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dimanche 4 février 2024

HISTOIRE DE LA FORTIFICATION DU "PETIT BAYONNE" EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

HISTOIRE DE LA FORTIFICATION DU "PETIT BAYONNE" AUTREFOIS.


Dès le 2ème siècle, les Romains fortifient la cité de Bayonne, à l'époque simple Camp d'Observation. 




pays basque autrefois labourd fortifications
PLAN DE BAYONNE 1749
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne dans son 

Bulletin N°8, le 1er janvier 1931, sous la plume de l'Intendant Général Lacrambe :



"Histoire de la Fortification du Petit Bayonne.



On attribue à Crassus, ancien Lieutenant de Jules César, devenu Gouverneur d’Aquitaine, la création du Camp d’observation qui devint la Cité de Lapurdum.



Dès le 2e siècle, elle fut entourée d’une haute muraille de 12 mètres de hauteur, ayant 3 mètres au sommet.



La paix et la sécurité Romaine ne durèrent pas longtemps et les invasions barbares dès le 3e siècle se succédèrent, saccageant, dépeuplant, réduisant les habitants en servage et en esclavage.



La dernière horde fut celle des Normands qui firent de Lapurdum en 812 un de leurs repaires. Ces barbares, vivant exclusivement de pillage, leur bande plus sauvage que toutes les autres, terrorisa le bassin de l’Adour jusqu’en 980, où le Duc de Gascogne, à la tête de tous ses vassaux les battit à Tailleyras, près d’Aire sur l’Adour.



Lapurdum brûlée en 864 n’existait que de nom ; la religion chrétienne avait presque disparu, les Evêques étaient en fuite ; les églises et les monastères ruinés ; la population privée d’habitations était réduite à la plus extrême misère, il semblait que la mort physique allait s’emparer du monde qui croyait qu’il périrait en l’an 1000.



C’est une époque générale de repentir ; où les princes, les seigneurs qui s’étaient emparés des biens vacants du clergé, les restituèrent en y ajoutant de nouvelles donations.



L’heure dangereuse passa comme les autres. Le monde remercia Dieu ; la vie reprit son cours avec un sentiment d’espérance et une force nouvelle qui vont transformer le pays. 


Après l’ère de destruction, ce fut celle de la reconstitution.




pays basque autrefois labourd fortifications
BAYONNE DE 1654 A 1680



De l'an 1000 à l’an 1451.



Ce furent l’Evêque Raymond de Martres mort en 1125 et un peu plus tard Guillaume Raymond de Sault vicomte de Labourd, qui ressuscitèrent Bayonne.



L’Evêque obtint du Comte de Poitiers une charte de libertés communales, qui attira de nombreux ouvriers qui devinrent hommes libres ; la ville se repeupla ; les maisons de bois, couvertes de pailles se relevèrent ; il se créa des agglomérations en dehors de l’enceinte Romaine ; on bâtit dans les marais entre la Nive et l’Adour, sur des pilotis reliés par des madriers, on creusa des canaux dans la vase ; c’est l’origine du Petit Bayonne.



Des travaux d’utilité publique s’élèvent de tous les côtés.



En 1125 on construit le pont Bertaco (Pannecau) le premier sur la Nive, puis le pont Mayour, le pont sur l’Adour ; on relève l’église qui a précédé la Cathédrale.



L’agglomération du Petit Bayonne augmentant tous les jours, ne pouvait rester sans défense ; on l’entoura d’un mur probablement vers 1130.



Ce mur devait partir du confluent de l’Adour et de la Nive, suivre l’Adour, se retournera angle droit pour prendre la rue des Lisses et rejoindre la Nive par la rue des Cordeliers. Le mur était percé de deux portes : celle de Mouseyrolles au débouché de la rue Bourg-Neuf et le portail de Mocoron à la sortie de la rue Pannecau ; cette porte ne tomba qu’en 1695.



pays basque autrefois porte labourd fortifications
PORTE DE MOUSSEROLLES BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




On n’a pas de données sur les dimensions du mur d’enceinte ; vraisemblablement il devait avoir 8 mètres de hauteur ; en avant, on avait aménagé une bande de terre, servant de chemin de ronde et qui était fermée par des barrières de bois appelées lices d’où le nom de rue des Lisses. Les barrières étaient précédées d’un fossé qui éloignaient l’agresseur.



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FOSSES REMPARTS DE MOUSSEROLLES BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


A partir de 1155 et jusqu’en 1451, par suite du second mariage d’Eléonore d’Aquitaine, Bayonne a été sous la domination de princes et de rois Anglais ; pendant cette période elle va connaître une ère de prospérité résultant de ce que les ports et les marchés d’un grand royaume lui furent ouverts ; ce mouvement commercial cessera lorsque l’Adour se rejetant vers Capbreton ne portera plus que des barques.



pays basque autrefois fleuve
L'ADOUR AUTREFOIS


Les Bayonnais furent de fidèles sujets des rois d’Angleterre, ils combattirent fréquemment avec la flotte anglaise et participèrent à ses succès ; de leur côté les souverains Anglais, respectèrent les coutumes de la ville et se montrèrent toujours très généreux.



