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samedi 27 décembre 2025

LES SAUTS BASQUES ET LES VIEILLES DANSES DU LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième et dernière partie)

 

LES SAUTS BASQUES ET LES VIEILLES DANSES DU LABOURD.



Les sauts basques (ou Mutxikoak) existent depuis des centaines d'années au Pays Basque.



pays basque autrefois danses sauts
SAUTS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Dassance dans le Bulletin du Musée Basque N° 1-2 de 1927 :



"Les sauts Basques et les vieilles danses Labourdines.



... En revanche, on y exécutait d'autres belles variantes tels les "Churiñoak " dont la musique n'a pas été, je crois, recueillie et qui étaient très populaires, ainsi qu'une foule de "suites" ou de sujets variant avec les villages dont ils portaient les noms "Azkaindarrak", "Kamboarrak", etc..., ou bien suivant la fantaisie et l'inspiration du ménétrier ou du tambourinaire.



Toutes ces danses s'exécutaient bien entendu lors des fêtes locales ; mais en dehors de ces trois ou quatre jours dans l'année, il n'était pas rare que dans les villages et même dans les quartiers il y eût une musique rustique et sommaire, "soinuia", tous les dimanches, sauf pendant l'Avent et le Carême ; de telle sorte que les jeunes gens avaient de fréquentes occasions de s'exercer au contact de leurs ainés plus expérimentés. Quand il y avait bal public, il était de règle que la musique fît alterner quelques sauts avec une série de trois ou quatre quadrilles ou contre-danses.



En dehors de ces fêtes locales et des bals publics pour lesquels les danseurs de sauts basques n'ont pas de costume spécial, il est d'usage en Labourd, pendant l'époque du Carnaval et les dimanches précédents, qu'un groupe de jeunes gens revête des costumes dont la tradition doit être bien ancienne et forme un cortège qui se rend à la ville voisine pour égayer de ses entrechats les curieux Bayonnais.



Cet usage remonte fort loin et il nous souvient avoir lu qu'à plusieurs reprises, au temps jadis, les Bayonnais firent appel aux danseurs Basques des environs pour donner un attrait de plus aux fêtes organisées lors de la visite de quelque personnage important.



Quoiqu'il en soit, voici qu'elle était, il y a une quarantaine d'années, la composition d'un de ces groupes Labourdins de danseurs du Carnaval.



En tête venaient :

Quatre "besta-gorri" (vestes rouges) : leur costume était le suivant : Pantalons blancs et sandales blanches décorés de rubans et de petits grelots ; veste courte de couleur écarlate souvent ornée de brandebourgs et de grelots ; béret rouge garni de rubans et de fleurs artificielles en métal doré. Leur visage était souvent recouvert d'un masque rouge et leur attribut consistait en une sorte de sabre de bois blanc.



Venaient ensuite :

Quatre "Kachkarot" habillés comme ceux de nos jours : chemise blanche soigneusement lissée et empesée ; pantalons blancs, sandales blanches et béret rouge ornés comme ceux des "besta-gorri". N'oublions pas les bretelles brodées ni la ceinture de soie rouge ou grenat et enfin les chaînes d'or et bijoux de valeur qui leur étaient confiés par les "Etcheko-andere" et jeunes filles du voisinage pour rehausser l'éclat de leur costume. Leur visage était toujours découvert et leur attribut une baguette enrubannée.



Puis :

Quatre "Marika" ou "Kotilun gorri" — littéralement : jupons rouges. Ces personnages étaient ainsi nommés à cause de leur costume dont l'une des caractéristiques était le jupon de laine rouge que les basquaises portaient autrefois communément. Ils étaient choisis parmi les plus solides gaillards à cause de leur fonction qui était de faire la police et d'amuser tout en faisant peur aux femmes et aux enfants.



Leur coiffure était faite d'une sorte de casque pyramidal très haut portant un petit miroir sur le devant et décoré de rubans et de fleurs métalliques. Le reste de leur costume bizarre consistait en un tricot de laine blanc un peu crème, un châle ancien tombant en pointe dans le dos, le jupon de laine rouge décoré dans le bas d'une large bande de velours noir et descendant jusqu'aux chevilles, des bas blancs et des sandales blanches. Autour de leurs reins une ceinture de cuir à laquelle étaient accrochées de multiples sonnailles de vaches.



