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vendredi 11 novembre 2022

L'ARMISTICE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE FÊTÉ EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1918

L'ARMISTICE EN GUIPUSCOA EN 1918.


L'armistice de 1918, signé le 11 novembre 1918, à 5h15, met fin provisoirement aux combats de la Première Guerre mondiale. Il reconnaît de facto la victoire des Alliés et la défaite de l'Allemagne, mais il ne s'agit pas d'une capitulation au sens propre, cet armistice étant prévu pour durer 33 jours, puis il a été ensuite renouvelé.




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SIGNATURE ARMISTICE RETHONDES OISE
11 NOVEMBRE 1918 5H15




Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

plusieurs éditions :


  • le 16 novembre 1918 :



"Nos triomphes fêtés en Espagne.



L'ambassade de France à Madrid a donné, vendredi soir, une grande réception pour célébrer le triomphe des Alliés et la signature de l’armistice. 



Plus de 2 000 personnes y ont assisté, parmi lesquelles le comte de Romanonès, les représentants diplomatiques des Alliés et de nombreuses hautes personnalités. Il y eut des discours patriotiques. On chanta la "Marseillaise" et un "Te Deum" a été célébré ensuite à l’Eglise St-André à l’occasion de la fête du Roi Albert. 




pais vasco antes españa comte
ALVARO DE FIGUEROA Y TORRES
COMTE DE ROMANONES
Par Bassano Ltd — [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=104125525



Le Consul de France et les Sociétés françaises de St-Sébastien invitent toutes les familles françaises et alliés, à la soirée qui aura lieu aux Ecoles françaises, le dimanche 17 novembre, à 9 heures et demie du soir, en l'honneur de la victoire de nos armées. 



Le Comité catholique français de St-Sébastien invite tous ses compatriotes, les alliés, et tous les Espagnols amis de la France, à assister à une messe d’action de grâces qui sera dite le dimanche 17 novembre, à 10 heures précises du matin, dans la chapelle des Carmes. Cette messe sera suivie d’un repons pour le repos des âmes de ceux qui, par leur mort, ont contribué à la victoire des armées alliées. 



Il y aura demain quatre banquets à Saint-Sébastien pour célébrer notre victoire, au grand Casino, à la Urbana, à l'Hôtel Central et au Buffet de la gare. Tontes les cartes ont été enlevées pour ces banquets. 



Demain aussi, deux banquets auront lieu à Irun : d’autres banquets et de grandes fêtes auront lieu également à Eibar, à Renteria, à Tolosa, à Passages, à Fontarabie, à Plasencia, à Deva, etc. 



Il a été décidé que vers 3 heures de l’après-midi, tous les convives, ceux de St-Sébastien, d’Irun et des autres cités se rendirent en masse au Pont international d’Irun pour aller rendre visite à Hendaye et apporter à cette cité de la frontière française, "l’honneur qui est dû à la France immortelle et à ses admirables alliés, tous dignes de la reconnaissance des nations libres". 



Le Conseil Municipal de St-Sébastien s’est réuni hier vendredi et a voté, par 22 voix contre 6, la motion, suivante : 


"L’Ayuntamîento nommera une commission chargée d’aller porter au Consul des nations alliées le témoignage de la satisfaction de la municipalité pour l'heureuse issue de la guerre". 



Le nom de la Belgique et le nom de Alliés seront donnés à deux rues ou places de la ville. A l’occasion de l'inauguration des nouvelles plaques portant ces noms, le Conseil Municipal assistera en corps et les consuls seront invités. 



Les balcons du Palais municipal resteront pavoises pendant huit jours. 



Enfin la séance est levée en signe de réjouissance. 



Signalons qu'un membre de la minorité ayant invoqué les devoirs de neutralité pour justifier son opposition, s'est attiré cette réponse: "Votre neutralité n'a été que de la lâcheté."



  • Le 19 novembre 1918 :

"Manifestations en Espagne.



Au grand banquet de plus de 400 couverts qui a eu lieu dans les salons du Casino de San Sébastian assistaient les autorités municipales, le consul d'Angleterre M. Budd, le consul de France M. de Maricourt, le consul de Belgique M. Jacquemin, le consul de Cuba, les anciens maires de St-Sébastien dont plusieurs ont eu de si cordiales relations avec Biarritz, M. Marino Tabuyo, M. Carlos Uhagon, M. de Laflite, M. Inciarte, et un très grand nombre de notabilités. A la fin du banquet, le président, Don Manuel Rezola, prononça une vibrante allocution dont nous traduisons quelques passages : 


"Nous nous sommes réunis en ce jour pour que les nations alliées, victorieuses dans la guerre la plus terrible que les siècles aient connue, reçoivent le public hommage que veulent leur rendre leurs amis de Guipuzcoa. Toutes les âmes — entendons bien — toutes les âmes qui s’associent à cet hommage paraissent ressuscitées, brûlant de la flamme de l’idéal qu’incarnent les nations représentées ici par leur digne consul. 



