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mercredi 10 décembre 2025

LE CONGRÈS DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1905 (quatrième partie)

 

LE CONGRÈS DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT À BIARRITZ EN 1905.


La Ligue de l'enseignement est un mouvement laïque d'éducation populaire né en 1852.



ligue enseignement public laïque biarritz 1905 pays basque
DIPLÔME DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT 1905



Elle a été créée pour promouvoir l'accès à l'éducation et à la culture pour tous, en réponse aux lacunes de l'éducation formelle.



En 1866, elle a commencé à organiser des activités éducatives, culturelles et sportives à travers ses fédérations départementales.



En 1886, la Ligue regroupait près de 1 200 Sociétés et s'est engagée dans des thématiques que l'école ne couvrait pas, comme l'enseignement professionnel et l'éducation physique.



Son histoire est marquée par un engagement constant pour l'accès au savoir dans une République laïque et démocratique.



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MEDAILLE LIGUE ENSEIGNEMENT 1881


ligue enseignement public laïque biarritz 1905 pays basque
VERSO MEDAILLE LIGUE ENSEIGNEMENT 1881



Voici ce que rapporta à ce sujet la Correspondance hebdomadaire / Ligue française de 

l'enseignement, le 5 novembre 1905 :



"Le Congrès de Biarritz.


Ce Congrès a été un véritable enchantement, telle est l'impression générale qui s'en dégage. Tout a concouru à la réussite et à l'harmonie de cette manifestation : l'empressement des délégués, l'organisation sociale qui ne laissa rien à désirer, le décor du site, le concours des éléments eux-mêmes. Tous ceux de nos amis qui eurent la bonne fortune de venir à Biarritz emportent au fond du coeur un souvenir impérissable de leur séjour.



Le samedi 28 octobre.


Le samedi 28 octobre, a eu lieu, à 9 h. 1/2 du soir, à l'hôtel de ville de Biarritz, une séance mixte du Conseil général et du Comité biarrot d'organisation pour arrêter les dernières dispositions en vue du Congrès, sous la présidence de M. Ferdinand Buisson.



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FERDINAND BUISSON VERS 1930



Le Conseil admet d'abord les nouvelles Sociétés inscrites à la Ligue depuis la dernière séance.


Il désigne ensuite les présidents et secrétaires provisoires des Commissions.

Première Commission (propagande), président : M. Ferdinand Dreyfus ; secrétaire : M. Braibant.

Deuxième Commission (de la neutralité dans l'enseignement primaire), président : M. Adrien Duvand ; secrétaire : M. Barbey.

Troisième Commission, président : M. Bourguignon, secrétaire : M. Roton.


La séance est levée, après échange de vues sur certains points du programme et après des allocutions de M., maire de Biarritz, et de M. Ferdinand Buisson, à 11 h. du soir.




Le dimanche 29 octobre.


A 8 h. 1/2 du matin, les congressistes qui sont arrivés nombreux depuis la veille, et surtout par les trains de nuit, commencent à entrer au Casino Bellevue où fonctionne le secrétariat et où doivent avoir lieu les séances de Commissions.


Dès leur entrée, ils poussent une exclamation. C'est un émerveillement. Le Casino a été transformé, grâce à la Société d'acclimatation du golfe de Gascogne, en un parterre féérique : chrysanthèmes aux tons de pourpre et d'or, lilas, roses, orchidées unissent leur gammes pour le ravissement des yeux.


Les congressistes, après avoir fait viser leurs cartes et pris les documents du Congrès, se répartissent dans les trois Commissions.


Les bureaux provisoires sont maintenus, sauf à la troisième Commission où, sur la proposition de M. Bourguignon. Mme Kergomard est nommée présidente.


La discussion sur les voeux joints aux rapports préalables commence aussitôt et se prolongera jusqu'à midi, heure à laquelle on va déjeuner.



La première séance plénière.


Celle-ci a eu lieu à 2 h. au théâtre du Casino municipal, sous la présidence de M. Forsans, maire de Biarritz.


Autour de lui prennent place MM. Ferdinand Buisson, président de la Ligue ; le général d'Armagnac, commandant la place de Bayonne ; Gibert, préfet des Basses-Pyrénées ; Gazin, inspecteur d'académie ; Adrien Duvand, Edouard Petit, Dessoye, vice-présidents de la Ligue ; Léon Robelin, secrétaire général ; Viguerie, sous-préfet de Bayonne ; Barthou, président du Conseil général des Basses-Pyrénées ; Ferdinand-Dreyfus, Bourguignon, Gillot, Sardou, Lucien Le Foyer, Bonnin, Cabouat, membres du Conseil général de la Ligue ; Mmes Kergomard, Ferdinand-Dreyfus, Muratet, Driessens, membres du Comité des Dames ; MM. Blocq, Rocheron, Roton, Wickham, Barès, Driessens, membres du Comité du Cercle parisien ; Hum-Sentouré, secrétire général du Comité biarrot d'organisation ; Long-Savigny et Cassiau, adjoints au maire de Biarritz ; Augey, Hargouet, Lartigue, Ronnan, Lafitte, Lacour, Léonard, Pierson, Fournier, Gallard, Larrebat, Mazon, Chapouillé, Labourdieux, Dalbarade, Tétard, Guttierez, Gibrac, Petit, conseillers municipaux ; Arrivetz, inspecteur primaire, etc.


