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mercredi 29 décembre 2021

LE CHÂTEAU DE CHARRITTE EN SOULE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

LE CHÂTEAU DE CHARRITTE.


Dans la commune de Charritte-de-Bas, en Soule, existait autrefois un château.




CHÂTEAU DE CHARRITTE
DESSIN DE P. GARMENDIA



Voici ce que rapporta Joseph Nogaret, dans le Bulletin du Musée Basque n°9, en 1935 :



"La famille de Charritte était une des plus anciennes de la Soule. Dès le 11ème siècle, Loup-Bergon de Charritte est mentionné dans certain actes ainsi qu'Heraclius de Charritte archidiacre. C'était l'époque où Béarnais et Souletins étaient fréquemment en luttes. En 1058, ces derniers demandèrent à Etienne de Lavedan, évêque et suzerain d'Oloron, l'autorisation de traverser ses domaines pour accéder en Béarn. L'évêque mit comme condition à cette autorisation que la Soule, qui dépendait, au spirituel, de l'évêque de Dax, serait rattachée à son diocèse. Cette proposition très combattue par Bergon-Loup de Charritte fut repoussée.




Deux cents ans plus tard, en Septembre 1256, Auger de Miramont vicomte de Soule et Guillaume-Armand seigneur de Tardets étaient en désaccord. Les partisans d'Auger tuèrent traîtreusement plusieurs de ceux de Guillaume-Armand. Dans la transaction qui intervint, Auger s'engagea à envoyer en pèlerinage, dans un pays d'Outre-Mer, plusieurs de ses sujets, dont Garcie-Armand de Charritte et Sanche-Arnaud de Ruthie et, au cas où ils ne voudraient pas y aller de leur plein gré, à les y contraindre par la force.



Enfin, en 1486, un seigneur de Charritte figure comme témoin dans une trêve entre les Luxe et les Gramont.



Il faut arriver au 17ème siècle pour avoir des renseignements plus complets et pouvoir suivre la filiation de cette famille jusqu'à nos jours.




La branche mâle est éteinte et Jeanne, l'unique héritière des biens de Charritte et de la maison noble de Jauriganten de Chéraute, épousa noble Josué de Casamajor, écuyer.



Les Casamajor étaient une ancienne famille anoblie en 1583, en la personne de Guicharnaud, d'abord notaire royal à Navarreinx, en Béarn, puis trésorier et receveur général qui était le père de Josué. Ce dernier, par ce mariage contracté en 1608, prit le nom de Charritte pour lui et pour ses descendants suivant la coutume de ce pays. Il devint, en même temps, un des personnages d'importance de la Soule, car le domaine de Charritte était une potestaterie et il prit, en même temps que le nom de ce domaine, le titre de "potestat" auquel ce dernier donnait droit.



Dans les années qui suivirent, Josué augmenta le patrimoine de la famille par l'achat de la maison noble Casenave de Chéraute et du domaine de Lichos, en Béarn. Comme beaucoup d'autres terres de ce pays, Lichos était un bien noble et donnait droit à son propriétaire de siéger aux Etats de Béarn qui se tenaient à Pau. Ce fut un des privilèges qu'acquit Josué tandis que, comme potestat, il faisait partie des Etats de Soule et de la Cour de Licharre.



Isaac, fils aîné et successeur de Josué, épousa, en 1642, Marie de Maytie et il eut huit enfants.



Henri, l'aîné, resta à Charritte et, de son mariage avec Marie de Chéraute, eut un fils et deux filles. Le fils Armand mourut sans postérité et eut pour héritière, sa soeur Angélique qui céda terres, titres et privilèges attachés au domaine, à un de ses cousins.




