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lundi 4 mars 2024

HISTOIRE DE LA FORTIFICATION DU "PETIT BAYONNE" EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième partie)

HISTOIRE DE LA FORTIFICATION DU "PETIT BAYONNE" AUTREFOIS.


Dès le 2ème siècle, les Romains fortifient la cité de Bayonne, à l'époque simple Camp d'Observation. 




pays basque autrefois labourd fortifications
PLAN DE BAYONNE 1749
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne dans son 

Bulletin N°8, le 1er janvier 1931 :



"Histoire de la Fortification du Petit Bayonne.


... Le deuxième récit concerne la cruelle action de Pès de Pouyane en 1341.

Je l’emprunterai à l’Histoire de Bayonne par Baïlac.



Cruelle action de Pès de Pouyanne.



D’après une ancienne coutume les denrées et marchandises destinées à l’approvisionnement du pays basque jouissaient d’une entière franchise à l’entrée et à la sortie de la ville.



Ce droit d’exemption déplaisait au Corps Municipal.



En 1326 les Basques ayant refusé d’acquitter les droits pour des cidres et des pommades il fut défendu aux marchands de la ville de faire aucun envoi de boissons au dehors sous peine d’avoir les poings coupés.



En 1341 Pès de Pouyane fougueux antagoniste de la franchise, nommé Maire-Vicaire, fit prononcer par les cent pairs l’abolition de la franchise des Basques et mit à exécution sans délais cette délibération audacieuse.



S’étant aperçu que des marchandises passaient sur la Nive, au lieu appelé Prondine, commune de Villefranque, il envoya des gardes pour exiger le paiement ; la juridiction de la ville s’étendant, disait-il, sur la Nive, jusqu’au terme de la plus haute marée.



Cette entreprise souleva l’indignation du pays basque, les gardes furent chassés, chargés de coups, les Basques leur criant qu’ils venaient vérifier si le flot allait aussi loin que le prétendait la ville ; le désordre s’étendit dans le pays ; des marchands bayonnais se rendant en Espagne furent massacrés.



Ces faits furent blâmés par le roi Edouard III.



Le 23 Août 1341 arriva la fête de Villefranque : la Saint-Barthélemi, qui attirait tous les ans un grand nombre de Basques.



Malgré l’agitation des esprits, le concours fut considérable.



Pès de Pouyane reçut un billet anonyme, par lequel on l’avertissait que les Basques rassemblés à Villefranque avaient de mauvaises intentions contre la ville et que leurs chefs étaient réunis au Château de Miots.



Le billet finissait par ces mots gascons :


"Pès de Pouyane, heis quent pots, ne sas pas quent sera ops."

Pès de Pouyane, fais quand tu peux, tu ne sais pas quand besoin sera.



Outré de l’aventure de Prondine, le fougueux magistrat voulant se venger, part pour Villefranque, avec un grand nombre d’hommes armés.



Il arrive pendant la nuit devant le Château de Miots, en fait enfoncer les portes, et tue tout ce qu’il y trouve à l’exception de cinq gentilshommes qu’il emmène avec lui au pont de Prondine.



Là, il annonce froidement à ses prisonniers qu’il va vérifier aimablement avec eux si le flot va aussi loin que l’a prétendu la communauté de Bayonne.



Aussitôt on les attache par ses ordres aux arches du pont, que commençait à baigner la marée montante.



Les cinq malheureux gentilshommes disparurent par degrés ensevelis sous les eaux.



Cet acte atroce de barbarie souleva tout le pays Basque contre les Bayonnais qui eurent à lutter pendant plusieurs années contre le ressentiment le plus exalté.



Un grand nombre de personnes périrent dans des combats d’homme à homme, de bande à bande.



Ce n’est qu’après beaucoup de sang répandu qu’on choisit le sire d’Albret comme arbitre pour arrêter cette guerre intestine.



Les Basques conservèrent leur franchise ; les Bayonnais furent condamnés à de lourdes amendes.



Pour terminer la période de la domination anglaise, je donnerai une idée des approvisionnements de guerre de l’époque.



En 1336, l’arsenal de Tarride comprenait pour la défense des murailles : 24 arbalètes à tour ; 24 arbalètes de 2 pieds ; 20 arbalètes de grande dimension.



