DES RECHERCHES SUR LA PRÉHISTOIRE AU PAYS BASQUE EN 1924

RECHERCHES PRÉHISTORIQUES EN 1924.

Dans la première moitié du vingtième siècle, de nombreuses fouilles archéologiques ont eu lieu en Pays Basque Nord, et en particulier en Basse-Navarre.

LES STATIONS PALEOLITHIQUES DU PAYS BASQUE
PAR ETIENNE PASSEMARD 1924

Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Mercure de France, dans son édition du 15 octobre 

1924 :

"Préhistoire E. Passemard : Les Stations paléolithiques du Pays Basque, in 8° avec 137 fig., 9 pl. et 1 carte, Bayonne, Bodiou. — 

On a signalé déjà, dans une chronique précédente, l’importance, pour la préhistoire, des recherches de M. Charles Depéret sur la superposition des étages d’alluvions. L’application de la méthode Depéret aux régions du bassin de Saône et Rhône par le Dr Mayet avait conduit à des résultats nouveaux ; une application du même ordre vient d’être faite par M. E. Passemard aux Stations paléolithiques du Pays Basque dans les terrasses d’alluvions du bassin de la Nive.

"Rechercher les terrasses d’un cours d’eau, c’est essayer de retrouver et d’identifier ce qui reste des nappes alluviales qu’il a déposées à toutes les époques... C’est déterminer un ensemble morphologique, et non un simple fait local." Cette méthode, M. Passemard l’a appliquée au bassin tout entier de la Nive, qui a un parcours d’environ 75 kilomètres. Des explorations méticuleuses, souvent difficiles, pour la description desquelles je renvoie au livre, ont permis à l’auteur de distinguer cinq terrasses différentes, de 15-17, 25-34, 40-57, 80-95 et 142 mètres. 

4 CHEVAUX GRAVES SUR OS ISTURITS 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le problème est : y a-t-il synchronisme entre ces différents niveaux et les trouvailles préhistoriques et ostéologiques ? L’auteur ne peut encore se prononcer absolument, parce que son pays n’a pas été assez exploré. Mais parmi les trouvailles faites, quelques-unes ont eu un grand retentissement, notamment celles de l’abri sous roche d’Olha et surtout celles de la caverne d’Isturitz, dont l’exploration n’est pas encore terminée. On y a découvert non seulement tous les niveaux du paléolithique, mais aussi des os et pierres gravés de représentations animales, d'un excellent réalisme et d’un art parfait. Certains os portent des décors spiraliformes qui sont très curieux ; je les rapprocherais volontiers des décors des Ghiliak de l’Amour (Jesup Expédition) et des inao des Aino. 

JESUP EXPEDITION 1897-1902

Importante aussi, pourvu qu’on puisse lui trouver assez de parallèles, est la découverte d’un stade technologique préchelléen, que M. Passemard nomme Chalossien. Peut-être n’est-ce cependant qu’un faciès local. Dès qu’un savant au courant des méthodes nouvelles, et non entiché de dogmes scientifiques, entreprend des recherches patientes, il a des chances, en notre riche terre de Fiance, de trouver sans cesse du nouveau ; M. Passemard a eu, il est vrai, la main heureuse. On doit le remercier d’avoir mis à la portée du grand public ses trouvailles et de les avoir bien illustrées. Au domaine des naturalistes appartient la seconde partie du livre, consacrée à la description détaillée des principaux animaux fossiles de la région basque (éléphant, ours, etc.), description illustrée de 8 belles planches phototypiques. A la fin, profil général des terrasses, avec situation des lieux de trouvaille, et grande carte. Pour la méthodologie actuelle en préhistoire, je conseille de lire avec soin la Préface, dont voici la conclusion : 

Si on peut admettre une série de mouvements (eustatiques ou épirogéniques) ayant déterminé pour toute la surface du globe, ou au moins pour des aires continentales très étendues, une série de déblaiements et de remblaiements des vallées ; si ces cycles ont laissé des terrasses à des altitudes toujours les mêmes... ; s’il y a identité d’altitude entre ces restes de nappes alluviales et les lignes de rivage, et s’il y a raccordement de ces nappes avec les moraines des glaciations connues, comme cela paraît se produire ; alors nous sommes bien près de la solution cherchée et nous pourrons, en comparant des faunes et des industries trouvées à des altitudes déterminées dans chacune des terrasses, en des points différents du monde, les synchroniser entre elles, alors même que morphologiquement elles n’ont aucun rapport. 

On voit que cette théorie générale nouvelle révolutionne entièrement toute la préhistoire comparée."

(Source : https://anthro.amnh.org/jesup_photos)

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