LES LIAISONS FERROVIAIRES AU PAYS BASQUE EN 1913.
Dès 1857, commence, en Pays Basque Sud, la construction de la ligne de chemin de fer Tudela-Bilbao par la Compañia del Ferrocarril de Bilbao à Tudela por Miranda.
Voici ce que rapporta au sujet de ses communication ferroviaires le quotidien La Petite Gironde, le
14 octobre 1913 :
"Communications.
Les Relations entre la France et l’Espagne.
Comment relier la Vizcaya et la Haute Navarra à la France ?
Au moment où le Président de la République française vient de rendre courtoisement sa visite à Sa Majesté Alphonse XIII, aucun bon Français ne peut faire fi des intérêts commerciaux communs des deux nations amies, si importants qu’ils ont été plus forts que les zizanies de politiciens eu chambre et qu’ils ont amené l’heureuse entente actuelle.
LE ROI ALPHONSE XIII ET RAYMOND POINCARE PARIS 1905 |
La formule de 1659 : "Il n’y a plus de Pyrénées," n’aura jamais été autant une vérité que le jour où les voies ferrées, en état très avancé d'achèvement, seront terminées, et que le commerce franco-espagnol pourra profiter de ces nouveaux moyens de communication établis au travers même de ces montagnes.
Cependant, il y aura encore deux régions qui resteront injustement peu favorisées, si la grande Compagnie française des chemins de fer qui a le monopole des relations avec l’Espagne ne se montre pas plus conciliante : la Vizcaya et la haute Navarra, qui enserrent la Guipuzcoa et l’Alava traversées par la ligne principale de la Compagnie des chemins de fer del Norte. sont encore privées de relations par fer directes avec notre pays.
Ces deux provinces ou parties de province sont très intéressantes, car elles sont des contrées d’un sol très fertile et d’un sous-sol d'une richesse inouïe en minerais de toutes sortes. La Vizcaya est le pays de la Péninsule où règne la plus fébrile activité industrielle, et par suite un essor commercial immense ; l'importance de la pêche sur la côte est universellement connue, et les plus importantes firmes de salaison y ont établi des comptoirs. La haute Navarra produit de grosses quantités do laines.
Oviedo, A l'extrémité sud-ouest de la Vizcaya, est relié par Bilbao à San-Sébastian, et la capitale de la Navarra, Pamplona, est desservie par la ligne Alsasua-Casetas ; tout le monde sait cela.
GARE DES FERROCARRILES VASCONGADOS BILBAO BISCAYE |
Mais d'un côté la gare des "Ferro-Carriles Vascongados", à San-Sebastian, n’est pas réunie par rail à celle de la Compagnie del Norte. Il en résulte que la traversée de San-Sebastian est pratiquement impossible pour les marchandises.
Par ailleurs, Pamplona ne communique avec Irun que grâce à une boucle de 157 kilomètres, alors que la distance entre les deux villes est inférieure à 60 kilomètres en ligne droite.
Les relations de ces régions avec la France, comme importation et exportation, sont donc entravées et présentent do telles difficultés qu'elles sont à peu près nulles aujourd’hui.
Heureusement, deux initiatives louables font espérer qu'il n’en sera pas de même dans un délai d'autant plus bref que les volontés se montreront plus nombreuses autour des efforts accomplis.
D'abord, quelques capitalistes de San-Sebastian, aidés de l'influence morale des riches et puissants "Ferro-Carriles Vascongados", ont construit un tronçon de San-Sebastian à la frontière française, déjà ouvert au trafic voyageurs et qui pourrait l’être très prochainement au trafic marchandises, tandis que se terminerait la ligne Irun-Pamplona par Elizondo, San-Esteban. Cette ligne, récemment mise en construction, se grefferait à la station S.-S.-F.-F. d'Irun, et son trafic pourrait arriver à Hendaye sans transbordement.
BILLET DE TRAIN FERROCARILES VASCONGADOS DE BILBAO A SAN SEBASTIAN |
La Compagnie du Midi, jalouse de ses prérogatives et paraissant mal comprendre ses intérêts, a grevé d'une lourde contribution les ressources de la Compagnie S.-S.F.-F. pour lui permettre accès sur notre territoire et lui laisser passage sur ses terrains jusqu'à la gare d'Hendaye : la Compagnie française retient 59,90 % des recettes brutes sur le parcours Hendaye-Irun alors que le Norte espagnol prélève 20 % de toutes les autres recettes de la Compagnie S.-S.-F.-F.. Les deux vieilles Compagnies assurent, en revanche, le service des recettes. Il eût semblé plus politique pour le Midi d'abandonner cette contribution infime pour lui, et de ne songer qu’à l'augmentation de trafic qui résulterait à son profit de l’adduction d'un tonnage de marchandises très important, dont une faible partie seulement, vu les difficultés présentes, prend la voie de mer ou les itinéraires longs existants, quand la valeur des marchandises permet de les grever de transports coûteux. Le Midi ne pouvant invoquer la raison de "concurrence", il faut qu’il fasse preuve d’une meilleure connaissance de ses intérêts. Il ne doit pas s'opposer, par une ridicule sympathie d'actionnaire pour la Compagnie del Norte, à l’essor de deux entreprises nouvelles déjà autorisées par le gouvernement espagnol, et appelées à lui apporter dans la suite de gros bénéfices.
OBLIGATION COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DU MIDI |
La Compagnie S.-S.-F.-F. ne pourra peut-être pas mener à bien cette entreprise par ses seuls moyens, mais aux termes d'engagements existants, elle sera soutenue par les "Ferro-Carriles Vascongados", dont c’est l’intérêt, et qui sont capables de l’effort nécessaire pour contrôler le trafic d’Oviedo à Pamplona, et l’amener à Hendaye aux Chemins de fer du Midi de la France.
C’est au gouvernement français, fort du courant d’opinions présentes, de tendre la main aux deux provinces basques défavorisées. C’est au ministre des travaux publics d’éclairer la situation, après entente avec son collègue des finances pour règlement des questions d’organisation douanière locale, se rappelant utilement que les différents accords avec l’Espagne rendent légalement possible l’établissement de toute nouvelle gare frontière.
Deux hommes d'Etat éminents, l'un Français, l'autre Espagnol en même temps que Basque pressentirent il y a un demi-siècle les besoins d'aujourd’hui : le sénateur de l’empire, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. M. Drouyn de Lhuys, et don Javier de Isturitz, ministre de l'intérieur d’Espagne signèrent à Paris la convention du 8 avril 1864, qui régit encore les relations franco-espagnoles par Hendaye-Irun. Dans leur sagesse ils eurent la prévoyance de l'avenir et le troisième paragraphe de l'article 4 de cette Convention fut rédigé par eux dans la pensée certaine que le trafic franco-espagnol était appelé à prendre des proportions sans cesse grandissantes. Les Hautes Parties contractantes s'y promettaient d’étendre le bénéfice de leur entente aux autres points où pourraient venir "aboutir des voies terrées auxquelles le régime des transports internationaux pourrait être appliqué."
PHOTOGRAVURE D'EDOUARD DROUIN DE LHUYS PAR AUGUSTE-CHARLES LEMOINE VERS 1865 |
PORTRAIT DE FRANCISCO JAVIER DE ISTURIZ PAR ANTONIO GISBERT 1872 |
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