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samedi 16 mars 2024

AU "PAYS DES BASQUES" EN MAI 1934 (deuxième et dernière partie)

 

AU "PAYS DES BASQUES" EN MAI 1934.


Gaëtan Bernoville, né le 6 novembre 1889 à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées) et mort le 11 janvier 1960 à Paris 5ème arrondissement, est un journaliste et écrivain catholique français.




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LIVRE LE PAYS DES BASQUES
DE GA£ETAN BERNOVILLE



Voici ce que rapporta à ce sujet Charles Baussan dans le quotidien La Croix, le 27 mai 1934 :



"Au Pays des Basques.


... Quelle est la vie rurale et quels sont les métiers du Basque ? M. Bernoville les observe et les décrit. Il regarde le champ sur la montagne et le champ dans la plaine : "Toute la vie rurale, dit-il, on la pourrait ainsi résumer : la terre n’est cultivée ou utilisée que pour le bétail et elle ne l’est que dans la mesure qui suffit strictement à la subsistance du paysan". C’est avec cette idée directrice qu’il montre les champs de maïs, les champs de betteraves, la fougeraie, la lande ou touya, les prairies, tout ce qui fait vivre le groupe familial sur son lopin de terre. 



Le Basque qui n'est ni agriculteur ni berger s’adonne aux petits métiers régionaux. C’est un bel artisan qui, avec l’outillage venu de son grand-père, arrive à la maîtrise. Fabricants de makilas, fabricants de bérets, fabricants de pelotes et de chisteras, sandaliers ; voici, l’une après l’autre, toutes leurs silhouettes et voici les gestes de leurs métiers. Voici même la silhouette et le métier du contrebandier, avec quelques histoires. 





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SANDALIERS
LIVRE LE PAYS DES BASQUES
DE GA£ETAN BERNOVILLE





Le centre de la vie quotidienne du paysan basque est naturellement le foyer. La maîtresse pièce de la maison est celle où l’on prend ses repas, où le chêne flambe dans la haute cheminée, où l’on se tient quand on ne dort pas, où se fait la veillée. 





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CUISINE PAR CHARLES HOMUALK
PAYS BASQUE D'ANTAN



M. Bernoviile racontera tout à l’heure deux de ces veillées, la veillée ordinaire et la veillée plus joyeuse de l’épluchage du maïs. Surtout, après avoir salué les vieux meubles qui restent dans cet intérieur, coffre à bois, vaisselier, coffre de mariage, armoires de chêne, il met, comme il convient, l’accent sur l’organisation familiale que Le Play a glorifiée dans ses Ouvriers européens, la famille-souche ; sur l’autorité du maître de la maison, "l’etcheko jaun", le propriétaire du domaine, qui règne et gouverne, et sur la transmission du domaine faite par lui à l’héritier qu’il choisit, les autres enfants recevant leurs parts autrement. Organisation familiale puissamment consolidée par les idées religieuses. 



C’est souvent pour sauver le domaine familial que le Basque émigre aux Amériques. Et aussi et surtout par esprit d’indépendance. Il subit l'attirance de la mer, partout présente en pays basque. En Argentine, en Uruguay ou ailleurs, il est un élément de sobriété, d’endurance au travail, de probité. De ces émigrés, les uns demeurent dans le pays neuf où ils ont fait fortune, mais ils restent Basques, ils se marient avec une jeune fille basque, ils fondent des sociétés basques ; les autres reviennent au pays, y bâtissent de coquettes maisons et y vivent dans une aisance généreuse ; on les appelle les Amerikanoaks



La vraie cellule du pays basque est la paroisse. "Le Basque se soumet au minimum de légalité qu’il ne peut narguer ni tourner, mais il s’en moque." Il a, au contraire, au fond de l’âme le respect de l’autorité religieuse. Là, "le chef suprême est le curé". 



Tout s’ordonne autour de l’église qu'enserre le cimetière et qu’avoisine le jeu de pelote. Les églises basques, assez variées, sont, en général de lignes simples et de murs unis ; elles sont trapues sans lourdeur et, d'ordinaire la pierre, comme dans les façades des maisons, est recouverte d’un crépi blanc. A l’intérieur, une, deux, trois rangées de tribunes courent le long des murs : c’est la place des hommes. En bas sont les femmes. 



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CIMETIERE BASQUE PAR JACQUES LE TANNEUR
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Le Basque ne se contente pas des messes basses ; il assiste à la grand’messe, aux Vêpres, au défilé de toutes les cérémonies liturgiques." Aux grand’messes, le Credo est chanté en chœur. 



