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mardi 11 décembre 2018

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE RAYMOND POINCARÉ DANS LES LANDES ET AU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1913


UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU PAYS BASQUE EN 1913.


Dès son élection en janvier 1913, le nouveau Président de la République Française Raymond Poincaré entame une série de voyages à travers la France.



pays basque autrefois président république
RAYMOND POINCARE A BAYONNE 6 OCTOBRE 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'est ainsi qu'il vint dans les Landes, le Pays Basque et le Guipuscoa en octobre 1913.


Je vous ai déjà parlé de ce voyage présidentiel dans un article précédent.


Voici ce que rapporta Le Journal, dans son édition du 7 octobre 1913 :



"Le Voyage Présidentiel.


La Journée au Pays basque.


La Réception à Irun.


Irun, 6 octobre. (Par dépêche de notre envoyé spécial.) — 


Le voyage de M. Poincaré en Espagne avait un bref prélude en France, avec la traversée des Landes et des pays basques, dont les élus avaient demandé au Président de la République de s'arrêter dans les villes qu'il avait à traverser. M. Poincaré y avait consenti et, ce matin, après une nuit pluvieuse, le train présidentiel s'arrêtait, vers 9 heures, à Mont-de-Marsan, où un gai soleil avait dispersé les nuées d'orage.



landes autrefois président république
RAYMOND POINCARE A MONT DE MARSAN 6 OCTOBRE 1913
LANDES D'ANTAN

Le Président est reçu, sur le quai de la gare, par le préfet des Landes, le général de brigade, le maire et le conseil municipal, M. Milliès-Lacroix, sénateur ; MM. Damour et Lalanne, députés. M. Tissier, président de la Compagnie du Midi, était monté, à Bordeaux, dans le train présidentiel, avec un ingénieur de l'exploitation. Sur le parcours, les 11e et 34e d'infanterie rendaient les honneurs, au milieu des acclamations de la foule. La corporation des boulangers, en costume landais, offre un bouquet à Mme Poincaré, puis le cortège officiel, salué sur le parcours par les sociétés de la ville, les maires et les conseillers municipaux de l'arrondissement, se rend à la préfecture, où a lieu la présentation des autorités.



Après les discours de bienvenue du maire, le docteur Daraignez, et de M. Lestage, vice-président du conseil général, M. Poincaré prononce les paroles suivantes :


Je suis très affligé du deuil qui vient de frapper si douloureusement l'honorable président de votre conseil général, mon vieil ami M. Lourties ; je m'étais réjoui de le trouver aujourd'hui à la tête de votre assemblée départementale ; il était un de ceux qui étaient venus me prier de m'arrêter en passant dans votre département. Je ne pouvais résister à ses instances et aux vôtres. Je devais un souvenir d'amitié à vos élus républicains ; je devais un témoignage d'estime à vos populations laborieuses, qui, en un demi-siècle, ont transformé votre région. De pauvre et insalubre qu'elle était jadis, la voici devenue saine et prospère. Avec leurs magnifiques forêts de pins maritimes, si abondantes en gemmes de résine, avec leurs majestueux platanes et leurs impenses chênes-lièges, avec leurs, étangs, leurs ruisseaux et leurs bruyères, les Landes ne se contentent plus de nous présenter quelques-uns des paysages de France les plus pittoresques et les plus émouvants.



Elles nous donnent de vivants exemples des victoires remportées, sur une nature longtemps rebellé, par l'énergie et la persévérance humaines. Dans cette ville, qui fut une des plus anciennes bastides du moyen âge, au pied du vieux donjon construit par Gaston Phœbus, sur les rives charmantes de la Douze et de la Midouze, la forte race des Montois multiplie tous les jours les preuves de son ingénieuse activité.



Elle contribue ainsi, pour sa part, à développer les ressources morales et matérielles de la France. Je lui adresse, au nom de la République, mes vives félicitations.


landes autrefois président république
RAYMOND POINCARE A MONT DE MARSAN 6 OCTOBRE 1913
LANDES D'ANTAN

M. Poincaré regagne la gare au milieu des acclamations, et à 10 h. 10 le train présidentiel repart pour Dax, avec les sénateurs et députés des Landes qui, après avoir salué Mme Poincaré, se sont joints au cortège du Président qu'ils accompagnent à Dax.




