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jeudi 7 mars 2024

L'ASSASSINAT D'ANTONIO CANOVAS DEL CASTILLO PREMIER MINISTRE ESPAGNOL À ANTZUOLA SANTA AGUEDA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE LE 8 AOÛT 1897 (deuxième et dernière partie)

 

L'ASSASSINAT D'ANTONIO CANOVAS DEL CASTILLO À ANTZUOLA EN GUIPUSCOA.


Le 8 août 1897, le Premier ministre espagnol Antonio Canovas del Castillo est assassiné à Antzuola, en Guipuscoa, par l'anarchiste italien Michele Angiolillo.



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ASSASSINAT DE M CANOVAS DEL CASTILLO 8 AOÛT 1897
JOURNAL LE PETIT JOURNAL 23 AOÛT 1897




Voici ce que rapporta la presse nationale française à ce sujet, dans un article publié par le 

quotidien La République Française, le 10 août 1897 :


"... A Madrid.



La nouvelle de l’attentat a causé une émotion profonde à Madrid. Les ministres présents dans la capitale, le général Azcarraga, ministre de la guerre, l’amiral Beranger, ministre de la marine, et M. Cosgayon, ministre de l’intérieur, se sont réunis en conseil pour parer à toutes les éventualités.


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FERNANDO COS-GAYON
MINISTRE DE L'INTERIEUR ESPAGNE 1897



Le capitaine général assistait aux délibérations. 


A Madrid l’ordre est complet. L’indignation est générale contre l’assassin. 


La municipalité de Madrid et les chefs de l’armée ont présenté leurs condoléances. 


M. Silvela, chef des conservateurs dissidents, a télégraphié ses condoléances et se met aux ordres du gouvernement. 



La Dépêche officielle.


L’ambassade d’Espagne à Paris nous communique la dépêche suivante : 

Madrid 8 août. 

Le président du conseil se trouvant dans l'établissement balnéaire de Santa-Agueda, a été aujourd’hui l’objet d’un infâme et criminel attentat. Un individu paraissant de nationalité italienne, qui se trouvait dans l’établissement, lui a tiré plusieurs coups de revolver, lui faisant trois blessures. Le criminel a été arrêté immédiatement. Il affirme qu’il n’a pas de complices. 


Tout fait croire qu’il s’agit d’un attentat anarchiste, sans aucune ramification de caractère politique. 


La tranquillité est parfaite en Espagne. 



Le Conseil des Ministres.


Madrid, 9 août. 


Le conseil des ministres s’est terminé à deux heures du matin. Il a décidé de faire paraître â la Gaceta la nomination du général Azcarraga comme président du conseil par intérim.




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PHOTOGRAPHIE DE MARCELO AZCARRAGA
PAR KAULAK

Il a décidé également que les funérailles de M. Canovas seraient célébrées avec les plus grands honneurs militaires. Les obsèques se feront à Madrid. La Gaceta publiera le deuil. Le corps de M. Canovas partira mardi de Santa-Agueda. Il sera embaumé. 



Un Télégramme de M. Sagasta.


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PORTRAIT DE PRAXEDES MATEO SAGASTA
PAR CASADO DEL ALISAL 1884



M. Sagasta a télégraphié au gouvernement qu'il avait appris avec une peine profonde l’attentat commis contre M. Canovas : 


"Nous sommes tous en deuil, dit M. Sagasta, je me mets aux ordres du gouvernement et de la reine." 


M. Sagasta a ajourné son voyage à Madrid.


Un grand nombre de personnalités libérales se mettent à la disposition du gouvernement. 



... Les Anarchistes.

Madrid, 9 août. 


La Correspondencia dit qu’il y a quelques jours un important document, provenant de Londres et dénonçant les projets préparés par les anarchistes anglais d’accord avec ceux des autres nations, parvint à Madrid. 


Dans un meeting à Londres, des accusations et des menaces avaient été lancées contre M. Canovas et contre le ministre de la justice d’Espagne. 


Peut-être les anarchistes espagnols cherchaient-ils un vengeur de l’exécution de leurs compagnons de Barcelone.



M. Canovas Del Castillo.


M. Antonio Canovas del Castillo, né en 1830, à Malaga, a débuté dans la vie publique en 1851, comme directeur du journal La Patria, où il défendit énergiquement le parti conservateur dont il devait devenir plus tard le chef et auquel il n’a cessé de consacrer toutes ses forces et tout son talent. 


Dès l’année 1854, il fut nommé député aux Cortès par la ville de Malaga, qu’il n’a cessé de représenter depuis. 


Envoyé en 1856 à Rome comme chargé d’affaires, il y rédigea le célèbre mémorandum sur les relations entre l’Espagne et le Saint-Siège et prépara ainsi le Concordat espagnol. Nommé ensuite, successivement, gouverneur général de Cadix en 1855, puis directeur général de l’intérieur, il entra, en 1861, au ministère de l’intérieur, comme sous secrétaire d’Etat et devint, pour la première fois, en 1864, ministre titulaire dans le cabinet que présidait O'Donnel. 


