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jeudi 16 décembre 2021

LES ANCIENS HYMNES BASQUES ET CATALANS EN 1939

LES ANCIENS HYMNES BASQUES ET CATALANS EN 1939.


La Catalogne et le Pays Basque, avec ses sept provinces, ont des hymnes célèbres.




pais vasco antes canto
CHANT GUERNIKAKO ARBOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta le journal La Revue Politique et Littéraire, le 1er mars 1939, sous la plume 

de Jean Poueich :



"Les anciens hymnes Basques et Catalans.



Les événements d’Espagne viennent de nimber d’un rouge halo l’esprit d’autonomisme qui, jusqu’à nous, s’est franchement maintenu en Catalogne et dans le Pays Basque. Ce déchaînement de passion n’aura pu surprendre que ceux-là seuls qui ignorent le passé de ces contrées opposées, également irréductibles. A l’extrémité orientale des Pyrénées, Catalans d’Espagne et Catalans de France sont de même race, comme le sont semblablement, à l’autre bout de la chaîne, Basques français et Basques espagnols. Des traditions communes à chacun des deux peuples soudent leur double tronçon, séparés en apparence seulement par la démarcation des frontières. Sur les deux versants de la montagne, s’entendent donc, là-bas même dialecte d’Oc, ici le dur idiome euskarien. Nos Basques des Basses-Pyrénées savent reprendre en chœur le refrain carliste Ai ! Ai ! Ai ! Mutillak ! cher aux phalanges de Navarre. Et pareillement, les catalanistes des Pyrénées-Orientales entonnent eux aussi le vieux chant des Segadors, hymne adopté depuis longtemps déjà par tous les séparatistes de la Catalogne. Car l’historique destin de ces régions ibériques est intimement lié à notre propre histoire.




... Les Basques aussi se sont, depuis les temps anciens, souvent battus entre eux. Ceux des provinces de Navarre et de Guipuzcoa gardent la tradition orale d’un combat qui remonte au 19 septembre 1321 : "Depuis plus de mille ans — L’eau va son chemin. — Les Guipuzcoans sont entrés — Dans la maison du château-fort ; — Avec les Navarrais ils se sont livrés — A Béotibar bataille." On sait que le génie euskarien excelle dans l’improvisation poétique. Les bardes, aux jours d’allégresse ou de deuil, et sur un sujet donné prenant pour timbre un air populaire, composent à deux séances tenantes les versets, tercets ou quatrains alternés du pour et du contre. D’où, abondance de pièces strictement régionales. Dans cette production les airs ne sont pas toujours originaux. Beaucoup sont venus de France. Ainsi, en pays basque espagnol, avons-nous pu identifier deux marches de fête : Phesta-Handi et Phesta-Berri, comme étant des variantes mélodiques de la célèbre Marche des Mousquetaires, de Lulli. Par ailleurs, une certaine marche de Fontarabie porte le titre de Marche de Condé, en mémoire du siège de 1638.


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MARCHE BASQUE PHESTA HANDI



Parmi les chants historiques plus récents, l’un se rapporte à l’entrée des Français en Espagne, lorsque le roi Charles IV ayant déclaré la guerre à la Convention, les Basques coururent aux armes, à la voix de Harispe, et formèrent d’intrépides petits corps sous le nom de chasseurs des montagnes. Le même Harispe, devenu général sous l’Empire, participa au siège de Saragosse ; il y fut blessé et sa bravoure inspira encore ses compatriotes. Nous retrouvons aussi le héros national dans une autre pièce qui décrit l’entrée des Français à Madrid en 1808 et l’insurrection du "deuxième jour du mois de mai". Le prince dont il y est question n’est autre que Murat et l’appellation de "bérets rouges" qui y figure désigne sa garde d’honneur composée de trois cents Basques. La coiffure de ceux-ci, le béret rouge, excita, dès cette époque, l’antipathie des madrilènes. Par la suite, les soldats du prétendant la portèrent, cette coiffure, pendant les guerres carlistes et lui durent leur nom de Chapel gorriak. De la première insurrection (1833-1839), date la célèbre chanson Ai ! Ai ! Ai ! Mutillak ! : "Les filles d’Aspeitia — Avec leurs jupons rouges — Ne veulent pas danser — Avec les bérets blancs (partisans de la reine Christine). — Ah ! Ah ! Ah ! Garçons ! — Les bérets rouges ! — Vive les bérets rouges ! — Les glands verts ! — Sur un cheval vient — Notre Don Carlos, — Don Carlos le bien-aimé, — Notre Roi !" Et ce même chant rallia en 1873-1875, lors de la seconde guerre, tous les Carlistes fervents autour du petit-fils du précédent — celui-ci aussi prénommé Don Carlos et prétendant au trône d’Espagne. Les requêtes navarrais d’aujourd’hui chantent toujours ce chant de guerre qu’un rythme franc et décidé a répandu dans les sept provinces basques et qui, quelles que soient les opinions de ceux qui le chantent, fait désormais partie intégrante de leur folklore.


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PARTITION AI ! AI ! AI ! MUTILLAK !



Mais les Basques, férus d’indépendance absolue, se groupent à l’ombre du Guernikako Arbola — l’Arbre de Guernica, l’arbre de la junte de Biscaye, l’arbre sacré qui incarne pour eux et perpétue leurs plus chers droits ancestraux : "L’arbre de Guernica est béni, — Tout à fait aimé parmi les Basques ; — Donnez et répandez votre fruit dans le monde ; — Nous vous adorons, Arbre sacré !" Ce chant fut composé dans la seconde moitié du siècle dernier par l’un de ces bardes dont il a été question plus haut : il se nommait Iparraguire et était natif du village de Zumarraga. On lui doit quelques autres, chansons demeurées vivaces dans la mémoire du peuple basque. La mélodie sur laquelle s’envolent les paroles d’Iparraguire est attribuée à un organiste de Lequetio. Quoique de facture moderne et d’accent parfois assez vulgaire, son rythme de zortziko à cinq temps — mesure particulière à cet air de danse — lui confère un cachet nettement caractérisé et jodlant l’empreinte essentiellement autochtone. L’ardeur enflammée et l’élan martial du Guernikako Arbola, autant que sa signification patriotique, en ont fait l’hymne national par excellence du Pays Basque espagnol.




Maintenant, pour conclure, qu’il nous soit permis d’emboucher l’agreste pipeau. Basques ou catalans, ces hymnes évoquent trop souvent de sourdes luttes intestines et, de nos jours, servent de pavillon à d’agressives revendications. Or, la véritable et ancienne chanson populaire se préoccupe moins de politique que d’amour. Et, précisément, les romanceros basque et catalan sont extrêmement riches en cantilènes amoureuses. Ecoutons le flaviol et le hautbois scander ball ou sardana, le tambourin et la chirula rythmer saut basque ou fandango, le pasteur en montagne et la bergère aux champs lancer à pleine voix leurs contemplatives pastourelles, l’énamouré garçon sonner l’aubade aux volets clos de sa bien-aimée. Avec eux tous nous retrouvons, dans leur captivante pureté, l’âme profonde et les traits éternels de ces contrées admirables. Leur voix est l’émanation même de leur nature, toute de sérénité fière et de lumineuse pérennité."



(Source : https://www.eusko-ikaskuntza.eus/fr/fonds-documentaire/chansonnier-basque/ab-3844/)



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