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jeudi 20 décembre 2018

LE SANATORIUM DE LARRESSORE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1920 (première partie)


LE SANATORIUM DE LARRESSORE EN 1920.


Ce bâtiment était un établissement secondaire fondé le 29 avril 1733 par l'abbé Jean Daguerre jusqu'au 18 décembre 1906, où il devint propriété de l'Etat, suite à la loi de séparation des Eglises et de l'Etat.


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REFECTOIRE SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce fut l'Hôpital auxiliaire N° 216 durant la guerre de 1914-1918 sous la direction du docteur 

Jacquemin. 


Le séminaire devint ensuite un sanatorium départemental.



Voici ce que rapporta la journal L'Homme Libre, dans son édition du 11 août 1920, sous la 

signature de Bernard Campestre :


"Evêque contre sanatorium.



Chassera-t-on les petits tuberculeux de Larressore pour y rétablir l'ancien séminaire ?



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LA COUR D'HONNEUR SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le conseil général des Basses-Pyrénées va se réunir le 16 août, comme toutes les autres assemblées départementales. Il aura à prendre une décision sur une affaire assez piquante, une affaire qui révélera — à un moindre degré, mais dans le même sens que le rétablissement de l'ambassade au Vatican - les exigences et les excès d'un certain "esprit nouveau". 



Il s'agit du sanatorium de Larressore.



C'est une vaste propriété, située à deux ou trois kilomètres de Cambo, faisant face à Arnaga, la fameuse villa d'Edmond Rostand. Avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, c'était le petit séminaire du diocèse. Là se formaient tous les futurs prêtres des Basses-Pyrénées et de la région.



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THEÂTRE SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Après la séparation, la propriété fut mise en vente. Elle ne trouva pas d'acquéreur, probablement parce que les Basques craignaient d'être excommuniés, et elle resta la propriété du département.




Dès la guerre, le préfet des Basses-Pyrénées mit à la disposition du service de santé le petit séminaire de Larressore, pour toute la durée des hostilités. Le sanatorium de Larressore a été dirigé par un homme tout à fait éminent, le docteur Jacquemin, et plus de 6 000 tuberculeux y ont été traités pendant la guerre.



Un Cubain fort riche, allié à la famille Grancher, était, je crois, gestionnaire du sanatorium et il va fait des installations remarquables. On dit que, jusqu'à l'armistice, il a dépensé près d'un million.



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COUR PRINCIPALE SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Aujourd'hui se pose le problème suivant : le conseil général doit décider si le département conservera Larressore ou si, au contraire, il y renoncera.




L'esprit de charité de Mgr Gieure.



En principe, la majorité du conseil est en faveur du sanatorium départemental, mais il se trouve en face de Mgr Gieure qui dit : "Vous avez raison de créer un sanatorium départemental, mais rendez-moi Larressore et installez votre sanatorium où bon vous semblera."



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SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voilà donc un établissement merveilleux, situé dans l'endroit le plus propice, pour les tuberculeux, où tous les malades riches vont se soigner et, pour obtempérer aux vœux, si peu chrétiens,de Mgr Gieure, on obligerait les indigents du département, au lieu de profiter de l'air pur de Cambo, à chercher refuge dans un coin quelconque où ils ne guériraient jamais !



Inutile de souligner l'immoralité de cette méthode. 



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SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Singulières complicités.



Mais ce qui corse encore le scandale, c'est qu'on assure qu'il y aurait un accord tacite entre le gouvernement et certains députés des Basses-Pyrénées pour que, si le conseil général décide de ne pas conserver Larressore, ce magnifique établissement revienne à l'évêché, qui espère l'acheter pour un morceau de pain. 




Sur ce point, il me semble que n'importe quel contribuable a le droit de protester, car si la propriété vaut deux ou trois cent mille francs, on ne voit pas pourquoi l'évêque rachèterait pour presque rien.



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 SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

On ne peut pas obliger le conseil général à décider que cet établissement devienne sanatorium départemental ; mais si le département abandonne ce projet, il faut absolument que Larressore soit vendu aux enchères.




D'ailleurs, les compétences médicales estiment que ce serait un autre scandale que de reporter à Larressore le petit séminaire et de mettre des enfants en pension dans un immeuble qui, pendant quatre ans, a vu défiler 6 000 tuberculeux.




Si l'immeuble est mis aux enchères, il se trouvera probablement un philanthrope pour se porter acquéreur et créer un sanatorium, soit à l'usage des matelots de la marine marchande, soit de toute autre catégorie de malades intéressants.




Dans tous les cas, on n'a pas le droit d'écarter cette chance et de frustrer les malades d'un établissement et d'un site qui leur furent justement consacrés dès le commencement de la guerre et sur lesquels ils ont en quelque sorte une hypothèque morale.

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SANATORIUM LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Où l'on voit apparaître M.Barthou.




Que si Larressore était détourné de sa vraie destination (qui est de rendre la santé à des malheureux), il n'y a pas de raison pour qu'on Fasse un cadeau à un évêque très militant, et qu'on le récompense ainsi du rôle décisif qu'il a joué aux élections dernières. Si le département des Basses-Pyrénées est assez riche pour faire des largesses, il a des pauvres à qui doivent aller d'abord ses sympathies. 




Ou bien Larressore restera un sanatorium, ou bien Larressore doit être vendu aux enchères publiques afin que le produit important de cette vente constitue pour le département une recette appréciable.




Le docteur Jacquemin, qui dirigeait le sanatorium, comme nous l'avons dit, a rédigé un rapport lumineux sur cette question. Le préfet des Basses-Pyrénées a, lui aussi, adressé un rapport au conseil général, qui concluait en faveur de la conversion en sanatorium départemental. Cette thèse s'impose tellement au simple bon sens que, dans la dernière session, le conseil général des Basses-Pyrénées était sur le point de l'adopter. Mais à la dernière minute, il reçut un télégramme de son président, M. Louis Barthou, qui demandait de surseoir à toute décision.




Par courtoisie, le conseil général ne pouvait que déférer à cette invitation de son président. Mgr Gieure venait de gagner la première manche ; et tout ce qui, dans les Basses-Pyrénées, dépend plus ou moins de l'évéché, célébra dès lors la maestria diplomatique de l'évêque, l'ingéniosité complaisante de M. Louis Barthou ; et sa générosité aux frais du département et au détriment des malades.




La deuxième manche va se jouer le 16 août. Un nouvel ajournement serait une nouvelle victoire pour l'évêque. En l'acceptant, le préfet rendrait le gouvernement complice d'une louche tractation.




M. Louis Barthou ne l'aurait certes pas permis au temps où il était "combiste" et où il prenait sa part du combat laïc pour rentrer en grâce auprès des radicaux."













Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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1 commentaire:

  1. message envoyé j'attends une gentille réponse Une mamie férue d'histoire de sa famille pour édition....Merci.

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