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vendredi 25 octobre 2024

L'IMPÉRATRICE ZITA DE BOURBON-PARME AU PAYS BASQUE EN 1922

L'IMPÉRATRICE ZITA DE BOURBON-PARME AU PAYS BASQUE EN 1922.


Zita de Bourbon, princesse de Parme puis, par son mariage, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, est née le 9 mai 1892 à Camaiore, en Italie, et morte le 14 mars 1989 à Zizers, en Suisse.



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ZITA DE BOURBON-PARME


Epouse de l'empereur Charles 1er, elle est la dernière impératrice d'Autriche, reine de Hongrie et reine de Bohême. 

L'Eglise catholique la considère comme servante de Dieu.





Voici ce que rapporta à son sujet le quotidien local, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 11 février 1929, sous la plume de Renée Dominique :



"L'Impératrice Zita et la question de la paix séparée.


Conférence de M. Antoine Rédier.



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ANTOINE REDIER




La fâcheuse grippe, qui sévit avec intensité à Paris, a empêché M. Edouard Helsey de nous faire samedi sa conférence sur le Président Hindenburg. Mais un autre conférencier prit le train à sa place, et ce conférencier, d'ailleurs inscrit au programme des samedis littéraires, n'était autre que M. Antoine Rédier. Donc, s'il y eut tout d'abord un peu de désappointement, le seul nom de M. Antoine Rédier enchanta tous les auditeurs, malheureusement un peu clairsemés, — est-ce le beau temps ? ou bien plutôt abondance de conférences ? — tant pis pour les absents !



Tout le monde connaît au moins, de M. Antoine Rédier, ce livre admirable qu'est "La Guerre des Femmes" et qui nous valut naguère, à Biarritz-Association, une bien émouvante conférence. Ce n'est pas de la guerre des femmes que nous a parlé samedi M. Rédier, mais d'une femme de guerre, — ou plutôt d'une femme de la paix — d'une femme dont le rôle sublime fut de mettre fin à l'atroce tuerie, d'une femme qui mit tout en oeuvre pour y parvenir, mais dont la pensée ne fut pas comprise de ceux vers qui allait son noble coeur de fille de France.



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LIVRE LA GUERRE DES FEMMES
D'ANTOINE REDIER



Cette femme, héroïne douloureuse, mais jamais brisée, de la plus épouvantable des tragédies ; cette femme, épouse et mère admirable devant qui toutes les mères s'inclinent respectueusement ; cette femme, dont le front pur a porté la double couronne d'impératrice et de reine, cette femme vit tout près de nous, dans un petit village basque, de l'autre côté de la frontière, une existence des plus modestes avec les huit enfants que le ciel lui a donnés et auxquels elle consacre les trésors de son intelligence et de son coeur.



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ZITA DE BOURBON-PARME A LEQUEITIO EN 1925



Oui, c'est de l'impératrice Zita que M. Antoine Rédier nous a parlé, et il l'a fait avec une telle émotion, une telle piété que bien souvent nous en avons eu les larmes aux yeux et que nous avons revue, grandie encore et magnifiée, celle qui nous apparut, un jour de décembre dernier, si belle, si noble et si délicatement bonne et simple. Et M. Rédier nous a conté l'histoire la plus prodigieuse qui soit, une histoire qu'on croirait tirée de la légende, une histoire qui n'est que de l'Histoire pourtant et où l'imagination n'a rien ajouté.



Hier, à Sainte-Eugénie, nos regards et notre pensée ne pouvaient se détacher de cette frise des saintes où sainte Zita, sa jolie tête inclinée, son bras portant la lourde cruche, symbolise si bien la devise : "Les mains au travail, le coeur à tout." Elle est la sainte vénérée des habitants de Lucques, en Toscane, où naquit en 1892, une petite princesse, qui reçut son nom. La petite princesse Zita était fille du prince Robert de Bourbon-Parme et de la princesse Maria-Antonia de Portugal. Elle descendait de Louis XIV par les Bourbons d'Espagne, une fille de Louis XV était parmi ses aïeules, et sa grand'mère n'était autre que la fille de Charles X, soeur du comte de Chambord.



