UNE ACADÉMIE GASCONNE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MAI 1926

UNE ACADÉMIE GASCONNE EN 1926.

Le 7 mai 1926, est fondée à Bayonne une association loi 1901 : "l'Académie Gascoune de Bayoune".

ACADEMIE GASCOUNE BAYOUNE

Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

son édition du 22 mai 1926 :

"Nos Quarante.

Elle vient d'être fondée et les quarante premiers "académiciens" ont été désignés. - Un directeur et un secrétaire perpétuel, comme au bout du Pont des Arts. — Son but et son fonctionnement.

Un nouveau corps s est constitué chez nous à la date du 7 mai dernier : c’est "l'Académie Gasconne". 

Elle a pour origine l’amour de la petite patrie. Bayonne, ville gasconne, enclavée en plein cœur du Pays Basque, a des fils preux qui veulent conserver la pureté et la verdeur de sa langue en même temps que demeurer fidèles à sa tradition. 

Les amoureux de la langue gasconne se connaissaient, se voyaient, s’entretenaient par petits groupes intimes ; désormais, leurs cercles confondus sont élargis, pour devenir une véritable société. 

Les Académiciens gascons sont quarante et ce nombre restera fondamental. Les quarante premiers se sont désignés eux-mêmes, leurs successeurs seront élus d'après un mode qui a été déterminé. 

Quand une vacance se produira, à la suite d’un décès, d'une démission, d'une destitution, les candidats qui croiront avoir des titres se présenteront et l’élection aura lieu à la majorité absolue des suffrages. 

Chaque fois qu’il y aura un nouvel élu, celui-ci prononcera un discours et il lui sera répondu. Il va de soi que les harangues seront faites en gascon. 

Essentiellement démocratique, la nouvelle Académie sera présidée par un directeur qui restera en exercice pendant trois mois ; ce directeur ne sera pas nommé par voie élective, il succédera à son prédécesseur selon l'ordre alphabétique des noms inscrits. Le premier directeur nommé par les acclamations de tous les membres est M. Pierre Simonet. C'est M. de Véquy qui lui succédera qui, à son tour, sera remplacé par M Joseph Besque. 

Un secrétaire perpétuel a été nommé à vie, c'est M. Pierre Rectoran (Pierrot de le Halle). 

PIERRE RECTORAN
SECRETAIRE PERPETUEL ACADEMIE GASCONNE

Voici les noms des quarante académiciens fondateurs ; on verra qu'ils ont tous les qualités et les connaissances nécessaires pour être maîtres es lettres gasconnes : 

MM. Joseph Besque, Georges Bergès, Jean Bouzet, Félix Broca, Alexandre Claverie, Philibert Dartigoueyte, Joseph Detchepare, Henri Dordosgoïty, Louis Dours, Charles Duclos, Albert Dufourg, Pierre Dupin, Auguste Etchepare, Denis Etcheverry, Henri Gavel, Victor Getten, Goalard, Benjamin Gomez, Fernand Gomez-Silva, Edmond Hargouet, l'abbé Hippolite, Jean-Louis Lamarque, l’abbé Jean Lamarque, l'abbé Landoussy, Pierre Landrieu, Joachim Laffitte, Raymond Larrebat, le Dr Léon Lascoutx, Armand Legrand, Paul Lespès, Emile Maisonnave, J.-B. Molia, Louis Novion, Carlitto Oyarzun, Henri Piet, Isidore Porché, Pierre Rectoran (Pierrot de le Halle), Bernardin Sallaberry, Pierre Simonet, de Véquy. 

CARLITO OYARZUN ACADEMIE GASCONNE

L'Académie Gasconne nouvellement constituée se propose d'être avant tout la régulatrice de la langue et dans ce but son premier soin sera de rédiger un dictionnaire, une rhétorique, une poétique et une grammaire. Elle veut encore rechercher et consacrer la tradition, les us et coutumes bayonnais et pour ces travaux des Commissions ont été nommées qui se sont déjà réunies et ont commencé à œuvrer. 

Ces commissions, au nombre de quatre, s’occupent : la première, du dictionnaire et de la grammaire ; la deuxième de la tradition et des usages locaux ; la troisième, des Concours qui seront établis et de la question bibliographique ; la quatrième, enfin, des fêtes et des concerts qui illustreront et consacreront aux yeux du public, les travaux de la docte compagnie. 

Chaque mois, il y aura une assemblée ordinaire, mais il y aura aussi des séances (réceptions) où l’on sera admis sur invitations et chaque année, une séance solennelle publique, où il sera rendu compte des travaux de l'année, où sera lu le palmarès des lauréats des divers concours littéraires que l'Académie va créer, où les meilleures pages seront lues, récitées ou chantées. 

La prochaine assemblée ordinaire aura lieu dans les premiers jours de Juin ; la première assemblée publique se tiendra en octobre ou en novembre. Il sera tenu registre de tout ce qui se fera à la société. 

Aujourd’hui que l’Académie Gasconne est constituée, il convient de dire que le gascon est une langue qui possède une littérature assez peu connue, mais riche cependant. Retrouver et fixer les ouvrages écrits en langue gasconne, inviter les jeunes à écrire poèmes, proses et chansons dans l’idiome qui fut celui de leurs pères, sera, nous l’avons dit déjà, un des buts que se propose la société. 

Il est à remarquer que le dialecte gascon qui exerça une certaine influence sur la langue française littéraire du XVIe siècle qu’illustraient alors Montaigne et du Bertas, et d’Ossat, et Monthu, et le Vert-Galant, que ce dialecte gascon s’est à peine modifié depuis cette époque et même depuis le XlVe siècle. De très savants linguistes et philologues se sont intéressés à cette langue qui à Bayonne était officielle et servait à la rédaction de tous les actes publics. Les délibérations du Corps de ville, des échevins, les arrêtés des Maires ont été colligés et forment les fameux Registres Gascons où le curieux peut trouver des renseignements nombreux et intéressants rédigés souvent dans une forme inattendue et tout à fait savoureuse. 

L'Académie Gasconne de Bayonne se proposera aussi de faire rééditer des oeuvres anciennes, elle préparera des anthologies de poètes et de prosateurs qu’on pourra lire à la maison et à l’école. Et parmi les concours en dialecte bayonnais qui seront ouverts à tous, il y en aura un réservé tout spécialement aux enfants des Ecoles. 

Les Académiciens, tous dévoués à leur Compagnie, chercheront partout les documents intéressants ; les archives familiales seront fouillées ; on s’appliquera à retrouver les souvenirs d’autrefois, vieilles enseignes de boutiques, vieilles chansons dont on ne chante plus que le refrain ; on notera les cris des rues si caractéristiques dans leur accentuation ; on discutera l’orthographe des mots, la place des accents, la valeur des muettes. 

Enfin, l’amour ardent que le Bayonnais porte à sa ville trouvera dans cette institution un aliment nouveau pour s’affirmer davantage et se développer encore.

Longue vie à l'"Académie Gasconne".

(Source : https://www.academiagascona.fr/histoire/)

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