UNE FÊTE À LOYOLA EN 1880.
En 1880, a lieu à Azpeitia une grande fête pour le retour de la statue de Saint Ignace, qui avait quitté le village depuis 1869.
FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, dans son édition
du 5 août 1880 :
"Loyola, 1er août 1880.
La fête de Loyola.
Vous savez que l’existence des jésuites est assez accidentée. Lors de la révolution qui détrôna la reine Isabelle II, les membres de la compagnie de Jésus résidant en Espagne furent traqués, puis chassés de leurs monastères.
Depuis, sous le règne d’Alphonse XII particulièrement, ils rentrèrent peu à peu, isolément, dans les diverses provinces, profitant de la tolérance qui leur était accordée.
Quelques-uns revinrent s’établir au couvent de Loyola, où ils gardèrent une attitude très digne et très correcte, à travers les événements dont la péninsule était le théâtre.
Il existe à Loyola une statue de saint Ignace qui a eu bien des vicissitudes. C’est réellement une oeuvre d’art d’une très sérieuse valeur. Je n’ai pu savoir qui en est l’auteur, il est pourtant facile de voir qu’elle appartient à l’école des sculpteurs si originaux du 18e siècle. Mais ceci est pour le moment de peu d'importance. Voici ce qu’il faut savoir et ce qui donne à la cérémonie d'aujourd'hui un caractère qu’elle n’avait pas eu depuis longues années.
Il est d’usage que les jésuites de Loyola lorsqu’ils sont chassés de leur pays ou simplement de leur couvent fassent transporter la statue de saint Ignace dans l’église paroissiale de la petite ville d’Azpeitia où elle reste, sous la garde du clergé séculier tant que dure la tourmente.
Lorsque le calme reparaît, l’église d’Azpeitia se dessaisit de la statue qui retourne processionnellement et en grande pompe dans le sanctuaire de Loyola situé à mille mètres environ de la petite ville.
Or, la statue du saint qui depuis 1869 n’était plus à Loyola a été ce matin même réintégrée dans le monastère. Vous voyez que la cérémonie d’aujourd’hui devait avoir pour les membres de la compagnie de Jésus, comme pour les habitants du pays basque, une importance capitale.
A tort ou à raison la question a été et pourra être fort discutée. On considère donc le temps présent comme le début d’une ère d’apaisement et de tranquillité pour les jésuites espagnols.
C’est donc pour cela que les fêtes du Guipuscoa ont attiré, celle année, une foule extrêmement considérable et que la presse a jugé opportun d’en parler plus longuement que les autres années. Ce qui achève de rendre ces fêtes intéressantes, c’est que les jésuites espagnols semblent toucher au port quand ceux de notre pays sont sous le coup des décrets que vous savez.
Il y a deux manières de se rendre à Loyola. On peut s’arrêter à Saint-Sébastien et prendre par Orio, Zaraus et Cestona, ou bien pousser en chemin de fer jusqu’à Zumarraga où un service spécial de voitures est établi pour gagner le couvent en deux heures.
La première de ces routes qui longe la mer, de Saint-Sébastien, cette véritable perle de l’Océan, jusqu’à Zaraus, est pleine d’enchantements. On a constamment sous les yeux un panorama qui serait unique au monde si la route de la Corniche, entre Nice et Gènes, n’existait pas.
La deuxième route n’a pas pour elle les éblouissements de la mer, mais elle a, dans ces merveilleuses montagnes, une grandeur sauvage qui vous enchante et vous frappe. Bref, par quelque côté qu’on gagne Loyola, on fait un voyage merveilleux, qu’une autre merveille vient couronner.
La route de Zumarraga à Azpeitia surtout, long couloir tracé au bord d’un torrent entre de hautes et farouches montagnes, est vraiment admirable. Zumarraga ! quel superbe nom de bandit espagnol cela ferait dans un drame ou un roman, surtout si on le prononce à l’espagnole : Czoumarraga. Cette idée m’est venue en traversant Hernani, dont le nom a été donné par Victor Hugo au lion superbe et généreux.
ZUMARRAGA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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