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mercredi 2 octobre 2019

UNE FÊTE À AZPEITIA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1880 (première partie)


UNE FÊTE À LOYOLA EN 1880.


En 1880, a lieu à Azpeitia une grande fête pour le retour de la statue de Saint Ignace, qui avait quitté le village depuis 1869.


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FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, dans son édition 

du 5 août 1880 :



"Loyola, 1er août 1880. 



La fête de Loyola. 



Vous savez que l’existence des jésuites est assez accidentée. Lors de la révolution qui détrôna la reine Isabelle II, les membres de la compagnie de Jésus résidant en Espagne furent traqués, puis chassés de leurs monastères. 




Depuis, sous le règne d’Alphonse XII particulièrement, ils rentrèrent peu à peu, isolément, dans les diverses provinces, profitant de la tolérance qui leur était accordée. 




Quelques-uns revinrent s’établir au couvent de Loyola, où ils gardèrent une attitude très digne et très correcte, à travers les événements dont la péninsule était le théâtre. 




Il existe à Loyola une statue de saint Ignace qui a eu bien des vicissitudes. C’est réellement une oeuvre d’art d’une très sérieuse valeur. Je n’ai pu savoir qui en est l’auteur, il est pourtant facile de voir qu’elle appartient à l’école des sculpteurs si originaux du 18e siècle. Mais ceci est pour le moment de peu d'importance. Voici ce qu’il faut savoir et ce qui donne à la cérémonie d'aujourd'hui un caractère qu’elle n’avait pas eu depuis longues années. 




Il est d’usage que les jésuites de Loyola lorsqu’ils sont chassés de leur pays ou simplement de leur couvent fassent transporter la statue de saint Ignace dans l’église paroissiale de la petite ville d’Azpeitia où elle reste, sous la garde du clergé séculier tant que dure la tourmente. 




Lorsque le calme reparaît, l’église d’Azpeitia se dessaisit de la statue qui retourne processionnellement et en grande pompe dans le sanctuaire de Loyola situé à mille mètres environ de la petite ville. 




Or, la statue du saint qui depuis 1869 n’était plus à Loyola a été ce matin même réintégrée dans le monastère. Vous voyez que la cérémonie d’aujourd’hui devait avoir pour les membres de la compagnie de Jésus, comme pour les habitants du pays basque, une importance capitale. 




A tort ou à raison la question a été et pourra être fort discutée. On considère donc le temps présent comme le début d’une ère d’apaisement et de tranquillité pour les jésuites espagnols. 


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FÊTES DE ST IGNACE DE LOYOLA 1904
PAYS BASQUE D'ANTAN

C’est donc pour cela que les fêtes du Guipuscoa ont attiré, celle année, une foule extrêmement considérable et que la presse a jugé opportun d’en parler plus longuement que les autres années. Ce qui achève de rendre ces fêtes intéressantes, c’est que les jésuites espagnols semblent toucher au port quand ceux de notre pays sont sous le coup des décrets que vous savez. 




Il y a deux manières de se rendre à Loyola. On peut s’arrêter à Saint-Sébastien et prendre par Orio, Zaraus et Cestona, ou bien pousser en chemin de fer jusqu’à Zumarraga où un service spécial de voitures est établi pour gagner le couvent en deux heures. 




La première de ces routes qui longe la mer, de Saint-Sébastien, cette véritable perle de l’Océan, jusqu’à Zaraus, est pleine d’enchantements. On a constamment sous les yeux un panorama qui serait unique au monde si la route de la Corniche, entre Nice et Gènes, n’existait pas. 




La deuxième route n’a pas pour elle les éblouissements de la mer, mais elle a, dans ces merveilleuses montagnes, une grandeur sauvage qui vous enchante et vous frappe. Bref, par quelque côté qu’on gagne Loyola, on fait un voyage merveilleux, qu’une autre merveille vient couronner.



 

La route de Zumarraga à Azpeitia surtout, long couloir tracé au bord d’un torrent entre de hautes et farouches montagnes, est vraiment admirable. Zumarraga ! quel superbe nom de bandit espagnol cela ferait dans un drame ou un roman, surtout si on le prononce à l’espagnole : Czoumarraga. Cette idée m’est venue en traversant Hernani, dont le nom a été donné par Victor Hugo au lion superbe et généreux. 


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ZUMARRAGA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Quand on descend du chemin de fer, à Zumarraga, on se trouve en face de trois ou quatre maisons bien blanches, bien gaies. Il y a devant vous, autour de vous, un mouvement incroyable de diligences d’un jaune clair, attelées de quatre ou de cinq mules alertes se préparant à partir. Des voitures de toute sorte, de toute grandeur et de tout attelage sont rangées devant l’hôtel tenu par le señor Marcellino de Ugalde — le même nom que la célèbre chanteuse de l'Opéra-Comique. — On crie beaucoup, on se dispute un peu, on monte dans les caisses des diligences, ou sur l'impériale, on se tasse, on se gêne, on rit. Un cri vigoureux poussé par le cocher enlève les cinq mules, et l’on part en traversant dans toute sa longueur le village de Zumaraga dans les rues duquel se promènent, ça et là, quelques soldats d'infanterie espagnole. Il y a partout des soldats dans les provinces basques, car elles sont, malgré tout, soumises encore à une espèce d’état de siège. 



C’est le samedi 31 juillet, le jour même de Saint-Ignace, que j’ai fait cet aimable voyage. La fête est célébrée dans toute la province. Les hommes et les femmes étaient donc dans leurs beaux atours — si du moins on peut appeler atours les simples costumes de ces braves gens. 




Une seule particularité m’a frappé dans le costume masculin des montagnards. Pas un ne porte de cravate. Le col du chemise est fermé par un bouton de nacre ou même chez les riches par un bouton d’or pur, mais plus un Basque est en toilette, moins il met de cravates. 




Si quelque Français avait l’idée d’aller ouvrir à Azpeitia ou à Ascoïtia un commerce de gants et do cravates, il ferait sûrement une opération désastreuse. 




Mais quelle admirable population ! J’ai vu un grand vieillard qui, l’aiguillon au port d'armes, marchait devant ses boeufs avec une telle grâce et avec une si imposante majesté qu'il m'a semblé voir un patriarche des temps bibliques. Et ces jeunes gens, quels gaillards miraculeusement plantés ! Comme ils marchent avec leurs alpargatas ! Il y a dans leurs mouvements une souplesse, une élasticité si extraordinaire qu’ils ont l’air de s’appliquer à ne pas s’enlever de terre. 




Un Basque qui marche son pas ordinaire fait ses quatre kilomètres en trente minutes sans s’en apercevoir. 




S'il est pressé, c'est bien autre chose ; un fiacre parisien ne le suivrait pas. Un seul exemple : les marchandes du sardines de Fontarabie vont tous les jours à Saint-Jean-de-Luz à pied pour vendre leur marchandise. Il y a douze kilomètres. Elles les font en une heure vingt minutes, au pas gymnastique, ne cessant pas de courir avec leur corbeille pleine jusqu’au bord sur la tête. Quelques-unes sont déjà mûres. Jugez par là de ce que peuvent luire les jeunes gens."

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CASCAROTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


A suivre...






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