Libellés

vendredi 6 janvier 2023

LE RÉGIMENT TERRITORIAL D'INFANTERIE DE LA BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1892

LE RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LA BASSE-NAVARRE EN 1892.


Le régiment de Navarre est un régiment d'infanterie du Royaume de France, créé en 1558 sous le nom de régiment des Gardes du Roi de Navarre, est l'un des plus anciennes unités militaires.




pays basque autrefois basse-navarre armée histoire
INSIGNE REGIMENTAIRE DU 5EME R.I.





Voici ce que rapporta à ce sujet la publication bimensuelle Le Spectateur Militaire, le 15 mai 1892 :



"Le recrutement régional.



Sous le titre de recrutement régional, on entend examiner ici, non pas la loi du recrutement telle qu’elle a été rédigée le 27 juillet 1872, puis le 15 juillet 1889, afin d’assurer cette véritable expression du caractère national et démocratique de l'armée qu’on appelle avec raison le service obligatoire et personnel, mais le mode de répartition des hommes de chaque classe entre tous les corps de troupe. Ce que l’on voudrait faire voir, c’est l’ensemble des intérêts de toute sorte qui sont engagés dans cette question jusques et y compris l’hygiène de l’armée. Ainsi on veut essayer de prouver que le mode d’emploi d’un contingent et le casernement intéressent tout à la fois : 1° les ressources du budget et les économies qu’il faut et qu’on peut réaliser sans que l’instruction et la discipline militaires en souffrent ; 2° les relations de la famille et un encouragement assuré au travail national et principalement à l’agriculture, grâce à la proximité du lieu de garnison et du domicile de la famille de la plupart des militaires ; 3° le soulagement à donner à l’occupation de V assiette du casernement obtenu par une série continue de petites permissions et, par suite, l’assainissement de celui-ci pour s’opposer à l’encombrement des chambres de la troupe et par conséquent à l’éclosion, puis à la propagation épidémique des fièvres éruptions : rougeole, fièvre scarlatine, fièvre typhoïde...



Le recrutement régional, c’est-à-dire la dispersion à faible distance du lieu du domicile, en moyenne à 60 kilomètres, permet de réaliser ces diverses améliorations et de combattre les dangers d’une occupation intense et continue de l'assiette du casernement. Par conséquent, le recrutement dit national, c’est-à-dire la répartition des hommes à grande distance ne procure aucun de ces avantages et expose au contraire les hommes à l’inconvénient de l'encombrement des chambres, puisqu’il s’oppose au mouvement incessant des petites permissions.


pays basque autrefois basse-navarre armée histoire
DRAPEAU DU 1ER BATAILLON DU 5EM R.I.
DE 1793 A 1804


Et d’abord quelles sont les troupes qui peuvent être recrutées par le mode de recrutement régional ou mieux encore par la dispersion moyenne ? Ce sont d’abord et surtout celles qui entrent dans la composition normale de tout corps d’armée: 8 régiments d’infanterie dits subdivisionnaires, les 2 régiments de la brigade régionale de cavalerie, les 2 régiments de la brigade d'artillerie, l’escadron du train des équipages et les 2 sections de l’administration, les ouvriers et les infirmiers militaires, soit les deux tiers des forces de terre. Le troisième tiers ne peut pas se recruter tout à fait dans la région ; il faut faire des prélèvements sur l’ensemble du territoire ; mais on pourrait cependant restreindre de beaucoup la grande dispersion dont il est ici question, car c’est là une mesure qui s’impose. La plupart des corps ont actuellement un emplacement à peu près stable et il y a, d’une part, nécessité de conserver cette stabilité en vue de la mobilisation et, d’autre part, nul inconvénient à en agir ainsi, puisque la durée du service est réduite à trois années.



En dehors des troupes qui composent les corps d’armée, il y en a d’autres qui comprennent, par exemple, des bataillons de chasseurs à pied, la cavalerie indépendante, les régiments du génie et des pontonniers, les bataillons d’artillerie de forteresse, les corps spéciaux de l’Algérie, etc...



