence de tout détail sur ces matières, que les peuplades barbares de l’Afrique occidentale n’avaient ni état politique réglé ni usages juridiques ; de ce côté, l’exploration au point de vue auquel il se plaçait lui paraissait donc devoir n’être que très peu fructueuse. En revanche, les voyageurs qui avaient pénétré en Ethiopie disaient avoir trouvé sur les bords du lac Tana des palais, des ruines, des livres, des lettrés, une littérature, c’est-à-dire tous les témoignages d’une culture intellectuelle.
Le principal obstacle à la réalisation matérielle du voyage était le fanatisme des populations musulmanes, hostiles au nom chrétien ; mais d’Abbadie estimait, non sans vraisemblance, que cet obstacle ne devait pas exister dans les tribus des Amara et des Tigray, conquises à la foi chrétienne depuis le IVe siècle de notre ère. Le temps avait, il est vrai, quelque peu altéré chez ces peuples l’intégrité de la doctrine ; mais quelle plus noble tâche pour un croyant que de travailler à les mener dans l’unité de l’Eglise ? Abbadie se voyait déjà l’heureux apôtre chargé de conduire à bien cette entreprise ; il escomptait aussi par avance la découverte de faits inédits propres à éclairer l’origine des diverses races nègres, et il se faisait à lui-même l’ambitieuse promesse de trouver du nouveau sur les sources du Nil.
TÊTE D'EGYPTIEN A ABBADIA HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Pour remplir ce programme, a la fois vaste et divers, une condition était nécessaire, en dehors des connaissances scientifiques : celle d’une robuste sauté et d’une endurance physique à toute épreuve. Six ans furent employés à réaliser cette condition.
Doué déjà héréditairement, de par son origine basque, d’une agilité peu commune, il travailla encore énergiquement à l'amplifier par des exercices corporels et à se préparer ainsi aux fatigues inhérentes à la carrière de l’explorateur. Il devint très habile à l’escrime, pratiqua la gymnastique et s’entraîna à faire, par tous les temps, de longues courses ; l’art de la natation n'eut bientôt plus de secret pour lui.
Il employa la même énergie à assouplir son estomac, en prévision des privations futures ; il s’habitua à s’abstenir complètement de viande, ne faisant plus usage que de laitage, de légumes et d’œufs.
Vers la fin de 1828, la famille d’Abbadie vint s’établir à Paris, rue Saint-Dominique. Toujours dominé par ses projets, le futur explorateur y devint l’auditeur assidu des professeurs éminents de la capitale. Tour à tour, il recueillait les leçons de Lherminier sur l’histoire du droit, de Villemain sur la littérature, de "l’éloquent et fougueux Cousin", du "profond Guizot", de Berriat-Saint-Prix, qui avait le rare talent d’intéresser son auditoire "aux arides formalités de la procédure".
JACQUES BERRIAT SAINT PRIX |
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