En 1373 la ville possédait outre les arbalètes, 8 canons approvisionnés chacun à 16 boulets de plomb.

On était loin des aciers au chrome ou au manganèse.



De l’an 1451 à 1643. (De Charles VII à Louis XIV)



Le 6 Août 1451 le roi de France fit mettre le siège devant Bayonne ; la Ville se rendit le 25 Août ; la bannière du roi de France flottait sur le donjon de Floripès du Château-Vieux.



Charles VII voulut s’assurer la possession de Bayonne en faisant construire des ouvrages de fortification, qui en cas de révolte des habitants donnassent asile à ses Officiers.



La ville haute avait un Château, le Bourg-Neuf n’avait pas de Citadelle.



Le Roi ordonna de construire sur la hauteur de Mocoron, un château qui avait pour but de maîtriser le Bourg-Neuf ; aussi ses deux grosses tours font face au faubourg et l’une d’elles commande la rue Pannecau.



Les travaux commencés en 1460, continués par Mathieu de Fortune sous Louis XI furent terminés sous Charles VIII en 1489.


CHÂTEAU NEUF BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Château-Neuf. — La façade tournée vers la ville se composait de deux tours, l’une ronde, l’autre barlongue, de 14 mètres de largeur, 18 mètres de hauteur, de 3 à 4 mètres d’épaisseur au sommet ; reliées par une courtine haute de 15 mètres, épaisse de 2 mètres, une couronne de machicoulis reposant sur des consoles terminait cette puissante façade ; le rectangle était complété aux angles par la tour de Mocoron et une autre tour carrée à l’angle Nord-Est qui formait donjon ; les tours étaient reliées par des courtines.


Pour assurer le flanquement des courtines on créa vers l’extérieur une porte de sortie encadrée de deux tours formant flanquement ; au Nord une tourelle en quart de cercle compléta la défense.


L’entrée du château se faisait au pied Nord de la tour barlongue par un chemin très raide.  


En 1470 on voit apparaître pour la première fois dans les titres donnés aux capitaines des Châteaux, le nom de Capitaine du Château-Vieux donné à l’ancien château ; il faut croire que la construction du nouveau château était assez avancée pour permettre d’y loger son Capitaine.


Avant de continuer l’étude par ordre chronologique des transformations de la fortification, je rappelle que c’est en 1500 que l’Adour qui est la vie de Bayonne se déplaça vers Capbreton et Messanges.


De 1501 à 1517 les Bayonnais firent de grands travaux pour rendre à l’Adour son ancien lit ; une crue survenue en 1517 détruisit les travaux et il faudra encore un siècle de travaux pour obtenir le résultat cherché. C’est vers cette date de 1520 que commencent les transformations des fortifications de Bayonne, que l’on passe dans la ville haute de l’enceinte Romaine à celle de François 1er et d’Henri IV.


Pendant plus de 10 siècles, la forme des fortifications n’a pas changé, les organes de défense seront toujours des murs et des tours de pierre parce qu’ils suffisent contre les moyens d’attaque ; béliers, corbeaux à griffes, tours transportant des assaillants sur leur plate-forme.


La découverte de la poudre à canon par le moine Roger Bacon (1214-1294), l’apparition des armes à feu, des canons qui renversent les murs vont obliger les fortifications à se transformer.



STATUE DU MOINE ROGER BACON
MUSEE UNIVERSITE OXFORD ANGLETERRE


C’est la façon d’attaquer qui fait la loi de la défense ; à d’autres moyens d’attaque, il faut opposer d’autres façons de se défendre ; au canon de l’assaillant le défenseur va opposer des canons plus puissants et approvisionnés à l’avance ; aux boulets qui font brèche, le défenseur va opposer des obstacles nouveaux.


La fortification nouvelle comportera :


1°) Un obstacle constitué par un fossé large et profond, revêtu d’un mur d’escarpe et de contrescarpe.


2°) Un parapet en terre en arrière du fossé ; organe à la fois offensif et défensif puisqu’il permet au personnel et au matériel d’être à l’abri.


3°) Un terre-plein en arrière du parapet, où le défenseur peut circuler à l’abri des vues.


