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vendredi 22 mars 2024

LE DÉCÈS DU CAPITAINE MAZON À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MARS 1910

LE DÉCÈS DU CAPITAINE MAZON À BIARRITZ EN 1910.


François Mazon, né le 10 février 1841, à Biarritz (Basses-Pyrénées) et mort le 16 mars 1910, à Biarritz (Basses-Pyrénées) est un marin, conseiller Municipal de Biarritz.




pays basque autrefois parc biarritz
CAPITAINE FRANCOIS MAZON
BIARRITZ D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luzle 20 mars 1910 :



"Le Capitaine Mazon.



Le Capitaine Mazon, une des physionomies les plus connues et les plus sympathiques de Biarritz, est décédé subitement, mercredi soir. 



Il avait passé la plus grande partie de la journée en promenade, faisant visiter nos plages à des amis du lointain ; il avait fait à la mairie une assez longue station. Comme d'habitude, après dîner, son ami, M. Clerch, était venu le voir et avait fait avec lui la partie traditionnelle ; à dix heures et demie, le capitaine Mazon accompagnait jusqu'à la porte son ami et partenaire et lui serrait cordialement la main ; mais, M. Clerch avait fait à peine une centaine de pas, qu’il était rejoint, par une personne de l'entourage de M. Mazon. 



Celui-ci, rentrant dans sa salle à manger, s'était subitement affaissé et ne donnait plus signe de vie.



Quand M. Clerch, accompagné du docteur Augey arrivèrent peu de minutes après, ils ne purent que constater l'inanité de tous les secours : la mort avait été subite et instantanée. 



La nouvelle se répandit rapidement, causant partout une très réelle émotion et, ce matin samedi, un concours immense de population assistait aux obsèques de notre brave concitoyen. 



Nous ne pouvons mieux faire, pour rendre au capitaine Mazon l'hommage qui lui est dû, pour retracer sa carrière, pour évoquer ses mérites, que de reproduire in-extenso le discours si substantiel en sa simplicité et en son éloquence, que M. Forsans, sénateur-maire de Biarritz, a prononcé sur sa tombe : 


"Mesdames, Messieurs, Mes chers Concitoyens, 


C'est avec une vive émotion que nous avons appris la fin si brusque et si inattendue de l’excellent ami sur qui va se fermer cette tombe, du brave citoyen dont la carrière si bien remplie mérite d’être donnée en exemple. 



Le plus bel éloge qui se puisse faire d’un homme tel que François Mazon, c’est d’évoquer les étapes de sa vie et de laisser les faits eux-mêmes, brièvement exposés, parler avec une éloquence supérieure à toutes les rhétoriques. 



François Mazon, ce digne continuateur des grands marins biarrots des époques héroïques, était, lui aussi, par toute sa filiation, par ses parents et ses amis, ses affections et ses sentiments, un vrai biarrot, qui sut, par son intelligence, son caractère, son activité, faire honneur à la petite et aussi à la grande Patrie. 



Né à Biarritz, le 10 février 1841, il s'embarquait à Bayonne, comme mousse, avant d’avoir atteint sa dixième année. Il n'avait que douze ans quand, en Mai 1853, il allait à la pêche sur le "Biarrot", que commandait un de nos célèbres concitoyens, le capitaine Lavernis, dont le nom a été donné récemment à une de nos rues. Quelques années plus tard, on le retrouve sur des navires de grande pêche, le "Pernambuco", le "Comte Roger" sous les ordres d’un autre Biarrot, marin de grande valeur, le capitaine Pugibet. 



Déjà le jeune Mazon se signalait par son endurance et sa bravoure et Pugibet, sentant en lui l’étoffe d’un marin d’élite, en faisait un novice, puis un matelot, l'aidant de ses conseils et de son expérience et lui prodiguant les plus grandes marques de confiance. C’est ainsi que Pugibet, prenant en 1859 le commandement de la "Ville de Boulogne", choisit, pour lieutenant et pour second, François Mazon qui n’avait pas encore 19 ans. 



Après ses trois années de service dans la marine de l’Etat, le Lieutenant Mazon reprit aussitôt du service dans la marine marchande et il commandait en second le "Victoria", du Havre, quand ce navire fit naufrage sur les côtes du Brésil le 19 Janvier 1864. 



L’équipage fut rapatrié et notre compatriote, revenu près des siens, partagea son temps entre les joies de la famille et les études opiniâtres. 



Il suivit assidûment les cours de l’Ecole d'Hydrographie alors florissante à Saint-Jean-de-Luz et, à vingt-quatre ans, il enlevait à force de travail, son brevet de capitaine au long cours. 



Ce fut alors, sur toutes les mers et sous toutes les latitudes, une suite ininterrompue de voyages où le capitaine Mazon, un des plus estimés de la Compagnie des Chargeurs Réunis, du Havre, sut faire preuve, en maintes occasions, de ses qualités d’endurance, de sang-froid et d’intrépidité, d’une expérience toujours accrue par l’observation et par l'étude, d'une conscience inflexible, d’une sûreté magistrale. Il avait su mériter à la fois la haute estime de ses chefs, la confiance et la sympathie de ses subordonnés. 



Et quand, regretté de tous, il quitta le service actif, en 1886, il comptait ces magnifiques états de services : 38 mois à l'Etat, 34 mois à la petite pêche, 265 mois au commerce. 



