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samedi 21 janvier 2023

L'HYGIÈNE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1908

L'HYGIÈNE À BIARRITZ EN 1908.


En 1908, la commune de Biarritz compte un peu plus de 16 000 habitants et est administrée par le Maire Pierre Forsans.



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BIARRITZ 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 8 août 

1908, sous la plume du Dr Long-Savigny :



"L’Hygiène à Biarritz.


L'eau à Biarritz. — Arrosage et Balayage. Rues Publiques et Rues Privées. Le nettoiement. — Les Moustiques.


Si la partie essentielle de l’œuvre générale d’assainissement consiste dans l'évacuation des eaux usées, son complément indispensable est le nettoyage des maisons (avec enlèvement des ordures ménagères), et le nettoyage de la voie publique. 



Pour faciliter le nettoyage des maisons, le Règlement Sanitaire a prévu l’obligation d’un poste d’eau par dix pièces habitables (art. 35), ainsi que l’établissement dans chaque maison de canalisations d'eau potable desservant les différents étages, ou assurant tout au moins l’usage de cette eau à tous les locataires (art. 22). 



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BOUVIER BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



El la question se pose ici, à propos de l’alimentation d’eau, et de ses divers emplois : convient-il de desservir la ville par deux canalisations distinctes, l’une d’eau potable servant à la boisson, à la cuisine, à la toilette, etc., l’autre d’eau non potable, réservée aux gros nettoyages et arrosages, aux cabinets d’aisance, ainsi qu’aux divers usages industriels, ascenseurs, etc. ? 



Ce serait évidemment s’éloigner beaucoup du sujet d’hygiène qui nous occupe ici que de discuter cette importante question sous ses divers points de vue. Je me bornerai à en dire deux mots. 



La concession de l’exploitation du service d’eau potable date de 1890. Le cahier des charges établissant les conditions de ce contrat, attribue à la Ville, pour les besoins publics, une fourniture gratuite de 400 mètres cubes d'eau par 24 heures — 500 mètres cubes depuis que le produit brut des abonnements particuliers dépasse 25 000 fr. par an, — sans compter l'eau nécessaire à l'extinction des incendies, fournie, gratuitement, par des bouches d'incendie que l'Administration Municipale, d'accord avec la Compagnie des Eaux, a réparties en nombre très suffisant dans les divers quartiers. L'eau employée pour les services publics, en sus de la quantité fixée pour les 24 heures, est payable à raison de dix centimes pur mètre cube. Pour les particuliers, elle est fixée au prix maximum de quarante centimes. 



Or, il faut prévoir, qu’une fois exécuté le projet général d'assainissement, voté par le Conseil Municipal, toutes les maisons dans le périmètre de l'octroi, et, on peut le dire, tous les ménages, auront à user largement de chasses d'eau pour l'évacuation des matières usées. 







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BOUVIER BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



D'autre part, la Ville ne pourra se dispenser de réaliser une amélioration qui s'impose chaque jour davantage, en disposant à son gré, non seulement d'une quantité d'eau nécessaire à des arrosages quotidiens répétés des rues, promenades et jardins publics, mais encore à des irrigations fréquentes des caniveaux et égouts, de façon à empêcher la stagnation d’eaux croupissantes, à obvier à la pullulation des moustiques, à prévenir toutes mauvaises odeurs. 



Dans ces conditions, est-il préférable qu'en dehors du réseau concédé pour les eaux potables, la Ville exploite elle-même — ou admette le concessionnaire à exploiter — un réseau spécial d’eaux non potables, mais saines, destinées aux usages que je viens d'indiquer, ainsi qu'à l'arrosage des jardins, au travail des usines, au fonctionnement des ascenseurs ? 



Ou bien se bornera-t-on à demander au concessionnaire des eaux, sauf à en débattre les conditions, une quantité d’eau potable suffisante pour satisfaire à tous les besoins, ce qui, en tout état de cause, assurerait une sécurité encore plus absolue, en empêchant radicalement toute fraude ou toute confusion. 



