EN 1931, LA COMMUNE DE BIARRITZ SE PRÉOCCUPE DE SON ALIMENTATION EN EAU.
Comme ses voisines Bayonne en 1937 et Anglet en 1932, Biarritz se préoccupe également en 1931 de son alimentation en eau.
PORTEUSES D'EAU BIARRITZ - MIARRITZE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Après un premier article que j'ai déjà consacré à ce sujet, voici ce qu'en rapporta la presse, et en
particulier la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 12 juin 1931,
sous la plume de René Cuzacq :
"Le Problème de l’Eau potable à Biarritz.
La solution serait-elle au plateau de Reptou?
III. — Les indications d'un forage.
Par 74 mètres de haut. Reptou se situe ainsi juste au-dessus du centre de ta nappe d’eau qu’il s’agit de capter. Or un hasard heureux veut que ce domaine ait été donné à la ville afin d'établir un hôpital : dans l’état actuel des ressources d’eau potable de la ville de Biarritz, il y aurait lieu d’avoir recours à des surpresseurs (et ceci est loin d'être l'idéal) pour conduire là-haut l’eau nécessaire audit hôpital. Il est d’autre part inadmissible qu'un pareil établissement n'ait à sa disposition, en quantité abondante, l'eau, et surtout l'eau d'excellente qualité nécessaire à tout établissement sanitaire : il est même indispensable qu'il puisse se suffire à lui-même. Tout le monde est, par avance, d‘accord sur ce point.
Ainsi, la création d'un puits de moyenne importance était une nécessité en vue de l’édification très prochaine de l’hôpital de Reptou. Du même coup, par la plus heureuse des circonstances, sans qu'il en coûtât à la ville un sou de dépense supplémentaire, l'occasion s’offrait simultanément d'une prospection intéressante à l’endroit même qui paraissait le plus susceptible d’offrir la nappe cherchée.
Le forage est aujourd’hui chose faite : à la rencontre des sables et des argiles d'un côté, des marnes de l'autre, la nappe cherchée a bien été atteinte. Si nous examinons de près la coupe géologique du sondage, nous trouvons d’abord 4 mètres de terre végétale ; puis viennent une couche de sable argileux et une couche de sable fin jusqu'à 6-8 mètres de profondeur : là, parmi un gravier aquifère de grosseur moyenne se trouve une première nappe, d'origine pluviale et d’importance secondaire : celle-là même qui cause autour de l'église Saint-Martin des inconvénients sur lesquels nous n'insisterons pas. ou encore celle-là même qui alimente divers puits du quartier.
C'est la nappe riche et profonde qui seule nous intéresse ici. Pour l'atteindre, nous trouverons encore une couche de sable aggloméré d’argile, une tranche d’un mètre d'un sable très fin d’une blancheur éblouissante, une série de couches diverses de sables et de graviers plus ou moins gros, et, enfin, de 14 à 19 mètres de profondeur, un banc de sable argileux compact.
C'est au-dessous de cette dernière couche que, de 19 à 25 mètres, s'étend la nappe cherchée, imbibant un gravier aquifère tantôt fin, tantôt moyen. Là s'est arrêtée la mise en place du tuyau de pompage. Au-dessous les sables fins très argileux vont de 25 à 29 mètres de profondeur, et à cette dernière cote commencent les marnes bleues dont nous avons parlé déjà.
En attendant de voir le tuyau de pompage descendre un peu plus bas, nous avons ainsi la nappe d'eau cherchée sur une hauteur de 6 mètres : le tube d'égale hauteur qui y plonge a seulement un diamètre de 0 m. 25 ; une fois vidé, il remplit aussitôt en 3 minutes sur toute sa hauteur. Des pompages et des mesures effectués, il résulte comme acquise l'existence d'un débit moyen journalier de 100 m3. Quel sera le débit quand, au lieu d’un tube aussi mince, des buses au très large diamètre permettront de créer à cette profondeur, située à la cote 50 au-dessus du niveau de la mer — celle du lac Marion — un large bassin dont il sera possible de mesurer le rendement moyen journalier ?
LAC MARION BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Bien entendu, il y a lieu de se hâter en vue d’établir le plus rapidement possible ce bassin : car c'est en août et en septembre que Biarritz a d'une part besoin d’un supplément d'eau potable ; c’est à ce même moment d’autre part que les sources sont à leur étiage et qu'il y a lieu de mesurer leur débit.
Mais dès maintenant, les faits étant tels que nous les avons exposés, l'espoir est permis de voir le problème de l’eau potable trouver à Reptou une solution partielle. Il n'est pas inutile d’ajouter que l’eau de Reptou, très pure et très fraîche, est une eau d'excellente qualité.
IV. — De quelques autres considérations.
Il n’est pas non plus inutile d’observer combien la solution de Reptou serait une solution idéale, offrant le maximum d’avantages possibles :
1. La source et le terrain sont propriété communale : donc ni achats coûteux, ni négociations compliquées, sans parler du voisinage immédiat de la ville à alimenter !
