FÊTES DE LA TRADITION AU PAYS BASQUE EN 1897 (cinquième et dernière partie)

FÊTES DE LA TRADITION EN 1897.

Dès 1851, Antoine d'Abbadie institua de grandes fêtes Basques, appelées Jeux Floraux.

FÊTES TRADITION BASQUE ST JEAN DE LUZ 1897
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet La Petite Gironde, dans son édition du 22 août 1897 :

"Fête de la Tradition Basque.

Saint-Jean-de-Luz, 20 août (de notre rédacteur spécial).

Exposition d’Ethnographie et d'Art populaire. 

L’Exposition d’ethnographie et d'art populaire, qui vient de s’ouvrir à l’occasion du Congrès de Saint-Jean de-Luz, attire beaucoup de monde. Nous croyons intéresser les lecteurs de la Petite Gironde en leur en donnant un aperçu, trop succinct hélas, car elle renferme des beautés vraiment hors pair — tant au point de vue de l’art rétrospectif que de la peinture. — Le peintre éminent M. Bonnat, un Basque, a exposé ses meilleures toiles ; chacune d’elles est un chef-d’œuvre. 

PEINTRE LEON BONNAT

Pour la première fois, je crois, le Maître les a groupées. Nous réservons l’analyse du Salon de peinture pour une prochaine lettre. Mais nous tenons dès aujourd’hui à appeler l’attention sur cette Exposition, qui se suffit plus que largement à elle-même. Le pays basque espagnol a exposé des merveilles d’art rétrospectif. M. Bonnat et M. Arcos, pour la peinture ; M. Bordes et M. Pougaud, pour l’ethnographie ; M. Goyèche, pour l'art rétrospectif, en groupant leur haute science et leurs efforts, ont accompli un tour de force. Il y avait, en effet, quelque hardiesse à pousser la décentralisation aussi loin. La fortune leur a souri, les exposants affluent. Décidément les Basques sont aimés des dieux ! 

Art rétrospectif. 

La section de l’art rétrospectif présente à l'admiration des visiteurs des pièces essentiellement curieuses qui proviennent pour la plupart du Guipuzcoa et des collections particulières des habitants de Saint Jean-de-Luz. 

Dans le vestibule d’entrée l’on peut tout d’abord, à titre documentaire, s’arrêter quelques instants devant une gravure portant la date de 1788, exécutée sur les dessins du peintre Ozanne, ajoutée à la collection des ports de France de 1766. "Vue des quais de Ciboure, la ville de Saint-Jean-de-Luz déploie des lignes de rues profondes et bien garnies ; des navires au pavillon flottant circulent dans son bassin, ou venant du large enfilent le chenal d’entrée ; un jeune homme passe à cheval et l'épée au côté, une belle dame à panier se promène le long du quai, des travailleurs sont à l’œuvre sur le port."

LE PORT DE ST JEAN DE LUZ PAR OZANNE

Ce document intéressant, dû à la complaisance de M. Charly Petit, nous reporte au Saint-Jean-de-Luz de Louis XVI, et nous permet de pouvoir établir une comparaison avec la station balnéaire de nos jours, si animée pendant la durée des fêtes de la tradition du pays basque. 

Le long des murs de ce couloir, des bahuts antiques naïvement ouvragés, des commodes du dix-septième siècle, dont une dite de sacristie ; des tableaux des plus anciens, tels que celui exposé par la Députation provinciale de Saint-Sébastien, ayant trait à un combat naval, attirent l'attention des amateurs. 

Si ces derniers pénètrent dans le salon d’honneur, ils auront à s'extasier tour à tour devant des œuvres que les principaux Musées de l’Europe pourraient admettre chez eux, sans crainte de déparer les merveilles soumises à l'examen des critiques les plus autorisés. 

En première ligne, on peut placer une croix processionnelle à sonnettes (Renaissance) de la commune d'Ahetze. 

Une autre croix, remarquable à tous les titres, appartenant à l’église de Zumarraga ; un calice, une patène, de la même paroisse. 

A signaler également une superbe console Louis XIV, en bois doré, qui a dû être transportée en 1660 à Saint-Jean-de-Luz, lors du mariage du roi de France avec la reine Marie Thérèse d'Autriche, et que le directeur du garde-meuble de l’époque a omis de remporter à Versailles, ou il n'en existe pas de plus riches ni de plus gracieuses au point de vue de l’ornementation. 

Non loin de cette console, des ornements de l’église luzienne, dus à la munificence du grand roi, et un Christ en ivoire avec un cadre d’une magnifique bordure, rappellent l'époque de la grandeur passagère de la cité labourdine. 

M. de Olozabal, sénateur de Guipuzcoa, a consenti à confier aux organisateurs de la section rétrospective une Vierge, présent du roi Philippe III d’Espagne à l’un de ses ancêtres, don Francisco de Alberta. 

La niche, revêtue de lapis-lazuli, d’or et d’argent, surplombée d’un écusson armorié, fait ressortir l’image marmoréenne, de la plus belle venue. 

On a complété la vitrine qui contient ce trésor avec des plats d’argent et une gigantesque cafetière du style Louis XV, appartenant à ce connaisseur, si ami de la France. 

Que d’objets précieux à analyser encore ! Des chartes du quinzième siècle, un brasero du dix-septième avec sa couche ; une plaque de cheminée, portant la date du 24 octobre 1648, propriété de l’aimable M. Lemaire d’Etchebiague ; le bonnet de baptême des châtelains d’Urtubie, prêté par M. de Larralde, le sympathique conseiller général, maire d’Urrugne ; la hallebarde municipale de Lesaca (1681) ; des panneaux sculptés des seizième et dix-septième siècles ; une série de plats en cuivre, reflétant les scènes bibliques (Terre promise, Adam et Eve au Paradis terrestre, etc.) ; une miniature du capitaine de vaisseau Bavard (1765-1826), ascendant direct de M. Goyenèche, le président de la commission des fêtes, maire actuel de Saint-Jean-de-Luz ; le Traité de la Numismatique ibérienne, de feu Boudard, avec les divers échantillons des monnaies ibères, ces ancêtres des Basques. 

Pour présider à cette réunion de choses de premier ordre, au centre de la salle principale se détache le portrait du maréchal Harispe, ce héros de nos guerres de l’empire, par Rixens. 

Au-dessous de ce tableau, le bâton de maréchal et les diverses décorations de cet illustre guerrier, parmi lesquelles on peut remarquer la plaque de la Légion d’honneur avec la tête de Bonaparte, premier consul (camp de Boulogne), et la Croix de fer. 

Tout cet ensemble est suffisant pour inciter les excursionnistes à ne pas omettre de se rendre à Saint Jean-de-Luz. Dans un autre article, nous pourrons nous occuper de la partie afférente à l’art basque proprement dit et aux conséquences qui en découlent."

A suivre...

Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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