UN RÉSEAU D'ESPIONNAGE AU PAYS BASQUE EN 1937.
La Guerre Civile Espagnole, commencée de l'autre côté des Pyrénées le 18 juillet 1936, eut des ramifications en Pays Basque Nord, avec son lot d'espionnage, de trafics d'armes et de coups tordus.
LA GRANDE FREGATE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN
PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que rapporta le journal Le Populaire, dans son édition du 8 septembre 1937, sous la
plume d'A. Lamboray :
"Un réseau d'espionnage en France.
Nous écrivions hier que nous avions de bonnes raisons de penser que von Goss, soit disant correspondant du "D. N.B." à Saint-Jean-de-Luz, en réalité chef de l'espionnage allemand en France, qui aurait dû être refoulé le 18 août dernier, se trouve encore sur notre territoire.
Nous tenons, en effet, de source digne de foi qu'il n'a pas quitté Saint-Jean-de-Luz.
PLAGE ET CASINO ST JEAN DE LUZ 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Après un silence de quelques jours, il a de nouveau téléphoné à Berlin, au "D.N.B." La première communication remonte à la nuit du 1er au 2 septembre. Dans la journée du 2, il a, comme par le passé, repris ses interminables conversations avec ses correspondants allemands.
Il se fait maintenant appeler Schemann.
Il est à-présumer que Schemann, alias von Goss continue de se livrer au même genre d'occupation, c'est-à-dire à l'espionnage.
Notons encore que von Gass a pour ami intime un individu des plus suspects : Henrique Marsans, né à Barcelone.
Il est encore en relations suivies avec un agent extrêmement actif, William Niéssen, originaire de Cologne, directeur d'une usine de bakélite à Passager, et avec un certain Jean-Fernandez Gazal, de Madrid, suspect lui aussi.
Les autres agents de von Goss sont : le Suisse, Moritz Oswold, domicilié à Rotterdam ; les Allemands Alfred Demiani et Joseph Fischer, secrétaire de légation à Salamanque ; et enfin Rolf Schemann qui fait la navette entre Salamanque et Saint-Jean-de-Luz. C'est, ce dernier qui centralise les renseignements qu'il reçoit des correspondants espagnols.
C'est lui qui prête actuellement son état civil à l'expulsé von Goss. Il y a encore un autre individu qui gravite autour de von Goss. Celui-là est Italien. Nous allons avoir l'occasion d'en parler.
STE BARBE ST JEAN DE LUZ 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
L'activité suspecte de journalistes italiens.
En décembre de l'année dernière arrivait à Saint-Jean-de-Luz un journaliste italien, correspondant de l'"Agence Stefani", il signor Eduardo Saporite.
Il n'y aurait rien à redire la contre si tout de suite, Saporite n'était pas entré en rapports avec des personnages plus que suspects, notamment avec von Gross dont il devint rapidement le collaborateur.
A quelles fins ? On s'en doute !...
Saporite s'entoura immédiatement de gens dont quelques-uns n'ont rien à voir avec le journalisme ; entre autres un certain Giovanni Garlassare et un opérateur de cinéma - "pour filmer quoi ?"- Ronato Giancalconi.
Ceux là furent flanqués de quatre journalistes italiens : Indro Montanelli qui fait la navette entre l'hôtel Britannia à Saint-Jean-de-Luz et l'Espagne ; Alberto Montenegro, Sandro Sandri et Segala Renzo, qui tous, trois passent fréquemment la frontière.
Puis apparut un nommé Danzi, directeur de la "Gazette del Populo"de Milan, ami personnel du "Duce", qui, lui, s'occupe immédiatement de la propagande par voie de presse.
Il s'aboucha avec une agence parisienne d'informations et avec un homme de lettres très connu.
L'agence devait fournir à ses clients des informations favorables à l'Italie. L'homme de lettres fut chargé d'écrire un bouquin dont les lignes maîtresses étaient tracées par le service de presse italien.
Danzi et l'écrivain à gages se rencontrèrent au début de juillet dernier à l'hôtel Miramar, à Biarritz.
Excepté Danzi, dont la mission était toute spéciale, il, apparaît que l'organisation de Saporite ne limitait pas son champ d'action aux seuls travaux de presse.
STE BARBE ST JEAN DE LUZ 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les complicités.
Maintenant, il faut dire que ces agents étrangers trouvent de singulières indulgences auprès d'une presse dite nationale ou patriote, et de précieux concours chez des fonctionnaires français, lesquels appartiennent naturellement à des organisations fascistes.
Pour ne citer qu'un exemple, il n'y a pas tellement longtemps qu'un attaché au consulat général de France à Barcelone fut arrêté par la police espagnole alors qu'il prenait une vue d'un dépôt de munitions.
Il existe en Espagne des agents consulaires, entre autres M. Rorbarch, pour ne citer que celui-là, qui se promènent avec l'insigne croix de feu.
Il il y a à Paris une officine qui se charge de faire parvenir aux fascistes espagnols résidant en Espagne républicaine, une correspondance qui échappe ainsi à la censure.
Il y a encore...
Mais que n'y a-t-il pas ?
Il serait trop long d'énumérer toutes les complicités.
VUE GENERALE ST JEAN DE LUZ 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et le but de cette enquête n'a été que de faire la preuve que les mesures déjà prises ou qui le seront contre les espions étrangers, résidant, en France sont pleinement justifiées.
Les mauvais citoyens ne sont pas du côté de ceux qui se livrent à une épuration indispensable, mais de celui des partisans aveuglés ou complices de ces espions."
"Un démenti du D.N.B.
L'Agence Havas nous communique la dépêche suivante :
Berlin, 7 Septembre. L'Agence D. N. B. communique :
"Un journal parisien accuse le correspondant du D. N. B., M. Frantz Ritter von Goss, d'espionnage et affirme que M. von Goss était grand maître de l'espionnage pendant la guerre de 1914-1918.
Jusqu'à présent, le D.N.B. n'avait pas prêté attention à de pareilles attaques, mais, devant ces accusations renouvelées, il se voit obligé de repousser catégoriquement ces inventions mensongères."
NIVELLE ET RHUNE 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire