"L'INCIDENT PIERRE LOTI" À HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1892
"L'INCIDENT PIERRE LOTI" EN 1892.
Louis-Marie-Julien Viaud dit Pierre Loti est un écrivain et officier de marine français, né le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye.
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PIERRE LOTI |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Figaro, dans son édition du 11 septembre 1892,
sous la plume de Louis de Robert :
Dans les journaux d'hier soir, une nouvelle vient de poindre, fort exagérée d'ailleurs :
Le lieutenant de vaisseau Julien Viaud, Pierre Loti, de l'Académie française, aurait été insulté à la frontière d'Espagne. Notre consul à Saint-Sébastien serait saisi de l'affaire et réclamerait officiellement aux autorités de ce pays. Et l'orage a grandi - il est espagnol - grandi en semant des chroniques un peu partout.
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PIERRE LOTI |
Je reviens d'Hendaye. J'étais avec Loti quand l'incident s'est produit. Je vais le raconter :
C'était le matin. Nous étions partis quatre pour faire l'ascension des Trois-Couronnes, la plus haute cime des Pyrénées espagnoles ; Loti, très simple à son habitude, en pantalon blanc, chapeau mou, veston gris, sans décoration ; un de ses jeunes amis, Paul Parfait, fils d'un capitaine de vaisseau ; moi et un quartier-maître du bord, Brailly, qui connaissait la montagne et devait nous guider.
D'abord nous suivons la voie du chemin de fer, sous un ciel gris où péniblement filtre une fusée de soleil. Un pont enjambe la Bidassoa. Nous nous y engageons. Au pied est amarré le Javelot, très coquet en la netteté de ses bois et le poli de ses cuivres ; des matelots s'activent à sa toilette du matin, et la la gracieuse masse blanche s'enlève gaiement sur le vert de l'eau. Au bout du pont, c'est l'Espagne ; et comme nous y atteignons, un soldat émerge d'une guérite et brandit un fusil. Sa tenue est sale, il y a des taches sur sou pantalon à bande rouge, sur son dolman ; une barbe de huit jours hérisse sa figure, et une mince moustache découpe sur sa lèvre un croissant noir : c'est un carabinero. Nous ne comprenons rien à ce qu'il nous dit, mais il crie très fort et il a l'air très en colère. Alors, notre matelot, qui parle le basque, nous explique qu'il s'agit d'une mesure formelle de la douane espagnole, interdisant, sous prétexte de choléra, l'accès dans le pays de toute provision de bouche. Or, nous nous sommes munis de notre déjeuner que l'un de nous porte dans un sac. Il faut parlementer, et pendant que nous parlementons, brusquement, un orage crève en larges gouttes cinglantes. Sous la pluie, nous restons stoïques, nargués par le carabinero qu'abrite sa guérite.
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PIERRE LOTI |
Mais Loti, que tout cela énerve, se décide. Il part à travers champs pour gagner le poste espagnol et s'expliquer. A la file, nous le suivons, giflés au passage par de ruisselantes feuilles de maïs. Et voilà qu'au poste l'affaire se complique : - un second carabinero - en faction, nous déclare grossièrement qu'il se moque de nous, de son sergent, de tout le monde, qu'il n'a d'ordre à recevoir de personne - et il refuse de nous laisser parler au chef du poste. Pourtant, lorsque Loti a décliné son nom, il consent à laisser passer le commandant du Javelot, mais le commandant seul.
Lorsque, quelques minutes plus tard, Loti revient, ayant parlé au sergent, il nous dit qu'il n'y a rien à faire, qu'il faut céder. Et nous abandonnons nos provisions, plus une jumelle marine que le factionnaire narquois frappa aussi d'opposition.
L'affaire n'aurait pas eu de suite, sans la grossièreté du second carabinier, et Pierre Loti se promit de signaler son attitude au commandant du stationnaire le Tajo, son collègue espagnol, M. de Escorriazza. Lorsque je quittai Hendaye, la lettre n'était pas encore écrite. Elle a dû être envoyée depuis, et comme M. de Escorriazza est en ce moment à Saint-Sébastien chez le gouverneur de la province, son beau-père, l'incident a fait le tour de la ville, a été recueilli par des correspondants de la presse parisienne et communiqué avec quelques exagérations.
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NAVIRE LE MAC-MAHON |
Comme on le voit, cela est très peu de chose, en somme. C'est ce qu'il fallait expliquer."
(Source : WIKIPEDIA)
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