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vendredi 24 décembre 2021

LES CHAPELLES DE SARE-SARA EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (septième partie)

 

LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.


Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.






CHAPELLE ST-IGNACE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°13, en 1937, sous la plume de 

Philippe Veyrin et P Garmendia :



"Les étapes des trois processions des Rogations : Saint Ignace. - Sainte-Croix. - N.D. du Bon Secours. - Marie, Mère de Dieu. - Saint-Nicolas.



..."Effectivement, les gens du pays en attribuent la construction à l'abbé Bordaguibel qui fut curé de Sare entre 1820 et 1830. Ce prêtre, fils de la maison Ihartze-beherea, avait fui en Espagne sous la Révolution. A son retour d'exil, il en au. rait rapporté une image de la Vierge (celle qui existe toujours) pour laquelle il aurait fait bâtir un oratoire au bas de son domaine, à proximité de la maison Portua. Vers 1860, cet édicule fut démoli, pour laisser place à la nouvelle route du village. L'expropriation donna lieu, paraît-il, à une contestation sur la propriété de l'oratoire. Un procès s'ensuivit ; il se termina par l'attribution de la chapelle aux maîtres d'Ihartze-beherea, à charge pour eux de la rebâtir sur une autre parcelle de leurs terres. Le nouvel emplacement choisi se trouve au bord de la côte de Placida - ancienne route du village - à peu près en face d'Ihartzeartia. Les travaux coutèrent 600 francs ; ils produisirent la construction actuelle, un peu trop modernisée pour notre goût. Avec ses murs roses, et son toit d'ardoise à pente raide, Ihartzebehereko-Kapera s'éloigne en effet plus que toute autre du type traditionnel.




La statue de la Mère de Dieu, don de l'abbé Bordaguibel, se dresse toujours sur l'autel, costumée d'une ample tunique flottante. Au jour de la procession on la pare, ainsi que l'Enfant Jésus, e vêtements plus riches, en soie brodée d'or...




L'un de nous assistait parfois dans son enfance à cet habillage de la Vierge ; il peut dévoiler que celle-ci, à l'instar des nombreuses Madones de la Péninsule, se compose seulement d'une tête et des bras en bois sculpté et peint, montés sur un bâti tendu de grosse toile et intérieurement rembourré. L'Enfant, qui paraît bien de la même facture, est au contraire une statuette fort complète d'un aimable réalisme. L'ensemble doit sortir d'un atelier spécialisé dans la fabrication d'effigies religieuses vers la fin du 18ème siècle.




Saint-Nicolas (Gantcheberriko-Kapera) a été, comme la chapelle d'Ihartzebeherea, déplacée vers la fin du 19ème siècle ; mais, plus heureuse que cette dernière, elle fut évidemment reconstruite avec les mêmes matériaux et n'a rien peu de son aspect primitif.




Un fronton triangulaire tout en bois, décoré d'un motif en volutes grossièrement sculpté et peint d'un bleu intense, contraste vivement avec la porte et les barreaux rouges. Cette naïve polychromie donne à l'oratoire une saveur populaire très marquée.





SAINT-NICOLAS
DESSIN DE P. GARMENDIA



De temps immémorial, l'emplacement de cette chapelle était à l'angle où se joignent la route d'Istilart et un petit chemin qui descend perpendiculairement de Lehenbiscay.




En quittant Saint-Nicolas, la procession des Rogations, au lieu de regagner directement le bourg par la grand'route comme elle le fait aujourd'hui, empruntait le sentier précité pour remonter vers Lehenbiscay et faisait halte à nouveau devant des autels dressés sous les chênes de Larraburua et de Bidartea (ces derniers aujourd'hui disparus), avant de rejoindre l'église par la "galtzada" d'Haramburua.




La chapelle était érigée sur une propriété appartenant à M. Pierre Ansorena, père de Madame Eugène Abadie. C'est lui qui, à l'occasion d'on ne sait quels travaux, fit démolir l'oratoire, ce qui provoqua, dit-on, maintes protestations. Cédant de bonne grâce au désir unanime de l'opinion publique M. Ansorena reconstruisit le petit sanctuaire sur ses terres à Gantcheberria, à proximité de la maison Espiltegia où elle se trouve actuellement.




L'ancienne statue de Saint Nicolas est aujourd'hui au Musée Basque. C'est une oeuvre en bois polychromé d'un archaïsme très savoureux. Avec sa silhouette ventrue, ses bras courts , tendus en un geste d'accueil, son visage barbu comiquement encadré d'une étrange coiffure, cette effigie est un exemple très typique d'art populaire. Nous la croyons assez ancienne. La tête, naguère séparée du tronc pour cause de vétusté, avait été ingénument remise en place à l'aide d'un raccord de tuyau de tôle, ce qui n'ajoute pas peu à la naïve physionomie de cette pieuse image.




STATUE DE SAINT-NICOLAS 
MUSEE BASQUE DE BAYONNE




Chapitre V. 

Les chapelles disparues. - Sainte-Barbe. - Sainte-Croix d'Olhaïn. - L'ermitage de la Rhune.




Les chapelles disparues.



Les trois sanctuaires de Sare dont il ne reste plus que le souvenir étaient des constructions relativement importantes et d'une origine vraisemblablement très ancienne.



Un trait commun les rapproche : leur situation sur de hauts lieux qui dominaient toute la contrée. Cela pourrait faire présumer que ces chapelles se sont substituées jadis au culte d'une divinité païenne, comme ce fut sûrement le cas à la Madeleine de Tardets. Toutefois, ici, aucune inscription lapidaire d'époque gallo-romaine n'est venue confirmer l'hypothèse d'un sanctuaire préchrétien...



Une autre interprétation plus probable est rapporté par l'abbé Haristoy dans le tome II de son ouvrage "Les paroisses du Pays Basque pendant la période révolutionnaire" :

...Les chapelles étaient desservis une partie de l'année par des chapelains qu'on supposait capables de conjurer la grêle et la foudre... Plusieurs chapelles étaient élevées sur les montagnes considérées comme très orageuses : la Rhune (Larrun), Oillarandoy (Baïgorry), Orisson (St-Michel), Saint-Sauveur (Lecumberry), Nethé (Hosta et Ibarolles), Saint-Antoine (Musculdy), la Madeleine (Tardets) et plusieurs autres...


...Certaines chapelles de montagne servaient aussi de chapelles de secours dans les paroisses : comme par exemple celles des Aldudes, d'Urdos, d'Oilarrandoy, etc. Quant à ces chapelains qu'on supposait capables de conjurer la grêle et la foudre, ils ne faisaient que ce que fait encore tout prêtre catholique, c'est-à-dire prier, bénir l'air et conjurer la furie de la tempête par la vertu de la Sainte Croix."



Sainte Barbe. - L'explication qu'on vient de lire s'applique sans contestation possible ce sanctuaire détruit. On sait assez combien sont répandues chez nous les manifestations du culte populaire, qui s'adressent à la Sainte dont on invoque la protection contre la foudre. Coïncidence assez curieuse, plusieurs autres chapelles de Sainte-Barbe, érigées sur des hauteurs labourdines, - celles d'Ustaritz, de Saint-Pée et de Saint-Jean-de-Luz, - ont, elles aussi, totalement disparu et n'ont point été relevées..."



A suivre...













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