Son enfance se passa en partie en France, avec ses nombreux frères et soeurs, en particulier à Chambord. Elle n'entendait parler que français et l'étude de l'allemand lui fut un véritable supplice. Elle était franche et gaie, d'esprit primesautier et parfois gamin.



A 13 ans, elle va chez les Bénédictines de Solesmes, à l'île de Wright. Elle passera là trois ans au milieu de moniales françaises et de jeunes compagnes venues de France. Puis elle revient dans sa famille. Son père meurt et le 21 octobre 1911, elle épousait l'Archiduc Charles d'Autriche. Ce fut un mariage d'amour. La politique, elle, avait bien d'autres vues pour le jeune archiduc et une alliance allemande, ou tout au moins agréable à Berlin, lui aurait souri. Mais cette fois, la politique fut vaincue par un regard de femme.




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CHARLES D'AUTRICHE ET ZITA DE BOURBON-PARME



Le mariage fut célébré en grande pompe et le vieil empereur François-Joseph fit à la jeune archiduchesse le plus aimable accueil. Les premières années du jeune ménage se passent en Galicie orientale où le premier enfant, l'archiduc Othon, vient au monde ; puis en Syrie où l'archiduc Charles commande un régiment et où la nouvelle de l'assassinat de son oncle, l'archiduc François-Ferdinand, vient le surprendre. Il reste d'ailleurs en Syrie et ne prend aucune part aux intrigues qui vont aboutir à la guerre.



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ATTENTAT DE SARAJEVO
28 JUIN 1914



Après la mort de François-Joseph, le 21 novembre 1916, le premier acte du jeune empereur est un message à son peuple pour souhaiter la paix, et l'Impératrice va le seconder de tous ses efforts pour réaliser cette paix. Mais il faut d'abord aller à Budapest ceindre la couronne de Saint-Etienne : le patriotisme commande de fortifier la dynastie pour empêcher le démembrement de la patrie.



Toute la Hongrie a oublié la guerre pour ne songer qu'au couronnement. C'est en effet un spectacle unique que celui du sacre. Après qu'il a reçu l'onction sainte, le roi, couronne en tête, sur son cheval blanc, doit monter au mont Royal. Il faut que, parvenu au sommet, son cheval se cabre quatre fois et que quatre fois le roi prête serment.




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CHARLES D'AUTRICHE ET ZITA DE BOURBON-PARME ET OTHON


La reine Zita, parée d'une robe merveilleuse sur laquelle brillent plus de six millions de joyaux, est demeurée pendant ce temps, avec sn fils Othon, entourée d'une cour étincelante et de tous les évêques à cheval, selon l'antique tradition. Ce fut pour elle un moment d'effroyable méditation. Les fêtes du sacre doivent durer plusieurs jours, mais la reine a décidé avec le roi, sans en rien dire, pour ne pas jeter à l'avance un voile sur la joie des Hongrois, de n'en pas attendre la fin, car ils n'ont pas oublié, eux, les souverains, en ces heures d'apothéose, le drame qui se joue sur les champs de bataille. On ne pardonna pas à la reine ce départ prématuré.



Charles a disgracié le généralissime, l'Archiduc Frédéric et pris lui-même en mains le commandement en chef des armées ; il a éloigné l'entourage pro-allemand du défunt empereur qui déteste la jeune impératrice : elle est belle, bonne, fine, c'est assez pour déchaîner la haine des méchants et des laids. On la surnomme "la Française" comme la fille de Marie-Thérèse fut jadis surnommée "l'Autrichienne".



L'Impératrice Zita n'a pas gouverné l'Autriche, mais elle a ajouté son âme à celle du prince dont elle est l'épouse ; elle n'a pas imposé sa politique, c'est l'héritier de la couronne qui a donné à l'Autriche une impératrice de son choix.



Dès le lendemain du couronnement, l'empereur a rejoint le grand quartier général, l'impératrice est revenue à Vienne.