Les "Marika" étaient toujours masqués et leur attribut consistait en une queue de vache fixée au bout d'un manche de balai et dont ils se servaient en guise de fouet. 



Le cortège était fermé par les musiciens précédés d'un couple, "Jaun-andereak" (le Monsieur et la Dame), habillés de façon aussi cossue que possible : Redingote et haut de forme d'une part, superbes atours de l'autre. La dame bien entendu n'était autre chose qu'un jeune garçon choisi parmi les plus minces et de visage délicat. Le couple suivait gravement les danseurs, s'arrêtait pour les admirer, puis souvent, au moment de la quête, la "dame" lançait une œillade incendiaire à quelque gentil "besta-gorri" où même à quelqu'un de l'assistance qui faisait aussitôt mine de l'enlever. Ce manège excitait immanquablement la colère du "Monsieur" qui brandissait sa canne pendant que la foule se moquait de lui. Mais les "Marika" survenaient aussitôt et, à grands coups de leurs fouets rustiques, remettaient tout en ordre frappant indistinctement le ravisseur, sa proie, le pauvre "Monsieur" ou même les spectateurs qui s'attardaient à les contempler.



Nous sommes heureux de donner ici la reproduction du tableau si pittoresque et exact de notre distingué compatriote le peintre A. Casaubon ; il nous montre un cortège de Carnaval dans une de ses fonctions essentielles, dansant la "Maska Dantza", avec ses deux ou trois figures, devant une maison cossue. Le propriétaire, l'Etcheko-jaun, qui se souvient de son jeune temps, offre de quoi boire aux danseurs qui sans doute le remercieront par le traditionnel et bruyant "tope".



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TABLEAU MASKA DANTZA A USTARITZ 1926
DU PEINTRE A. CASAUBON



Le cortège représenté appartient à une époque de transition entre ceux que nous avons décrits et ceux que l'on voit de nos jours ; d'où quelques menues différences : en tête marche le "bandedari" ou porte-drapeau, d'introduction relativement récente ; les kachkarots précèdent les "besta-gorri" au lieu de les suivre ; enfin deux des "marika" sont remplacés par des personnages également récents appelés "pumpierak", les pompiers (sic), et qui ne tinrent dans ces manifestations qu'une place éphémère.



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SAUTS BASQUES ET JOUEURS DE FLUTE
DESSIN JACQUE LE TANNEUR


La composition des cortèges de Carnaval que l'on voit aujourd'hui n'est plus la même et les danseurs adoptent en général uniformément l'élégante tenue du "Kachkarot" ; ils sont alors précédés du "banderari" ou porte-drapeau, d'habitude le meilleur danseur du groupe.



Cependant en 1921 et 1922, nous avons vu encore à Ustaritz des cortèges suivant l'ancienne mode et comportant des "besta-gorri" et des "manka". Mais il est à craindre que ces personnages ne deviennent de plus en plus rares ne serait-ce que parce que l'on ne trouve plus de jupons rouges — ils venaient autrefois d'Espagne — que la mode actuelle a sans doute bannis de la garde-robe de nos basquaises.



pays basque autrefois danses sauts
DANSES CARNAVAL ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et c'est dommage, car les cortèges étaient ainsi plus variés et plus originaux. Miss V. Alford qui tout récemment conduisait le groupe de danseurs Anglais que l'on a justement applaudis au Musée Basque, nous disait que les "Marika" en particulier ne seraient pas sans analogie avec certains figurants des vieilles danses Anglaises. Quoiqu'il en soit, il semble que leur costume soit une très vieille tradition que nous devrions nous efforcer de conserver ; peut-être ces modestes lignes, tout en fixant quelques détails de l'organisation des cortèges, inspireront-elles aux jeunes gens de notre pays le désir de remettre en honneur les costumes traditionnels de nos Carnavals d'autrefois."




(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France et https://www.eke.eus/fr/)







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