LES OBSÈQUES DE JOSEPH CHORIBIT.
Joseph Choribit était un homme politique, né le 23 février 1875 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et décédé le 22 décembre 1921 à Paris.
Il était avocat à Bayonne en 1905, Conseiller municipal de Bayonne et député des Basses-
Pyrénées de 1919 à 1921, siégeant comme non inscrit.
Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition
du 27 décembre 1921, sous la plume de Jean Langlois :
"...Le Discours de M. le Préfet.
C'est M. le Préfet des Basses-Pyrénées qui prit le premier la parole. Il s’exprima en ces termes :
Chaque jour apporte ses tristesses et ses deuils.
Hier, à Orthez, dans un long cortège, j'ai accompagné à sa dernière demeure unes victime du Devoir ! Celui à qui je viens aujourd'hui rendre un suprême hommage s'est exposé, lui aussi, aux coups de la mort impitoyable. Quoique d’une santé chancelante, il n a jamais consenti à ménager ses forces, tant il tenait à remplir tous les devoirs que lui imposait son mandat et tant il avait le souci constant des intérêts qui lui étaient confiés. C’est par excès de scrupules et de dévouement, et faute d'avoir pris le repos qui était conseillé que M. Choribit a été frappé, encore jeune par un mal brusque et inattendu devant lequel toutes les ressources de la science sont restées impuissantes. Une amélioration qui s'était produite dans son état et que nous avions été heureux d'apprendre nous avait permis d’espérer. Cet espoir fut de courte durée. La nouvelle soudaine, que M. Choribit n'était plus, nous a tous atteints comme un coup imprévu. Et il me suffit de voir autour de moi cette foule émue, silencieuse et recueillie, pour comprendre combien a été partagée la stupeur qui a serré le coeur de tous ceux qui l’aimaient et qui le pleurent aujourd’hui.
NOUVEAUX JARDINS PUBLICS BAYONNE 1921 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il ne m’appartient pas de retracer devant vous qui l’avez mieux connu que moi la vie publique de celui qui fut votre représentant. Je suis depuis trop peu de temps dans ce département. Trois fois seulement j'ai vu M. Choribit, mais je peux dire que je fus charmé, dès notre première entrevue, par sa simplicité souriante, par son aménité, par sa bienveillance et par sa modestie. Je sais qu il fut essentiellement serviable et bon. Dans cette ville, qui lui donne un dernier et solennel témoignage d'affection, il jouissait d’une popularité de bon aloi, qui était venue sans qu’il fit rien pour la provoquer.
M. Choribit était naturellement sympathique. Il laisse derrière lui des amis et des adversaires, mais pas un seul ennemi. Peut-on faire d’un homme politique un plus bel éloge ? Il réunissait dans une harmonie parfaite, et à un degré élevé, toutes les belles qualités de ces Basques qu’il représentait si bien : un esprit vif, une grande finesse, une exquise sensibilité, un jugement sûr étayé par un infaillible bon sens, de la fierté dans le caractère, et même un peu d'indépendance. C’est ainsi que je l’ai apprécié. Mais sans doute, mesurez-vous mieux que moi l’étendue de la perte que vous faites !
Chez M. Choribit, le coeur semblait le disputer à l’intelligence. Sa bonté rayonnait, autour de lui ; elle n’a jamais été sollicitée en vain ; il ressentait une sorte de joie à se dévouer pour ceux qui avaient mis leur confiance en lui.
Il avait une haute conception de l'exercice de son mandat. Il ne voulait pas se laisser absorber par de mesquines querelles, par des luttes intestines, par des polémiques inutiles. Il voyait haut et loin. II était de ceux qui pensent avec raison qu'il faut avant tout conserver à la France cette force morale, dont, après son salut, dépend son relèvement. Il était de ceux qui n’admettent pas que la bataille des idées, si ardente soit-elle, fasse oublier qu’un programme commun de travail, de production, de reconstitution, sollicite actuellement des énergies françaises.
PONT MAYOU ET THEÂTRE BAYONNE 1921 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Jamais, m'a-t-on dit, une parole de rancune ou de haine n’est sortie de sa bouche. Qu’il fût avocat, qu’il fût président d’une Société sportive, prospère et florissante, ou qu’il fût député, toujours il se monta passionné du bien public ; il donna aux autres la plus grande partie de sa vie, et rien, même lorsque ses forces le trahissaient, ne pouvait enrayer son activité, son désir d'être utile, de servir sans cesse tous ceux qui s'adressaient à lui.
Ceux qui ont su, comme lui, vivre et agir, non pour eux mais pour tous ; ceux qui ont donné tout leur effort ; ceux qui ont compati à la peine des autres ; ceux qui ont senti leur cœur tressaillir au contact de la souffrance humaine ; ceux qui ont défendu avec sincérité et avec ardeur les causes qu’ils croyaient justes, ceux-là ont fait leur devoir d’hommes et méritent que leur souvenir vive et que leur exemple demeure.
M. Choribit ne sera donc pas oublié par ceux qui lui ont donné tant de preuves d'affection, de reconnaissance et de sympathie.
J’ai tenu à m’associer, comme Préfet du département qu’il représentait, aux regrets de ses amis et à lui apporter ici sur le chemin qui conduit à sa tombe, un dernier adieu.
RUE DU PONT NEUF BAYONNE 1921 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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