A Dax.



Malheureusement, le ciel s'est subitement couvert depuis le départ de Mont-de-Marsan et la pluie commence à tomber lorsque le Président arrive, à 11 h. 15 à la halte de Peyrouton. 



Le maire, M. Lartigau, le conseil municipal, le conseil d'arrondissement, le sous-préfet et les fonctionnaires de l'arrondissement sont venus au-devant du chef de l'Etat ; ils se tiennent sur la route qui de la halte du chemin de fer va au centre de la ville.



La présentation des autorités doit avoir lieu sous un portique enguirlandé, de feuillages et de fleurs érigé à proximité de la voie ferrée ; mais, en dépit de l'ondée, le Président refuse de s'abriter ; il reste avec MM. Barthou et Pichon au milieu du groupe formé sur la route par les représentants de la cité dacquoise.



landes autrefois président république
RAYMOND POINCARE A DAX 6 OCTOBRE 1913
LANDES D'ANTAN

Le maire présente l'assemblée municipale et souhaite la bienvenue au chef de l'Etat, qui le remercie en ces termes :


Monsieur le maire, messieurs,


Après avoir consacré, ce matin, au chef-lieu du département des Landes quelques minutes trop vite écoulées,, comment aurais-je refuse de traverser maintenant la ville de Dax ? Vous m'avez démontré sans peine que la courbe de la voie ferrée m'entraînait à un détour inutile et que la, ligné droite était ici non seulement le plus court chemin d'un point à un autre, mais aussi le plus agréable. L'accueil des Dacquois achève cette démonstration d'une manière si éclatante que je n'oublierai jamais, je vous prie de le croire, cette aimable leçon de géométrie.


Je connais depuis longtemps vos thermes gallo-romains ; mais, lorsqu'on revient à Dax, à un intervalle de quelques années, on est frappé des agrandissements et des embellissements d'une ville qui offre l'hospitalité à un nombre toujours croissant de baigneurs et qui a la légitime fierté de justifier sa réputation universelle.


Ces progrès incessants font grand honneur à la population dacquoise. Elle a l'amour de sa cité ; elle la veut élégante et prospère ; elle cherche à y répandre le bien-être et à y développer les œuvres sociales. Il m'est aujourd'hui très agréable de lui apporter les compliments et les vœux du gouvernement de la République.




Le Président monte en voiture pour faire le tour de la ville. Celle-ci est fort coquettement pavoisée. La population se précipite et court vers la voiture présidentielle, l'acclamant, enjouée, et bravant les ruades des petits chevaux tarbais que montent les cavaliers du 10e hussards.




Les honneurs sont rendus par deux bataillons du 12e d'infanterie. A la porte de l'hospice, soutenue par des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, une centenaire offre un bouquet au Président, en lui souhaitant en patois une; aussi longue vie que la sienne. Après une brève visite aux Thermes, il est midi quand M. Poincaré gagne la gare pour se rendre à Bayonne.




A Bayonne.



Dès la première heure, une animation intense a régné dans Bayonne. Le temps est sombre et le soleil semble ne pas vouloir être de la fête, des équipes d'ouvriers travaillent avec acharnement sur les diverses rues que le Président de la République doit parcourir, les maisons sont pavoisées et les édifices publics très élégamment décorés. Le service d'ordre est assuré par le 49e de ligne, auquel sont venus se joindre un escadron de gendarmerie et un du 10e hussards.



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RAYMOND POINCARE A BAYONNE 6 OCTOBRE 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN

La foule se masse, compacte, des deux côtés des rues comprises dans le parcours, attendant l'heure de l'arrivée du chef de l'Etat. A midi 40 exactement, le train présidentiel entre en gare de Bayonne. Aussitôt les canons de la citadelle tonnent, ainsi que les pièces des trois contre-torpilleurs mouillés dans le port, les cloches sonnent à toute volée.