Le second fils d'Isaac, Jean-Pierre, eut une carrière assez aventureuse. Il entra dans la marine de l'Etat et il était garde-marine lorsqu'il fit, en 1688, une campagne à Terre-Neuve et au Canada sous les ordres du marquis d'Amblimont. En 1693, étant lieutenant de vaisseau, il escortait un convoi lorsque des vaisseaux espagnols l'attaquèrent à hauteur de l'embouchure de la Gironde. Au cours d'un violent combat, il eut l'épaule et la mâchoire fracassées. Cependant il sauva le convoi et sa belle conduite, en cette circonstance, lui valut la croix de Saint-Louis et une pension de cinquante livres.



Peu de temps après, il fut promu lieutenant de vaisseau et nommé au commandement du Lutin. Il ne le conserva pas longtemps car il ne tardait pas à recevoir sa nomination de lieutenant du roi à Saint-Domingue. Il obtint ensuite successivement le gouvernement des Iles du Cap, de Sainte-Croix, puis celle de la Martinique et enfin de Saint-Domingue. Tout en y remplissant des fonctions officielles, il ne négligea pas ses intérêts personnels et familiaux. C'était l'époque où Saint-Domingue, mis en valeur grâce aux noirs importés d'Afrique, était en pleine prospérité. Il fit beaucoup pour son développement et il existe aux archives de la Chambre de Commerce de Bayonne un mémoire, rédigé par lui pour M. de Pontchartrain, et formulant certaines propositions pour la mise en valeur de la colonie.



Lui-même ne s'était pas oublié. Il avait acheté et fait acheter par tous les siens des exploitations qui leur donnèrent des bénéfices considérables. Une seule sucrerie rapportait annuellement quatre cent mille livres, somme énorme pour l'époque et ils en avaient plusieurs. Aussi, tous les Charritte, qui avaient leur part de revenus de cette exploitation, étaient-ils fort riches. Cependant la gestion de Pierre Charritte ne fut pas à l'abri de tout reproche. On l'accusa d'avoir prélevé des gains illicites sur des farines ; il dût verser une somme de six cents livres d'amende et, en outre, on le releva, pendant quelque temps, de son commandement.



Le fils aîné de Jean-Pierre, nommé Armand-Jean et désigné à l'origine, comme chevalier, entra dans l'armée. Après avoir été cornette de la colonelle générale d'un régiment de dragons il quitta le service, se retira dans son pays et partagea son temps entre son domaine de Charritte et la ville de Pau où il résidait de préférence. Un arrangement avec sa cousine Angélique l'avait en effet rendu maître de tous les biens de Charritte et de Lichos et des prérogatives qui y étaient attachées.



Son titre de potestat n'étant pas très considéré dans la société paloise, très aristocratique à cette époque, il désira en obtenir un plus honorifique. Dans ce but il fit représenter au roi :"qu'il possédait, dans le pays et vicomté de Soule, une terre appelée potestaterie de Charritte et que la dite terre, qui portait, depuis longtemps, le nom et faisait partie du bien de la famille, était considérable par son étendue et les revenus qui y étaient attachés et qu'elle était disposée à recevoir le titre et la dignité de marquisat". Le roi Louis XV donna une suite favorable à cette demande, par lettres patentes du 7 mai 1743 "en raison des services rendus par les Charritte, tant à Saint-Domingue que par le frère Charles, président à mortier au Parlement de Pau". Armand eut ainsi la satisfaction de pouvoir changer son titre de potestat, un peu désuet, en celui, beaucoup plus flatteur, de marquis. Comme il ne laissa pas d'héritier mâle, son titre revint, à sa mort, à son frère Charles, qui l'avait, en partie, mérité par les services rendus.



Avec Charles de Menditte la famille atteignit le point culminant de sa prospérité. Le 6 Mai 1723, il avait épousé Marguerite-Françoise d'Andoins, héritière d'une branche d'une des grandes familles du Béarn. Il n'avait pas encore 22 ans lorsque, le 16 juin 1725, il fut pourvu de la charge de conseiller au Parlement de Navarre, avec dispense d'âge et de parenté, car son beau-père y remplissait encore à cette époque les fonctions de conseiller. Le 24 Août 1732, il obtint des lettres lui conférant le titre de de président de chambre."




A suivre...








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