EXCURSION À FONTARRABIE ET RONCEVAUX EN 1911.
Au début du 20ème siècle, le Pays Basque, des deux côtés de la frontière, est le but de nombreux voyages d'études et de loisirs.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Petite Gironde, le 6 août 1911 :
"IVe Congrès de l'Union historique et archéologique du Sud-Ouest.
(De notre envoyé spécial).
Le Congrès terminé, des excursions devaient avoir lieu à Fontarabie et à Roncevaux.
A Fontarabie, la "muy noble", "muy leal", "muy valorosa", les promeneurs peuvent admirer les remparts, la calle Mayor, les petites rues pittoresques, le château, l'église. Don Julio de Urquijo avait bien voulu prévenir l'archiviste de la Ville pour qu'il en fit les honneurs. Mais, et l'on peut le dire, l'organisation n'a pas été bien préparée à Bayonne et à Biarritz ; chacun est un peu parti de son côté, a visité à son gré. Don Julio de Urquijo n'est pas arrivé pour rejoindre ses collègues ; il leur a manqué don Xavier de Cardaillac.
Don Xavier de Cardaillac appartenait, en effet, à l'équipe valeureuse qui, méritoirement, entreprit l'excursion de Roncevaux. Assemblés à six heures sur la place de la mairie de Biarritz, une trentaine de congressistes poussaient leur première étape jusqu'à Cambo, à travers une campagne fertile, agréable, point trop brûlée du soleil. Dans cette délicieuse station balnéaire, on admire le cours sinueux de la Nive, baignant le pic ombreux sur lequel se dressent l'église pittoresque avec son retable aux riches torsades et le champ du repos. Les propriétaires de la maison Falgade font à chacun l'offre d'un viatique de route bien apprécié. Puis, en route pour Saint-Jean-Pied-de-Port, où l'on arrivait à dix heures.
Sous la conduite de M. Louis Batcave, qui naguère publia un intéressant mémoire du dix-huitième siècle sur cette ville, on fait le tour des remparts, on monte jusqu'auprès de la citadelle, puis par l'étroite rue on descend jusqu'à l'église, en regardant les curieuses inscriptions des rues. M. le marquis de Fayolle, avec sa compétence érudite, explique les caractères particuliers de ce monument, de la vieille porte de ville au bord de la Nive, aujourd'hui surmontée du clocher.
Quelques instants ensuite, le déjeuner pris à l'hôtel Central avait plein succès. Simple, bon, frais, arrosé d'un vin d'Irouléguy qui ne le cédait à nul cru du Bordelais, déclarèrent les Bordelais.
A midi, en route pour Roncevaux ! Mais un manque d'organisation singulier se fait sentir. Les personnes qui avaient pris soin ou dû prendre soin d'organiser cette excursion auraient dû aviser à ce que ne se glissassent pas des excursionnistes qui n'ont pas fait connaître leur identité, lesquelles, bien entendu, ont voulu témoigner sur terre que les derniers sont les premiers, mais ont éprouvé aussi, à Roncevaux, que : qui prend la première place sera mis à la dernière. Il n'en est pas moins profondément regrettable de voir d'honorables personnalités obligées de stationner à Valcarlos sans pouvoir aller plus loin.
Un premier convoi arrivait, à une heure et demie, à la chapelle d'Ibregneto, ruinée, en débris, où l'on se propose d'exécuter des fouilles intéressantes en 1912. Les plus zélés — ils étaient rares ! — vont avec M. de Cardaillac reconnaître sur le haut d'Altabiscar le chemin dont M. Colas les a entretenus lundi dernier. Les plus pacifiques se dirigent sur le monastère.
C'était un lieu de rafraîchissement, où le cardinal-archevêque de Saragosse et l'évêque de Pampelune fuyaient la chaleur torride qui brûle leurs villes.
L'office achevé, les vénérables chanoines montrent avec une fort courtoise amabilité leur trésor : la Vierge du sanctuaire ; une petite Vierge en argent du seizième siècle ; la Pieta dolorosa, et, dans la sacristie, les chaussures aussi célèbres que fausses de Turpin, des ornements sacerdotaux et des mitres du seizième siècle. Voici le beau retable adorné de statues multiples, au style rocaille, chantourné. Un peu plus loin, une belle chapelle réparée, en bon état d'entretien, présente les restes de sépultures de rois navarrais. L'un d'eux, le vainqueur de Las Nievas, dont une statue colossale recouvrait le cadavre, mesurait deux mètres cinquante. Fort aimablement, et quoique non prévenus, les chanoines font les honneurs de leur belle et vaste bibliothèque aux incurables curieux.
TABLEAU DE LA BATAILLE DE LAS NAVAS DE TOLOSA 1212 Par Francesc de Paula van Halen — Museo del Prado, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75231086 |
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