La fête que nous célébrons est une vraie solennité ; toutes les tendances politiques y sont représentées, nous y voyons l’heureuse union de vénérables vieillards et d’une jeunesse pleine d’ardeur. Une multitude de citoyens de Guipuzcoa ont imité notre manifestation. Toutes les classes sociales, tous les âges, toutes les conditions s’y associent ; et, quand un hommage est aussi universel, c’est que la cause qui le motive agit puissamment sur toutes les pensées et sur tous les cœurs. 



Tous ici, nous ressentons la même sympathie intense, la même admiration profonde pour les nations de l’Entente et pour les nations qui, avec elles, ont constitué le bloc des peuples libérateurs. Tous, nous avons éprouvé une égale douleur de leurs souffrances pendant la lutte. Tous, nous avons gardé les mêmes enthousiasmes, la même foi et la même espérance dans le jour radieux de la victoire définitive. Tous, nous avons lancé d'identiques accents d’indignation quand les défenseurs du dogme de la force faisaient litière de la loi, foulaient aux pieds la justice, et, dans leur fureur, effaçaient jusqu’aux traces du droit écrit. 



Et aujourd'hui que cette nuit tragique de 51 mois est dissipée, que l’effusion du sang a cessé, que les terribles angoisses sont terminées et que nous pouvons compter sur la paix féconde et permanente, nous, citoyens de Guipuzcoa, nous les alliadophiles, nous fêtons le triomphe des principes que nous représentons". 



Puis, après avoir montré que la place de l’Espagne est irrésistiblement dans l’orbite de la France et des autres nations latines, l’orateur invite toute l’assistance à se lever pour écouter ce qui lui reste à dire : "Honneur à la Belgique dont la dignité incorruptible a écrit une des pages les plus lumineuses dans l'histoire de l’honneur des nations. M. le consul de Belgique, à l’heure où l’on annonce la prochaine entrée solennelle de votre vaillant roi dans sa capitale, dites-lui de notre part que nos sentiments à son égard ont toujours été ce qu’ils sont aujourd'hui. 



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ROI DE BELGIQUE ALBERT 1ER
NAMUR 12 NOVEMBRE 1918



Honneur à la glorieuse France "soldat de Dieu, soldat de l’humanité, soldat de l’idéal" dont les larmes de sang ont porté les germes du monde qui naît. M. le consul de France, dites à Clemenceau, l’incomparable conducteur de la nation, et au maréchal Foch, génie resplendissant de la guerre, que leurs noms évoquent en nos esprits la plus haute admiration. Honneur à la noble Angleterre, suprême incarnation de la morale civique et du respect de la parole jugée. M. le consul d’Angleterre, veuillez dire à votre gouvernement avec quelle ferveur nous, les amants de la Justice, nous louons l’effort énorme que votre patrie a réalisé. 



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MARECHAL FOCH RETHONDES
11 NOVEMBRE 1918



Honneur aux Etats-Unis, dont le premier magistrat a surgi comme une lumière parmi les ombres pour se révéler comme le guide suprême des relations juridiques entre les peuples. M. Budd, qui représentez ici le consul des Etats-Unis, veuillez transmettre à M. Wilson l’espérance que nous avons de voir son haut idéal devenir la règle commune de tout le genre humain. 



Honneur à l’Italie qui a eu l’héroïsme incompris de certains, de rompre son alliance avec les nations qui n’auraient pu la conduire qu’à la catastrophe morale et économique qu’elles ont subi.



 Honneur à la Serbie qui sc relève de ses malheurs plus grande que jamais. 



Honneur à notre petit voisin le Portugal dont la petitesse même nous fait presque envie maintenant, puisqu’il a eu un élan qui a servi de leçon à d’autres Etats plus puissants, mais plus timides et plus mal dirigés au point de vue de la politique internationale. 



Honneur enfin â toutes les nations qui, par leur abnégation et leurs souffrances, par leur effort économique ou même seulement par leur solidarité ont contribué à ce que, aujourd’hui, le soleil splendide de la victoire et de la paix puisse nous envoyer ses baisers". 



Toute cette péroraison a été fréquemment interrompue par les applaudissements assourdissants qui redoublèrent encore, lorsque l'orchestre du Casino exécuta la "Marseillaise ", reprise en choeur avec un grand enthousiasme par tous les assistants. 



Le consul de France, M. de Maricourt, répondit au nom des consuls alliés avec une émotion visible et fut l’objet des plus chaudes acclamations. 



