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mardi 26 mars 2024

DES ACADÉMICIENS FRANÇAIS AU PAYS BASQUE DANS LES ANNÉES 1930


DES ACADÉMICIENS FRANÇAIS AU PAYS BASQUE DANS LES ANNÉES 1930.


De nombreuses personnalités ont fréquenté, depuis longtemps, le Pays Basque.




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CAMILLE JULLIAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Petite Gironde, le 8 septembre 1942 :



"L'Académie Française au Pays Basque.



Me permettrez-vous, pour une fois, puisque nous sommes en période de vacances, de ne pas vous parler musique et, du coin basque où je suis encore pour quelques jours, d'évoquer un souvenir qui vous intéressera sans doute, puisqu'il concerne à la fois la Gironde et le Béarn ? Vous savez que Camille Jullian, qui avait fait de Bordeaux, où il avait été mon maître, sa patrie d'élection, avant d'être appelé au Collège de France et à l'Académie française comme un de nos premiers historiens, était aussi un habitué estival de Saint-Jean-de-Luz et en particulier de Ciboure, dont il aimait la lumière chantante, les horizons si variés et si harmonieux. Bien souvent, avant de remonter sur mon coteau de Bordagain, j'allais sur la terrasse de sa petite maison du bout du quai causer avec lui des événements du jour, qu'il savait commenter, je vous assure, non seulement avec l’esprit le plus informé et l'ironie la plus savoureuse, mais encore avec une clairvoyance que l'avenir se chargeait de rendre souvent particulièrement saisissante. 




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CAMILLE JULLIAN



Camille Jullian n'aimait pas les gêneurs, les importuns. Malgré la faiblesse de sa vue, il savait notamment "sentir" à temps, les visites des candidats éventuels à la célèbre Compagnie qui ne l’épargnaient pas, même pendant son repos annuel. Il les décourageait souvent d'un retentissant : "M. Jullian ne reçoit pas", lancé de la terrasse à la cuisinière dès le coup de sonnette, et qui ne souffrait pas de réplique... 



Un des derniers étés que ses forces déclinantes lui permirent de passer à Ciboure, nous devisions ensemble à la fin d'une de ces miraculeuses journées de septembre où le soleil déclinant illumine de ses prestiges l'immensité bleue de la mer et la ligne sombre des montagnes voisines. Les barques rentraient de la pêche. C'était l'heure du retour des promeneurs...


 

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RAVEL ET DONGAITZ CIBOURE 24 AOÛT 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mince, racé, bien pris dans son complet clair à martingale, ses sandales strictement ajustées, tête nue à son ordinaire, Maurice Ravel, regagnant le quai natal qui porte maintenant son nom, passa le premier, nous faisant de la main un amical bonjour. Qui eût pu penser, à ce moment qu'il dût nous être enlevé si vite, quand il avait encore tant de choses à nous dire ?



Quelques minutes après, ce fut un aspirant notoire à la Coupole, visiblement satisfait et gonflé de son importance, pour lequel Jullian, à vrai dire, montra moins de sympathie. Enfin, survint M. Léon Bérard, alerte et dispos sous son béret béarnais, revenant du Socoa en compagnie d'un ami, professeur à la Faculté de droit de Toulouse. Ils ne nous virent pas et n'entreprirent contre la maison aucune offensive stratégique. Mais Camille Jullian me dit : "Celui-là, il "en" sera sûrement tôt ou tard... Et il aura ma voix. A moins cher ami, qu’il ne me succède !"



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LEON BERARD
SENATEUR BASSES-PYRENEES 1927 ET 1936


J'ai raconté naguère ailleurs, je crois, cette amusante prédiction, qui devait être exactement réalisée, lorsque M. Léon Bérard prononça sous la Coupole l'éloge de Camille Jullian. Sans doute n’était-elle pas faite pour déplaire à l'heureux récipiendaire ni à ceux qui, sans le savoir, réalisèrent par leurs votes, le vœu de leur collègue disparu. Il m'a plu de la rappeler aujourd'hui. — puisqu’elle honore autant celui qui la formula que celui qui en fut l’objet, — au moment où, chargé par la confiance du maréchal Pétain des hautes fonctions diplomatiques que ion sait, M. Léon Bérard est venu prendre parmi les siens quelques heures de détente bienfaisante. La vivacité de son esprit, l'étendue de sa culture, la chaleur nuancée, de sa parole, son attachement aux choses élevées, aux libertés noblement pratiquées et comprises, — après la mort glorieuse d’un Louis Barthou, beaucoup trop oublié aujourd’hui, et qui personnifiait d'ailleurs d'une façon très différente la finesse, la souplesse du Béarn natal, — font de lui une force précieuse à la France. Puisse-t-elle, aux heures difficiles qui nous attendent encore, lui être de nouveau bienfaisante..."




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