Il est, je crois, nécessaire de poser la question. En discuter les côtés financiers ne rentre pas dans le cadre de cette étude ; l'essentiel est que soit universellement admise et reconnue cette vérité : c’est que nous n’aurons jamais trop d’eau à Biarritz, et que, tant que nous puissions en avoir, nous aurons de quoi l’employer utilement.



L’eau de source distribuée à Biarritz est de bonne qualité, et, aux diverses analyses qui en ont été faites, a toujours été reconnue exempte de tout élément pathogène. J’ai eu moi-même l’occasion d’assister, comme représentant de la Ville, au prélèvement pour l’analyse des échantillons des nouvelles nappes d’eau utilisées par le concessionnaire à l’est de la gare de la Négresse. Cette eau, isolée du sol par de nombreuses couches alternatives de gravier et d’argiles diverses, est fraîche, claire, d’un goût agréable ; l’analyse l’indiqua comme ayant un degré hydrotimétrique très faible, sans traces de matières organiques. Après avoir passé au filtre Chamberland, qui retient les parcelles argileuses qu’elle a pu entraîner, elle est d’une limpidité absolue et d’une digestibilité parfaite pour tous les estomacs. 



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BOUVIER LAC MARION BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il serait d’ailleurs à souhaiter que, par un excès de vigilance bien comprise, toutes les familles, même les plus modestes — surtout les plus modestes, car celles-là se montrent souvent moins soucieuses de la provenance de l’eau — se pourvoient d’un filtre de modèle simple et peu coûteux, suffisant pour retenir les infimes corps étrangers auxquels l’eau peut servir accidentellement de véhicule. Cette précaution serait toujours utile, surtout aux jeunes enfants qu’elle contribuerait à préserver des ascarides, assez fréquents chez les négligents qui boivent indistinctement l’eau de toutes les provenances.



J’indiquais plus haut la nécessité où se trouvera Biarritz d’user pour la voirie de plus en plus grandes quantités d'eau.



C’est que, en dehors même des périodes de sécheresse et de canicule, où l’on cherche, en entretenant une fraîche humidité, à venir à bout de la poussière et de la chaleur, la question de l’arrosage est intimement soudée à celle du balayage, — cette dernière étant d’une importance capitale pour une station comme Biarritz



Le développement chaque jour plus important de la circulation automobile rendra assurément dans l’avenir l'entretien des routes de plus en plus dispendieux aux Municipalités et à l’Etat. Pour y obvier dans une certaine mesure, la Municipalité de Biarritz, après plusieurs essais concluants pendant ces dernières années, vient de procéder au, goudronnage de toutes ses voies importantes. Ce travail, qui a été vraiment considérable, en même temps qu'il protège la chaussée contre l’usure et empêche les promeneurs d'être aveuglés, à chaque auto qui passe, par des flots de poussière, assure aussi un balayage beaucoup plus aisé. Mais ce balayage, pour être réellement efficace et hygiénique, demande absolument à être précédé d’un arrosage préalable. Sinon, nos braves balayeurs, consciencieux mais mal exercés, soulèveront à chaque coup un nuage poudreux, moins abondant peut-être, mais plus spécialement composé de débris animaux et végétaux, tels qu’on en rencontre sur le pavé de bois de Paris, et qui, tout autant que la poussière terreuse de jadis, doit être tenu à l’écart de nos bronches, de nos yeux, de notre figure, — les détritus de la chaussée n’étant pas faits pour voltiger autour des passants, et se déposer un peu plus loin, mais bien pour être ramassés en tas compacts, et brouettés à un dépôt ad hoc. Seul, un arrosage léger, agglomérant et alourdissant ces poussières, souvent semées de germes dangereux, permet de faire une besogne efficace et salubre. On ne peut s’en passer. 



