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jeudi 22 février 2024

LES OBSÈQUES DE L'AGENT PIERRE-LOUIS FAUTHOUS À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUIN 1936

LES OBSÈQUES DE L'AGENT FAUTHOUS EN 1936.


Dans la nuit du 28 au 29 mai 1936, Armand Spilers dit "Passe-partout" assassine, lors d'un cambriolage, l'agent de police Pierre-Louis Fauthous, à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées).




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ENTERREMENT AGENT FAUTHOUS ST-JEAN-DE-LUZ JUIN 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta au sujet des obsèques de l'agent Fauthous, le quotidien La Gazette de 

Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luzle 3 juin 1936 :


"Les obsèques de l’agent Fautous.



Les obsèques de l’agent Fautous ont été une grandiose manifestation de sympathie profonde, de regrets, et aussi de reconnaissance pour ce gardien de l’ordre mort en faisant son devoir. 



A ce que nous avons déjà dit de la cérémonie, nous devons ajouter que jamais foule plus nombreuse et plus recueillie ne se trouva réunie dans notre ville derrière un cercueil. Nous avons noté en dehors de M. Mathieu, préfet des Basses-Pyrénées qui se trouvait en tête du cortège ayant à sa droite le général Lambrigot, maire, et à sa gauche M. Dejean de la Batie, procureur de la République, la présence de MM. Lannepouquet, conseiller général, Abeberry, maire de Ciboure, Baillon, délégué de la Fédération nationale et orphelinat des polices de France et des Colonies, Noël, délégué du Syndicat départemental, Nadaud, commissaire de police de Saint-Jean-de-Luz, Picart, commissaire spécial à Hendaye, Druilhet, juge de paix, Schœdlin, consul d’Angleterre, général Short, le capitaine des douanes et une délégation des douaniers, Poullaouec, commandant de la vedette, Larregain, président de l'U. N.C., Gelos, président des Mutilés, le Capitaine de Gendarmerie et une délégation de la Gendarmerie de Bayonne sous la conduite d’un adjudant, Orfroie, secrétaire en Chef de la Mairie, Polette, ingénieur de la ville, et les services municipaux. 



Les adjoints au maire MM. Petit de Meurville, docteur Reboul, Althabe et Duhart, étaient accompagnés du Conseil municipal, presque en entier. 



Dans la foule innombrable on pouvait remarquer des représentants de toutes les familles luziennes. 



Le défilé de la mairie à l’église s’effectua dans un impressionnant silence, aux sons de la "Marche Funèbre" de Chopin, jouée par l’Harmonie Municipale, et ensuite devant l'entrée principale exécuta la "Mort d’Ase" de Grieg. 



L’église était archicomble et la cérémonie à laquelle la Schola prêtait son concours, revêtit un caractère de particulière solennité. Les drapeaux de l’U.N.C. et des Pompiers figuraient à l’entrée du chœur, le long de la grille duquel les pompiers en uniforme et casque montaient une garde d’honneur. 



Sur le parcours de l’église au cimetière, dans la rue Gambetta, un grand nombre de magasins avaient fermé leur devanture témoignant ainsi de la part prise par tous au deuil de toute une ville. 



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ENTERREMENT AGENT FAUTHOUS ST-JEAN-DE-LUZ JUIN 1936
PHOTO PARIS-SOIR 4 JUIN 1936



Au cimetière, devant la tombe, après les dernières prières, sept discours furent prononcés. Le sous-brigadier Heuty, qui a trente ans de services dans notre police locale prit le premier la parole en ces termes : 


"Au nom de l'Amicale des agents de police de Saint-Jean-de-Luz, je viens saluer le cercueil de notre camarade et ami Fautous, lâchement assassiné par le malfaiteur qu’il allait surprendre et arrêter. 


Pendant dix-sept ans de collaboration et de travail commun nous avions pu apprécier la bonté, les qualités de cœur et le tranquille courage du collègue que nous pleurons. 


Aussi n’avait-il parmi nous que des sympathies et de chaudes amitiés, et c’est avec une émotion profonde que nous lui disons un dernier adieu. 


Il est mort au champ d’honneur des gardiens de l'ordre, en accomplissant son devoir, et c’est pour nous un grand exemple et un grand souvenir. 


Au nom des agents de police de Saint-Jean-de-Luz, unis par les liens d’une fraternelle amitié, je prie Ma dame Fautous et ses enfants de croire que nous pleurons avec elle de tout cœur celui qu'un tragique événement a arraché à leur affection. 


Cher camarade et ami Fautous, les agents de police de Saint-Jean de-Luz garderont pieusement ton souvenir."