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LEOPOLDO O'DONNELL
PRESIDENT GOUVERNEMENT ESPAGNE JUIN 1865- JUILLET 1866


M. Canovas y détenait le portefeuille des finances et des colonies, et c’est en cette qualité qu'il fit voter la loi qui abolissait la traite des nègres. 


Après être resté une année au pouvoir, il se rangea dans l'opposition libérale et fit même campagne, après la chute de la reine Isabelle, pour mettre sur le trône la duchesse de Montpensier. Mais, ayant bientôt reconnu l’inutilité de ses efforts, il se rendit en France et dirigea l’éducation du jeune don Alphonse. 


Survint le coup d’Etat de Pavia, mortel à la République par le renversement de Castelar. Canovas del Castillo organisa une action alphonsiste et recruta dans l’armée des adhérents au jeune prince. Le 31 décembre 1874, le maréchal Martinez Campos et le général Primo de Rivera firent un pronunciamento et proclamèrent le fils d’Isabelle roi d'Espagne sous le nom d’Alphonse XII


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ROI ALPHONSE XII

M. Canovas del Castillo fut le président du conseil du nouveau gouvernement et il occupa ccs fonctions jusqu’au retour de Cuba du maréchal Martinez-Campos qui, en 1875, le remplaça à la présidence du conseil des ministres. 


Dans sa retraite il conserva la confiance du jeune roi Alphonse XII qui lui conféra le collier de la Toison d'or. Son éclipse ne fut, d’ailleurs, pas longue et un an plus tard, le 27 novembre 1876, il reprenait la présidence du conseil, fonctions que depuis lors il a tour à tour déposées et reprises à des intervalles plus ou moins longs et qu'il a pour ainsi dire exclusivement partagées avec son éternel rival M. Sagasta. 


En 1885, le roi Alphonse XII mourait, et sa veuve, la reine Marie-Christine, devenait régente, inaugurant son règne par la formation d'un ministère de conciliation : le ministère Sagasta. 


M. Canovas del Castiilo était, en même temps, nommé président de la Chambre par 223 voix contre 112 données à M. Romero Robledo. En 1890, quoique ayant été en butte aux attaques les plus vives, en sa qualité de chef de la droite, il revint une fois encore au pouvoir. 


Il y était depuis revenu depuis le 24 mars 1895 et il y avait déployé de très grandes qualités d’homme d’Etat, encore mises en lumière par les circonstances particulièrement difficiles que l'Espagne avait traversées et qu’elle traverse encore. 


Son rôle dans la question cubaine, notamment, est connu de tous, et il est superflu de rappeler ses efforts incessants et l’ardeur patriotique qu’il mettait à former définitivement, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, cette plaie toujours rouverte et toujours saignante aux flancs de l’Espagne. 


M. Canovas del Castillo était un ministre à poigne, et il ne reculait pas devant les moyens les plus énergiques pour défendre ses idées. Il s'adressait, en même temps, avec un éclectisme qu’on lui a reproché, à tous les hommes qui pouvaient le servir, quelquefois même à certains dont la réputation n’était pas des mieux établies et qui le rendaient alors aussi impopulaire qu’eux-mêmes. 


Pendant son long passage au pouvoir, il s’est montré, non seulement le premier homme d’Etat de l’Espagne, mais encore l’un des principaux hommes d’Etat de l’Europe. Quand on avait à citer les trois ou quatre hommes d’Etat les plus considérables de notre temps, on citait toujours M. Canovas. 


Il était allé prendre quelques jours de repos, après un travail acharné, dans la petite ville d’eau de Santa-Agueda, située non loin de Saint-Sébastien, quand il a été assassiné. 


Déjà, le 21 juin 1893, M. Canovas avait échappé, comme par miracle, à un attentat anarchiste. L’illustre homme d’Etat avait l’habitude de rentrer directement chez lui après les séances de la Chambre. Ce jour-là, par extraordinaire, il fit quelques visites. C’est cette circonstance toute fortuite qui le sauva. 


Trois anarchistes l’attendaient, assis sur un banc, à la porte de son hôtel, à la promenade de la Castellana, une véritable maison de campagne en plein Madrid. L’un d’eux avait à la main un engin prêt à faire explosion. Une voiture de maître arriva ; les anarchistes, persuadés que M. Canovas rentrait, se levèrent, et celui qui portait l’engin le lança dans la direction de la voiture. Au même moment, une formidable explosion se produisit et le bras de l'assassin fut effroyablement arraché, tandis que les deux autres anarchistes tombaient horriblement mutilés. 


Le principal auteur de cet attentat était un nommé Francisco Ruiz, connu à Madrid sous le nom de Ernesto Alvarez. C’était un ouvrier typographe, venu de Barcelone, qui passait pour le chef du parti anarchiste espagnol.  


M. Canovas, qui ne se doutait naturellement point du drame qui se déroulait devant sa porte, fut tout étonné, en rentrant, de trouver son hôtel envahi par des centaines d’amis de tous les partis politiques, qui venaient lui témoigner leur indignation pour ce lâche attentât et lui exprimer en même temps toute leur affection. 


Aujourd’hui, sa mort est pour son pays une grande perte ; il tombe victime des ennemis de l’ordre social."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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