Ce balayage, dont la Ville de Biarritz a jugé préférable, à juste raison, de faire un service public dans les rues qu'elle a mission d’entretenir, doit néanmoins être exécuté aussi complètement dans toutes les voies livrées à la circulation, quels qu’en soient les propriétaires. La Ville, tout en n'étant pas astreinte à se charger des voies privées, possède un droit de police incontestable sur tous les endroits où l’on est admis à pénétrer librement sans avoir à franchir de clôture. Or, le balayage est une charge qui, en principe, incombe à chaque propriétaire, au droit de son immeuble, jusqu’au milieu de la chaussée ; et il se pratique ainsi dans beaucoup de communes. Pour la facilité d'une exécution eu commun, les villes se substituent souvent aux propriétaires, mais à leurs frais (abonnement facultatif, ou abonnement d’office des propriétaires à une taxe de balayage). Quelquefois enfin, comme à Biarritz, les communes assurent aux frais du budget communal le nettoiement des voies publiques, et pour celles-là seulement elles ont le droit de le faire. Mais les voies privées, — et l’on sait combien cette question pèse sur Biarritz, — n’en restent pas moins astreintes à l’obligation du balayage, et cela, au nom de la salubrité publique.



Pour faciliter le nettoiement des rues, pour prévenir, comme nous voyons malheureusement encore dans trop de villes en France, le dépôt, le long des trottoirs, des tas d’ordures de cuisine, il faut assurer, chaque matin, l’enlèvement de ces résidus ménagers. 



Actuellement, à Biarritz, le service de nettoiement est fait par des tombereaux traînés par des bœufs, où est vidé le contenu des "poubelles", apportées de chaque maison au passage du bouvier. La dernière Municipalité avait étudié une amélioration à ce système, et il est permis d’en espérer la prochaine réalisation. Elle consiste à remplacer les tombereaux actuels, où les caisses sont déversées en plein air, pouvant semer au vent des débris de toute sorte, par des voitures à fermetures automatiques, dans les glissières desquelles s’engageraient des caisses également autoclaves, ne laissant pas communiquer leur contenu avec l’extérieur. 



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BOUVIER ET ATTELAGE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



En tenant compte de la nécessité où serait la Ville, si elle exécutait elle-même ce travail, de se débarrasser de ses gadoues, vraisemblablement en les incinérant, il reste à examiner quel système lui serait plus profitable, de la régie ou de l’entreprise.



Je tiens enfin à dire un mot des moustiques, auxquels j’ai eu l’occasion de faire allusion en parlant des chasses d’eau nécessaires dans les égouts. Il faut bien reconnaître que les égouts ne constituent pas le principal lieu d’origine de ces insectes désagréables — mais heureuse ment ici sans danger pour la propagation des fièvres intermittentes. En l’absence de bassins, d’étangs, de mares, les endroits où ces hôtes fâcheux pondent leurs oeufs et développent leurs larves, sont les fosses d’aisance, où ils ont, pour s’introduire, les tuyaux d’aération, dits d’évent, Par le même chemin, l’insecte, une fois développé, se mêle à notre vie, en pénétrant dans les chambres, où la lumière l’attire, toutes fenêtres ouvertes. 



Le procédé de destruction est donc bien simple : épandre à la surface des fosses, par le tuyau de descente, une couche d’un millimètre de pétrole (un litre par mètre carré), qui engluera les moustiques à leur sortie de la larve ; grillager de toile métallique d’un millimètre le dessus des tuyaux d’évent pour fermer l’accès de ces mêmes fosses. 



Mais, pour que cela réussît, il faudrait comprendre la solidarité, penser que chacun doit travailler dans l’intérêt commun. C'est ce que l’on répète chaque année au public, qui n’y prend pas garde, sauf à jurer ensuite contre les piqûres. Or, qu’il en soit bien sûr : le jour où tout Biarritz ferait, ensemble, dans chacune de ses fosses, la dépense d’un ou deux litres de pétrole, nous n’aurions, plus, au bout de huit jours, à enregistrer les doléances de nos hôtes et de nos concitoyens contre l’insaisissable fléau. 



Cela vaut bien la peine d’essayer !"






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