Les portes qui sont les points les plus vulnérables seront protégées par des barbacanes, qui deviendront des boulevards qui se transformeront en bastions qui battront les fossés.


Mais ces améliorations seront très lentes, parce que très coûteuses et que les progrès de l’artillerie qui suivent ceux de l’industrie qui sont l’intégration de toutes les techniques se feront très lentement.


En 1510 au Grand Bayonne on amorce la courtine de l’Evêché, les boulevards du Château-Vieux, de Lachepaillet, des Boucheries ; en 1513 on commence le boulevard et le bastion de Sault et enfin de 1515 à 1547 on travaille à la construction d’une large terrasse allant du Château-Vieux à la Nive.


Au Petit Bayonne les murs de défense furent remplacés par des ouvrages nouveaux, au fur et à mesure des ressources financières.


A chaque guerre, à chaque menace de siège et ces craintes étaient incessantes, on renforçait la défense, en réparant les murs, les talus endommagés, on fermait les brèches et c’est ainsi qu’au Petit-Bayonne s’est créée la fortification que nous avons encore sous les yeux.


FOSSES REMPARTS MOUSSEROLLES BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Boulevards de Mousserolles et de Notre-Dame.— De 1522 à 1524 on construisit les Boulevards de Mousserolles et de Notre-Dame en avant de la tour de Mousserolles et de la porte extérieure du Château-Neuf.


Ils étaient de forme barlongue analogues au boulevard Lachepaillet ; les murailles avaient 6 mètres d’épaisseur, supportaient deux étages de casemates en retrait derrière les orillons arrondis ; au boulevard Mousserolles le flanc gauche qui fait face à l’Adour portait trois orillons qui apparaissent aujourd’hui comme d’énormes contreforts.


La traversée de la tour s’effectuait par l’étage bas ; on sortait du côté de l’Adour, sur un pont qui longeait le fleuve.


En 1595 on exposa sur cette porte la tête du traître Château-Martin, qui voulait livrer la ville aux Espagnols.


En 1523 eut lieu la belle défense de Bayonne par Lautrec contre une attaque brusquée des Espagnols, qui appuyés de quelques barques vinrent donner l’assaut aux parties basses de la ville, vers la tour des Menons et entre le Château-Vieux et l’Adour.


Lautrec pendant trois longues journées opposa la résistance la plus énergique et opiniâtre aux efforts furieux des assaillants ; les Espagnols surpris par cette résistance, se retirèrent.


Les inondations de l’Adour et plus particulièrement de la Nive, causèrent souvent des dégâts aux ponts et aux fortifications du petit Bayonne ; en 1528, en 1570, les courtines St-Jacques furent détruites et il fallut les réparer.


En 1568 sous la menace d’une attaque par les troupes protestantes de Montgommery on renforce la fortification et on commence la construction du Boulevard St-Jacques.


LE VIEUX REDUIT CÔTE FACE ST-ESPRIT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Boulevard St-Esprit. — De 1574 à 1586 on construisit un boulevard à la pointe St-Esprit ; il nous en reste l’échauguette ; en 1644 ce boulevard se continuera devant la porte St-Esprit et deviendra le bastion du Roi.


La courtine des Jacobins est exhaussée et on construit une barbacane maçonnée en avant et au milieu de la courtine.


En 1581 on creuse un grand fossé le long des remparts de Mousserolles et des Cordeliers pour que les eaux de la Nive baignent les remparts.


En 1596 on déplace les portes du Château-Neuf ; la porte de la ville est placée sur la face Sud, la porte de l’extérieur sur la face Est.


En 1599 l’Ingénieur Errard de Bar-le-Duc arrive à Bayonne pour remanier complètement les fortifications d’après son système.


Après étude il commença à l’appliquer en 1610 au bastion Lachepaillet, mais faute de fonds et la mort tragique d’Henri IV étant survenue les travaux furent arrêtés.



REMPART LACHEPAILLET BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le système d’Errard qui consistait à tracer des bastions où les faces étaient perpendiculaires aux flancs offrait de graves inconvénients au point de vue du flanquement des courtines, et il fut très vite abandonné."



A suivre...







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