Les lois du recrutement et de l’organisation des corps d’armée du 27 juillet 1872 et 24 juillet 1873 ne donnent aucune prescription pour le mode de répartition des hommes appelés à l’activité. On avait admis que pour la composition des troupes normales de tout corps d’armée, un homme ne serait pas placé dans sa propre circonscription de recrutement, mais qu’il serait envoyé dans un régiment stationné dans l’une des sept autres subdivisions de la région. Ainsi un homme des arrondissements de Gex, Nantua ou Belley, quittait le sud de la chaîne du Jura pour aller au plus au nord de cette chaîne dans les régiments de Belfort ou dans ceux de la Haute-Marne. Il y avait là, à tous les points de vue, une dispersion bien suffisante. D’une manière générale, toute région comprend de quatre à cinq départements et, par conséquent, chacun de ceux-ci confine deux ou trois départements d’un ou de deux autres corps d’armée. On voit tout de suite combien il est facile, sans les éloigner en moyenne à plus de 60 kilomètres de leur domicile, de disperser les hommes dans leur région ou entre les régiments de plusieurs corps d’armée, et même par de simples échanges entre des départements qui sont contigus. De la sorte, la dispersion à faible distance qui, dans un corps d’armée, correspond à un parcours moyen de 60 kilomètres, peut encore être sensiblement réduite, tout en opérant un plus grand mélange entre les classes du recrutement. Par conséquent, le mouvement incessant des petites permissions dont le Trésor a tant besoin pour réaliser des économies et dont les familles d’agriculteurs ont également besoin trois ou quatre fois par an aux divers moments propices pour les travaux de la terre, n’en serait que plus facile et plus fréquent. Sous ce rapport et avec cette précaution, on surpasserait les bons résultats qu'on a obtenus pendant quinze années, de 1874 à 1888, avec les avantages du recrutement régional, et on assainirait le casernement au point de prévenir les maladies qui résultent de l’encombrement dans les chambrées de la troupe. 



La loi du 15 juillet 1889 ne fait nulle mention de l’obligation d’opérer de la dispersion ; son texte réserve entièrement la question. En conséquence, le ministère de la guerre demeure entièrement libre pour opérer la répartition des hommes de chaque classe. Il y a eu seulement au Sénat, avant le vote de la loi précitée et dans le courant du mois de juin 1889, un vœu émis verbalement en faveur du retour au mode de recrutement à grande dispersion, mode que de ce fait on a cru devoir appeler national, comme si le mode précédent ne l’était pas davantage. Il n’y a là qu’un préjugé, qu’une présomption fâcheuse, qu’une imputation injuste. Ce qu’on demande ici pourrait donc être remis en pratique sans qu’on ait à toucher à aucun texte de loi, ni même à aucune prescription d’une Instruction relative à l’application de la loi sur l’armée du 15 juillet 1889.



On veut examiner ici ce que sont les difficultés à résoudre, les préjugés auxquels on a obéi, les faits historiques de premier ordre qu’on a ignorés ou relégués dans l’oubli, tout le mal que l’on fait sans le savoir et tout le bien que l’on ne fait pas par indifférence et pour ne pas vouloir étudier cette question.



Recrutement régional

— Pour l’application de la loi du 24 juillet 1873, en décidant que nul ne serait placé dans sa circonscription de recrutement, mais dans l’une des sept autres subdivisions de la région pour arriver à la composition normale de tout corps d’armée, on faisait déjà une assez grande dispersion. On le prouvera en suivant l’ordre chronologique.


pays basque autrefois basse-navarre armée histoire
DRAPEAU DU 2EME BATAILLON DU 5EME R.I.
DE 1793 A 1804


L’armée en 1690

— Le capitaine pouvait enrôler toute l’année jusqu’à concurrence de son complet réglementaire, pourvu que la recrue ne fût pas du lieu de garnison ou des localités des environs, dans un rayon de deux lieues, soit de 12 à 13 kilomètres : Ceci n’excluait que le canton (Voir L'armée française en 1690, Journal des sciences militaires, juillet 1890, p. 453).



Dans son instruction sur les milices en 1785, Louis XVI rappelle que les miliciens seront commandés par les nobles de leurs pays. Cette recommandation fait voir deux choses : c’est que le noble est avant tout homme d’épée et, par conséquent, appelé de droit à la position d’officier pour en remplir les fonctions, surtout à la guerre, et que de leur côté les miliciens étaient recrutés, non "dans les sept autres subdivisions de la région", mais par subdélégations pour former des compagnies et des bataillons composés d’hommes du même pays.



