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dimanche 29 janvier 2023

WENTWORTH WEBSTER UN ANGLAIS AMOUREUX DU PAYS BASQUE AU DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE (première partie)

WENTWORTH WEBSTER AU PAYS BASQUE.


Wentworth Webster, né le 16 juin 1828 à Uxbridge, en Angleterre et mort le 2 avril 1907 à Sare, en Labourd, est un prêtre anglican, collecteur des contes traditionnels du Pays Basque, érudit de langue anglaise, française et basque.




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WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerrria, le 18 janvier 1925 :



"Basques. Extraits de l’ouvrage du Révérend Wentworth Webster.

Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque.


Le Révérend Wentworth Webster, un des plus anciens résidents anglais dans notre région, fut l’un des érudits les plus renommés de la langue basque. Il fut précepteur à Biarritz, il y a une cinquantaine d’années, puis aumônier à St-Jean-de-Luz. Ses goûts entraînèrent ensuite vers Sare où il passa le restant de sa vie, et il y mourut le 2 avril 1907.


Modeste et savant, il collabora à plusieurs revues et prit une part active au mouvement littéraire en France et en Espagne. Plusieurs livres rares furent apportés par lui à la Bibliothèque de Bayonne et il magnifia l’art, le pittoresque et les traditions euskariens avec autant d’érudition que d’amour et de conviction, par la plume et par la parole, propagandiste fervent.


Parmi ses ouvrages les plus réputés, Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque, dont nous publions une importante partie, fut accepté pour la bibliothèque du château de Windsor par S. M. le Roi Edouard VII.



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LIVRE LES LOISIRS D'UN ETRANGER DE WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le Pays Basque français et "las Provincias Vascongadas" n’ont pas les beautés grandioses des Alpes et des Pyrénées orientales et centrales. En hiver, leur climat ne saurait lutter avec celui du midi de l’Espagne, de l’Italie, de l’Algérie ou de l’Egypte et, pendant la courte durée de l’été, les touristes leur préféreront toujours les hauts plateaux de la Suisse, les mers du Nord, les "higlands" de l’Ecosse ou de la Norvège... Mais où trouver une contrée où, toute l’année, on puisse aussi doucement se laisser vivre ? Les grands froids n’y sont jamais à craindre ; jamais les chaleurs n’y deviennent insupportables. Sur les côtes, les brises du large entretiennent une fraîcheur délicieuse. Dans les terres le relief très accidenté du pays tempère l’ardeur du soleil, et ses montagnes massives lui font un abri contre les vents glacés qui balayent le plateau de Castille pendant la mauvaise saison.



Tel climat, tel pays. Il ne faut pas demander les neiges, les glaciers étincelants des Alpes, leurs précipices vertigineux plongeant à pic dans l’abîme, les cascades vaporeuses. Mais les montagnes sont juste assez hautes pour encadrer dans la plus charmante proportion les vallées qui s’étendent à leurs pieds. La mer qui brise ses vagues sur le littoral, est une des plus belles du monde. Elle n’offre pas les teintes sombres et ternes des eaux de la Manche ou du Nord, elle est claire et bleue comme le ciel qui se reflète dans ses profondeurs. Les rivières du Pays Basque, petites et presque inutiles à la navigation, ne le cèdent en rien, pour leur grâce pittoresque, à celles des autres contrées. Le voyageur qui en veut suivre les bords, souvent perdus au fond de leur vallée, loin des routes et des villages, les voit, tantôt endormant leurs eaux transparentes dans les gouffres verts et profonds, au pied de falaises verticales, tantôt rejaillissant en écume perlée sur les rochers qui s’opposent à leur passage ; elles filent comme une flèche le long d’une étroite écluse pour s’épancher ensuite doucement sur les prairies riantes et parmi les bosquets de jeunes chênes, afin d’y chercher un repos qu’elles ne connaîtront plus une fois confondues dans les flots du tumultueux Océan. C’est une terre de prédilection pour l’artiste : elle abonde en sites "bocagers" et charmants. L’architecture de ses vieilles fermes et de ses "châteaux" rustiques est d'un style plus original que partout ailleurs dans la France, les maisons ressemblent, d’assez loin, aux chalets de la Suisse, mais le plan en a l’air moins convenu. De petites murailles s’adossent à des contreforts énormes ; les toits surplombent ; rarement les deux pentes sont égales. A l’étage supérieur une large galerie est toujours ouverte au soleil. Quel contraste avec la monotonie des hameaux et des bourgs du Nord ! Une commune basque se compose en général d’habitations isolées, éparses sur le coteau. Souvent on est obligé de demander où se trouve le village, le centre de toutes ces maisons clairsemées. Il n’y a guère de contrées plus "sylvaines" que l’intérieur du beau Pays Basque ; il n’y a guère de stations maritimes plus jolies que celles qui s’échelonnent sur ses rivages, de Biarritz à Bilbao. Elles rivalisent de grâce et de beauté.



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MAISON
PAYS BASQUE D'ANTAN




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LIVRE LEGENDES BASQUES DE WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les Basques espagnols et français ne sont plus que les débris d’une nation, "un peuple qui s’en va". Les anciens auteurs nous montrent les Vascons et les Vaccoei s'étendant à l’Est et au Sud beaucoup plus loin qu’aujourd'hui. Leurs arrière-neveux n’occupent en France qu’une partie des trois arrondissements de Bayonne, de Mauléon et d’Oloron. En Espagne ils peuplent plusieurs cantons de la Navarre, tout le Guipuzcoa, la majeure partie de la Viscaye et le Nord d’Alava ; ces trois dernières provinces, les provinces Vascongades ont été depuis longtemps réunies à la monarchie espagnole, mais avec une langue, une administration intérieure, des moeurs bien différentes. En France, la ligne de démarcation entre ceux qui parlent l’euskara et le béarnais est encore bien tranchée. On signale telle maison comme étant depuis des siècles la borne où s'arrête l’idiome des Escualdun. Il n existe guère de zone intermédiaire où les deux langues s'emploient indifféremment, ou par une partie seulement des gens du pays.



Il n'en est plus ainsi en Espagne. Une large bande frontière existe où l'un et l’autre idiome sont également usités. Sur certains points avancés où le Basque régnait seul, il y a cinquante ans, personne ne le comprendrait aujourd’hui. De ce côté des Pyrénées, la génération actuelle verra s’accomplir le même changement ; tous les enfants apprennent le français à l'école, et il est maintenant très rare de parcourir un village, fût-ce des plus éloignés, sans y trouver quelqu’un qui puisse vous répondre. Ici, les passions politiques ne sont pas intéressées à conserver la langue euskarienne : elle disparaîtra du sol encore plus vite qu’au delà des monts. Les habitants de la Soule et du Labourd aiment le basque comme leur "parler" naturel ; il y a des nuances que le Français ne saurait rendre.



Partout où ils règnent, ils se savent en famille : c’est une langue à eux que l’étranger ne comprend pas. Mais ces raisons de sentiments ne tiendront guère devant les exigences de l’administration, les nécessités d’un commerce plus facile avec les populations avoisinantes et les besoins matériels de la vie actuelle. 


(A suivre).



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