Ce n'est pas tout. Peu de temps après que le capitaine Mazon eût manifesté son désir de se retirer du service actif, la Compagnie des Chargeurs Réunis lui offrit et lui fit accepter un poste de confiance, celui d'agent général à Rio-de-Janeiro, et là encore, il sut s’acquitter de sa mission avec un zèle et un mérite au-dessus de tout éloge. Nul n’était plus serviable que lui et tous ceux qui ont passé dans la capitale du Brésil savent la réputation enviable qu'il s’y était conquise. Le Consul Général de France, M. Pichon, aujourd’hui Ministre des Affaires Etrangères, rendait justice à notre concitoyen en des lettres que je relisais, il y a peu de temps, avec émotion et fierté. On se rappelle encore, là-bas, du grand rôle joué par notre ami regretté au cours des évènements qui suivirent la chute de Don Pedro et la grande part qu’il prit à l’organisation du sauvetage au cours d’un terrible désastre maritime. 



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STEPHEN PICHON
MINISTRE AFFAIRES ETRANGERES
D'OCTOBRE 1906 A MARS 1911



Tel fut le marin, l'homme d'action qui sut parvenir par son travail, sa persévérance et sa valeur personnelle à remplir une brillante et noble destinée. 



Pour toutes ses qualités, si rares, il était ici, comme partout, estimé de tous ceux qui avaient l'avantage de pénétrer dans son intimité. Ils l'aimaient davantage encore pour les qualités de son cœur, pour la touchante sollicitude avec laquelle, en toute occasion, il venait, ne fut-ce que pendant quelques heures, prodiguer ses caresses à sa mère vénérée et son affectueux dévouement à tous ceux qui lui étaient chers. 



Jamais il n’oublia ce coin de terre privilégié où il était né et auquel se rattachaient tous ses souvenirs de jeunesse, tous les liens du sentiment. Et c'est ici qu’il avait résolu de venir jouir d'un repos si vaillamment gagné. 



Mais l'inactivité ne pouvait pas convenir à un tel tempérament. Et s’il fallut faire violence à sa modestie pour lui faire accepter un mandat de confiance, du moins, lorsque ses concitoyens l’envoyèrent siéger au Conseil Municipal, en 1900, en 1904, en 1908, avec un nombre de voix toujours plus important, se montra-t-il un des plus dévoués collaborateurs à la prospérité commune. 



Pendant dix années, François Mazon prodigua pour le bien public son dévouement et son esprit d'initiative, s’occupant surtout, avec une touchante sollicitude, des œuvres de mer, de nos bains, de nos marins, de notre organisation de sauvetage, nous apportant en mainte occasion les conseils éclairés de son expérience et de ses observations, et remplissant avec tact et simplicité les fonctions de doyen d'âge de notre assemblée. Il n'y a pas huit jours il siégeait encore parmi nous, au Conseil Municipal, et, tandis qu’il nous donnait lecture des rapports dont il était chargé, tandis qu’il prenait une part si active à nos travaux, nous ne pouvions nous douter que ce cher collaborateur nous serait si tôt enlevé. 



D’autres liens, d'ailleurs nous attachaient encore à lui : l’ardeur et la sincérité de sa foi républicaine, sa franchise à toute épreuve, son dévouement à l’idéal laïque et démocratique que nous poursuivions en commun et pour lequel il combattait à nos côtés avec sa vaillance accoutumée, surtout son invincible attachement, fait d'amour et d’enthousiasme, pour notre cher Biarritz



François Mazon fut de ceux qui, élevant leurs âmes et leurs intelligences au-dessus des égoïsmes et des intérêts immédiats, savent se consacrer à une œuvre grande et désintéressée. Il était de ceux qui rêvaient, qui voulaient un Biarritz toujours plus beau, plus heureux, plus prospère et nous savions que son désir était de devenir un des bienfaiteurs de la cité. 



C’est au nom de cette cité, reconnaissante à son généreux fils, et fière de lui, que j’adresse un suprême adieu au Capitaine François Mazon. 



Son nom ne périra pas. Il restera ineffaçablement gravé dans nos cœurs et dans le souvenir de toute notre population, comme celui d’un concitoyen d’élite qui sut mériter l’universelle estime et l’universelle sympathie. 



Le discours du Maire, prononcé d’une voix vibrante et au milieu d’un silence religieux, fit sur tous une profonde impression et arracha des larmes à plus d’un des assistants, et notamment à quelques-uns de ces vieux marins biarrots qui avaient su apprécier plus particulièrement les qualités du capitaine Mazon. 



Après M. Forsans, M. Clerch, au nom des amis personnels du défunt, prit à son tour la parole, s'attachant à rappeler surtout les vertus de l'homme privé et la cordialité de ses sentiments. 


De très nombreuses couronnes avaient été envoyées, notamment par le Conseil Municipal de Biarritz, qui d’ailleurs assistait en corps à ses obsèques imposantes. 



La "Gazette", dont le capitaine Mazon fut un peu le collaborateur, puisqu’il y racontait, il y a quelques jours encore, les palpitants événements de sa vie de marin, prend sa part du deuil général et envoie à sa famille éprouvée ses plus sincères condoléances. 



Le capitaine Mazon a légué, par testament, à la Ville de Biarritz, la nue-propriété de la magnifique propriété qu'il laisse et qui occupe une superficie de 8 000 mètres carrés entre l'Avenue des Pyrénées, l'Avenue de la République et la rue Jeanne-d'Arc. 



Nous reparlerons de cette munificence splendide dans un prochain numéro."







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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