2. Il en résulterait aussi la possibilité d’alimenter en eau potable les hauts quartiers de Biarritz, qui méritent bien eux aussi que l'on s’intéresse à eux.
3. De toutes façons, l'hôpital est sûr de posséder la quantité d’eau nécessaire et d’eau excellente que la ville eût été par ailleurs assez en peine de lui fournir !
4. En captant la nappe de Reptou, l’on est en droit d'espérer d'atteindre par contre-coup les eaux d’écoulement qui affouillent la falaise de la Côte des Basques. Leur débit ne ferait-il que diminuer, quels bienfaits, financiers et autres n’en résulterait-il pas pour Biarritz ! !
5. Enfin, il n’est pas non plus inutile de négliger l’intérêt géologique et scientifique du sondage de Reptou et des conclusions qui s’en dégagent quant à la façon dont le sable des Landes repose sur les marnes bleues éocènes.
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Toutes ces remarques se lient et s’enchaînent. Quoi qu’il advienne, nous sommes en droit de dire que le sondage de Reptou constitue à tous égards une excellente chose !
Mais si certains espoirs sont permis, ne nous livrons pas à des espoirs exagérés. La nappe profonde de Reptou est-elle une nappe pyrénéenne ou une nappe locale ? C'est à la seconde de ces hypothèses que vont nos préférences. Faisons en effet à nouveau un peu de géologie et revenons à ce profond sillon Mouriscot, Brindos, Arritzague que nous signalions au début de cet article : au sud de la dépression, s’étend le plateau basque crétacé où les eaux superficielles s’écoulent vers le sud et où les durs calcaires des falaises de Bidart sont aussi pauvres en eau que nos marnes bleues. Les eaux pyrénéennes s’avancent-elles jusqu’à cette distance en profondeur ? Ceci est une autre question ; mais il leur serait difficile de franchir l’entaille profonde de la ria où dort Mouriscot et à laquelle il doit son anormale profondeur.
Au nord de la dite entaille, il semble donc que le plateau de Reptou doive compter sur ses ressources propres en eau profonde. D'ailleurs, il n'est qu’un secteur de ce "plateau" au sens large du terme, dont la dépression indiquée marque la limite sud et est, tandis qu’il va s’inclinant vers le nord, recouvert dès Anglet par la transgression des sables et des pins landais. Le pendage général des couches se fait vers le nord.
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Tout ce grand ensemble n’est évidemment pas une plateforme absolue ! De nombreux vallonnements s’y creusent, des ruisseaux y ont entaillé leur lit. Et du même coup, les conditions qu’offre le secteur de Reptou s’y retrouvent ailleurs. Tout spécialement le secteur qui compose le plateau de Parme et de Quesnel pourrait peut-être bien, lui aussi, dissimuler quelque nappe profonde sur son versant qui tombe du côté de Chassin.
V. — Conclusion.
Il est temps de conclure. Nous avons voulu simplement exposer un problème aux lecteurs de la "Gazette" leur délimiter exactement les possibilités d’espérance qui s’aperçoivent, nous borner en un mot à notre rôle d’informateur strictement documentaire. Nous avons laissé parler les faits, pour l’instant, il y a lieu d’attendre quelque temps encore avant de se former un jugement définitif. Que cette attente puisse être une attente confiante, et qu'une solution partielle du problème de l’eau potable puisse résulter des recherches en cours d’achèvement, nous le souhaitons de tout cœur. Dès maintenant, nous croyons avoir démontré que le sondage de Reptou constitue une excellente opé ration.
Il nous reste cependant une considération à faire intervenir : nous croyons savoir que le Conseil supérieur d’hygiène a donné à la ville, à titre strictement provisoire, l’autorisation d’utiliser les eaux du lac de Mouriscot. Cette autorisation est d’ailleurs subordonnée à la bonne volonté de la ville et aux recherches qu’elle aura entreprises. Eh bien ! cette bonne volonté, ces recherches sérieuses viennent de se manifester à Reptou. Il est superfétatoire d’ajouter que durant la saison d’été, l’eau potable doit être réservée aux besoins de la population : ceux de la voirie municipale ou de nos pompes à incendie peuvent continuer à se satisfaire de l'eau du lac de Mouriscot. Une économie appréciable est ainsi réalisée.
Et pour terminer, rendons hommage à l'homme dévoué qui s’est fait l’initiateur de ces recherches. Dût sa modestie en souffrir, c’est M. C..., dont on sait le dévouement à ses doubles fonctions. Ce vieux Biarrot de naissance, depuis de longues semaines, n’a cessé d’examiner les terrains susceptibles de donner l’eau désirée ; de tout cœur, il s'est adonné à sa tâche ; c’est lui qui, le premier, a réuni et solidement enchaîné l’une à l’autre ces remarques dont nous venons d’exposer après lui la trame à nos lecteurs. C’est lui encore qui a su intéresser sans peine à leur réalisation pratique le Conseil municipal. Quel qu’en soit le résultat final, il convient de le remercier ici : l’intérêt des recherches de Reptou est déjà acquis aux yeux de tous.
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