Après lui MM. Noël, délégué départemental, et Baillon, délégué de la Fédération nationale dirent en termes émus les mérites de l’agent Fautous et firent ressortir le rôle social des gardiens de l’ordre, rôle qui les expose à des dangers dont le tragique événement qui amena la mort de Fautous est un poignant exemple. 



M. Nadaud, commissaire de police de Saint-Jean-de-Luz, dans un discours concis, fit revivre les circonstances du crime, et ses paroles furent comme une citation à l'ordre du jour de son subordonné. 



Avec l’autorité qui s'attache à ses fonctions de procureur de la République M. Dejean de la Batie, dans une éloquente improvisation, s’attacha à faire ressortir les mérites des gardiens de l'ordre, gendarmes et agents de police qui assurent notre sécurité jusqu'au sacrifice de leur vie. Il dit avec force la reconnaissance que nous leur devons, et le respect dont nous devons entourer leurs fonctions. 



Nous sommes heureux de pouvoir donner in extenso le discours du Maire de Saint-Jean-de-Luz qui succéda à M. Dejean de la Batie : 


"Dans la nuit du 28 au 29 mai, tué à bout portant par un malfaiteur, l’agent Pierre-Louis Fautous est mort en service commandé. 


C'est par ces sobres paroles qu’il convient d'honorer d’abord ce serviteur honnête et droit qui sut être un brave. 


Sa modestie n'aurait pas demandé un autre éloge. Mais notre émotion affectueusement attristée lui doit davantage. 


Elle veut rappeler qu'il marcha vers la mort, lui dont approchait déjà la retraite, avec à la fois la crânerie d’un jeune et le sang-froid d’un homme mûr, averti. 


Averti du danger... sans doute. Il savait que ses fonctions pouvaient, un jour, le lui faire affronter. 


Mais cet homme de bien ne pouvait croire au mal. Et le mal est venu, brutal, brûlant, foudroyant, sans qu'il eût reculé d’une ligne, sans qu’il eût esquissé une parade.  


C'est si simple — et il ignorait sûrement que ce fût si beau ! — de faire son devoir. 


Où donc avait-il appris ce tranquille courage ? au fond obscur des tranchées ou mieux dans sa claire conscience ? La bravoure ne s’apprend pas. Elle est le naturel apanage des cœurs forts, des âmes nobles. Et ceux auxquels est fait ce don magnifique le paient trop souvent de leur vie. 


Agent Fautous, vous appartenez à cette phalange de simples qui, dans un éclair de flamme, deviennent, un jour, des héros et auxquels d'autres cités confèrent le nom, grand par sa servitude, de gardiens de la paix. 


La paix, votre dévouement l’a assurée à tous, aux longues années de votre carrière. 


Qu'elle descende aujourd'hui, bienfaisante, sur ces larmes ; demain, consolatrice, sur votre foyer. 


Et qu’à jamais elle soit vôtre, Fautous, dans le domaine plus haut de suprême justice, d'accueil et de sérénité. 


Que ceux-là du moins nous soient un exemple : qu'ils demeurent l’orgueil de notre race... et que celui-ci soit notre fierté plus proche, de concitoyens. 


Que subsiste en nous le souvenir de cet humble qui a donné son sang pour la sauvegarde de la société et de la propriété. 


Ce ne sont pas là de vains mots puis que l'on sait encore mourir pour les défendre. 


Ce sang modeste et pur, nous l’avons vu rougir de froides dalles... Le ruban rouge, étreignant la croix d’honneur, hautement méritée, en aura été la dernière et glorieuse éclaboussure." 



Enfin le préfet des Basses-Pyrénées, M. Mathieu, représentant le Gouvernement redit la citation à l’ordre de la Nation de l'agent Fautous, comme le plus bel éloge de sa conduite. 



Puis ce fut le long défilé à la porte du cimetière où la famille, M. le Maire et M. Nadaud, commissaire de police reçurent les condoléances des assistants. 



Nous ne terminerons pas ce compte rendu sans ajouter que cette impressionnante cérémonie porta vraiment la marque du deuil de toute une ville. Nous souhaitons qu’elle adoucisse la douleur de la veuve et des trois enfants du regretté disparu, et qu’elle ait été aussi au cœur de ses camarades de la police, qui, à l’exemple de Fautous continueront à veiller sur notre sécurité, une marque d’estime. 



En terminant nous constaterons l’ordre parfait qui présida au cortège, et cela est tout à l'éloge de M. Viard, qui dirige avec tact et compétence le service des Pompes funèbres de notre ville."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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