Le Président de la République descend de wagon et s'avance vers M. Coggia, préfet des Basses-Pyrénées, qui lui présente M.Garat, député, maire de Bayonne. MM. Louis Barthou, président du conseil ; Pichon, ministre des affaires étrangères ; Bérard, sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts; MM. Forsans, sénateur, maire de Biarritz ; Catalogne et Faisans, sénateurs ; MM. Pradet-Balade, Guichenné, députés, se groupent autour de M. Poincaré. Après l'échange de quelques paroles de bienvenue et de remerciements, le Président de la République monte dans un landau attelé à la daumont. Il a à son côté le président du conseil, en face le général Beaudemoulin et M. Garat.




Le cortège s'ébranle et suit l'itinéraire fixé. Le soleil qui, durant toute la matinée, disparaissait derrière un rideau de nuages inquiétant se montre et fait étinceler l'acier et les ors des troupes rendant les honneurs. M. Poincaré traverse la ville, la foule l'acclame longuement, il salue en souriant. 




Dès qu'a pris fin la réception à l'hôtel de ville, le cortège se dirige vers le musée Bonnat, où le reçoit le peintre bayonnais, entouré de MM. Pierre Loti, Maurice Rostand et ses élèves Caro-Delvaille, Etcheverry, Zo et Pascau, conservateur du musée. M. Bonnat prononce un éloquent discours.



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MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le banquet offert par la ville de Bayonne est servi au musée même.



Après le discours de bienvenue de M. Garat, maire et député, le Président de la République prend la parole :


Monsieur le maire, messieurs,


Je regrette vivement de ne pouvoir aujourd'hui que traverser, sur un faible parcours, le département des Basses-Pyrénées. Si je n'avais écouté que mes désirs j'aurais bien volontiers, en ces derniers mois, employé quelques jours à voyager, en compagnie de votre éminent compatriote M. Louis Barthou, au pays basque et au pays béarnais. Je me félicite, du moins, d'avoir pu m'arrêter un instant dans votre ville et d'y avoir revu vos beaux quais de la Nive et de l'Adour, votre vieux château, votre citadelle, votre lanterne de Vauban, vos rues si pleines de vie, de couleur et de gaieté. J'ai grand plaisir également à me trouver au milieu d'une population que je sais fermement attachée aux idées républicaines et ardemment patriote. Je vous remercie de m'avoir ménagé cette halte charmante. Depuis le jour où votre illustre concitoyen, mon vieil et cher ami Léon Bonnat, a généreusement donné à sa ville natale les magnifiques collections qu'il avait réunies, je me suis bien souvent proposé de venir visiter le musée qui porte son nom. Vous m'avez offert une incomparable occasion d'accomplir ce pèlerinage artistique.



J'avais eu à Paris, dans l'atelier du maître, un avant-goût des merveilles que j'ai trouvées ici. J'y avais vu quelques-uns de ces admirables dessins dont vous possédez maintenant des séries inestimables et dans lesquels se révèlent, en exemples saisissants, le génie de Rembrandt, la grâce de Raphaël, la grandeur inquiète de Michel-Ange, l'art si attentif et si consciencieux qu'Ingres savait mettre dans ses moindres crayons.



Mais voici qu'en cette maison sont groupés aussi d'autres chefs-d'œuvre, — comme ces toiles où notre ami, tout jeune encore, laissait déjà la marque de son talent si probe et si vigoureux, — ou comme ces Goya et ces Greco, qui m'indiquent aujourd'hui par avance le chemin de l'Espagne. Ils m'appellent déjà de l'autre côté des Pyrénées, chez le peuple ami auquel je vais porter le salut de la France. Ils me font signe que le temps passe et qu'il va falloir partir. Mais au moment de vous quitter je ne puis m'empêcher d'évoquer une jolie page, tout attendrie, que Victor Hugo a écrite ici il y a soixante-dix ans. C'était la seconde fois qu'il venait à Bayonne ; il y avait séjourné tout enfant avec sa mère et en avait emporté le souvenir d'une adorable jeune fille au regard doux et voilé, aux longs cheveux coiffés d'un madras thé à bordure verte. Pendant qu'elle lui faisait la lecture à haute voix, il avait rougi et tremblé auprès d'elle et il avait, disait-il, vu poindre dans le coin le plus obscur de son âme l'ombre divine de l'amour. Cette apparition fugitive, cette vision de beauté n'était-ce pas l'image de Bayonne elle-même, de Bayonne trop tôt quittée ? Je ne sais; mais en tout cas une ville où a battu, pour la première fois, le cœur d'un grand poète, et où est né un grand peintre, est une cité privilégiée, qui a l'art de couronner de fleurs ses vieilles murailles et qui mérite bien de la patrie et de l'humanité.



