LE DECES DE PABLO TILLAC EN 1969.
Jean-Paul Tillac, dit Pablo Tillac, né le 14 avril 1880 à Angoulême (Charente) et mort le 15 octobre 1969 à Cambo-les-Bains (Pyrénées Atlantiques), est un peintre, graveur, sculpteur et illustrateur français.
PEINTRE PABLO TILLAC |
Voici ce que rapporta à ce sujet Pierre Espil dans le Bulletin du Musée Basque N°47 en 1970 :
"Nécrologie : Pablo Tillac (1880-1969).
Je ne suis pas sûr que l'on se soit bien rendu compte de la perte qu'a été pour le Pays Basque la mort de Pablo Tillac, survenue à l'âge de 89 ans, dans ce Cambo dont il était devenu l'un des fils les plus savoureusement pittoresques depuis 50 ans, ou à peu près, qu'il y avait planté sa tente. Nous n'étions guère nombreux, par un radieux matin d'octobre dernier à nous joindre à sa famille pour assister, le cœur serré, dans la chapelle du Funérarium de Bayonne, au service funèbre par quoi s'achevait une existence laborieuse et très pleine, à laquelle n'ont manqué ni les ombres, ni les clartés.
DESSIN HOMME BASQUE A SAINT-SEBASTIEN PAR PABLO TILLAC |
Car l'aventure terrestre est exemplaire, en vérité, de ce Charentais né à Angoulême en 1880 et qui — après un prélude parisien à l'Ecole des Beaux-Arts, puis quelques années d'errances aux Etats-Unis et en Espagne, toujours sous le signe de l'Art — s'était fixé avec son frère à Cambo, pour des raisons de santé, au lendemain de la première Guerre Mondiale et y était devenu plus basque qu'un Basque, plus informé que l'érudit basquisant le plus sourcilleux de tout ce qui concernait l'histoire, la préhistoire, l'ethnie, les mœurs, les coutumes, les êtres et les choses de l'Eskual-Herria. A celui-ci il avait consacré à peu près entièrement tout son talent, qui était grand et multiple, de peintre, de dessinateur, de graveur, d'aquafortiste, d'aquarelliste, voire de sculpteur. D'excellents juges, orfèvres en la matière — de José de la Peña à Zuloaga, avec lequel Tillac avait travaillé à Madrid — se sont accordés à reconnaître ses éminentes, ses exceptionnelles qualités de dessinateur. Et Paul Faure, qui avait écrit sur lui une fort belle étude dans "l'Illustration", le rattachait pertinemment à la grande lignée des Callot, Daumier et Gustave Doré.
DESSIN A L'EGLISE PAR PABLO TILLAC |
Sa série au crayon de "Basques au marché, à l'auberge et à l'église" regorge de types pris sur le vif, dont les attitudes et les jeux de physionomie sont criants de vérité. Cette série, populaire à juste titre, on ne s'est pas fait faute de la piller et plagier sans vergogne, ce qui est, certes, fort peu honnête mais n'en constitue pas moins un hommage inconscient, car on ne copie que ce qu'on admire. Par ailleurs, Tillac a illustré merveilleusement beaucoup d'ouvrages : ceux de Mayi Elissague, de l'abbé Barbier, de Pierre Rectoran, de moi-même, sans oublier le "Ramuntcho" de Pierre Loti. Il laisse dans ses cartons des illustrations plus admirables encore peut-être, qu'il avait préparées pour "la Germanie" de Tacite, "la Vengeance du Condor", de Ventura Garcia Calderon, "les Trophées" de Hérédia, "la Monja Alférez", notamment. Il faut souhaiter que cette précieuse collection aille enrichir soit le Musée Basque, où elle serait tout à fait à sa place, soit Arnaga, où une salle devrait bien être consacrée à cet artiste indépendant et fier qui honora grandement Cambo.
DESSIN AU CABARET PAR PABLO TILLAC |
Jean Cocteau affirmait qu'un peintre ne fait jamais que son propre portrait. En tous cas, Pablo Tillac ressemblait physiquement aux personnages dont il se plaisait à fixer la silhouette et les traits, et l'on sait que sa prédilection allait aux types accusés, débordants de saveur et de personnalité : paysan primitif, vagabond, contrebandier, larron des grands chemins. Cambo ne verra plus passer sous les ombrages de ses Allées ce petit homme noueux et vif, resté étonnement vert, souvent harnaché en cow-boy, sans doute en souvenir de ses années de jeunesse au Texas. Nous n'entendrons plus les histoires truculentes qu'il débitait avec une verve extraordinaire.
DESSIN AU CABARET PAR PABLO TILLAC |
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