Plus de 800 congressistes se pressent dans la salle.


Après la Marseillaise, exécutée par l'Harmonie municipale, M. Forsans prend la parole et prononce une allocution applaudie chaleureusement.


M. Buisson lui répond. Il propose tout d'abord d'envoyer à M. Emile Loubet, président d'honneur de la Ligue, le télégramme suivant :


A l'ouverture des travaux de son XXVe Congrès national, la Ligue française de l'Enseignement offre à son président d'honneur l'hommage de son respectueux dévouement et lui envoie le témoignage d'unanime sympathie de 3 540 sociétés de la Fédération.


Cette proposition est acclamée.


M. Buisson remercie ensuite le maire et la municipalité, dont l'accueil si cordial ajoute encore au cadre merveilleux de ce pays enchanteur.


"Vous résisterez, dit-il aux séductions de l'extérieur, pour accomplir la tâche qui vous amène ici : l'étude des problèmes scolaires et sociaux. La Ligue va porter chaque année la bonne parole dans un coin du pays de France, et partout elle rencontre le même accueil empressé, ce qui affirme combien les questions de morale sociale intéressent chacun ; elle dit à tous, instituteurs, ouvriers, cultivateurs : "Vous êtes un citoyen, venez avec nous ; vous avez le droit de tracer un programme de réformes pour la République et pour l'éducation des électeur de demain."


M. Léon Robelin, secrétaire général, expose ensuite le rapport général des travaux de la Ligue depuis le Congrès d'Amiens.


"Après une année si laborieuse, a-t-il dit, il était naturel que la Ligue vint tenir son XXVe Congrès national sur la Côte d'Emeraude, pour y prendre, au souffle vivifiant du large et au contact de nos chauds et bons amis du Sud-Ouest, une nouvelle provision de santé et de forces."


La séance se termina sur une communication très documentée de M. Edouard Petit, sur les Patronages laïques.


"En résumé, a-t-il conclu, il faut fortifier, étendre les Patronages, les accommoder aux besoins de la population ouvrière, surtout se hâter pour ne pas se laisser devancer.


Il ne s'agit pas, tous les quatre ans, de fonder des Comités électoraux qui passent avec les consultations du suffrage universel et qui ont pour mission de défendre, de sauver la République. C'est une oeuvre à toujours, à sans cesse reprendre, à étendre avec une inlassable patience. Elle prépare les générations de demain aux idées démocratiques. Elle les forme à la vie civique. Elle mérite qu'on s'y dévoue, car tant elle vaudra, tant vaudra l'avenir de la cité républicaine."


A 4 heures, cette séance prend fin et les congressistes, gâtés par un temps absolument exquis, se répandent sur la plage et vont admirer les points de vue pittoresques de la côte.



ligue enseignement public laïque biarritz 1905 pays basque
ENTREE CÔTE DES BASQUES BIARRITZ 1905
PAYS BASQUE D'ANTAN

La soirée.


Après un dîner offert par la municipalité, à l'hôtel d'Angleterre, au Conseil général de la Ligue, une réception des congressistes a eu lieu, à 9 heures du soir, au Casino municipal, M. Forsans, maire de Biarritz, souhaite la bienvenue cordiale à tous ses hôtes, et M. Ferdinand Buisson, au nom des ligueurs présents, remercie M. Forsans et la municipalité de l'accueil si cordial qui nous est fait. L'orchestre du Casino a joué au cours de la réception qui dura jusqu'à 11 heures.


ligue enseignement public laïque biarritz 1905 pays basque
HÔTEL D'ANGLETERRE BIARRITZ 1902
PAYS BASQUE D'ANTAN





Lundi 30 octobre.


Ce fut une journée de travail.


De 8 h. 1/2 du matin à midi, les Commissions fonctionnèrent et terminèrent leurs discussions.


A 2 heures, la deuxième séance plénière s'ouvrit au Casino Bellevue, sous la présidence de M. Ferdinand Buisson.


M. Maurice Braibant rapporte les voeux de la première Commission qui furent adoptés après quelques observations.


M. Dessoye rapporte le voeu de la deuxième Commission.


Ce voeu, qui émanait du Conseil général, a été adopté après une brillante joute oratoire à laquelle prennent part MM. Barthou, Ferdinand-Dreyfus, Lucien Le Foyer, Dessoye, Théry, Bidard, Pécaut, etc.