Et M. Rédier nous fait le récit palpitant de ces appels de l'Impératrice à son frère, le prince Sixte, qui combat alors en Belgique avec les alliés ; de vos allées et venues entre Neuchâtel et Vienne et entre Neuchâtel et Paris ; de l'entrevue de l'empereur et du prince Sixte, enfin des propositions de paix séparée.



Dès le premier appel de Vienne, au début de 1917, le Président Poincaré avait senti que la solution pouvait venir de là et il ne douta point de la loyauté des jeunes souverains. L'intérêt de la France, pensa-t-l alors, est non seulement de maintenir l'Autriche, mais de l'agrandir au détriment de l'Allemagne. En Angleterre, Lloyd George voit là une jolie partie à jouer, la Belgique acquiesce et l'Italie est toute prête à écouter des propositions. Mais la France ne croit pas à cette paix, car la France alors, ce n'est pas Poincaré — il n'est que le Président de la République — mais c'est Ribot qui, à la tribune de la Chambre, parlera d'une offre "louche et détournée"...



Le rêve humain de l'impératrice Zita s'est écroulé. Pendant 18 mois encore, de jeunes hommes vont continuer de souffrir et de mourir par milliers et par milliers, et pour quels décevants résultats ! Et l'on verra celui qui a voulu la guerre fêter avec éclat ses 70 ans, alors que celle qui voulut la paix mène en exil une vie si misérable.



On devine ce que durent être pour l'impératrice les derniers mois de la guerre au milieu d'alliés dont elle se sent exécrée. Et c'est l'armistice. Charles et Zita restent à Schoenbrunn isolés dans la débâcle, mais en soutenant l'un l'autre de leur amour et de leur foi. Puis c'est la vie à Prangins en Suisse que l'empereur ne va pas tarder à quitter, seul, pour reconquérir son royaume. Il échoue. La seconde fois, l'impératrice sera du voyage. Elle attend un nouvel enfant, mais qu'importe ! Ils partiront tous deux en avion, malgré le froid qui les glace, et ils atterriront en Hongrie. Nouvel échec.



Et c'est alors l'exil à Madère. Ils refusent une demeure trop luxueuse pour leurs ressources et s'en vont dans la montagne vivre dans une petite maison dont l'installation est des plus sommaires. Le climat est humide, malsain. L'empereur tombe gravement malade, l'impératrice est son infirmière attentive et inlassable. Et un jour d'avril 1922, la tête appuyée sur l'épaule de l'incomparable épouse que son coeur choisit, il parle longuement de son peuple, de ses enfants et il meurt sans une plainte..



... Le roi Alphonse XIII offre l'hospitalité du château de Pardo à la jeune veuve, qui accouche de son huitième enfant une semaine après. Mais l'entretien du château est trop coûteux. Les habitants de la petite ville basque de Lequeitio se cotisent pour aménager une petite villa où l'impératrice Zita et ses enfants s'installent d'abord pour l'été, puis, s'y trouvant bien, en font leur résidence.



Parfois, ils traversent le Pays Basque français, l'Impératrice se rend presque chaque année à Lourdes avec ses enfants dont quelques-uns ont fait plusieurs saisons à Salies-de-Béarn. Celle que certains se rappellent avoir vue jadis jouer avec ses frères sur la plage de Biarritz, est ici l'objet de l'unanime respect. Chacun s'incline devant la mère admirable, devant l'épouse meurtrie, devant la souveraine infortunée dont le rêve magnifique fut de mettre un terme à la plus terrible des guerres.



Avec M. Antoine Rédier, qui a si lumineusement mis en relief le caractère et l'attitude de l'Impératrice Zita, qui nous a donné tant de précieux détails, de charmantes anecdotes, et dont nous n'avons pu que si imparfaitement traduire la pensée, disons :


"Ce que l'avenir réserve à cette admirable femme, c'est le secret de Dieu, mais quoi qu'il advienne, son nom est inscrit dans l'Histoire, et un jour viendra où l'on reconnaîtra que, dans l'ordre politique, cette jeune femme de vingt-six ans a été le seul homme de la guerre."




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