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jeudi 24 novembre 2022

LE CHÂTEAU DE LARREA À ISPOURE EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LE CHÂTEAU DE LARREA À ISPOURE.


Cela fait plusieurs mois que je vous présente divers châteaux du Pays Basque.

Aujourd'hui, c'est celui d'Ispoure, en Basse-Navarre.




pays basque autrefois basse-navarre armoirie
BLASON VILLE ISPOURE
BASSE-NAVARRE



Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure).



Voici ce que rapporta au sujet du château de Larrea à Ispoure le Bulletin du Musée basque N°6 de 

1933 :



"Château de Larrea à Ispoure.



Il existe à Ispoure, non loin de la route conduisant de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jean-le-Vieux, un groupe de bâtiments agricoles dont le principal attire l'attention. C'est une vaste construction carrée dont la façade, en pierres de taille, est percée de fenêtres à meneaux, tandis que les autres côtés présentent des ouvertures larges et nombreuses, comme n'en ont jamais, en Pays Basque, les maisons du peuple.



Deux angles sont flanqués d'une tour ; l'une qui a reçu depuis peu un revêtement de ciment, présente comme seul intérêt d'avoir encore des embrasures pour canons ; l'autre, en grès rouge du pays, donne une idée exacte de ce qu'étaient les ouvrages de défense au 16ème siècle. Elle est percée d'une fenêtre grillée, dont les barreaux, se terminent à la partie supérieure, en fleurs de lys. Enfin, on remarque, au-dessus de la porte d'entrée, les traces de l'ancien écusson martelé sans doute pendant la Révolution.



Ces caractéristiques dénotent une ancienne maison noble ayant encore grand air dans son délabrement.



pays basque autrefois basse-navarre château
CHÂTEAU DE LARREA ISPOURE
DESSIN BMB N°6 1933


Cette antique demeure a été, pendant des siècles, la résidence des Larrea, une des familles sans contredit des plus anciennes et peut-être même la plus ancienne de la Basse-Navarre, car on en trouve trace dès le 9ème siècle. Le 13 mars 839, le roi Iñigo Ximénéz fit don à Ignace et à son fils Garcia : "de la vallée à l'entrée de l'Alava, depuis la montagne de l'Arramendi jusqu'à la chaîne du Guipuzcoa, avec le château fort nommé Larrea, du droit de porter la bannière, ainsi que l'insigne de la chaudière réservé aux seuls ricombres".



Un peu plus tard ce même seigneur est mentionné comme investi des honorables fonctions de porte-étendard du roi, une des premières charges militaires qui conférait à ceux qui en étaient investis le privilège de pouvoir lever des troupes qui leur étaient personnelles. Il la conserva pendant longtemps.



A cette époque, les Larrea habitaient le Guipuzcoa qui faisait alors partie du royaume de Navarre. Quand et dans quelles conditions le quittèrent-ils pour s'établir en pays de Cize ? Il est assez difficile de répondre avec précision. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'au 13ème siècle ils y occupaient une situation en vue.



L'un était, en 1294, gouverneur du château de Monferran, un autre évêque de Dax en 1302, un troisième commandeur de l'hôpital d'Apath, en 1467 ; enfin, à partir de l'année 1566, la charge de capitaine-châtelain de Saint-Jean-Pied-de-Port entra dans la famille qui la conserva, presque sans interruption, jusqu'à la veille de la Révolution.



Il n'est pas douteux qu'au commencement du 16ème siècle la maison Larrea était, avec Oger, une des premières du pays de Cize. En plus du domaine d'Ispoure, elle possédait la maison noble d'Eyharaldéa à Saint-Michel et des biens à Halsou et à Aincille dans la même région. Oger était apparenté à plusieurs bonnes familles de la Navarre et, en particulier, aux Irumberry. Il avait, en effet, épousé, en 1480, Jeanne d'Irumberry.



Lors de la séparation de la Haute et de la Basse-Navarre, Oger resta insensible aux offres alléchantes de Ferdinand le Catholique aux seigneurs Navarrais. Lui et ses successeurs continuèrent à être de fidèles serviteurs des Albret. On constate aussi, sans en avoir la raison, que leur nom prend une autre forme car, dans les pièces officielles ils sont désignés La Lanne tandis que, dans d'autres ils conservent leur nom de Larrea.



Au 16ème siècle, Pedro de La Lanne eut, d'un mariage avec une demoiselle d'Apat, deux fils, Jean et Marc. Ce dernier devint archer à la compagnie de M. de Gramont et ce fut lui qui reçut, le 15 juin 1566, la charge de châtelain de Saint-Jean-Pied-de-Port.



