BILBAO EN 1928.
En 1928, la population de Bilbao compte environ 160 000 habitants.
BILBAO 1920 PAYS BASQUE D'ANTAN |
La ville de Bilbao a été fondée le 15 juin 1300, par la Charte de Valladolid.
Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son édition
du 27 janvier 1928 :
"A travers l’Espagne. Bilbao au travail.
Bilbao. Premier contact avec l’Espagne d’aujourd’hui, — car Saint-Sébastien n’a vraiment d’espagnol que ses courses de taureaux, et la présence du roi durant la saison.
Bruit, tramways, activité, autos et klaxons, et agents élégants comme les plus impeccables policemen de Londres. Rien d’une Espagne de convention, poussiéreuse, paresseuse, mal tenue. Bien au contraire, de la décision brille dans tous les regards, sous le béret rond, ou la mantille de fine dentelle noire. L’affairement sonne au pas rapide des citadins. Point de badauds ou de miséreux affalés au porche des édifices.
PONT DE L'ARENAL BILBAO 1931 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Certes, les quelques ruelles qui tournicotent autour des églises de la vieille ville, sont étroites et bordées de maisons flétries par la gêne. A Santiago, le souci de la santé publique fait afficher au-dessus du bénitier : "Par hygiène et respect du saint lieu, on est prié de ne pas cracher par terre". Détail comique et insignifiant, qui montre la lutte du modernisme contre des habitudes séculaires.
Dans les quartiers neufs, sains, aérés ce modernisme a triomphé depuis longtemps. Les larges artères, entre leurs immeubles à ventanas, à balcons vitrés, — est-ce un ressouvenir des moucharabiehs d'Islam ? — sont rigoureuses et sans âme, sous la brume des fils électriques tendus entre les pylônes de fer.
MARCHE SAN ANTON BILBAO 1922 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les banques occupent tous les coins de rues et dressent contre le ciel d’étonnants groupes allégoriques, dont les passants ne redoutent pas l’apparente instabilité.
Mais on n’aperçoit point de cabaret ; la surprise qu’en ressentirait plus d’un Français n’est pas à l’honneur de notre pays.
DIPUTACION BILBAO 1935 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous avons vu Bilbao, ville d’argent.
Voici maintenant Bilbao, ville d’industrie, et grand port. Vingt-huit kilomètres de quais le long du Nervion, entre Bilbao et l’Océan, pour les milliers de navires qui viennent actuellement faire escale ; œuvre énorme, à laquelle nos compatriotes ont concouru. En ce moment, l’activité du port n’est pas à son plein. Sur cet énorme développement de rivière aménagée en docks, il n’y a que quelques bâtiments de haute mer, aventurés si loin de leur élément, en cette étroite coulée parmi les collines de Biscaye.
Les hauts fourneaux (Altos Hornos de Viscaya) forment un centre vif de travail. La puissance des installations sidérurgiques surprend. Hauts fourneaux convertisseurs, laminoirs, appareils de manutention, transbordeurs à minerai et à charbon... L’installation entière est établie sur une vaste échelle, et sous le signe de l’ordre et de la méthode qui règnent dans la disposition des lieux, dans les bureaux, dans les ateliers, depuis la montagne de minerai amenée des mines asturiennes jusqu’au laboratoire de photographie du dernier étage.
HAUTS FOURNEAUX BILBAO PAYS BASQUE D'ANTAN |
A juste titre, mes cicérones se montrent fiers d’une si puissante entreprise, et m’accablent sous les chiffres :
"Ce convertisseur, dont le soufflage et la coulée viennent de vous éblouir, traite quinze tonnes de métal à la fois... La production quotidienne de fers et aciers dépasse six cents tonnes, extraites de minerais espagnols, avec des combustibles presque exclusivement nationaux. Plus de cent millions de pesetas ont déjà été engagés, et plus de huit mille ouvriers et employés sont occupés par nos usines..."
Ce qui fait de Bilbao un grand centre sidérurgique d’Europe. Depuis la venue au pouvoir de Primo de Rivera, les grèves ont cessé. La question ouvrière ne préoccupe plus guère les dirigeants de l’entreprise, tous les conflits ayant été réglés sans peine grâce à l’action efficace des "comités de régulation", instituées par le gouvernement. Et nous allons emporter de la ville l’impression que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que l’Espagne est en passe de devenir un grand pays industriel.
HAUTS FOURNEAUX BILBAO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Autre cloche, autre son. Celui-ci, entendu à Madrid, non point une fois, mais plusieurs.
Bilbao dit : "Nous fournissons en fer toute l’Espagne". Madrid répond : Vous ne pouvez le faire que grâce à l’intervention du gouvernement qui vous protège à la fois par ses subventions et par les infranchissables barrières douanières dressées devant la concurrence étrangère. Tout le pays est donc bien obligé d’acheter vos produits qui sont surtout maintenant, d’excellente qualité mais fort coûteux.
Or, l’Espagne veut se moderniser. Elle a résolu une renaissance industrielle qui ne se ferait pas sans l’aide des pouvoirs. Grâce à ceux-ci, peu de chômage, du moins dans les usines ; peu de ventres creux et de mécontents. De magnifiques cheminées fument au bord du Nervion tandis que les laminoirs broient des lingots d'une tonne sous le regard de deux ou trois ouvriers suffisants à manœuvrer ces merveilles de mécanique importées d’Angleterre.
NERVION BILBAO PAYS BASQUE D'ANTAN |
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