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lundi 7 octobre 2019

DESCENTE DE CAMBO À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1842 (première partie)


VOYAGE DE CAMBO À BAYONNE EN 1842.


Dans les années 1840, le tourisme au Pays Basque organise très souvent des excursions entre les lieux de villégiature principaux (Biarritz, Bayonne) et l'arrière-pays, souvent Cambo, réputée pour ses sources thermales.


CAMBO 1843
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai parlé dans un article précédent d'un voyage en cacolet de Bayonne à 

Cambo, en 1842.




Voici aujourd'hui le retour par la Nive que rapporta le journal Le Constitutionnel, dans 

son  édition du 1 janvier 1843, sous la plume de A. Germond de Lavigne :




"Descente de Cambo à Bayonne par les nasses.— La Chambre d'Amour.— Biarritz. 




La Nive n'est pas navigable au-dessus de Cambo. Alimentée pendant l'hiver par les pluies et les sources torrentueuses de la montagne, elle n'est plus, pendant l'été, qu'un joli ruisseau qui glisse sur le sable et s'étale dans toute la largeur du lit que s'est fait le torrent. Pour la rendre navigable jusqu'au point où elle rencontre la marée montante, il a fallu, en beaucoup d'endroits, creuser ou rétrécir son lit. Ce sont ces derniers travaux qu'on appelle les nasses. Sept fois, sur la distance qui sépare Cambo d'Ustaritz, cinq kilomètres environ, des palissades de branches de saule entrecroisées, soutenues par des accotements de galets, s'emparent du ruisseau et le conduisent, en le resserrant peu à peu, jusqu'à une ouverture d'un mètre au plus de largeur, par laquelle le courant, un instant maintenu, se précipite avec une rapidité extrême. Les chalands, batelets destinés à la navigation entre Cambo et Bayonne, sont d'une grande longueur, à fond plat, étroits comme les nasses par lesquelles ils se lancent, et semblables aux navettes des tisserands ou aux troncs d'arbres creusés des navigateurs primitifs. 





En route donc, placez-vous au milieu du chaland, sur cette chaise qui vous est destinée ; soyez immobile autant que les ballots placés autour de vous ; vous n'avez à vous que votre tête, votre corps ne doit se pencher ni à droite, ni à gauche, sous peine de faire chavirer notre embarcation ; c'est, quant au confortable, une variété du cacolet. Mais vous avez la tête libre, je vous le répète, et la riante vallée de la Nive vous dédommagera de quelques heures de gène. Tenez vous bien, voici une nasse...elle est bien loin derrière nous. 





Voici de nouveau Larressore sur les hauteurs à gauche ; Ustaritz, et son pont de bois, dont chaque arche est occupée par un moulin. — Ustaritz est le grenier d'abondance et la minoterie de Bayonne. — Voici encore Villefranque, ancien village basque, et, sur cette hauteur qui domine la Nive, les ruines, couvertes de lierre, d'un vieux château qui eut, lui aussi, une terrible Saint-Barthélemy. 




C'était en 1342, Basques et Bayonnais étaient en guerre. De ce côté se débattait une question de délimitation de territoires. Les Bayonnais, prétendant fixer leurs limites au point où s'arrête la marée quand elle repousse les eaux de la Nive, se déclaraient les maîtres de Villefranque. Les Basques, jaloux de leurs franchises, résistaient à main armée, et restés vainqueurs à la suite d'un démêlé sanglant, ils décidèrent hautement que la marée ne remontait pas au-delà de Villefranque et s'arrêtait aux arches du pont. Cette décision, à laquelle les Bayonnais vaincus n'étaient pas en état de s'opposer, fut accompagnée d'injures, de sarcasmes, et, un jour de Saint-Barthélémy, qui était la fête de Villefranque, la noblesse basque s'assembla au château de Miots et célébra joyeusement sa victoire et l'humiliation des Bayonnais.





Pès de Puyane, maire et vicaire de Bayonne, averti de cette réunion, rassemble en secret ses hommes les plus dévoués, quitte Bayonne après le coucher du soleil, arrive de nuit sous les murs du château, en fait enfoncer les portes, tue tout ce qu'il trouve, à l'exception de cinq gentils hommes, deux d'Urtubie, deux Saint-Pé et un Lahet : il les emmène jusqu'au pont, les fait amarrer aux piles et dans l'eau jusqu'à mi-corps. En ce moment la marée commençait à monter, le sire de Puyane leur déclare qu'il s'en remet à eux du soin de reconnaître le point où s'arrête l'Océan, et fait mettre le feu au château. La marée monta lentement, gagnant peu à peu les cinq gentilshommes dont les cris de rage se mêlaient aux pétillements de l'incendie, et lorsque le château s'écroula, lorsque la flamme brilla une dernière fois sur la campagne, Pès de Puyane put reconnaître que ses victimes avaient disparu sous les eaux. 





Nous approchons de Bayonne ; voici les tanneries de la ville, les grands arbres de Marrac, et là-bas, vers les remparts de la ville, les glacis de Saint-Léon. Sur cette hauteur, près de la Nive, au commencement du 10e siècle, arriva un jour Saint-Léon, l'apôtre et le premier évêque de l'antique Lapurdum ; là, il construisit une cabane de feuillage, prêcha le peuple, lui conféra le baptême, et renversa l'idole du dieu Mars en soufflant dessus. Puis un jour les Normands, devenus maîtres de la ville, mécontents de ses prédications, se précipitèrent sur lui et lui tranchèrent la tête. C'était au bord de la Nive : son corps, ainsi tronqué, resta debout ; sa tête, tombée sur un terrain en pente, roula tellement vers le fleuve : ce que voyant, il courut, la ramassa et la porta près de quatre-vingts pas... 




Au terme de sa marche miraculeuse, le martyr frappa du pied, tomba sur le sol, et à l'instant même jaillit une fontaine qui coule encore là-bas au milieu de ce bouquet d'arbres, et dont les eaux sont, dit-on, souveraines pour la guérison des maux d'yeux et des maladies des femmes grosses. Il n'est pas un amoureux à Bayonne qui n'en ait bu, c'est un moyen infaillible d'être marié dans le pays."




A suivre...




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