Les fortifications du Grand et du Petit Bayonne furent non seulement bien entretenues, mais développées ; c’est ainsi qu’on attribue à Raymond de Sault en 1193 : la construction de la tour de Sault ; du Château-Vieux, de la tour du Nord et au Petit-Bayonne la construction de la tour St-Esprit et de la tour des Menons.




pays basque autrefois porte labourd fortifications
CHÂTEAU-VIEUX BAYONNE FIN 19EME SIECLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Tour St-Esprit — La tour St-Esprit au confluent des deux rivières, était une tour de guet ; elle commandait la navigation de l’Adour, fermait le port de la Nive, servait de phare.


Elle était le siège de la Capitainerie de St-Esprit. La tour était ronde, d’un diamètre de 8 mètres et sur sa plate-forme était une tourelle où l’on allumait des feux ; grille de résine ou lanternes, pour servir de phare.


En 1515 elle était armée d’une grande couleuvrine ; en 1612 on la coiffa d’un toit pointu.



Tour des Menons. — La tour des Menons était carrée large de 11 mètres ; c’était la plus haute tour de la fortification, quelques siècles plus tard elle servit de dépôt de munitions de guerre. Elle était à 150 mètres en amont de la rue des Cordeliers ; l’intervalle était occupé par un chantier maritime. Ces deux tours, St-Esprit et Menons, avaient en face d’elles de l’autre côté de la Nive ; la tour de Piémont et la tour de Sault.


C’est dans ces tours que se trouvaient les treuils qui servaient à tendre les estacades de bois, formées de pieux reliés et chevillés entre eux et qui constituaient la ligne de défense du port intérieur de la Nive.


Outre ces deux estacades la rivière était défendue par un bateau, Le Corau Carbotat, qui était une galupe armée en guerre qui fut plus tard armée d’un canon et recouverte d’une carapace en madriers.



Ouvrages de Mocoron. — L’enceinte des Lisses était dominée à courte distance par la hauteur de Mocoron, son occupation s’imposait.


On y construisit trois ouvrages avancés : l’engin de Mosseyrolles, l’engin de Mocoron, la tour St-Jacques.

On ne connaît pas la date exacte de leur construction.

Il est probable que ces ouvrages furent reliés par un mur ou des palissades, peut-être par une simple levée de terre, qui allant de l’Adour à la Nive fermait le Petit Bayonne.



Porte de Mousseyrolles. — L’engin de Mousseyrolles en 1350 se composait comme toutes les portes, de deux tours réunies par un portail et munies d’un pont-levis, d’un pont dormant et d’une solide herse en fer manœuvrée d’une chambre au-dessus d’un portail.


De 1377 à 1450 c’est une tour carrée avec barbacane, la sortie se faisait sous la tour. En 1500 la tour sera reportée au bord de l’Adour, nous en reparlerons plus loin.



Porte St-Esprit.— La porte St-Esprit placée dans l’axe du pont sur l’Adour fut également érigée sous le gouvernement des sénéchaux anglais. Elle se composait de deux tours barlongues larges de 7 mètres, longues de 10 mètres, hautes de 14 mètres ; les deux tours étaient reliées par un porche recouvert d’une voûte. La porte était séparée du Pont Mayou par la place bourgeoise ou se faisaient les rassemblements et les exercices de la milice.


Sous la domination anglaise, l’assemblage confus de cabanes couvertes de chaume avait fait place à une ville régulière, dont les maisons à partir de 1290 étaient obligatoirement construites en pierre, couvertes en tuile ; on construisit l’Hôtel de Ville, la Cathédrale dans sa masse principale, de nombreux couvents, mais l’absence d’hygiène, le manque de linge chez le peuple, les privations causées par des guerres incessantes, les rues non pavées, les canaux à sec à marée basse, étaient cause de nombreuses maladies ; la peste ravagea la ville en 1347 et la décima.


Le développement donné aux fortifications, les travaux, les dépenses qui en résultaient, étaient une lourde obligation pour les populations, mais c’était une nécessité primordiale, pour se garantir contre un agresseur et éviter les pires violences ; à cette époque les mœurs étaient rudes ; un incident vulgaire dégénérait en un conflit violent.



Pour faire connaître l’ambiance morale de cette époque je citerai deux faits.



Une dispute s’éleva, en 1292, près la fontaine St-Léon entre deux marins bayonnais et normand ; ce dernier frappé par le poignard du bayonnais tombe mort. Cette nouvelle se répand et la rivalité, la jalousie entre marins, pêcheurs, corsaires, ne tarde pas à se montrer ; des équipages normands massacrent par vengeance à Royan les équipages de quatre barques de bayonnais ; la guerre est déclarée ; c’est une guerre de course et de pillage entre bayonnais et normands ; les marins d’Europe prennent parti les uns pour les marins anglo-gascons, les autres pour les franco-normands. En vain le roi d’Angleterre tente d’arrêter cette nouvelle guerre ; sa voix n’est pas écoutée ; ce n’est plus une lutte entre quelques marins, mais de la flotte normande contre la flotte bayonnaise ; les bayonnais l’emportèrent par la capture à l’embouchure de la Charente des 240 vaisseaux normands.


Il en résulta une nouvelle guerre entre Philippe le Bel et Edouard 1er d’Angleterre..."



A suivre...





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