Messieurs, je lève mon verre en l'honneur de la ville de Bayonne.



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LEON BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le banquet terminé, le signal du départ est donné. M. Poincaré est très chaleureusement acclamé sur son passage et, tout le long de la route, dans les villages qu'il traverse.




A Biarritz.



A Biarritz, où il arrive à 3 h. 25, le Président de la République se rend, au milieu d'unanimes ovations, à l'hôtel de ville, où M. Forsans lui souhaite la bienvenue.



M. Poincaré répond :


Monsieur le maire et cher ancien collègue,

Messieurs,


C'est à peine si je puis, au passage, poser le pied sur le sable de votre belle plage. J'ai voulu cependant répondre à l'aimable invitation des Biarrots et traverser leur brillante cité, qu'ils ont su rendre si hospitalière et qu'ils ont ouverte au monde entier. 


Il est superflu de former des vœux pour une ville à qui la fortune a réservé tous ses sourires ; mais je la félicite de donner à ses hôtes, avec le grand spectacle de l'Océan, une charmante impression d'élégance française.



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PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



A Saint-Jean-de-Luz.




Le cortège présidentiel arrive à Saint-Jean-de-Luz à 3 h. 45. Des jeunes gens, sur la demande de M. Poincaré, dansent le fandango, la danse chère au pays basque. Et l'on repart pour Hendaye.




A Hendaye.



Lorsque, à quatre heures vingt, le cortège officiel arrive au sanatorium, le vent souffle en tempête et de gros nuages noirs menacent de crever bientôt. A sa descente d'automobile, le Président de la République est reçu par le préfet de la Seine, M.Delanney ; MM. Mesureur, directeur de l'Assistance publique ; Strauss, sénateur de la Seine ; Henri Roussel, représentant le président du conseil municipal de Paris, empêché. Mme Poincaré, arrivée à Hendaye à une heure quarante par le train présidentiel, a précédé le Président au sanatorium qu'elle a visité en détail, prodiguant aux jeunes Parisiens et Parisiennes convalescents des paroles affectueuses et pleines de sollicitude.



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RAYMOND POINCARE A HENDAYE 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le Président, conduit par le sénateur Strauss et le directeur de l'établissement, visite les principaux services, passe les jeunes pensionnaires en revue et prend congé du personnel du sanatorium, qu'il félicite pour la bonne tenue de l'établissement, et des personnalités présentes qu'il retrouvera dans un instant chez M. Strauss, qui offre le thé à Mme Poincaré ; au Président et à leur suite.




Chez M. Pierre Loti.



M. Poincaré prend place dans l'auto présidentielle et on file chez M. Pierre Loti, qui reçoit son collègue de l'Académie en sa villa de Bakaretchea, nom qui signifie en basque "maison du solitaire". La foule, massée devant la demeure de M. Loti, acclame chaleureusement M. Poincaré, qui est reçu aux accents de la Marseillaise, exécutée par la musique municipale.



Un détachement des marins du torpilleur le Grondeur, ancré dans la Bidassoa, rend les honneurs au Président. L'auteur de Ramuntcho, sur le seuil de sa porte, accueille avec une satisfaction manifeste le Président, et les deux académiciens se donnent une longue accolade.


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PIERRE LOTI A HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN

MM. Loti et Poincaré s'entretiennent quelques minutes. Le Président admire le merveilleux panorama qui se déroule de la terrasse de son collègue, et qui embrasse la mer, la Bidassoa et la vieille cité de Fontarabie, que dominent les montagnes du Jaizquibel.




Mais le temps presse, voici cinq heures dix. On remonte en auto, et en route pour le domaine de Irandatz, résidence estivale du sénateur Strauss.