Depuis plusieurs années, et surtout depuis trois ans, on publie beaucoup de Souvenirs et de Mémoires composés par les hommes qui ont été le plus attachés aux dynasties pour lesquelles ils écrivent et le plus comblés des faveurs de leurs souverains. Toutes ces révélations sur le passé sont des témoignages irrécusables ; elles constituent un dossier complet d’accusation, elles détruisent, pièce à pièce, les légendes édifiées par l’intérêt, par la flatterie et dans un but politique ; aussi n’étaient-elles destinées qu’à la famille, bien loin d’être réservées pour la publicité, comme l’avait recommandé, par exemple, le duc des Cars. Mais les petits-fils ou les petits-neveux en ont décidé autrement. Des aveux aussi complets, des renseignements aussi précis, qui du reste se corroborent tous, sont les vrais matériaux de l’histoire. Il serait puéril de vouloir les écarter ; du reste ce serait trop tard. On trouve dans ces Mémoires des faits concernant le recrutement.



... Dans sa belle étude des Origines de la France contemporaine (t. I, L’ancien régime, p. 41), M. H. Taine explique bien ce sentiment. Tout noble était de droit, de fait et par amour-propre, chasseur sur ses terres.




Le plus grand honneur qu’il pouvait faire à ses manants était de les associer à ses exercices et de les conduire à la battue, au trac, au tirer. Là, il était leur seigneur et leur chef. La chasse est une préparation à la guerre. Chef à la chasse et de droit, il l'était de même à l’armée, à la guerre et d’autant plus que ses inférieurs étaient de son pays, de ses terres et au moins de sa subdélégation. Là le recrutement régional était un lien ; car il était doublement local, pour les officiers et pour les soldats.



On vient de voir un exemple de soldats qui sont d’un même pays et qui veulent qu’il en soit de même de leurs officiers. Voici l’exemple inverse, c’est celui d’officiers qui demandent que leurs soldats soient recrutés dans une portion de province déterminée, et cela pour tous les régiments de l’armée.



... Par leur avènement au trône, puis par l’annexion au royaume des duchés de Lorraine et de Bar, les Bourbons furent amenés à se déclarer rois de France et de Navarre et ensuite à y ajouter le titre de ducs de Lorraine et de Bar. On va voir quelle influence ces faits politiques vont exercer sur la composition de l’armée.


Régiment territorial d’infanterie de la Basse-Navarre


pays basque autrefois basse-navarre armée histoire
UNIFORME ET DRAPEAU
REGIMENT DE NAVARRE 1772


— Comme souvenir d’origine de la dynastie des Bourbons, comme récompense d’anciens services rendus à cette famille et comme encouragement pour conserver et entretenir un dévouement sincère à la maison de France, la Basse-Navarre a joui au XVIIe et au XVIIIe siècle du privilège de recruter et de former elle-même sur son propre territoire un régiment entièrement identique aux régiments territoriaux actuels, avec cette différence bien naturelle à cette époque, c’est que tous les officiers étaient pris dans cette province et choisis surtout parmi les nobles. Le mestre de camp, choisi ou agréé par le roi, nommait lui-même les officiers. Ce régiment n’était soumis qu’à des revues ou à des exercices annuels de courte durée, mais en cas de guerre il eût été mobilisé et affecté à la défense de cette entrée de la France par rapport à une irruption de troupes espagnoles qui auraient franchi la Bidassoa.



Ce fait d’un régiment territorial navarrais a failli mettre aux prises deux régiments, et là on aurait apprécié la différence qu’il y a, au point de vue du devoir et du patriotisme, entre un corps recruté d’hommes du même pays et un autre composé de soldats venus de tous les points de la France, d’après le mode de recrutement dit national. A propos des conspirations de Cellamare et d’Alberoni, lorsque Philippe V d’Espagne voulait étendre la main sur la couronne de France, le jeune duc de Richelieu fut emprisonné à la Bastille, parce qu’il était accusé de vouloir livrer au ministre d’Espagne la place de Bayonne où se trouvait en garnison le régiment dont il était mestre de camp. Si le régent n’avait pas agi énergiquement pour déjouer tous ces projets tramés contre la France, la cour de Versailles aurait eu à recourir en toute hâte à l’appel aux armes du régiment territorial de la Basse-Navarre. C’est ce régiment qui aurait représenté la défense du pays et la fidélité à la dynastie, et cette organisation toute locale se trouvait on ne peut mieux placée pour parer à un grand danger et justifier sa création."



(Source : Wikipédia)



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire