UNE FANFARE À HENDAYE EN 1887.
En 1887, la ville de Hendaye compte environ 2 000 habitants et son Maire est Jean-Baptiste Ansoborlo.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Soleil, le 30 juillet 1887, sous la plume de R de
Lavallée :
"La politique en province.
Préférences musicales.
Des goûts et des couleurs nul ne doit discuter ; aussi ne chercherions-nous pas chicane à M. le maire de Hendaye (Basses-Pyrénées) sur ses préférences musicales si elles n’avaient un caractère absolument extraordinaire. M. le maire de Hendaye ne distingue pas entre les sons ; il distingue entre les poitrines dont sort le vent qui, passant par l’instrument, produit le son.
Supposons par exemple que M. Ambroise Thomas, directeur du Conservatoire de Paris (pas de Hendaye), le prie de vouloir bien faire partie du jury qui appréciera aujourd'hui même, rue du Faubourg-Poissonnière, le concours des instruments à vent. M. Ambroise Thomas n’aura certainement pas une idée pareille, mais supposons qu’il l’ait. M. le maire de Hendaye n'ouvrirait-il pas ses oreilles pour mieux apprécier la légèreté d’un trait de flûte, la gravité veloutée du basson, la poésie du hautbois ou l’éclat de la trompette ; il se pencherait vers le président et lui poserait cette question : "dites-moi donc, maître, ce que pense en politique le concurrent, afin que je sache si sa musique est bonne ou mauvaise."
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PHOTOGRAPHIE D'AMBROISE THOMAS PAR WILHELM BENQUE 1895 |
Pour M. le maire de Hendaye, comme pour beaucoup d’autres bons républicains, tout se résume en ce mot : "Est-ce un ami ?" Après, il juge comme le roi Midas donnant la préférence à Pan sur Apollon.
Wagner n'étant pas un ami, M. le maire de Hendaye aurait manifesté devant l'Eden contre Lohengrin, s'il s’était alors trouvé à Paris ; mais il est à Hendaye et c’est là que, faisant concurrence à l’ancien roi de Phrygie, il rend ses arrêts..
A Hendaye, il y a deux musiques : la Fanfare de Hendaye et la Fanfare municipale. M. le maire, d'après ses principes musicaux, trouve que la première lui écorche les oreilles, tandis que l’autre le plonge en extase ; et, comme tout bon républicain n’admet pas que ce qui lui déplaît puisse plaire à autrui, ou réciproquement, il a décidé qu'il serait interdit à la Fanfare de Hendaye de se faire entendre. Elle peut, si elle veut, jouer dans une cave bien close, ou pousser jusqu’en Espagne, mais si la moindre de ses notes frappe l’air public sur le territoire libre qu'il administre, crac ! un procès-verbal.
Par contre la voie publique est largement ouverte, non seulement à la bonne musique municipale, mais à tous les musiciens ambulants de passage à Hendaye, à quel que pays qu'ils appartiennent. Ils n’ont même pas besoin de montrer gorge rouge, s’ils sont étrangers à la commune, parce qu’alors ils ne votent pas.
Ainsi, moi qui vous parle, je lui demanderais l’autorisation de jouer sur la clarinette En r'venant de la r’vue pour faire danser la polka à ses jeunes administrés, qu’il ne me la refuserait sans doute pas, malgré mes opinions dites réactionnaires. Pourquoi ? Parce que je suis électeur à Paris. Ce qu'il reproche surtout aux membres de la Fanfare de Hendaye, c'est d’avoir dans la commune des droits électoraux dont ils se servent mal. Autrement il respecte tout à fait leur liberté de conscience. Les principes républicains sont pleins de nuances semblables.
KIOSQUE A MUSIQUE HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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