Il est ainsi conçu :

Le Congrès :

"Considérant que, d'après les lois scolaires de la République, l'école primaire ne se borne pas à distribuer l'enseignement élémentaire, mais qu'elle est, de plus, un établissement d'éducation nationale qui doit exercer sur les enfants du pays l'action la plus propre à en faire des citoyens libres, conscients de leurs droits et de leurs devoirs ;


Emet les voeux suivants :

"1° Que la neutralité de l'école primaire soit nettement définie par les lois et règlements ;

Que cette neutralité, motivée à la fois par le respect de l'autorité des parents et par le jeune âge des élèves, soit limitée à cette prescription : l'école doit rester étrangère aux questions confessionnelles et aux débats de la politique active.


2° Que l'instituteur, s'inspirant des principes de 1789 et appliquant la méthode rationnelle, se donne pour tâche essentielle de développer :

(a) Dans l'éducation intellectuelle, le respect et l'amour de la vérité, la réflexion personnelle, les habitudes de libre examen en même temps que l'esprit de tolérance ;

(b) Dans l'éducation morale, le sentiment du droit et de la dignité de la personne humaine, la conscience de la responsabilité individuelle en même temps que le sentiment de la justice et de la solidarité sociales ;

(c) Dans l'éducation civique, l'attachement au régime démocratique et à la République qui en est la forme supérieure et, tout d'abord, parce qu'il prime forcément tous les autres, l'attachement à la patrie, avec la résolution d'accepter virilement toutes les charges civiques et militaires que sa défense nécessite, sans renoncer à l'effort vers la fraternité des peuples ;


3° Que, en dehors de ses fonctions, tout maître jouisse de la plénitude des droits de citoyen, sous la seule réserve de garder dans ses paroles et dans ses actes la mesure que lui impose sa mission d'éducateur national ;


4° Que les programmes soient révisés et les livres scolaires examinés en vue d'une conformité plus complète aux dispositions de la loi du 28 mars 1882 relatives à la laïcité de l'enseignement primaire."


Deux très intéressantes communications sont présentées, l'une par M. Emile Laparra, sur le rôle des Cercles de la Ligue, et l'autre par M. Rocheron, sur l'enseignement professionnel à la caserne.


Le secrétaire général proclame ensuite le résultat du scrutin, ouvert de 2 à 3 heures, pour le renouvellement du tiers sortant du Conseil général.


Sont élus, avec un chiffre de voix qui varie de 494 à 480 voix : MM. Barthou, Bascou, Bordier, Bourguignon, Buisson, Crouzet, Dron, Fernand Faure, Flammarion, Gillot, Goudchaux, Guieysse, Raveaud, Ricard, Schrader, Seignette.


Au cours de cette séance qui se termine à 4 h. 1/2, M. Buisson donne lecture de télégrammes de M. Bienvenu Martin, ministre de l'instruction publique, assurant les congressistes de sa sympathie et disant qu'il sera heureux de la leur exprimer mercredi de vive voix ; de M. Etienne Jacquin, ancien président de la Ligue ; de Mme Jules Ferry, présidente du Comité des Dames ; de M. Emmanuel Vauchez, ancien secrétaire général ; de M. Cavé, fondateur de la Mutualité scolaire.


Les congressistes, au sortir de cette réunion, vont admirer l'une des plus fortes marées de l'année qui, favorisée par le vent du sud, fut vraiment terrifiante. Des vagues de la hauteur d'une maison déferlaient sur les rochers. Qu'on ajoute à ce spectacle celui d'un coucher prestigieux de soleil, et l'on se rendra compte de l'impression saisissante qu'emportèrent nos amis.



La soirée.


Le Conseil général offrait, à l'hôtel d'Angleterre, un dîner au Conseil municipal de Biarritz et à un certain nombre de personnalités de Bayonne, du département et de la région.


A 9 heures, les Amicales de Biarritz invitèrent les congressistes à une soirée au Casino municipal. Le programme fut très bien composé et souleva les bravos de tous les assistants.



Le mardi 31 octobre.


Les Commissions ayant terminé leurs travaux, la matinée fut libre et fut employée par les congressistes à visiter Biarritz et ses environs.


A une heure tout le monde était exact à la gare du B.-A.-B. pour prendre le train spécial qui devait conduire à Bayonne où l'on arrivait un quart d'heure plus tard.




ligue enseignement public laïque biarritz 1905 pays basque
GARE B.A.B. BIARRITZ
PAYS BASSQUE D'ANTAN



Le temps est radieux. A la gare, de nombreux ligueurs de Bayonne attendent les congressistes. Des salves de bombes sont tirées de minute en minute en leur honneur.


Les membres du Conseil général sont reçus à l'hôtel de ville par M. Pouzac, maire de Bayonne, entouré de son Conseil municipal.


A 1 h. 3/4 la séance plénière s'ouvre au théâtre devant un public de plus de douze cents délégués. On est déjà quatre cents de plus que dimanche. Demain on atteindra quinze cents.


M. Pouzac prononce une allocution empreinte d'une grande affabilité. M. Ferdinand Buisson lui répond, puis les travaux du Congrès continuent..."



A suivre...



(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)









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