Son frère aîné, Jean, qui continua la famille, est qualifié de seigneur de La Lanne d'Ispoure, gentilhomme ordinaire de la chambre, chambellan du roi de Navarre et son mestre de camp. Il était beau-frère de M. de Belsunce, châtelain de Mauléon.



Lors des guerres de religion il resta un des fidèles serviteurs de Jeanne d'Albret. Lorsque les Ligueurs menacèrent les états de cette reine, elle donna l'ordre à La Lanne de se tenir à Garris et de défendre cette ville qui était alors le siège de la Cour souveraine du royaume. Mais il faut croire que la mission qu'il recevait était assez difficile à remplir, car voici dans quels termes un écrit du temps décrit le château de Garris : "quelques masures d'un vieux château ruiné".



Avant que La Lanne ait eu le temps de mettre cette ruine en état de défense et de se ravitailler, il fut assiégé par les Ligueurs "accompagnés de la populace de Navarre et de Soule qu'ils avaient élevée par un beffroi général". Après deux jours de siège, il dût se rendre, sans avoir perdu un seul homme, tandis que les assiégeants comptaient trois hommes tués et plusieurs blessés. Fait prisonnier et envoyé au château de Tardets, La Lanne n'y resta pas longtemps et donna lieu à un échange contre le capitaine Jean d'Amorots qui était détenu dans les prisons de Pau.




Jean de La Lanne continua à être en faveur auprès de Jeanne d'Albret qui lui fit donation, le 19 Mars 1570, de la commanderie de Saint-Michel avec toutes ses appartenances. Il faut croire qu'il méritait cette faveur ; c'était du moins l'avis de Brantôme qui a écrit de lui :"C'était un bon et brave capitaine qui avait esté l'un des lieutenants de M. de Gramont en l'une des campagnes qu'il avait faites aux guerres estrangères."



Jean de La Lanne eut plusieurs frères qui eurent des fortunes diverses. L'un d'eux, qui écrivait son nom Lalanne, avait fait dans le Bordelais un brillant mariage et fut mis ainsi en relations avec la noblesse de ce pays. Un de ses petits-fils devint, sans doute aussi par son mariage, baron d'Uzeste et de Roaillan et un peu plus tard baron de Villandraut.



Dans la suite, plusieurs d'entre eux, pourvus de charges au Parlement de Guienne, s'y succédèrent de père en fils. Il y en eut aussi dans la marine où on compta un lieutenant-général de l'Amirauté pour le roi, et dans l'Administration avec le titre de "Directeur des affaires du roi en Guienne". Ces Lalanne ont complètement abandonné le pays et n'ont pas laissé de traces.



La branche aînée au contraire s'y est maintenue bien qu'elle ait fait peu parler d'elle postérieurement au 16ème siècle. On trouve cependant un de ses membres commandeur de la commanderie d'Irissarry, à en juger du moins par la belle inscription qu'on peut lire sur la porte de cet établissement et ainsi libellée : "En l'honneur et pour le service de l'ordre de Saint-Jean (de Jérusalem) en l'année 1607, le commandeur d'Irissarry, Don Martin de Larrea, fit cette maison et palais, depuis les fondations, ainsi que la maison et grange en face, réédifiant les moulins, les construisant de nouveau, plantant des pommiers et beaucoup d'autres oeuvres." Cette inscription est en espagnol.



Bien qu'on ne les connaisse pas, il est probable que les La Lanne durent continuer à rendre des services appréciés ; on en a la preuve dans l'érection de la seigneurie en baronnie au mois d'Octobre 1724, en faveur de "Pierre de Lalanne, châtelain de Saint-Jean-Pied-de-Port et capitaine des ports de Navarre."



La famille se continua jusqu'au 18ème siècle. En 1744, Jean-Valentin épousa Jeanne-Marie d'Arquié d'Ustaritz, mais il n'eut pas de postérité et, quand il mourut, avec lui disparut le dernier représentant de la famille sans contredit la plus ancienne de la Basse-Navarre.



Ses biens passèrent, par ventes successives, entre plusieurs mains. Un des derniers propriétaires de l'ancienne maison forte d'Ispoure fut M. Massal dont une fille épousa le docteur Barrié. Ce dernier ayant perdu ses trois enfants, testa en faveur de cousines germaines de sa mère, les demoiselles Laurent. Celles-ci récemment décédées, ont eu pour héritiers M. Robert de Beauchamps, ingénieur en chef du service maritime de Cherbourg et Madame Bustarret, de Toulouse, leurs neveu et nièce."







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