Les consuls d’Angleterre et de Belgique répondirent aussi avec une éloquence communicative qui souleva l'enthousiasme général. 



Le célèbre peintre Zuloaga, un des assistants portant un toast de souvenirs et d’hommages aux 27 000 Espagnols qui, sur le front français, ont combattu avec les Alliés. 



A la fin du banquet, tout le monde alla serrer les mains des consuls alliés, et l’orchestre joua plusieurs fois les hymnes alliés, ainsi qu'un hymne à Foch, composé spécialement par le maestro Larrocha. 



Ajoutons qu’au cours de ce banquet, il fut donné lecture d’un grand nombre de télégrammes des différents centres d’Espagne et des divers banquets organisés à la même heure dans toute la région. 



Signalons celui de la municipalité d Eibar, s’associant à la joie universelle causée par la fin de la guerre et le triomphe de la France et de ses alliés ; — celui des comités alliadophiles de Tolosa, de Renteria, de Passajes, d’Irun, de Vergara, de Fontarabie, d'Azpeitia, d'Hernani, de Zumaya, de Placencia, de Beasain, de Bilbao, de Barcelone, de Zarautz, etc, etc,, et de nombreuses personnalités. 



Un autre grand banquet en l'honneur de la victoire des Alliés, a eu lieu à la Urbana, dans un cadre décoré avec profusion de plantes, de fleurs, de drapeaux alliés et de banderoles. Remarqué sur un cartouche cette inscription : "No pasaron, no ! (ils ne passeront pas !). Au dessert, on joua la Marseillaise et Tipperary et le poète Emilio Pisun récita un poème enthousiaste en l’honneur de la France. Longues acclamations et ovations. 



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HÔTEL RESTAURANT LA URBANA
SAINT-SEBASTIEN GUIPUSCOA



D’autres banquets ont encore eu lieu à San-Sébastian à l’Hôtel Continental et au buffet de la gare d’Hendaye. Ce dernier fut le banquet populaire. Il ne fut pas le moins animé, ni le moins enthousiaste. 



Par toutes les voies : chemins de fer, tramways, voitures, etc., plusieurs milliers de citoyens de San-Sebastian se rendirent à Irun et leur nombre s’augmenta encore en chemin d’une foule d’habitants de toutes les cités voisines. Les trains et tramways étaient accueillis dans les stations du parcours par une foule innombrable acclamant les manifestants, acclamant la France.



A Irun, la fanfare Iruchulo jouait la Marseillaise et, dit notre confrère la Voz, l’hymne glorieux de l’immortelle République unissait tous les coeurs avec un frénétique enthousiasme. 



Un immense cortège se forma qui, à travers les rues et avenues dont toutes les maisons étaient pavoisées, se dirigea vers l’avenue de France. En tête du cortège, des jeunes gens portaient un tableau avec l’inscription : "Vivent la glorieuse France et ses alliés".



Sur le parcours de l'avenue de France on avait érigé un ravissant et artistique arc de Triomphe avec sur le fronton cette inscription : "Gloire aux Alliés".



Le cortège arriva jusqu’au milieu du Pont International, à la ligne qui sépare l’Espagne de la France. Alors, des milliers de poitrines poussèrent le cri de "Vive la France" ; on exécuta la Marseillaise et, au milieu d'un enthousiasme indicible on cria : "Vive la France, vive Wilson, vive Foch, etc..." 



Puis ce fut l’entrée à Hendaye. La fraternisation des frontaliers d’Espagne avec ceux d’Hendaye et particulièrement avec les officiers et soldats français, portugais et nord-américains. On arriva ainsi jusqu’à la place de la Mairie, où se trouvaient groupés le Maire, les Conseillers Municipaux et les autorités. Au nom des visiteurs dont Victor Mendizabal exprima les sentiments de tous les vrais démocrates, qui se réjouissent du triomphe de la glorieuse France et de ses alliés. Le Maire répondit par des paroles de remerciements pleines d’émotion. Prenant comme tribune le kiosque de la musique, différents orateurs espagnols vinrent prononcer des allocutions d'un enthousiasme délirant. 



Et ce fut une fête qui dura jusqu’à la nuit, toute empreinte de la plus touchante cordialité. 



Aux Ecoles françaises.



L’Amicale Franco-Espagnole avait organisé dimanche soir aux écoles françaises de San-Sebastian une fête à laquelle assistèrent, le consul de France, le docteur Vic et une foule énorme d’invités. Après les allocutions du Consul et du docteur Vic, on chanta les hymnes alliés ; on applaudit diverses poésies et des chants ; on dansa et un splendide lunch fut servi par les soins de l’hôtel Continental."










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