Dans la paroisse basque, il y a une femme qui assure le bon ordre domestique de la maison de Dieu, dans les mariages et les enterrements particulièrement : c’est "la benoîte" qui est là, avec son capulet de veuve et son capuchon baissé. 



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BENOITE - ANDERE SERORA CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le chef de la paroisse, le curé, c’est le chef du pays. Tout le village l’accueille solennellement, à son arrivée. L’autorité du curé est incontestée, elle embrasse le temporel avec le spirituel. Animé d’une belle vie intérieure, le curé basque est un homme du terroir et le paysan le reconnaît comme un des siens.



Les divertissements basques, à présent, "les jeux et les ris" : M. Gaétan Bernoville les décrit, dans leur couleur : les danses basques — arin arin, fandango, etc., — le jeu de pelote surtout, la passion du Basque, les diverses formes de ce jeu, les parties célèbres : Arrue contre Chiquito, la gloire de Parkain, etc. ; la chanson populaire, accord profond de l’homme avec la nature simple et tranquille, la chanson basque qui exalte la vie familiale, le domaine, la joie du maître devant une belle moisson ; l'improvisation qui, à la fin d’un repas de fête, met en lutte des poètes du pays ; la chasse et la pêche, surtout la chasse à la palombe, au moment du passage en mars et en octobre, la chasse émouvante et belle dans une palombière, à l’aube, avec les cris des guetteurs dans les tours ; le lancement de l’épervier de bois, l’engouffrement des palombes dans le filet : "Les palombes sont une des grandes poésies du ciel basque. Elles sont le signe du printemps et surtout de l’automne, saison-reine." 



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LA TOUR CHASSE AUX PALOMBES SARE 1900
PAYS BASQUE D'ANTAN


En pays basque comme en tous autres, le paysan connaît et regarde le vent. Le Basque Gaétan Bernoville connaît et regarde tous les vents : vent du Nord qui, là, n’est pas cinglant ; vent d’Ouest, venu de la haute mer, grand ravageur à la fin de septembre ; vent de galerne ; vent du Midi. Il les regarde tous non seulement en paysan ; mais en poète. Le paysan n’est-il pas, d'ailleurs, un poète qui s’ignore. ? "Le roi du pays est le vent du Sud, qui installe la dictature du soleil. Il est le vent qui convient entre tous à ce paysage. Il en intensifie la couleur, il en durcit la ligne, il en rapproche les perspectives, il crée partout, en teintes vives ou en reliefs, de larges plans qui se chevauchent harmonieusement et composent un immense poème de lumière."



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LIVRE LE PAYS DES BASQUES
DE GAETAN BERNOVILLE



Du pays basque, de son pays, M. Gaétan Bernoville a tout vu, jusqu’aux âmes, et par son art de le dire, par ses yeux, nous avons nous aussi tout vu de sa terre et de ses gens. Il ne lui reste plus qu’à méditer sur ce qu’il a vu et fait voir si bien. Il médite en haut de sa colline inspirée, une hauteur dénudée, proche de Saint-Jean-de-Luz. 



Il voit tour à tour la sagesse du Basque qui se contente de sa médiocrité même, et le danger de l’invasion de l’esprit moderne, le danger qui vient de l’école, de la caserne, du tourisme, de l'usine qui prend le Basque et l’éloigne de la ligne de sa race. Le salut, semble-t-il, se trouverait dans un régionalisme intelligent, dans le retour aux libertés locales. Mais, dans cette splendeur et dans cette tranquillité, n’est-on pas porté à se rassurer, à se persuader que personne ne viendra chercher ce petit peuple dans ces vallées adossées à la montagne, que la montagne et aussi les ravins, les hauts plateaux, toutes ces retraites ombreuses et à peine accessibles garderont cette terre de félicité ? Pourtant, est-il permis de l’espérer ? 



Paysages, histoire, études sociales, poésie, tout est réuni, tout s’associe dans ces pages, à la fois si substantielles et si colorées, d’un lettré si délicat. La vision est aussi complète que variée. M. Gaétan Bernoville regarde les lignes antiques de la charrette à bœufs et le vol de la palombe, et il aperçoit, sous le béret, le sentiment, la pensée profonde du Basque ; il distingue les unes des autres toutes ces vallées, toutes ces physionomies d’une terre multiforme, dont, en même temps que lui, do fines et nombreuses illustrations disent aussi la personnalité et la diversité, et il enseigne, discrètement, mais clairement et fortement, la grande leçon d'ordre et de vie, la grande leçon de paix que donnent, dans leur fidélité à leurs traditions, ces "gens de chez nous, ce pays de chez nous".




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