Chez M. Strauss.





senateur france poncaré
SENATEUR PAUL STRAUSS
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il est 5 h. 15 lorsque le Président et les personnages qui raccompagnent arrivent à Irandatz. Les Hendayais, auxquels se sont joints beaucoup d'Espagnols venus d'Irun, de Saint-Sébastien et des communes voisines, poussent, sur le trajet du cortège, des vivats enthousiastes à M. Poincaré, à la France et à l'Espagne. Mme Poincaré est reçue par M. le sénateur Strauss, qui lui offre le bras, alors que le Président offre le sien à Mme Strauss. Un petit tour de jardin, une coupe de champagne bue au salon et il faut songer à se diriger vers la gare.




Parmi les personnalités, nous remarquons la suite du Président ; l'amiral Arago, préfet maritime de Rochefort ; le préfet de la Seine ; MM. Mesureur, Roussel, Barthou, président du conseil, qui séjourne à Hendaye jusqu'à demain matin ; Bérard, sous-secrétaire des beaux-arts ; Tissier, conseiller d'Etat; Forsans, sénateur; Garat, député, etc.




A la gare, le maire salue M. Poincaré, auquel il présente le conseil municipal. Le Président répond combien il est sensible à l'accueil si chaleureux des populations frontières. L'heure du départ approche. Le Président prend congé du président du conseil et des personnalités présentes. On souhaite à l'éminent chef d'Etat un heureux voyage ; les mains se serrent. Un coup de sifflet, la train s'ébranle.




L'entrée en Espagne. — A Irun.



Le Président devient maintenant l'hôte de l'Espagne.



A 5 h. 42 exactement le train présidentiel entre en gare de Irun. La foule, massée aux abords de la gare, notamment sur le pont du chemin de fer, pousse des vivats à M. Poincaré et à la France. Sur le quai de la gare, une compagnie du régiment d'infanterie de Sicile, venue spécialement de Saint-Sébastien, avec drapeau et musique, rend les honneurs. A l'entrée du train en gare, la musique militaire joue l'hymne royal espagnol puis la Marseillaise. On entend encore tonner le canon du torpilleur Grondeur, qui salue le départ du chef de l'Etat d'une salve de cent un coups de canon.

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GRONDEUR A HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN

A sa descente de wagon, M. Poincaré est reçu par la mission spéciale mise, à sa disposition par le roi durant son séjour en Espagne et que composent le lieutenant général marquis de Valtievra, le général comte del Grove, chef du secrétariat particulier de Sa Majesté le lieutenant de vaisseau Mardi, aide de camp d'Alphonse XIII, et le diplomate Ferraz. Il y a en outre le gouverneur civil de la province de Guipuzcoa, le gouverneur militaire de Saint-Sébastien, le directeur général des travaux publics, le directeur de la Compagnie du Nord de l'Espagne et les hauts fonctionnaires de cette compagnie, qui accompagneront le Président jusqu'à Madrid ; le chef de la Sûreté générale, le lieutenant-colonel Achague, attaché militaire à l'ambassade d'Espagne à Paris, etc.



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GARE D'IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

L'alcade d'Irun souhaite dans ces termes la bienvenue au Président :

Monsieur le Président,


Comme maire de la cité d'Irun, je me considère très honoré de vous saluer au moment où vous touchez la terre espagnole dans le voyage que, comme chef de l'Etat de la noble nation française, vous avez entrepris, répondant ainsi à la visite récente que S. M. le roi Alphonse XIII vous a faite à Paris pour démontrer son amitié aux citoyens de la grande République, digne de l'admiration du monde entier par ses progrès et son développement.


La cité d'Irun, que j'ai l'honneur de représenter et qui entretient les relations les plus intimes et fraternelles avec les villes françaises de l'autre côté de la Bidassoa, m'a chargé de vous souhaiter, monsieur le Président, la bienvenue la plus cordiale pour votre arrivée en cette hospitalière Espagne, où vous serez reçu avec l'affection qui unit les deux nations sœurs par les liens étroits de l'affinité de race, par ceux des sentiments réciproques et par la communauté des intérêts réfléchis dans les relations commerciales.



