LES ÉCOLES DU PAYS BASQUE EN 1928.
En 1928, un rapport de l'Inspecteur d'Académie détaille la situation de plusieurs écoles du Pays Basque Nord.
MAIRIE POSTES ET ECOLE URT 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son
édition du 21 décembre 1928 :
"Les Ecoles du Pays Basque.
Une contribution à l’esprit régional et une utilisation des progrès de la science.
Nous avons vu dans un précédent article, comment, dans son rapport sur la situation de l’enseignement primaire dans les Basses-Pyrénées, M. Stéphane Jolly, inspecteur d’Académie, pressait les municipalités d’accomplir les travaux pour l’aménagement confortable des écoles. A ce sujet, il est très intéressant de signaler une remarque de M. Labrouquère, inspecteur à Bayonne :
"Tout en veillant principalement, dit-il, à ce que les écoles qu’on se propose de construire répondent à toutes les conditions réglementaires, ne convient-il pas d’engager les municipalités et les architectes à leur donner le caractère des maisons du pays et en particulier, dans la région de Bayonne ou de Mauléon, à construire des maisons basques, d’un aspect si original et si attrayant, où nos enfants se sentiront encore plus chez eux. Pour le groupe scolaire d'Espelette, l’école de filles de Ciboure, l’école maternelle et l’école de filles de Saint-Jean-de-Luz qui vont être prochainement construites, les architectes se sont ingéniés à dresser des projets qui, sans augmenter sensiblement la dépense, donneront à ces écoles un cachet local des plus agréables ; elles n’auront pas l’air faites en série. Je voudrais aussi, ajoute-t-il, que toutes les écoles de la région aient leur fronton pour le jeu de pelote : c’est le jeu que préfèrent nos enfants, et il contribue à maintenir parmi eux les qualités de force, d’adresse, de souplesse et de grâce qu’on se plaît à leur reconnaître."
ECOLE ST FRANCOIS BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
ECOLE AGUERRIA MAULEON PAYS BASQUE D'ANTAN |
Même remarque non moins intéressante, de la part du même inspecteur, sur l’ornementation des classes. Celles-ci sont souvent ornées avec goût. Mais ne pourrait-on donner, comme il le demande si justement, à cette ornementation, un caractère plus local ? "Nous vivons dans une région dont la beauté attire d’innombrables visiteurs. Nous voudrions retenir, dans ce beau coin de terre, les jeunes Basques, les jeunes Béarnais, qui, attirés par le mirage des villes, désertent leurs gracieuses vallées. Certes, dans le choix des lectures, des récitations, des dictées, chaque fois qu’un maître trouve une belle page sur le pays béarnais ou basque, il s’en saisit avec empressement. Que nos maîtres ne manquent pas d’orner leurs classes avec des vues, des gravures, des tableaux même, s’il se peut, représentant des paysages locaux. L’artiste nous révèle toujours des beautés qui nous échappent, il nous fait admirer ce qui, jusque-là, nous laissait indifférents. Il trouve de la beauté dans les vallons que nous avons parcourus mille fois, dans ce petit ruisseau qui serpente au fond de la prairie, dans cette maison blanche, avec son balcon et ses piments rouges qui sèchent an soleil, dans ce chêne qui nous est familier. Qu’il ait donc, toutes grandes, ses entrées dans nos écoles, et il contribuera à attacher nos petits élèves à leur terre natale.
Voilà qui est fort justement pensé, n’est-il pas vrai, et très bien exprimé, et nous comprenons que M. l’Inspecteur d’Académie recommande cette suggestion au personnel enseignant du département.
Après l’esprit régionaliste, les nécessités créées par la région à laquelle appartient plus particulièrement l’élève. C’est ainsi que M. Stéphane Joilly peut écrire : "On a pu choisir, d’après la destination probable des élèves, et pour les bien préparer à la vie, les notions les plus utiles et les plus pratiques, celles aussi qui les mettront à même de mieux connaître leur canton et, par suite, de s’y attacher, par exemple, notions d’histoire, de géographie locale, qui, tout en préparant à étudier intelligemment l’histoire et la géographie, attirent plus directement l'attention des élèves sur la vie de leurs ancêtres, sur les aspects de la nature du coin de terre où ils vivent.
En effet, dans presque toutes les écoles (sauf celles de Bayonne, Biarritz, Le Boucau, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz où l’enseignement est orienté plutôt vers les questions industrielles, commerciales et maritimes), il a été tenu le plus grand compte dans le choix des matières de ce fait, qu’en très grande majorité, les élèves seront des agriculteurs.
"Outre le fait que là, comme ailleurs, les leçons de lecture, les dictées, les devoirs de français, les morceaux de récitation, les problèmes d’arithmétique se rapportent autant que possible à la vie du paysan, l’enseignement des autres disciplines est nettement orienté vers les problèmes agricoles : les notions de sciences physiques et naturelles, notamment, sont choisies parmi celles qui préparent le mieux à l’agriculture ; quant au programme d’agriculture proprement dit, il a pour objet d’expliquer aux élèves le "pourquoi" des diverses pratiques agricoles, de leur donner le goût et l’intelligence du travail de la terre.
Et voici l'enseignement, pas à pas, à même le sol natal et en utilisant ses particularités et ses ressources :
"Pour l'enseignement de la géographie, il est conseillé de commencer par donner aux enfants des connaissances précises et complètes de leur village, des divers aspects et éléments de son sol, des cours d’eau, y compris les petits ruisseaux, des routes et des chemins même modestes, de la matrice cadastrale, et des "lieux-dits", des finages attenants et des communications rayonnantes. Tout ce qu’on peut voir, toucher, ou fouler des pieds est vu, touché et parcouru en même temps qu’on l’explique. Au retour, on le dessine ou on le raconte, et les familles, et les travailleurs du dehors sont intéressés ou rassurés par ces sorties d’éducation positive, par ces prises de contact des enfants, avec le milieu qui les abrite, qui les nourrit, qui les attend pour prospérer.
En même temps, on développe les musées scolaires qui, avec les archives communales et les souvenirs locaux, peuvent grandement servir à la mise au point de l’enseignement de l’histoire, à sa compréhension par les cerveaux de nos petits ruraux."
Et voici mieux. Voici où l’on utilise des découvertes et les applications scientifiques modernes pour meubler l’esprit des enfants, tout en les récréant :
"Dans la seule circonscription de Bayonne, il est fait usage du cinéma scolaire dans 18 écoles : Urcuit (g. et f.), Bayonne (Grand-Bayonne, g. et f.), Bidache (bourg et Batan), Cambo (g. et f.), Itxassou (g. et f.), Urt (g. et f.), Bidart (g. et f.), Guéthary (g. et f.), Villefranehe (g. et f.).
MAIRIE ET ECOLE URCUIT PAYS BASQUE D'ANTAN |
ECOLE DES FILLES BIDART PAYS BASQUE D'ANTAN |
ECOLE URT PAYS BASQUE D'ANTAN |
Trois écoles, en outre, disposent d’installations de T. S. F. : Macaye, Biriatou, Hendaye. C’est ainsi que l’instituteur de Macaye a pu tenir au courant, par T. S. F., ses élèves, de tous les grands raids transatlantiques accomplis au cours de cette année.
QUARTIER DE L'ECOLE MACAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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