LE RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LA BASSE-NAVARRE EN 1892.
Le régiment de Navarre est un régiment d'infanterie du Royaume de France, créé en 1558 sous le nom de régiment des Gardes du Roi de Navarre, est l'un des plus anciennes unités militaires.
Voici ce que rapporta à ce sujet la publication bimensuelle Le Spectateur Militaire, le 15 mai 1892 :
"Le recrutement régional.
Sous le titre de recrutement régional, on entend examiner ici, non pas la loi du recrutement telle qu’elle a été rédigée le 27 juillet 1872, puis le 15 juillet 1889, afin d’assurer cette véritable expression du caractère national et démocratique de l'armée qu’on appelle avec raison le service obligatoire et personnel, mais le mode de répartition des hommes de chaque classe entre tous les corps de troupe. Ce que l’on voudrait faire voir, c’est l’ensemble des intérêts de toute sorte qui sont engagés dans cette question jusques et y compris l’hygiène de l’armée. Ainsi on veut essayer de prouver que le mode d’emploi d’un contingent et le casernement intéressent tout à la fois : 1° les ressources du budget et les économies qu’il faut et qu’on peut réaliser sans que l’instruction et la discipline militaires en souffrent ; 2° les relations de la famille et un encouragement assuré au travail national et principalement à l’agriculture, grâce à la proximité du lieu de garnison et du domicile de la famille de la plupart des militaires ; 3° le soulagement à donner à l’occupation de V assiette du casernement obtenu par une série continue de petites permissions et, par suite, l’assainissement de celui-ci pour s’opposer à l’encombrement des chambres de la troupe et par conséquent à l’éclosion, puis à la propagation épidémique des fièvres éruptions : rougeole, fièvre scarlatine, fièvre typhoïde...
Le recrutement régional, c’est-à-dire la dispersion à faible distance du lieu du domicile, en moyenne à 60 kilomètres, permet de réaliser ces diverses améliorations et de combattre les dangers d’une occupation intense et continue de l'assiette du casernement. Par conséquent, le recrutement dit national, c’est-à-dire la répartition des hommes à grande distance ne procure aucun de ces avantages et expose au contraire les hommes à l’inconvénient de l'encombrement des chambres, puisqu’il s’oppose au mouvement incessant des petites permissions.
DRAPEAU DU 1ER BATAILLON DU 5EM R.I. DE 1793 A 1804 |
Et d’abord quelles sont les troupes qui peuvent être recrutées par le mode de recrutement régional ou mieux encore par la dispersion moyenne ? Ce sont d’abord et surtout celles qui entrent dans la composition normale de tout corps d’armée: 8 régiments d’infanterie dits subdivisionnaires, les 2 régiments de la brigade régionale de cavalerie, les 2 régiments de la brigade d'artillerie, l’escadron du train des équipages et les 2 sections de l’administration, les ouvriers et les infirmiers militaires, soit les deux tiers des forces de terre. Le troisième tiers ne peut pas se recruter tout à fait dans la région ; il faut faire des prélèvements sur l’ensemble du territoire ; mais on pourrait cependant restreindre de beaucoup la grande dispersion dont il est ici question, car c’est là une mesure qui s’impose. La plupart des corps ont actuellement un emplacement à peu près stable et il y a, d’une part, nécessité de conserver cette stabilité en vue de la mobilisation et, d’autre part, nul inconvénient à en agir ainsi, puisque la durée du service est réduite à trois années.
En dehors des troupes qui composent les corps d’armée, il y en a d’autres qui comprennent, par exemple, des bataillons de chasseurs à pied, la cavalerie indépendante, les régiments du génie et des pontonniers, les bataillons d’artillerie de forteresse, les corps spéciaux de l’Algérie, etc...
Les lois du recrutement et de l’organisation des corps d’armée du 27 juillet 1872 et 24 juillet 1873 ne donnent aucune prescription pour le mode de répartition des hommes appelés à l’activité. On avait admis que pour la composition des troupes normales de tout corps d’armée, un homme ne serait pas placé dans sa propre circonscription de recrutement, mais qu’il serait envoyé dans un régiment stationné dans l’une des sept autres subdivisions de la région. Ainsi un homme des arrondissements de Gex, Nantua ou Belley, quittait le sud de la chaîne du Jura pour aller au plus au nord de cette chaîne dans les régiments de Belfort ou dans ceux de la Haute-Marne. Il y avait là, à tous les points de vue, une dispersion bien suffisante. D’une manière générale, toute région comprend de quatre à cinq départements et, par conséquent, chacun de ceux-ci confine deux ou trois départements d’un ou de deux autres corps d’armée. On voit tout de suite combien il est facile, sans les éloigner en moyenne à plus de 60 kilomètres de leur domicile, de disperser les hommes dans leur région ou entre les régiments de plusieurs corps d’armée, et même par de simples échanges entre des départements qui sont contigus. De la sorte, la dispersion à faible distance qui, dans un corps d’armée, correspond à un parcours moyen de 60 kilomètres, peut encore être sensiblement réduite, tout en opérant un plus grand mélange entre les classes du recrutement. Par conséquent, le mouvement incessant des petites permissions dont le Trésor a tant besoin pour réaliser des économies et dont les familles d’agriculteurs ont également besoin trois ou quatre fois par an aux divers moments propices pour les travaux de la terre, n’en serait que plus facile et plus fréquent. Sous ce rapport et avec cette précaution, on surpasserait les bons résultats qu'on a obtenus pendant quinze années, de 1874 à 1888, avec les avantages du recrutement régional, et on assainirait le casernement au point de prévenir les maladies qui résultent de l’encombrement dans les chambrées de la troupe.
La loi du 15 juillet 1889 ne fait nulle mention de l’obligation d’opérer de la dispersion ; son texte réserve entièrement la question. En conséquence, le ministère de la guerre demeure entièrement libre pour opérer la répartition des hommes de chaque classe. Il y a eu seulement au Sénat, avant le vote de la loi précitée et dans le courant du mois de juin 1889, un vœu émis verbalement en faveur du retour au mode de recrutement à grande dispersion, mode que de ce fait on a cru devoir appeler national, comme si le mode précédent ne l’était pas davantage. Il n’y a là qu’un préjugé, qu’une présomption fâcheuse, qu’une imputation injuste. Ce qu’on demande ici pourrait donc être remis en pratique sans qu’on ait à toucher à aucun texte de loi, ni même à aucune prescription d’une Instruction relative à l’application de la loi sur l’armée du 15 juillet 1889.
On veut examiner ici ce que sont les difficultés à résoudre, les préjugés auxquels on a obéi, les faits historiques de premier ordre qu’on a ignorés ou relégués dans l’oubli, tout le mal que l’on fait sans le savoir et tout le bien que l’on ne fait pas par indifférence et pour ne pas vouloir étudier cette question.
Recrutement régional.
— Pour l’application de la loi du 24 juillet 1873, en décidant que nul ne serait placé dans sa circonscription de recrutement, mais dans l’une des sept autres subdivisions de la région pour arriver à la composition normale de tout corps d’armée, on faisait déjà une assez grande dispersion. On le prouvera en suivant l’ordre chronologique.
DRAPEAU DU 2EME BATAILLON DU 5EME R.I. DE 1793 A 1804 |
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