La population et le conseil municipal d'Irun me chargent d'adresser au plus haut magistrat du peuple français, que vous représentez si dignement, le témoignage le plus expressif de leur considération, de leur respect et de leur admiration ; et, en exécutant cette très agréable mission, je suis très heureux, comme maire d'Irun, de vous exprimer la part que je prends dans ces sentiments.



Je fais du fond de mon cœur des vœux fervents pour que mes compatriotes laissent dans votre esprit, monsieur le Président, à votre retour en France, un bon souvenir de la visite que vous faites à ma chère patrie. Vive la France ! Vive M. Poincaré !

Le Président, qui a écouté ces paroles avec une extrême attention, répond :

Je vous remercie, monsieur le maire, des souhaits de bienvenue que vous venez de m'adresser au nom de la population d'Irun. Je sais quelles relations excellentes votre cité entretient avec les villes françaises voisines ; elles correspondent aux sentiments que la France et l'Espagne éprouvent l'une pour l'autre.


Je suis heureux d'en trouver l'expression à mon entrée dans votre beau pays, et je vous prie d'en remercier vos concitoyens. Vive l'Espagne !




Ces discours terminés, le Président, qui, à sa descente du train, a passé en revue, en saluant le drapeau, la compagnie qui lui rend les honneurs, assiste, sur le quai, au défilé de la troupe, et, comme les soldats défilent aux accents de la marche de Sambre-et-Meuse, j'entends dire derrière moi, par un personnage espagnol : "Voilà la première manifestation de l'entente cordiale."



On revient au salon d'attente, transformé en magnifique salon de réception, où ont lieu les présentations. Le Président a un mot aimable pour chacun. Il se dit heureux de serrer la main de ses compatriotes habitant Irun et Saint-Sébastien, qu'il félicite des bonnes relations qu'ils entretiennent avec leurs concitoyens et amis d'Espagne.



Puis M. Poincaré prend très cordialement congé des journalistes qui l'ont accompagné jusqu'à la frontière espagnole et dont beaucoup repartent ce soir pour Paris.




La bienvenue du Roi d'Espagne.

pays basque autrefois roi espagne
ROI ALPHONSE XII
PAYS BASQUE D'ANTAN

On apporte à ce moment le télégramme suivant du roi d'Espagne au Président :


A Son Excellence M. Poincaré, Président de la République française,


Au moment de votre arrivée en Espagne, c'est avec un vrai plaisir que je m'empresse de vous souhaiter la bienvenue très cordiale, en vous réitérant les sentiments d'amitié sincère et de vive sympathie pour la France, qui sont heureusement partagés de tout coeur par mon peuple.


Je forme les meilleurs voeux pour que les souvenirs de votre séjour parmi nous soient les plus agréables.


ALFONSO. R.




M. Poincaré a répondu par la dépêche suivante :


A Sa Majesté le roi Alphonse XIII,


Madrid.

Je remercie Votre Majesté de ses aimables souhaits de bienvenue. Je viens déjà d'éprouver, en entrant en Espagne, la sincérité des sentiments du peuple espagnol pour la France. Je suis heureux de vous exprimer, à mon tour, tous les voeux de mon pays pour Votre Majesté et pour sa noble nation.


POINCARÉ.




Six heures douze : c'est l'heure du départ. Le train s'ébranle aux accents de la Marseillaise, jouée par la musique militaire.




Quelques cris de : "Viva Poincaré ! Viva Francia ! Viva Espana !" Le Président, nu-tête, en habit, le grand cordon de la Légion d'honneur en sautoir, la Toison d'Or au cou, se tient à la portière et salue en inclinant la tête.




Le train présidentiel se compose de deux fourgons, de trois voitures-lits de la Compagnie internationale, d'une voiture royale comprenant salon et chambre et d'un wagon-restaurant. Le train ne s'arrêtera que quelques minutes à Saint-Sébastien, mais à aucune autre station du trajet. Les mesures adoptées au passage du train présidentiel sont si sévères que, dans les gares, seules les autorités munies d'une autorisation spéciale pourront pénétrer."




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